L'ouvrage étant dense et riche, il n'est pas facile de cantonner Tous à Zanzibar à une simple note.
Mêlant thriller politique, roman d'espionnage et essai sur les dérives du capitalisme des années 60, John Brunner propose une œuvre aussi riche que déséquilibrée. Il faut donc être honnête d'emblée, Tous à Zanzibar est loin d'être un grand roman d'un point de vue stylistique. Car si Brunner s'en sort plutôt bien lors de ces chapitres "réclames" ou de ces portraits qui font office de nouvelles, il devient plus pénible à lire dans les chapitres de narration pure et qui sont généralement plus longs que les autres.
La meilleure illustration de ce déséquilibre se retrouve dans l'opposition entre les chapitres dédiés à Norman et ceux à Donald. Si le premier bénéficie de textes tantôt mystiques, tantôt ironiques, qui fonctionnent, le second se retrouve prisonnier d'un mauvais roman d'action qui empile les clichés de manière maladroite et survole bien trop vite les événements (je crois que l'entraînement de Donald et la capture du généticien ne durent même pas une semaine en jours cumulés !).
C'est donc dans ses formats courts que l’œuvre brille, en mettant en scène le quotidien désenchanté de différents profils censés annoncer le devenir de la civilisation occidentale. Je ne me suis pas intéressé à compter les points entre les prédictions justes et erronées de Brunner sur le XXIème siècle car ce n'est pas le plus important dans ce qu'il a cherché à raconter.
Portrait d'une race humaine enfermée dans une jouissance virtuelle et incapable de réellement contrôler ses pulsions, Tous à Zanzibar est un roman que je peux recommander à tout amateur de science-fiction et d'anticipation même si l'on reste éloigné du chef d’œuvre d'intelligence et de perspicacité qui nous est vendu.
Et puis, très franchement, qu'est-ce que les auteurs du siècle passé me gonflent avec leurs lunettes malthusiennes.
6,5