Aux jeunes adultes des années 2010

Bref est l’un de ces projets qui marquent une époque et qui, avec le recul, prennent encore plus de valeur. Jadis, j'avais tendance à me procurer gratuitement les oeuvres culturelles que je consommais en masses... Mais lorsques je m'achetais la version physique, comme c'était le cas ici, c'est que je tenais en très haute estime le travail créatif. Oui, j’avais les DVD à un âge ou chaque achat été très précieux, et déjà, je trouvais que la série était un témoin précieux des années 2010-2015. En la redécouvrant aujourd’hui, j'ai constaté à quel point elle n’a pas pris une ride. Là où beaucoup de formats courts deviennent vite datés, Bref. garde une fraîcheur et une efficacité redoutables.

Chaque épisode est une petite capsule de vie, un concentré d’humour, de cynisme et d’observations du quotidien qui résonnent toujours aussi bien. Ce qui fait la force de Bref., c’est son rythme effréné, son écriture ciselée et surtout sa capacité à capturer des émotions et des situations universelles en à peine deux minutes. Ça va vite, c’est percutant, et surtout, ça touche juste.

Le personnage principal, un trentenaire paumé qui navigue entre échecs amoureux, désillusions professionnelles et questionnements existentiels, reste incroyablement attachant. Bien qu'il semble être dans un spectre autistique assez marqué, on se reconnaît tous, à un moment ou un autre, dans ses galères et ses pensées. Ce regard à la fois lucide et absurde sur la vie moderne fonctionne toujours aussi bien, parce qu’il est sincère et terriblement bien observé.

L’autre point fort, c’est la réalisation. Loin d’un simple gimmick, le montage ultra-dynamique et la narration en voix off font partie intégrante de l’identité de la série. Cette cadence rapide, ce déferlement d’idées en quelques secondes, c’est ce qui rend chaque épisode aussi addictif et marquant. Même après plusieurs visionnages, on redécouvre toujours des détails qu’on n’avait pas captés.

Et dieu sait combien de parodie bien nazes ont pullulé ensuite sur la toile. Bref était devenu un style de réalisation ouverte au peuple!

Une série qui a su capturer une époque avec une beaucoup de fantasme d'une vie mondaine rempli de soirée et de rencontre. Ce qui n'est pas pour me déplaire, car dans la tête d'un personnage de ce type, chaque petite rencontre doit être une épreuve et doit en valoir au moins dix!

Là où je lis que certain(e)s en font un reproche, je trouve que c'est tous simplement romancé. Il ne faut pas prendre les événements au pied de la lettre, comme la série le montre si bien. Car bien entendu qu'un petit gros, plein de poil, ayant la calvitie à trente ans ne va pas rencontrer et couché avec autant de fille.

Que la vision soit si irréelle ne l'a rend pas fausse ou médiocre à mes yeux, mais plutôt touchante.

En tous cas, moi j'y vois beaucoup de bon sentiments et en grand partie grâce à toutes ces checkpoint d'époques.

Les références, les préoccupations, la façon dont les réseaux sociaux commencent à envahir nos vies, les soirées entre potes, la solitude, l’amour... Tout cela est ancré dans un contexte qui, étonnamment, n’a pas vieilli. Bien sûr, certaines blagues ou situations datent un peu, mais jamais au point de rendre la série obsolète. Au contraire, elle garde cette pertinence qui fait que même aujourd’hui, elle fonctionne toujours aussi bien.

Puis pour aller plus loin, je dirais qu'avec le temps, Bref. a aussi gagné une autre dimension. Celle d’un projet audacieux qui a prouvé qu’on pouvait faire un format court percutant, intelligent et accessible à tous. C’est une preuve qu’avec une idée forte et une exécution brillante, on peut marquer durablement la pop culture.

Revoir Bref. aujourd’hui, c’est se rappeler à quel point cette série était en avance sur son temps. Toujours aussi drôle, toujours aussi juste, elle reste un modèle du genre. C’est le genre d’œuvre qui ne vieillit pas, parce qu’elle parle de nous, de nos vies, et aussi fantasmés soient elles.