107 épisodes
(19 h 55 min)
Épisodes
S18 E1 • Macron : fin des vacances, attention au budget !
C'est la rentrée (ou presque) ! Emmanuel Macron et le gouvernement se retrouveront ce mercredi 22 août pour un Conseil des ministres censé marquer le point de départ d’une nouvelle année, après deux semaines de vacances pendant lesquelles l’exécutif s’est montré plutôt discret. Le gouvernement va tenter de faire oublier l’affaire Benalla, et les dossiers brûlants ne manquent pas, à commencer par celui du budget. Le chef de l’État présidera mercredi après-midi une réunion à l’Élysée pour décider des derniers arbitrages sur le budget 2019. Des coupes drastiques sont à prévoir d’autant que l’économie ralentit et qu’Emmanuel Macron s’est engagé à réduire la dépense publique française de trois points de PIB en cinq ans, soit 60 milliards d'euros d'économies. Dans ce contexte, quelle sera l’ampleur du plan pauvreté, préparé par Agnès Buzyn, très attendu après le couac de son report en juillet ? Présenté vers la mi-septembre, il doit comporter une série de mesures pour "rompre avec le déterminisme de la pauvreté", qui touche environ 14 % de la population dont près d'un enfant sur cinq. Autres chantiers menés par la ministre de la Santé : le financement de l’Assurance maladie et la réforme explosive des retraites avec la mise en place d’un régime universel. Le calendrier est serré. Les syndicats seront reçus à la fin du mois par le Premier ministre. Les discussions devraient se poursuivre jusqu’à la présentation des grandes orientations en décembre. La loi est censée être adoptée avant la fin de l'été prochain. Parallèlement, les partenaires sociaux, à la demande de l’exécutif, vont également devoir ces prochains mois renégocier les règles de l'assurance chômage pour la troisième fois depuis début 2017. Enfin, le gouvernement va déposer un projet de loi sur la bioéthique d'ici la fin de l'année qui sera débattu au début de l'année 2019. Elle comprendra un volet qui déchaîne les passions : la PMA (procréation médicalement assistée). Entre réformes et coup de rabot, la rentrée politique d'Emmanuel Macron débute avec un agenda particulièrement chargé sur fond de sondages en berne et de choix budgétaires qui donneront une coloration décisive à cette deuxième année du quinquennat.
Première diffusion : 20 août 2018
S18 E2 • Poutine, Trump, Bannon, Salvini : pourquoi veulent-ils tuer l’Europe ?
Le temps d’une Europe sans ennemi semble bien révolu. Ils sont nombreux désormais, à l’intérieur et à l’extérieur, à vouloir mettre l’Europe à terre. Entre la brutalité de Donald Trump à l’égard de ses alliés et l’agressivité de la politique de Vladimir Poutine en Europe, les 27 devraient, en théorie, être soudés autour du projet européen. Pourtant, il n’en est rien. Les mouvements populistes remettant en cause l’intégration de l’Union progressent à chaque élection sur le Vieux Continent. En Hongrie, Viktor Orban, voué aux gémonies par tous les progressistes du continent, a ainsi remporté haut la main les élections d’avril. En Pologne, les conservateurs du PiS (au pouvoir) caracolent toujours autour de 40 % des intentions de vote, quinze points devant l’opposition libérale PO. Quand en Italie, le nouveau ministre de l’intérieur et chef de file de la Ligue (extrême droite), Matteo Salvini, a évoqué le 1er juillet dernier l’idée "d’une Ligue des ligues en Europe", réunissant les mouvements "qui veulent défendre leurs frontières". C’est dans ce contexte que l’idéologue trumpiste Steve Bannon devrait lancer, courant septembre à Bruxelles, sa fondation européenne visant à fédérer les mouvements populistes de droite du Vieux Continent. Son ambition ? Former un "super-groupe" capable de renverser l’échiquier politique aux élections de mai 2019 et ainsi "saper les institutions européennes". Pour atteindre son but, l’idéologue arpente depuis des mois l’Europe en quête de soutiens, auprès de Marine Le Pen, des ultraconservateurs du PiS polonais, des Allemands de l’AfD, comme du think thank catholique intégriste Dignitatis Humanae Institute… Il entend mettre à leur disposition sa "machine de guerre" et le savoir-faire qui a, selon lui, propulsé Donald Trump à la Maison-Blanche. Ciblage électoral, réalisation de sondages, conseils en communication, élaboration des programmes de campagne, etc. Dans les prochains jours, cette figure de l’alt-right devrait se rendre en Europe pour concrétiser son projet. Mais dans les faits, que peut vraiment apporter Steve Bannon aux différents partis populistes européens ? Qui sont vraiment les ennemies de l’Union européenne ? Pourquoi veulent-ils la mort de l’UE ?
