Je dois le dire d'entrée de jeu : écolo pas éco-anxieux et technophile, j'ai acheté mon premier bouquin de Pablo Servigne pour me confronter à une pensée différente. Au début, ce que je craignais s'est rapidement vérifié : j'ai trouvé le propos mièvre et puéril, entre suggestion de parler aux arbres et appel à un retour à la spiritualité, en passant par la sanctification des peuples autochtones qui auraient tout compris contrairement à nous, peuples civilisés vautrés dans leur Sécurité sociale et leurs systèmes juridique ou éducatif imparfaits.
Et puis au fil de ma lecture, mon point de vue a changé. Ce livre n'est pas mièvre, il est dangereux. Il appelle ouvertement à se détourner de la science, jugée trop rationnelle et ne laissant pas de place à l'émotion. Il suggère au contraire de se tourner vers des pseudo-sciences comme la naturopathie, voire la magie et la télépathie. En plus de sa technophobie bête à manger du foin, comme si le progrès technique était le mal absolu, il condamne notre civilisation dans tous les sens, en ressortant tous les clichés sans nuance sur les grands méchants de l'Histoire : les capitalistes, les politiques, les entrepreneurs, les chercheurs...
On retrouve donc tous les ingrédients qui mènent à une attitude sectaire et à suivre son gourou : sous couvert de bons sentiments et de bon sens (protection de l'environnement, retour à la nature, santé mentale...), on plante petit à petit les graines de la dissidence et de la division, du rejet de la société dans son ensemble et de ses membres, qui n'ont décidément rien compris. Ça me fait furieusement penser à des gourous comme Irène Grosjean ou Thierry Casasnovas, qui abusent des personnes fragiles (maladie incurable, dépression, solitude...) en leur vendant du bonheur et de la santé, pour mieux leur inoculer le poison de la colère et de la haine.