Après Daredevil, après Jessica Jones, voici la troisième série issue de l'univers Marvel/Netlix consacré cette fois-ci à Luke Cage.
La série en tant que tel
Le projet ne m'emballait pas des masses : Je ne suis pas fan du personnage à la base, que ce soit dans les comics (la première fois que je l'ai vu, c'était dans un comic-book des années 60 où Jonah Jameson l'avait engagé pour qu'il foute une tannée à Spiderman) ou dans la série Jessica Jones où je trouvais le personnage assez peu sympathique. De plus, je me suis ennuyé devant le pilote tellement c'était assez cliché.
D'ailleurs pendant une bonne moitié de la série, je me suis assez ennuyé et j'ai trouvé que la série avait la même structure que la première saison de Daredevil : le personnage, tout en découvrant une raison de se battre, tente de lutter contre un chef de la pègre tout puissant en dégommant ses sbires un par un ou en tentant de s'en prendre à ses points faibles. Du coup, c'était franchement assez prévisible, j'ai vu venir chaque retournement de situation et chaque mort puisque je me disais : "Si on suit la logique de "c'est en réécriture de la première saison de Daredevil, il devrait se passer ça...." Et bim, ça arrivait. Cependant, ça se regardait cependant sans déplaisir, grâce à un bon casting (j'ai rien à redire sur les acteurs) une bonne réalisation et une B.O. qui déchire. La série se veut un hommage à la blacksploitation et utilise à fond la "musique noire" que ça soit le jazz, le funk ou le rap, invitant de nombreux artistes à se produire dans la série (Coucou Raphael saadiq, coucou Method Man.)
Et puis, petit à petit, notamment avec le milieu de la saison, la série se détache de cet air de déjà vu et commence à prendre ses marques. Les personnages se développent et l'intrigue fini par former quelque chose d'inédit et de prenant. La série est un peu moins gore que ses prédécesseurs, plus jaune (c'est le code couleurs de la série, une fois que vous avez vu ça, vous en voyez partout...) et surtout plus "humaine" : les méchants n'ont pas de super-pouvoirs (l'un d'entre eux a entre les mains une technologie futuriste et encore ça reste dans la limite de ma suspension d'incrédulité) et le surnaturel est finalement limité à quelques épisodes (notamment sur les origines des pouvoirs de Luke Cage.)
De plus, la saison se finit assez étonnement sur une note vraiment douce amère, assez surprenante.
Une bonne prolongation de l'univers
Paradoxalement, Luke Cage m'a donné vraiment foi dans le projet The Defenders consistant à créer un Avengers avec les différentes séries Marvel/Netflix. En cela, la série à trouvé l'équilibre parfait dans son intégration au projet. J'avais reproché à Jessica Jones de faire assez peu mention du fait qu'elle se passait dans le même univers que Daredevil et à côté, j'ai vu la catastrophe que fut DC's Legends of Tomorrow où il faut avoir vu deux séries pour comprendre l'épisode pilote de la troisième.
Ici, c'est parfait : Quelqu'un qui n'a pas vu les autres séries ne sera pas largué lors de son visionnage de Luke Cage, et le spectateur qui s'est maté les autres séries aura l'impression d'être récompensé. Ça se fait par touches subtiles avec des allusions à des noms ou des évènements issues des séries précédentes (l'arrestation de Wilson Fisk, la mort de Kilgrave, etc...) ou l'apparition de personnages secondaires comme l'avocat de Frisk défendant Cottonmouth. Pour un spectateur lambda son apparition sera normale tandis qu'un spectateur habitué se dira "ha, l'ordure, il est vraiment dans tous les coups."
La série arrive même à créer un fil rouge avec Jessica Jones via l'histoire de Reva et sa clé USB : dans les deux séries celui-ci prend la forme d'un macguffin : un objet servant à créer ou à résoudre une situation mais il aurait pu prendre la forme d'un autre prétexte. Mais lorsque l'on reprend les événements des deux séries, cela créé un tout assez cohérent. Bien joué. A vrai dire, c'est une bonne chose d'avoir refusé de faire des séries qui seraient récurrentes tous les ans : Si on avait eu parallèlement une saison 2 de Jessica Jones et une saison 3 de Daredevil, nul doute que ça aurait rendu la totalité indigeste et qu'on aurait eu des problèmes de continuité (en plus d'avoir du mal à tout suivre.)
Ce qui est intéressant c'est que la série se permet même de prolonger la question des super-héros et des vigilantes posés par la saison 2 de Daredevil : il y a une allusion au massacre provoqué par Frank Castle et les autorités de New York commencent à se demander quoi faire face à l'apparition de gens ayant des "capacités." (et ce, quelque mois après la sortie au cinéma de "Civil War" ce qui forme une thématique assez cohérente.) Cela évite l'impression de déjà vu et permet d'avoir l'impression de voir le Marvel-verse qui se développe. Et ça, c'est assez grisant.
De plus, c'est la première série à enfin utiliser durablement le personnage de Claire Temple : elle n'était présente que sur quelques épisodes de Daredevil, avait fait un coucou vite fait à Jessica Jones mais ici, on la voit très active. Même si, un peu plus de faiblesse et de caractérisation ne serait pas un luxe.
Bref, si j'en attends assez d' Iron Fist maintenant, j'en attends surtout beaucoup des Defenders !!