Première diffusion : 21 août 2018
S18 E3 • Episode 3
Première diffusion : 22 août 2018
S18 E4 • Trappes : pourquoi Daech revendique ?
Encore beaucoup d’interrogations sur l’attaque au couteau qui s'est déroulée ce jeudi à Trappes, dans les Yvelines. Vers 9h30 ce matin, un homme a tué sa mère et sa sœur, et a grièvement blessé une troisième personne. Retranché dans un pavillon, l'assaillant, fiché S, a été tué par les forces de l'ordre. Daech a revendiqué cette attaque, pour autant le caractère terroriste est loin d’être établi à ce stade. C’est ce qu’a précisé le ministre de l’Intérieur lors d’un point presse. L'auteur des coups de couteau présentait des "problèmes psychiatriques importants" a expliqué Gérard Collomb. "Il était aussi fiché au FSPRT, le Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, et connu pour des faits d'apologie du terrorisme". Mais selon le ministre de l'Intérieur, il s'agit plutôt d'un homme "déséquilibré" que "quelqu'un d'engagé, et qui pourrait répondre aux ordres et aux consignes d'organisations terroristes, et de Daech en particulier". "L'auteur de l'attaque (...) est l'un des combattants de l'Etat islamique", a affirmé de son côté le groupe terroriste via son agence de presse Amaq. Depuis quelques années, face aux reculs militaires de son organisation sur le terrain irako-syrien, Daech encourage ce type d'attaques plus compliquées à déjouer par les services de renseignement. Hier, un enregistrement attribué au chef du groupe terroriste Abou Bakr al-Baghdadi , donné mort à plusieurs reprises, appelait ses partisans à poursuivre le "djihad". Cet enregistrement, d’une durée de cinquante-cinq minutes, est le premier qui lui est attribué en près d’un an. Pour l’instant le parquet antiterroriste n'a pas été saisi. Les enquêteurs débutent leurs investigations. Mais que sait-on de l’assaillant ? Au-delà de cette affaire, assiste-ton à un retour en force de l'Etat islamique ? Loin d'être éradiqué malgré ses défaites militaires à Mossoul et Raqqa, l’EI possèderait une fortune d'environ 3,6 milliards de dollars. Entre 20 000 et 30 000 combattants de l'EI seraient encore toujours présents en Irak et en Syrie selon un rapport de l'ONU. Quelle est la réalité des forces en présence ? La menace a-t-elle évolué ? Invités : RAPHAËLLE BACQUÉ, grand reporter au journal Le Monde, auteure avec Ariane Chemin de La Communauté publié chez Albin Michel, enquête au cœur de la ville de Trappes WASSIM NASR, journaliste à France 24, spécialiste des réseaux djihadistes. Son dernier livre publié aux éditions Plon s’intitule : Etat Islamique, le fait accompli FREDERIC ENCEL, docteur en géopolitique, professeur de relations internationales à la Paris School of Business et maître de conférences à Sciences-Po Paris. Il est l’auteur de Mon dictionnaire géopolitique publié aux éditions PUF ERIC PELLETIER, grand reporter au Parisien
Première diffusion : 23 août 2018
S18 E5 • Episode 5
Première diffusion : 24 août 2018
S18 E6 • Mélenchon : changement de stratégie pour la rentrée
Alors que les partis politiques ont renoncé aux traditionnelles caravanes d’été cette année, les militants de la France Insoumise étaient encore fidèles au poste. Réunions publiques, porte-à-porte : ils ont sillonné les territoires ruraux pour partir à la rencontre des Français. L’objectif : devenir la "première force d’opposition" dans l’hémicycle, alors que de grandes réformes sociales seront débattues à la rentrée. Les élections européennes de 2019 sont également en ligne de mire : Jean-Luc Mélenchon veut faire de ce scrutin un "référendum anti-Macron", après un an à la tête du gouvernement ponctué de mouvements sociaux. Si cette mobilisation a commencé de façon offensive au début de l’été avec l’affaire Benalla, Mélenchon a choisi d’adoucir le ton pour rassembler le plus grand nombre de militants lors de ses universités d’été, dans une ambiance festive. C’est sous le signe de l’apaisement et de la discussion que la France Insoumise a souhaité commencer sa rentrée à Marseille, où des personnalités de différents partis politiques sont invitées depuis jeudi. Jean-Luc Mélenchon doit prendre la parole en fin d’après-midi pour marquer la fin de ces "AmFiS d'été" à Marseille. L’occasion de réunir ses troupes avant de préparer une nouvelle offensive contre les réformes d’Emmanuel Macron, notamment