"Passé un certain point il n'y a plus de retour. C'est ce point qu'il faut atteindre."

Je ne sais pas pourquoi ce livre si profondément déprimant m'a fait autant de bien au moral.

Je sais juste que je serais incapable de chroniquer son mélange de justesse (presque banale, étrangement, tant certaines esquisses de sagesse semblent frappées du coin du bon sens), de beauté et de désespoir tranquille. Quelques aphorismes, au hasard, que je ne souhaite pas oublier.

"Comprendre cette chance : le sol qui te porte ne peut pas être plus grand que les deux pieds qui s'y posent".

"Tu t'es harnaché de manière ridicule pour ce monde".

"L'homme ne peut pas vivre sans faire continuellement confiance à quelque chose d'indestructible en lui, et ce, même si ce quelque chose d'indestructible, tout comme la confiance, lui reste continuellement caché. L'un des modes d'expression de ce rester-caché est la croyance en un dieu personnel."

"Notre art est un être aveuglé par la vérité : est vraie la lumière sur la figure grimaçante qui recule, rien d'autre."

"Ce sentiment : "pas d'ancrage pour moi ici" et sentir tout de suite autour de soi l'ondoiement porteur des flots."

"Deux règles pour commencer ta vie : réduire toujours plus ton cercle et vérifier que tu n'es pas caché à l'extérieur de ton cercle."

"Tu peux t'abstenir des souffrances du monde, tu es libre de le faire et c'est selon ta nature, mais cette abstention est peut-être l'unique souffrance que tu pourrais éviter."

"Si tu marchais dans une plaine, que tu étais bien décidé à avancer et que malgré tout tu reculais, ce serait un cas désespéré ; mais comme tu gravis une pente escarpée, aussi escarpée que tu l'es toi-même vu d'en bas, les reculs ne sont peut-être dus qu'à la nature du sol et tu ne dois pas désespérer."

Et autres considérations sur le corps et l'esprit, la foi, l'écriture, le bien et le mal, le courage et la fuite...