"Prodigieuses créatures" est un livre de Tracy Chevalier qu'on m' offert sur le fallacieux prétexte "puisque tu aimes bien Jane Austen, ça devrait te plaire".
Le livre est une biographie romancée de Mary Anning, découvreuse de fossiles qui parvint à s'imposer dans le milieu très fermé et très masculin des paléontologues au début du XIXème siècle.
Honnêtement, je n'ai pas bien vu le rapport avec Jane Austen sinon que tout à la fin, dans le post-scriptum, le père de Mary Anning aurait été consulté par Jane Austen elle-même, pour la rénovation d'un coffre. Mais le devis étant dissuasif, elle n'aurait pas donné suite ...
Au delà de la recherche des fossiles, le livre évoque l'importante distanciation sociale entre les ouvriers et la bourgeoisie voire l'aristocratie en Angleterre à cette époque. C'est , bien sûr, évident aussi chez Jane Austen sauf que les problèmes traités par cette romancière se situent toujours dans la même classe argentée ou pas et rarement entre les classes sociales. Reste le style, mais ça ...
A l'actif du roman, Tracy Chevalier a su bien mettre en exergue les différences de classes sociales et les nécessaires efforts de part et d'autre pour transcender ces différences afin que la jeune Mary Anning puisse s'imposer fasse à des hommes, collectionneurs ou scientifiques, pas forcément très délicats ni honnêtes et atteindre une renommée internationale.
C'est aussi l'histoire d'une grande amitié entre Mary Anning et Elisabeth Philpot, là aussi de condition très différente, amitié animée par l'intérêt et la recherche de tous ces fossiles. C'est une amitié qui fut d'autant plus durable que parsemée de crises existentielles voire de petites jalousies dues à des très fortes personnalités de part et d'autre.
Le livre est construit comme une double autobiographie où alternativement, Elisabeth puis Mary prennent la plume pour raconter leur histoire.
Un des sujets abordés, non des moindres, est aussi le poids de l'église dans la communauté, scientifique ou pas, disputant qu'il ne pouvait y avoir de créatures qui avaient disparu puisqu'étant toutes la création de Dieu qui avait eu lieu il y a 6000 ans comme décrit dans la Genèse ou encore suivant les déductions faites à partir du texte sacré. Force était de penser, alors, que c'était à l'occasion du Déluge, que certaines créatures mauvaises avaient dû être éliminées... On peut aujourd'hui sourire mais à l'époque c'était quand même une satanée remise en cause des connaissances.
Ainsi Tracy Chevalier dresse les portraits touchants et émouvants de ces deux femmes avec leur franc-parler dans un contexte d'une Angleterre au XIXème siècle qui emporte forcément l'adhésion du lecteur. Au final, j'ai bien aimé lire l'histoire de cette dame, Mary Anning, aujourd'hui très célèbre dans sa région natale sur la côte du Dorset où elle vivait et recherchait ses prodigieuses créatures.