Marcus Goldman est jeune, séduisant et célèbre à travers toute l'Amérique depuis le succès de son premier livre. Mais il doit entamer son second ouvrage et faire face à la "page blanche". C'est alors que son ami et ancien professeur Harry Quebert est accusé du meurtre d'une jeune fille de quinze ans, qui a eu lieu trente ans plus tôt dans la petite ville d'Aurora, New Hampshire. Marcus décide d'enquêter pour disculper son ami, persuadé de son innocence. Et si tout le monde était coupable ?
Au début, je me suis demandée où toute cette histoire allait nous mener. En effet, la première chose à laquelle j'ai pensé était qu'il s'agissait encore d'un meurtre mystérieux, certes, la fin me surprendrait mais il n'y aurait rien d'original. Oui, car si je devais choisir un seul mot pour décrire ce livre, ce serait original. Tous les éléments pour faire un bon livre sont là : un meurtre (si ce n'est plus), une petite ville des Etats-Unis, des secrets et un style d'écriture authentique dont la lecture dans la langue d'écriture, le français (pour une fois !), ne fait qu'accentuer le plaisir des mots. Pourquoi est-il original ? Ici, on ne nous dépeint pas une enquête mais une véritable histoire par laquelle on se laisse surprendre et emporter à chaque page. La ville parfaite n'existe pas, la vie parfaite n'existe pas. Tous les personnages ont une vie compliquée, comme tout le monde, qui les a tous amenés à être mêlés à l'enquête.
Ce livre est une critique de la société moderne qui a pour décor la culture américaine, la vraie, celle que ne connaît pas la mondialisation : les dinners comme le Clark's, les maisons qui ne sont jamais fermées à clés, la solidarité entre habitants, la symbolique du pasteur représentée par la père Kellergan et la dérivation vers les sectes et l'extrémisme, mais aussi les faibles ressources policières des petites villes ou encore les étudiants de fraternités des grandes écoles souvent à l'origine de violences gratuites et qui ne sont jamais punis car ils viennent de familles aisées, et enfin, le tabou qui pèse sur la psychiatrie.
Mais cette histoire est aussi le témoignage d'un écrivain qui n'arrive plus à écrire. Il nous montre l'autre côté de la page : l'écriture, complexe, car il faut choisir les bons mots, l'édition, toute la partie juridique de la publication, l'impact des médias et des critiques. Il nous explique qu'une fois publié, votre livre ne vous appartient plus et que seule la réception du grand public est maîtresse du destin de l'écrivain.
En conclusion, la découverte du coupable n'est pas l'élément central, c'est plutôt comment nous sommes parvenus à ce drame. Ce n'est pas l'histoire d'un meurtre, c'est l'histoire d'une ville, de ses habitants et un hymne à l'amour, qu'il soit maternel, paternel, littéraire ou passionnel.
"Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d'un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu'à tout ce qu'il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. Un bon livre, Marcus, est un livre que l'on regrette d'avoir terminé."