Objectif NULL

Sorti en 2007, il aura fallut attendre 10 ans pour que Dennou Coil soit édité en DVD en France, puis un l'été 2020 pour qu'il soit enfin disponible en simulcast chez Wakanim. Ce qui faisait que moi qui venait de découvrir et de me dire "ha mais sympa cette nouvelle série" je me suis aperçu qu'elle avait déjà 13 ans dans les pattes. Et que les gens désespéraient de la voir sous-titrée en français, et ce, suite à une sombre histoire d'application pour téléphone portable, ainsi qu'une impossibilité durant des années à caser dans les animés pour adulte un animé avec un chara-design enfantin (ce qui au vue de séries comme Girl's Last Tour ou par hasard.... Made In Abyss montre que le paradigme a changé.)

Et ... bah, ça n'a pas trop vieilli en fait, en partie grâce à une animation qui est vraiment bonne, un chara-design assez atypique (ça lorgne certes un peu sur du Ghibli, mais passé quelques épisodes, on s'aperçoit que ça n'a rien à voir) et un concept qui malgré son côté "futur proche" n'est toujours pas démodé et reste toujours dans la science fiction.

Denno Coil se concentre sur un futur où les Google Glass fonctionneraient vraiment et aurait une utilité pratique. En l'occurence, une sorte de Pokemon Go en plus poussé où les enfants sont accompagnés de familiers qu'ils ne peuvent voir qu'au travers de leur lunettes, des monstres (les illegaux) des glitchs à collectionner (souvent liés à la remise à neuf des serveurs) et des piratages informatiques sous la forme de sorts magiques, de runes et de sceaux.

Pour le coup, j'applaudis déjà la réussite du challenge consistant à rendre tangible des concepts qui sont difficile à mettre en image (notamment toute la partie hacking informatique) et à rendre excitente des aventures dont le gimmick de base est "bah, suffit juste d'enlever les lunettes et tout ce que tu vois disparait."

Après, hélas, petit à petit ça devient de moins en moins précis là où dans les premiers épisodes c'était évident que le monde était virtuel et ne passait que par les lunettes. (Comment téléphone t-ils ? Ils ont aussi une puce dans le doigt ? Comment ça se fait qu'ils peuvent se faire espionner ? Comment soulève t-ils des objets virtuels ?)

J'ai un autre problème avec l'age des enfants. L'héroïne de la série (et ses amis) vivent leurs aventures entre la fin du CM2 et le collège. Alors, c'est une idée qui est assez rigolote des fois (notamment lorsqu'ils comptent la valeur d'un objet en nombre d'étrennes qu'il leur a fallut pour se l'acheter) mais de moins en moins cohérent avec le temps : ils ont une maturité que n'ont pas les enfants, et on aurait pu mettre 5 à 10 ans de plus aux protagonistes que ça n'aurait rien changé à l'histoire (c'est ridicule quand la tante d'un des protagonistes qui est l'une des plus grosses hackeuse de la série et bosse pour la mairie... est "officiellement" encore au lycée.)

Pour le reste, j'ai accroché à la série. Graphiquement, j'aime beaucoup, notamment le trait du chara design simpliste mais super original. Certes, les personnages se ressemblent parfois un peu, mais on s'y fait assez vite et ils ont une personnalité qui les rends vite uniques . Il y a toute une thématique sur le deuil qui est super bien amenée au fil des épisodes.

L'animé prend le plein potentiel de l'univers qu'elle a créé. Tout d'abord, on a des épisodes qui exposent les bases de tout ce que ces lunettes peuvent faire et ce que sont les "illégaux" et la façon dont ils vivent. Puis, elle propose plusieurs histoires en stand alone au milieu de la série, autour d'illégaux et leur disparition (celle avec les gros plésiosaure est émouvante et celle avec les barbes va jusqu'au bout de son concept absurde) avant d'opter vers une seconde moitié consacrée à résoudre les mystères posés de la série.

Formule classique mais bien maitrisé ce qui fait que j'ai avalé les 26 épisodes tout au fil de l'été entre le visionnages d'autres séries dont les épisodes venaient de sortir. Et c'est le genre d'animé qui a placé des indices dès son générique ce qui renforce l'idée qu'ils avaient bien mis en place leur univers. (En même temps vu le temps depuis lequel le créateur bossait sur son projet, ça devait valoir le coup.)

Bon.... ceci dit la fin de la série, si elle offre des réponses logiques se permet plusieurs fois de dire merde à sa cohérence interne et à l'univers qu'elle avait pourtant planée de façon intelligente. Il faut avaler une ou deux couleuvres ou ne pas s'interroger sur un ou deux détails pour que ça passe.

Du reste, ça vaut vraiment son statut culte : c'est original, intelligent, ça n'est jamais ennuyant, les personnages sont cool et ça se suit bien. Parfaite série de l'été.