Le Mythe de l’allergie française au fascisme
Fiche technique
Auteurs :
Michel Dobry, Bruno Goyet, Brian Jenkins, Didier Leschi, Gisèle Sapiro, Violaine Roussel, Annie Collovald, Robert O. PaxtonGenres : Culture & société, HistoireDate de publication (pays d'origine) : Langue d'origine : FrançaisParution France : septembre 2003Éditeur :
Albin MichelISBN : 9782226137180, 9782226137180Résumé : La société française est-elle par nature " allergique " au fascisme ? L'idée peut sembler naïve, sinon fantaisiste. C'est là pourtant l'interprétation historique soutenue avec continuité et aveuglement par un groupe de spécialistes français d'histoire contemporaine. Énoncée dès les débuts des années 1950, la thèse immunitaire a dû son succès initial à la possibilité qu'elle offrait alors de tourner la page de Vichy et de " laver " les composantes les plus importantes des droites autoritaires de toute parenté ou proximité avec les fascismes " authentiques " (italien et allemand). Malgré ses erreurs et ses impasses, elle a été régulièrement recyclée, par exemple pour rendre compte de l'émergence du Front national dans les compétitions électorales. Ce livre soumet d'abord à un examen critique rigoureux la démarche intellectuelle de la thèse immunitaire, qui consiste avant tout à classer les diverses droites autoritaires françaises. Il avance surtout des interprétations alternatives et beaucoup plus solides de ces mouvements. Non pas en les classant différemment, mais en les restituant dans leurs relations, dans les espaces de concurrence ou les conjonctures historiques dans lesquels ils ont agi et se sont définis, en prenant pleinement au sérieux ce qui s'est joué dans les luttes de " labellisation " ou de classement qui les ont opposées. Les diverses contributions peuvent être regroupées en deux foyers analytiques. Un premier, centré, en gros, sur les mécanismes de " réappropriation " en France des succès des fascismes " authentiques ". Le second traite de deux questions distinctes et complémentaires : l'affirmation de Front national sur les arènes politiques françaises et, d'un point de vue plus général, par le biais d'un questionnement résolument comparatif, la mise en perspective de la prétendue allergie française au fascisme dans l'univers historique des fascismes du XXe siècle (avec Z. Sternhell et R. Paxton). La vision qui se dégage des contributions rassemblées ici remet en cause radicalement l'imagerie historique " apaisante ", et en définitive apologétique, que la thèse immunitaire propose de notre XXe siècle.