Black Mirror fait partie de ses séries forcément un peu inégale suivant les épisodes puisque étant une série d'anthologie chaque épisode est unique, mais on peut quand même dire que malgré des épisodes un peu plus faiblards parfois , l'ensemble de l’œuvre reste tout de même de grande qualité !
⚠ Cette critique sera sans spoilers et se portera uniquement sur les trois premiers épisodes.
La saison 6 m'avait quelque peu déçu en proposant des épisodes certes toujours aussi cyniques face à la technologie mais beaucoup plus redondants et surtout clairement bien moins inspirés autant dans la réalisation que sur le scénario que dans les saisons précédentes !
Avec cette saison 7 Charlie Brooker semble renouer avec l'essence première de sa série et retrouve un second souffle avec trois premiers épisodes qui mêlent satires sociales, rapports humains biaisés, et technologies abjectes, le tout en faisant plus que jamais écho à notre monde réel !
- Episode 1 : Des Gens Ordinaires
Charlie Brooker n'est clairement plus en panne d'inspiration puisqu'au vu de ce premier épisode on peut dire que son écriture acerbe est encore plus aiguisée !
Un épisode qui se passe en Angleterre ou l'on suit la vie d'Amanda et Jerry un couple amoureux mais qui à un peu de mal à boucler ses fins de mois sur lequel le sort va s'acharner puisqu'Amanda va être atteinte d'une tumeur inopérable qui va la plonger dans le coma.
Jerry est alors brisé face à un diagnostique médicale inéluctable lorsqu'une Start-up de high tech va alors lui proposer un procédé révolutionnaire en réussissant à ramener Amanda à la vie par le biais d'une toute nouvelle technologie.
Une formidable nouvelle pour Jerry qui voit à nouveau sa femme qui sort du coma grâce à cette nouvelle technologie pour reprendre le cours de sa vie sans aucun changement….Ou presque !
Toujours difficile de parler d'une nouvelle saison de Black Mirror sans spoiler mais ce premier épisode remet clairement la série sur les rails et confirme le retour d'une écriture remarquable avec un scénario qui nous embarque dans la lente agonie de ces deux personnages prisonniers de leurs situations, ou l'on va explorer jusqu’où l'ignominie du marketing peut aller !
Un épisode qui soulève énormément de questions tout en montant crescendo en intensité morbide, le tout avec une très bonne réalisation, à la fois glauque et irréversible avec une technologie vendu comme remède miracle pour par la suite exploiter la détresse ou pire en devenir esclave pour sa survie.
Un épisode oppressant dans lequel on retrouve tous les ingrédients du succès de la série : cynisme, ascenseur émotionnel, dérives de la technologie, et qui renoue avec l'essence de Black Mirror avec le retour de cette écriture acerbe et satirique et toujours cette réflexion profonde sur les dérives du techno capitalisme qui exploite la dépendance et les désirs des plus fragiles.
Une histoire à la fois tragique et touchante qui en fait un des épisodes les plus percutants de toute la saga !
On redescend un peu en intensité avec l'histoire d'une jeune femme travaillant dans une entreprise d'agro-alimentaire et qui va un jour voir débarquer dans son boulot nulle autre qu'une de ses anciennes camarades de classe du lycée et accessoirement très rancunière !
Un schéma un peu plus classique pour ce deuxième épisode qui reste toutefois divertissant avec une histoire de vengeance qui regorge de petites trouvailles assez malignes, Un épisode moins bien rythmé que le précédent et qui met un peu de temps à développer son intrigue malgré un propos qui reste intéressant mais un peu plus convenue pour du Black Mirror.
Reste toute fois la conclusion de l'épisode que certains trouveront un peu "facile" mais que moi j'ai adoré avec un twist inattendu, cynique et jusqu’au-boutiste à souhait !
L'écriture est certes bien moins profonde que dans le premier épisode on à tout de même le droit à un épisode avec une technologie qui pousse le curseur du cynisme à fond !
- Épisode 3 : Hôtel Rêverie
Cette fois on est plongé dans l'univers du cinéma Hollywoodien avec un Studio de production mythique devenue "has been" et en perte complète de vitesse, qui va faire appel à une entreprise futuriste spécialisé dans l'intégration de personnes réelles pour revisiter un grand classique des années 50.
A la manière d'une machine à voyager dans le temps, cette technologie permet de faire jouer des acteurs et actrices actuelles dans d'anciennes productions par le biais de leurs conscience propulsée directement sur un ancien tournage généré par I.A.
Vous l'aurez compris, dans cette épisode on à le droit à une réflexion assez poussée qui interroge sur les dérives d'une I.A évolutive et autonome, le tout enrobé dans un scénario qui se transforme rapidement en une romance hors normes !
Un épisode qui a parfaitement fonctionné sur moi avec Une vision d'un cinéma futuriste ou une technologie en apparence inoffensive va se transformer en une interrogation profonde sur les consciences évolutives des I.A,
Un sujet qui renvoi évidemment aux dérives actuels et bien réels d'Hollywood avec l'Intelligence artificielle, comme le remplacement d'acteurs morts par des I.A, l'encadrement des œuvres et des propriétés intellectuelles, et autres questions éthiques sur une technologie qui jour après jour voir ses applications dans le monde réel croitre.
La romance lesbienne ne conviendra clairement pas à certains qui voit du Wokisme un peu forcé, et pour être honnête c'est vrai qu'on peut se demander si c'était bien nécessaire !
mise à part cette interrogation Charlie Brooker réussi à nous offrir tout de même un épisode touchant sans tomber dans la niaiserie mielleuse.
Attention on est tout de même loin du chef d’œuvre qu'est San Jupinero (épisode 4/saison 3) qui reste un des plus touchant et des plus réussis dans l'univers Black Mirror.
à voir si la deuxième partie de saison restera sur cette maitrise mais tout prête à croire que cette saison 7 sera une des plus réussis en terme d'histoires variés et angoissantes.
Une question demeure pourtant :
Est ce que la série pourra continuer encore longtemps ?!
Au vu de la réalité qui rattrape peu à peu la fiction au point que certains épisodes sont déjà devenus réalité, l'avenir nous dira si Charlie Brooker aura encore de l'aspiration pour de futurs saisons sans que la réalité le rattrape trop vite dans ces scénarios !