Pourvu qu'elle soit douce...

Ce livre c'est un univers basé sur un fantasme typiquement masculin, celui de pouvoir coucher avec toutes les femmes que l'on désire. Il suffirait de glisser sa main entre les cuisses d'une femme pour l'inviter au coït, il ne lui viendrait même pas à l'esprit de refuser, mieux encore, les femmes viendraient vers vous, n'importe où, n'importe quand, pour s'offrir. Un monde de rêve... vraiment ?

Situé en l'an 2000 (livre écrit en 1964), ce monde a connu une troisième guerre mondiale en 1985. Pour que l'horreur ne se reproduise plus et que la paix soit durable, un homme, Kieffer, propose de se débarrasser de la morale pour se tourner vers une seule chose : le plaisir, synonyme de bonheur éternel. Succès pour Kieffer, la société approuve et commence ainsi l'ère du kiefferisme où le sexe devient monnaie courante.

C'est là que nous rencontrons notre héros qui s'ennuie dans ce monde pourtant idéal. Le sexe à volonté, bien que grisant, devient lassant et il se rend compte qu'il lui manque quelque chose. Une chose bannie par le kiefferisme, car considérée comme l'une des causes de la guerre, c'est la passion amoureuse. Une passion qui va naître lors d'une rencontre avec une femme à l'opposé des autres, une femme qui refuse les rapports sexuels, une femme qui va alors représenter le fantasme absolu, à la fois soumise et insaisissable.

Surprenant, visionnaire parfois (l'apogée du porno, la sursexualisation de la société -surtout dans la pub- et la liberation sexuelle) c'est un livre très lucide sur la sexualité masculine, montrant ses aspects les plus sombres, ses limites et ses paradoxes. J'ai beaucoup aimé la mise en place de cet univers par contre l'intrigue m'a ennuyée par moment. J'ai trouvé le héros très imbu de lui-même et les personnages feminins creux et affligeants (avant de comprendre que c'était normal car elles ne représentaient que des fantasmes). Cependant ce livre mérite d'être lu rien que pour son dernier tiers, si captivant que, des jours après avoir fini, je reste fascinée et émue...