celle des retraites qu’il considère comme la "mère de toutes les batailles". Mais s’il prône un combat partagé entre tous les militants, le tribun de 67 ans commence à être contesté par certains Insoumis, déçus par le fonctionnement "antidémocratique" du Parti. Rassemblés dans un "Collectif d’insoumis démocrates", ils dénoncent le manque d’intégration dans le processus de décision, notamment dans le choix des candidats retenus pour les Européennes, majoritairement proches de Jean-Luc Mélenchon. Le chef du Parti saura-t-il fédérer ses militants pour devenir une opposition majeure à l’Assemblée nationale ? Un sujet reste en revanche tabou pour les militants de la France Insoumise : la situation conflictuelle au sein de la web-tv Le Média, fondé par des proches de Jean-Luc Mélenchon. Un an après sa création, les rebondissements se sont multipliés et la crise s’est exacerbée. Un conflit sur fond de contentieux financier, de dissensions idéologiques et de rivalités entre l’ancienne et la nouvelle direction. Malgré un appel à la paix publié dans Libération pour "que la saison 2 du Média puisse commencer", la guerre a continué en coulisses jusqu’à la mise en demeure de l’ancienne directrice de publication Sophia Chikirou. Le Média a exigé le remboursement d’un paiement de 64 000 euros à sa société de conseils Mediascop, menaçant de déposer une plainte pour "abus de biens sociaux". Sophia Chirikou a dénoncé des attaques "fausses, injustes et hypocrites". Quel sera l’avenir du Média, tiraillé par ses fondateurs ? La mobilisation continue de LFI sur le terrain aura-t-elle un véritable impact sur les Français ? Jean-Luc Mélenchon parviendra-t-il à rassembler les militants comme il l’entend ? Le Média survivra-t-il à la crise qui le paralyse ?
Première diffusion : 25 août 2018
S18 E7 • Retraités : encore un effort !
Le gouvernement a tranché : pour boucler son budget 2019, présenté à l'automne, il va geler certaines prestations sociales et les pensions de retraite. Les tempes grises, au même titre que les familles modestes et les bénéficiaires des aides au logement, devront donc se serrer la ceinture ces prochains mois. Dans le JDD ce week-end, Édouard Philippe a en effet prévenu que les APL, les allocations familiales et les pensions de retraite "progresseront de façon plus modérée, de 0,3 % par an en 2019 et 2020". Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Selon la règle appliquée habituellement, les retraités auraient dû bénéficier d’une revalorisation proche du taux de l’inflation autour de 2,3 % cette année, un chiffre beaucoup plus important que la dernière revalorisation (+ 0,8 % au 1er octobre 2017). Suite à cette annonce, ils devront donc se satisfaire de 0,3 %. Pour une retraite de 1 000 euros, cela représentera 3 euros de plus par mois. Loin de combler l’envolée des prix depuis un an. Pour faire ces arbitrages budgétaires, le gouvernement a fait le choix d’une politique "qui privilégie la rémunération de l’activité et qui rompt avec l’augmentation indifférenciée des allocations", a fait valoir le locataire de Matignon. Mais à peine annoncée, cette désindexation fait hurler dans les rangs de l’opposition. "Désindexation des retraites combinée à hausse de la CSG = 578 euros de perte de pouvoir d’achat par an pour un retraité qui a 1300 euros de retraite par mois" a réagi sur Twitter la présidente du groupe de la Nouvelle Gauche à l’Assemblée nationale Valérie Rabault. "Il est temps de dire (à Emmanuel Macron) que les Français n’en peuvent plus et sont en colère" a lancé pour sa part Laurent Wauquiez, le président des Républicains (LR), lors de son discours de rentrée en Haute-Loire. Jean-Luc Mélenchon, de son côté, a dénoncé une "saignée". Répondant aux nombreuses critiques, le ministre de l’économie Bruno le Maire a assuré ce lundi matin sur RTL qu’"aucune prestation sociale ne sera réduite. [Les retraités] ne seront pas perdants, leur pension de retraite sera revalorisée moins vite mais elle continuera à être revalorisée". "Nous augmentons très modérément, c'est vrai, les retraites mais par ailleurs nous supprimons de la fiscalité pour les retraités. Les retraités français vont bénéficier de la baisse de la taxe d'habitation, ils ont donc une augmentation de pouvoir d'achat", a précisé ce matin le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, sur BFM.
