Pour être tout à fait clair dès le début, je n'ai pas lu La Promesse de l'aube. Au moins ce livre m'en a donné l'envie, c'est déjà pas mal. De plus, j'ai acheté Un certain M. Piekielny au hasard, comme je fais à chaque rentrée littéraire, pour me tenir un peu au courant de ce qui se fait. Lorsque je l'ai donc ouvert, je ne savais logiquement pas à quoi m'attendre, je ne pensais pas que je me lançais dans une véritable enquête pour retrouver ce M. Piekielny.
Ce fut par un concours de circonstances que l'auteur déambulant dans Vilnius se trouva face à l'immeuble où Gary passa une partie de son enfance. Devant la plaque commémorative lui fournissant cette information, se rappela à sa mémoire l'existence de ce mystérieux M. Piekielny, personne (ou personnage ?) qui marqua d'une certaine façon la vie de celui qui lui consacra quelques lignes de son autobiographie.
De façon générale, l'ouvrage de Désérable est marqué par une patte très journalistique du fait d'une certaine profusion de détails pour le moins contingents, un peu à la manière d'un Houellebecq. En ce sens, la mention "roman" présente en couverture, et certainement du fait de l'éditeur, n'est pas un gage d'honnêteté.
Du récit de son enquête, l'auteur ne manque pas de l'entrecouper d'anecdotes sur sa propre vie que, parfois, il semble vouloir caser envers et contre tout. S'il prétend parler de Gary en s'évoquant lui-même, on peut penser que le procédé serve à donner de l'air à son récit. Encore faut-il que ça soit intéressant. Parfois ça ne l'est pas. Plus gênant pour ces passages là, lorsqu'il écrit véritablement sur Gary, c'en devient tout à fait passionnant. Je comprends cependant la complexité de son exercice : il fallait tirer sur la ligne tout en évitant de raconter La Promesse en entier. Blablater sur sa vie devenait alors alors la solution toute trouvée.
A cela s'ajoute que parfois l'auteur tente des aphorismes un peu lourds ou des blagues dont je ne suis pas convaincu qu'elles puissent êtres comprises par tout le monde :
Et puis elle ajoute : Merci qui ? Merci Jackie. Et Michel, continue Gary, Michel Gallimard, le neveu de Gaston, mon éditeur : c'est lui qui tenait le volant.
Comme diraient certains : "Les vrais comprendront."
Le livre n'en reste pas moins parsemé de passages délicieux :
D'ordinaire Gary ne danse pas. Si par hasard il se retrouve sur une piste de danse, il reste planté là, droit comme un i, un verre d'eau à la main, ne sachant que faire ni vraiment quoi penser, et sa présence alors est aussi vaine, dépourvue de sens et incongrue que celle du pape au bordel. Ce n'est pas tant qu'il déteste danser, non, mais il n'en voit pas l'utilité ; s'il s'agit de bouger son corps pour éprouver du plaisir, merci, mais il y a d'autres moyens ; et si certains s'agitent en tous sens comme d'autres brament ou coassent, d'accord, mais il a d'autres atouts.
Des passages sur la vie de Gary tout autant que ceux sur son grand-œuvre en lui-même, Désérable décrit très bien la vision qu'il s'en fait, expliquant globalement qu'à ces yeux, on a jamais aussi bien menti. De tout cela reste donc une vision très floue de ce qu'il en a été véritablement de ce M. Piekielny...