A(vallée) ma déception

J'ai lu Soeurs au printemps et je ne voulais pas trop attendre avant de découvrir la suite des aventures du commandant Servaz, donc je me faisais une joie de me réserver ce livre pour la période automnale. Le titre, la couverture, le résumé succinct, je trouvais que ça collait bien avec la saison. J'imaginais une ambiance à la Glacé. Et ça commençait comme ça : le prélude en 3 parties (pourquoi ? pour faire plus de pages ?) ouvrait les réjouissances : un corps gelé, ouvert sur la longueur, contenant un... (non je te laisse la surprise, c'est mieux). Flippant le truc.

Ensuite, Martin Servaz est appelé par Marianne, son ex-compagne disparue depuis 8 ans (si j'ai bien compris). Elle serait perdue dans cette vallée du pays de Comminges après avoir été kidnappée. Evidemment, Martin s'y précipite pour la sauver, débarquant dans une abbaye, où non loin de là, dans la forêt, a lieu un meurtre sordide. Encore un ! Il s'en passe des choses dans les Pyrénées.

Et vraiment, ça commençait bien, j'étais à fond dans cette histoire.
Jusqu'à ce que je comprenne que l'auteur ne nous donnerait rien à grailler. Aucun indice intéressant. Rien ne nous orientait vers les coupables. Evidemment l'auteur nous envoie sur des fausses pistes, classique. Mais à côté de ça, il ne donne aux lecteurs rien à supposer, ça m'a laissée de plus en plus passive face à cette lecture et j'ai carrément perdue tout intérêt pour l'histoire.

Ajoute à ça des éléments agaçants :

L'auteur fait parler Martin Servaz environ mille fois sur le fait que : "ce monde court à sa perte" "ce pays va mal" "les dangers des réseaux sociaux" "les révoltes citoyennes" "tout le monde déteste les flics" et autres ouinouineries toutes les vingt pages ! JUSTE STOP. On le sait que le climat actuel est délétère, on n'a pas besoin de le lire non-stop dans un roman. Que ça soit utile pour créer une atmosphère, donner un contexte, okay. Mais là ça donnait juste l'impression d'être en présence d'un vieil oncle relou en boucle pendant un repas de famille.

Le deuxième truc qui m'a gonflé, c'est le nombre croissant de références aux précédents tomes. La Vallée est le 6è tome qui met en scène Servaz, il a donc vécu pas mal d'aventures le bougre. J'ai lu les 3 premiers tomes en 2014 ou 2015, Nuit en 2018, Soeurs en 2021, et je n'ai pas une super mémoire pour les polars, donc les rèf' constantes, comme si le commandant Servaz ne pouvait pas vivre une enquête sans lien avec son passé, c'était RELOU. D'autant plus qu'un lecteur qui ne serait pas au courant qu'on est sur une saga, serait complètement perdu.

Troisième truc gonflant : Servaz est suspendu, donc c'est sa collègue Irène Ziegler qui est en charge de l'enquête sur les meurtres dans la vallée. Et vraiment j'étais contente de suivre un duo d'enquêteurs, qui mettaient à contribution les talents des gendarmes de la brigade.

Concernant la fin :

En revanche, j'ai aimé l'atmosphère isolée de cette vallée, suite à l'éboulement de la montagne. On imagine bien comment cette petite ville se retrouve coupée du reste du monde et que les meurtres dans les environs augmentent la tension.

J'ai également appris des trucs, soit sur les techniques de la police scientifique ou la médecine légale, soit sur les réseaux de prostitution ou de drogues à Toulouse.

J'apprécie aussi les mises en scène des meurtres imaginées par l'auteur, c'est toujours trash et ça témoigne de la noirceur de l'âme humaine. Quant au style, la plume de l'auteur est fluide, ça va vite, sans trop de détails.

On sent que Bernard Minier ne prend pas de risques. C'est un livre qui satisfera un public qui veut se divertir avec un roman policier. Pour ceux qui aiment se creuser la tête, chercher des indices, faire des suppositions, je suis pas sûre que ça fera l'affaire.