Première diffusion : 27 août 2018
S18 E8 • Hulot ministre : la fin de l'aventure
Une annonce surprise, un départ fracassant. Après un an d’atermoiements et faute d’obtenir des avancées suffisantes en matière d’environnement, le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a annoncé ce matin au micro de France Inter qu’il avait pris la décision de quitter le gouvernement. "Sur un enjeu aussi important, je me surprends tous les jours à me résigner, à m’accommoder des petits pas, au moment où la planète devient une étuve, mérite qu’on se retrouve et qu’on change d’échelle, qu’on change de scope, qu’on change de paradigme" s’est justifié l’ex-ministre, avant d’ajouter : "Petit à petit, on s’accommode de la gravité et on se fait complice de la tragédie qui est en cours de gestation (…) Je ne veux plus me mentir. Je ne veux pas donner l’illusion que ma présence au gouvernement signifie qu’on est à la hauteur de ces enjeux-là". Visiblement ému, Nicolas Hulot a assuré qu'il n'avait prévenu ni le président de la République ni le Premier ministre. “C’est une décision entre moi et moi”, a-t-il déclaré, tout en estimant que s'il l'avait fait, ils auraient tenté de l'en dissuader. Il a réitéré cependant son "amitié" à Emmanuel Macron et dit espérer "qu’il en tirera les leçons. J’espère que ce geste sera utile, pour que chacun se pose la question de sa responsabilité". Alors que de nombreux militants écologistes regrettaient depuis des mois son manque de fermeté et de marge de manœuvre au sein du gouvernement, l'ex-ministre semble cette fois en avoir pris acte. Au lendemain d’un accord sur la baisse du prix du permis de chasse, il a dénoncé l’influence des "lobbies dans les cercles du pouvoir" et a décidé de jeter l’éponge. Véritable coup de tonnerre, le départ du numéro trois du gouvernement ouvre une crise politique en cette rentrée. Trouver un successeur à l'écologiste préféré des Français sera une tâche très difficile pour l’exécutif. Qui pour prendre sa place ? Avant de choisir un nom, Emmanuel Macron et Édouard Philippe devront déterminer un profil : un spécialiste des dossiers, notamment ceux de l'énergie ? Une personnalité politique d'expérience remarquée pour des actions sur l'écologie ? Ou réaliser un remaniement plus large ? Seule certitude à ce stade : aucune nomination n'interviendra avant jeudi soir au plus tôt. "Pas de remaniement alors que le président est à l'étranger", a indiqué un proche du chef de l'État. Invités : Jean-Dominique MERCHET - journaliste à l’Opinion Thomas SNEGAROFF - historien, spécialiste des Etats-Unis Patrick MARTIN GENIER - auteur de L’Europe a-t-elle un avenir ? - Sciences Po Sylvie MATELLY- directrice adjointe de l’IRIS
Première diffusion : 28 août 2018
S18 E9 • Episode 9
Première diffusion : 29 août 2018
S18 E10 • Episode 10
Première diffusion : 30 août 2018
S18 E11 • Inflation : pouvoir d'achat menacé ?
L’inflation est de retour. Les derniers chiffres de l'Insee et d'Eurostat montrent que les prix à la consommation ont augmenté fortement de 2,3 % sur un an en France et de 2,1 % sur l’ensemble de la zone euro. Faut-il s'en inquiéter ? Quelles sont les raisons de cette accélération des prix ? Parmi les responsables de l’inflation tricolore figure d’abord le coût de l’énergie. Le prix du baril de pétrole était tombé très bas fin 2015-début 2016 (autour de 30 dollars) mais, depuis, il n’a cessé de remonter pour atteindre 75 dollars en mai-juin de cette année, en raison notamment des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et d’une offre restreinte. Le gaz a lui fait un bond de 7,5 % le 1er juillet et comme si ce n'était pas encore assez, il a connu une nouvelle augmentation le 1er août de 0,2 %. La hausse des taxes sur les énergies non vertes et sur les cigarettes ont aussi contribué à gonfler l'indice des prix. A cela, il faut ajouter des facteurs conjoncturels comme les fortes chaleurs qui ont fait augmenter les prix des fruits et légumes, une hausse de 6,5 % en juillet. Stabilisée à 2,3 % en août pour le deuxième mois consécutif, l’inflation reste à son plus haut niveau depuis 2012. Que va-t-il se passer ces prochains mois ? Notre pays va-t-il revivre le cauchemar du début des années 1980, lorsque la flambée des étiquettes dépassait allègrement les 13 % annuels ? Qui y gagne ? Qui y perd ? Notre pouvoir d’achat est-il en danger ?
