Je connaissais Amin Maalouf de nom, notamment de sa position au sein de l'Académie française. Plusieurs fois, me promenant dans une librairie, j'ai pu voir cet essai Les identités meurtrières, titre accrocheur, avec cette couverture représentant une peinture magnifique (que je ne connais pas). Alors je me suis décidé à l'acheter, ne sachant pas trop à quoi m'attendre.


Après ma lecture, je me suis trouvé ravi et déçu. Ravi car ce livre traduisait ma pensée par rapport à ces débats politiques sur l'identité, l'intégration et les conflits géopolitiques ; une pensée qui vise le juste milieu, l'empathie sans toutefois excuser tout et n'importe quoi, ainsi que le besoin de réciprocité pour permettre une meilleure co-existence des personnes différentes. Ravi également, car Amin Maalouf a su mettre l'accent sur un point intéressant : l'identité est plurielle dont chaque composante est relative selon la situation sociale ou géographique de l'individu. Et c'est l'influence de ses proches ainsi que l'exclusion de "ceux en face" qui vont, à un moment, donner la primauté à une de ces composantes. Comme il le dit si bien, naître femme à Kaboul et à Oslo, ce n'est pas la même chose. De plus, une personne noire et homosexuelle pourrait davantage s'affirmer par son orientation sexuelle (en tout cas pendant une période) si c'était par ce trait qu'elle avait été le plus exclu. C'était un passage très intéressant.


Toutefois, j'ai été déçu par l'absence de réelle solution, si ce n'est la réciprocité, qui me semble malheureusement pas transposable en termes politiques - mais c'est peut-être mon pessimisme qui refait surface. Le reste, ce sont plutôt des voeux et non pas des solutions : le voeu qu'une démocratie n'utilise pas de système de quotas ni soit la tyrannie du plus grand nombre, le voeur que l'on utilise l'anglais pour communiquer tout en préservant les diversités linguistiques, etc. On pourrait avoir l'impression que l'auteur veut le beurre et l'argent du beurre, à certains endroits.


Ce n'était de toute façon pas l'objectif d'Amin Maalouf que d'écrire un livre de remèdes. Cette déception ne concerne donc que moi et mes attentes vis-à-vis du livre. A. Maalouf dresse de très bons constats (parfois presque prophétiques quand on le lit en 2024) qui m'ont intéressé mais, pour la suite, j'aurais voulu plus qu'une liste de voeux.

CravateDeMilou
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