C'est l'histoire d'un homme de 41 ans, Jules Moreau, qui se réveille à l'hôpital. Les médecins lui disent qu'il a passé deux jours dans le coma. Il nous raconte sa vie, à commencer par sa jeunesse avec ses parents, sa soeur aînée Liz et son frère Marty. Puis le drame, ses parents ont un accident fatal, alors c'est l'internat et la rencontre avec Alba, rebelle et mystérieuse.
Comment s'en sortir quand le destin nous a mis un uppercut à l'âge de dix ans, qu'il nous a séparé de nos parents, de notre fratrie, et qui plus est, qu'on est un garçon intelligent mais trop sensible?
Jules nous dit "qu'une enfance douloureuse, c'est comme un ennemi invisible, on ne sait jamais quand il va réapparaître."
Le roman de Benedict Wells est une tragédie ficelée dans un gant de velours, tout en délicatesse, en filigrane, en précision, parsemé de maximes philosophiques de haut vol, dans une langue noble et soutenue.
L'humanité et l'émotion qui se répandent au fil des pages à travers les liens qui unissent les personnages sont édifiantes et stupéfiantes compte tenu du jeune âge de l'auteur.
Sa fratrie comptera autant que sa quête amoureuse et ses enfants, Elle sera la pierre angulaire de son existence, laquelle sera semée d'embûches, mais riche intellectuellement (le premier mari de sa femme lui servira de guide, sa femme, une intelligence vive qui saura comprendre sa fragilité).
Petit bémol : pourquoi tant de malchances dans une seule vie?
La réponse est donnée par Jules qui dit que "la vie n'est pas un jeu à somme nulle. Elle ne te doit rien, et les choses passent comme elles se passent. Parfois de manière juste de sorte qu'elle t'apporte un sens, parfois de manière injuste, alors on doute de tout. J'ai tiré le masque du destin de son visage et n'ai trouvé en dessous que le hasard."
Ce long largo est surtout une invitation à l'introspection de notre existence, celle des moments bénis comme ceux douloureux et inaltérables, un questionnement sur notre solitude, sur notre capacité à pouvoir la surmonter, ensemble.