Le roman d’un attentat terroriste bien réel, dans la Russie de 1905, par son auteur même.
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le 9 mai 2016
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De 1901 à 1906, la Russie connait une terrible vague d'attentat. On en dénombre environ 200 au cours de cette période. Les autorités sont sur les dents et s'attendent, d'un moment à un autre, à un attentat contre le gouverneur général de Moscou, le Grand duc Serge.
Ce roman sous forme de journal intime (très autobiographique) écrit il y a plus d'un siècle résonne singulièrement dans la France actuelle. Le narrateur (un clone de l'auteur) dirige une cellule terrorisme qui planifie un attentat contre le gouverneur général de Moscou, personnalité honnie, accusé de tous les maux de la Terre. Le grand tord de ce gouverneur n'est jamais vraiment explicité dans le roman. Il doit mourir car il représente l'autorité, le régime. En se renseignant un peu on découvre qu'effectivement le Grand Duc avait pas mal de casseroles derrière lui (la Tragédie de Khodynka, 1 389 morts, lui est imputée, il est considéré comme trop répressif…) mais les révolutionnaires doivent le tuer car il est un important rouage du régime impérial.
La particularité de ce roman est qu'il nous fait entrer dans la tête d'un terroriste et que l'on n'y voit pas une bête furieuse, mais un homme sensible, qui aime des femmes, qui récite de la poésie, connait parfaitement les évangiles (tous les révolutionnaires récitent des passages de l'Apocalypse), est en proie à des doutes métaphysiques, mais est convaincu que le meurtre, bien qu'il soit condamné par Dieu, est nécessaire pour la révolution.
Le révolutionnaire est non seulement prêt à mourir pour sa cause, mais est aussi prêt à perdre son âme : "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner son âme pour ses amis".
On comprend aussi la logique de l'attentat, de la terreur (au sens révolutionnaire). Ici, la terreur politique a pour but de déstabiliser le pouvoir en place et de prouver aux masses silencieuses que la lutte est possible et ainsi de déclencher la révolution : "La terreur est nécessaire pour la révolution et la révolution est nécessaire pour le peuple".
Ce qui est effrayant c'est que le livre a été publié trois ans après l'attentat qu'il décrit, et que l'auteur ne montre aucun remord. Le révolutionnaire est présenté comme un héro romantique, drapé dans sa mélancolie, se sacrifiant pour le bien commun face à un pouvoir inique et impopulaire.
Comment lutter contre des ennemis pareils ?
Créée
le 26 juil. 2021
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