Première diffusion : 31 août 2018
S18 E12 • Episode 12
Première diffusion : 1 septembre 2018
S18 E18 • Homéopathie, antidépresseurs : faut-il s'inquiéter ?
En proie à une vive polémique, l’homéopathie sera-t-elle encore reconnue comme une pratique médicale ? La déclaration de guerre a été lancée en mars dernier par une tribune publiée dans le Figaro : 124 professionnels de santé ont dénoncé une thérapie alternative "nourrie par des charlatans" et "dangereuse", puisqu’elle conduirait à une surmédicalisation des patients, aveuglés par son effet placebo. Ces médecins ont également exigé que les petits granules ne soient plus remboursés par l’assurance maladie. En attendant le rapport de la Haute autorité de santé sur l’efficacité de l’homéopathie, prévu pour février 2019, la faculté de médecine de Lille a décidé de suspendre son diplôme d'homéopathie. Une initiative suivie par la faculté des sciences d'Angers, tandis que la question fait débat chez les doyens des facultés de médecine et de pharmacie. Alors que l’utilité de l’homéopathie est remise en question, celle des antidépresseurs est également contestée. "Dans le livre Dépressions, antidépresseurs : le guide", les professeurs Philippe Even et Bernard Debré dénoncent une "psychiatrisation massive de la population", avec des prescriptions généralisées et à outrance. Ce traitement jugé "inutile" profiterait d’abord aux industries pharmaceutiques qui auraient fait de la dépression le "marché du siècle". Une accusation qui fait bondir les psychiatres, convaincus de l’efficacité de ces médicaments dans le traitement de maladies souvent complexes. En novembre 2017, la Haute autorité de santé avait déjà souligné un "mauvais usage" des antidépresseurs selon le cas des patients. Depuis quelques mois, la rougeole est revenue en force en Europe : 41 000 enfants et adultes ont été touchés par cette maladie virale, potentiellement mortelle, sur la période janvier-juin 2018. Pour lutter contre cette épidémie, l'Organisation mondiale de la Santé a rappelé l’importance de la vaccination qui reste encore insuffisante. Les Français sont en effet très méfiants vis-à-vis des vaccins. Selon le bulletin épidémiologique de Santé publique France publié en août, 88% des personnes touchées par la rougeole n’étaient pas vaccinées. Pour les médecins et le gouvernement, il est urgent d’alerter la population et de déconstruire les idées reçues pour renforcer la couverture vaccinale. L’homéopathie est-elle une fausse thérapie ? Les Français consomment-ils trop d’antidépresseurs ? D’où vient cette défiance vis-à-vis des vaccins ? Invités : Frédéric SALDMANN – Médecin, auteur de Votre santé sans risque Jean-Paul HAMON - Médecin généraliste, président de la Fédération des médecins de France Gérard de POUVOURVILLE - Économiste de la santé Mélanie GOMEZ - Journaliste, spécialiste des questions de santé Europe 1
Première diffusion : 8 septembre 2018
S18 E27 • Benalla : les sénateurs avant les juges
C'était un moment très attendu. Alexandre Benalla a été auditionné par la Commission d'enquête du Sénat ce mercredi, afin de savoir quel était son rôle exact au sein de l'Élysée. Une audition sous haute tension, précédée ces derniers jours de petites piques et de mises en garde répétées de l'exécutif, qui était aujourd’hui très observée. Le suspense avait d'ailleurs été alimenté par le principal intéressé lui-même, Alexandre Benalla ayant dans un premier temps menacé de ne pas répondre à la convocation des sénateurs, avant de changer d’avis et de se rendre "contraint" devant une commission qui, selon lui, "bafoue notre démocratie". Le ton de l'ancien collaborateur de l'Elysée, mis en examen en juillet pour violences en réunion en marge de la manifestation du 1er mai dernier, a bien changé ce mercredi matin. En préambule, Alexandre Benalla a présenté ses excuses aux élus de la Chambre Haute. "J'ai un profond respect pour le Sénat, j'ai un profond respect pour les sénateurs" a-t-il assuré devant le président de la commission Phillipe Bas, qu'il qualifiait la semaine passée de "petit marquis". "Je suis bien élevé, je vous présente mes excuses, monsieur Bas. On n'attaque pas les hommes." Voilà pour le ton, mais qu'en est-il du fond ? Quel rôle jouait Alexandre Benalla à