Comme sur la peinture d’Emmanuel de Witte « Intérieur avec une femme jouant de l’épinette », tout respire l’harmonie dans la vie de Magdalena. Pourtant, dans le journal intime que dévoile Gaëlle Josse, beaucoup de tourments et, surtout, un lourd secret tu depuis l’âge de ses douze ans.
Magdalena, est l’aînée de 4 filles, son père l’initie au commerce maritime. C’est là qu’elle rencontre Pieter qu’elle épouse. Bien sûr, c’est lui qui prend la succession des affaires du père. En tant que fille, elle n’en a pas le droit. Mariage, enfants, gestion de la maison… occupent la jeune femme. Arrive l’accouchement de trop qui aurait pu lui coûter la vie. Son mari, « grand seigneur » prend la « sage » décision de ne plus coucher avec elle. A trente-huit ans, elle ne connaîtra plus les plaisirs de la chair et Pieter les amoures ancillaires. Pas facile de à cet âge de se transformer en une nonne. Elle connaît quelque émoi tout platonique, mais…Heureusement, il y a la marche des affaires à laquelle elle est toujours associée. « Je me réjouis de bientôt l’y accompagner. Je crains que ce soit là un des seuls plaisirs qui me restent. La mer et les navires me demeurent chers, et avivent mes plus doux souvenirs. »
J’aime le contraste entre le tableau qui ne montre pas le visage de Magdalena, où beaucoup est dit par petites touches et le journal intime où elle dévoile ses secrets, ses entrailles. A travers la vie de Magdalena, Gaëlle Josse raconte également la vie de la bourgeoisie de Delft au dix-septième siècle
L’écriture de Gaëlle Josse est caressante, douce. La palette de ses mots est comparable à la chaleur des tons du tableau.
Une belle lecture, agréable, chaude et vivante. Un livre à lire d’une traite bien lové au creux d’un hamac ou de son lit