"Tu savais qu'à chaque fois que tu bâilles, un peu de ton bonheur s'échappe ?"
"Bakemonogatari" (jeu de mot japonais entre "bakemono", monstre, et "monogatari", histoire, ce qu'on pourrait traduire grossièrement en français par "monstoire" (j'avoue c'est moche), c'est le genre d'anime original qui prend un malin plaisir à jouer avec les codes de l'anime.
Je vais commencer par étaler tout le bien que je pense de "Bakemonogatari". L'aventure débute avec une scène surréaliste : une fille tombe du ciel et est rattrapé sans effort par un lycéen. On enchaîne avec une discussion apparemment anodine entre les délégués de classe, un garçon et une fille, dans laquelle on se place dans la peau du garçon. A la fin de celle-ci, une lycéenne agresse de manière originale (comment ? Je ne spoilerai pas) le délégué en lui interdisant de "résoudre son problème". Et pourtant, ce sera là le point de départ de l'histoire : malgré l'ordre, le jeune homme décide de lui porter secours... Le scénario ne sera pas toujours aussi rythmé qu'à son premier épisode, mais on peut dire que ça commence fort. Par la suite, "Bakemonogatari" opte pour une vitesse de narration relativement lente et posée.
Ce qui frappe en regardant cet anime, c'est le soin porté aux graphismes et à la mise en scène. Les angles de vue sont presque "cinématographiques" : plans sur les lèvres ou sur les mains ou vision à la première personne traduisent les sentiments et états d'esprits des personnages d'une manière inattendue et plaisante. On retrouve aussi des plans sur des objets souvent anodins (jeux dans un parc, peluches d'une fille, livre qui s'affaisse sur une étagère) qui traduisent toute l'attention portée aux détails. Les yeux sont tels des appareils photo émettant des bruits de flash à chaque fois qu'ils clignent. Les pensées du héros s'affichent parfois sur des fonds à la couleur unie, avec un objectif tantôt sérieux, tantôt humoristique. Dédicace à ceux qui ont mis en pause certains écrans de débuts d'épisode, (volontairement) beaucoup trop rapides pour être lus sinon...
La petite constellation des personnages (une dizaine de personnages récurrents en quinze épisodes) permet d'approfondir les personnages et de les rendre assez attachants et complexes. Que ce soit le héros, Senjougahara la tsundere ou Mayoi la petite peste, tous ont une certaine densité. Les échanges de répliques sont fluides et particulièrement plaisants.
"Bakemonogatari" n'est pas non plus exempt de défauts. Les musiques sont sympa mais pas exceptionnelles. Elles ont tout de même tendance à rentrer facilement dans la tête, comme ce petit solo de piano... D'autre part, le passé du personnage principal est à peine effleuré et il est frustrant de penser qu'on arrive après-coup, dans son cas. Il arrive aussi à l'anime de traîner en longueur, vu la lenteur de certaines actions. Le schéma "Une personne à sauver" dans chaque arc scénaristique peut également se révéler redondant.
Cependant, à part ces quelques désagréments, "Bakemonogatari" se révèle très agréable à regarder car c'est un animé rafraîchissant et posé, slice-of-life sans être ennuyeux et fantastique sans excès. A tester !