l’Elysée ? Devant la commission des sénateurs de tous bords (sauf LREM, qui a boycotté l'audition), l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron s’est définit comme un "coordinateur" et pas un garde du corps. Ses missions ? "L'organisation des déplacements nationaux, "l'organisation des événements au Palais", "l'organisation des déplacements privés du président", "la coordination des services de sécurité". Des fonctions qui, selon lui, justifiaient notamment une "autorisation de port d'arme" qu'il a demandée "pour des motifs de sécurité et de défense personnelles". Concernant le fameux badge d'accès à l'Assemblée nationale, il a reconnu que c’était un "un caprice personnel, je continuais à aller à la salle de sports, à la bibliothèque". Enfin se défendant d'avoir bénéficié de passe-droits, il a dénoncé à nouveau "un acharnement médiatique" et une "instrumentalisation à des fins politiques". Autant de déclarations qui ont suscité de nombreuses réactions chez les parlementaires et dans les rangs de la police. "On n'est pas très satisfaits, de nouvelles interrogations pointent le bout de leur nez", a ainsi déclaré ce mercredi le secrétaire général de la CGT-Police. Le dirigeant syndical a par ailleurs estimé que sur le port d‘arme la justification d'Alexandre Benalla n'est "pas très crédible". "Les écrits le contredisent". Pour le secrétaire général de l'Unsa police "les fonctions qui étaient les siennes relèvent d'une certaine ambiguïté entre les fonctions d'organisation et les fonctions de sécurité". Selon lui, "son audition au Sénat n'a pas vraiment éclairci cette situation". Il en est "de même sur la détention et le port d'arme". Interrogé par les journalistes à la fin des auditions, le président de la commission d'enquête, Philippe Bas a jugé pour sa part que "les contradictions apparues sur la fonction de M.Benalla dès le mois de juillet ne sont pas levées. D’autant plus qu’il y a eu une définition assez évolutive de cette fonction". "Alexandre Benalla est un gros malin qui nous a pris pour des benêts. Mais nous ne sommes pas des benêts" a réagi de son côté le sénateur de Paris (LR) Pierre Charon avant de se demander : "De quoi ont-il peur ? Qu'a fait Benalla pour avoir autant de soutiens gouvernementaux ?" Invités Christophe BARBIER, éditorialiste à L’Express Raphaëlle BACQUÉ, grand reporter au Monde Jean-Dominique MERCHET, journaliste à L’opinion et auteur de Macron Bonaparte Editions Stock Jean GARRIGUES, historien de la vie politique et auteur de La République des traîtres Editions Tallandier
Première diffusion : 19 septembre 2018
S18 E28 • Brexit : l'impasse
Où en est le Brexit ? A six mois de la date prévu du départ du Royaume-Uni de l'UE, aucun accord n’a vraiment été conclu, et le bras de fer entre les Vingt-Sept et le voisin anglais s’est poursuivi mercredi lors du sommet de Salzbourg. La Première ministre britannique a donné le ton hier soir lors d’un dîner avec ses partenaires européens. "Si nous voulons parvenir à une issue positive, de la même façon que le Royaume-Uni a modifié sa position, l'Union européenne devra faire évoluer elle aussi sa position" a lancé Theresa May, réaffirmant qu'il n'y aurait pas de second référendum au Royaume-Uni sur le Brexit. Peu avant, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait lui appelé Londres à faire des efforts. Sur "la question irlandaise ou le cadre de la coopération économique future, les propositions du Royaume-Uni devront être retravaillées", avait-il prôné. Le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne le 29 mars 2019, et les négociations sur le Brexit sont entrées dans la dernière ligne droite. Elles devaient originalement être bouclées en octobre mais le président du Conseil européen va demander ce jeudi aux pays de l’UE de les poursuivre jusqu’à la mi-novembre, dans l’espoir de trouver un accord, actuellement hors de portée. Car si Londres et Bruxelles ont trouvé des compromis sur plusieurs contentieux nés de la rupture programmée, notamment la facture à régler, ils continuent de buter sur certains points, principalement sur l'épineuse question de la frontière entre l’Irlande du Nord (intégrée au Royaume-Uni) et la République d’Irlande (indépendante, membre à l’Union européenne). