Alfred de Musset écrit ce conte qui prend place dans le décor à la fois somptueux et décadent de la Venise du Seicento (qui correspond à notre Renaissance). A travers le personnage du peintre Tizianino (fils cadet du grand Titien), Musset développe et explore un dilemme qui l'aura hanté toute sa vie : est-ce que l'art mérite qu'on lui consacre son existence ?
Le personnage principal semble incarner un peu de chacun des sept péchés capitaux. Epicurien, il est joueur, galant, sujet à la paresse, guère content de son sort mais incapable d'en changer. Pourtant talentueux, il séduit sans le vouloir une très noble Vénitienne férue d'art pictural et qui cherchera à l'amener vers la gloire. Mais l'amour d'une femme demande bien des efforts pour celui qui veut jouir de la vie dans ce qu'elle offre de plus précieux : la possibilité de disposer de soi-même, autrement dit la liberté. Et la peinture devient ici un carcan, une sujétion ; le portrait de sa maîtresse que le Tizianino s'évertue à ne pas vouloir achever se fait chaîne.
Sous les dehors d'une romance flamboyante, Musset mène une vraie réflexion de fond, servie par une plume vraiment ensorcelante.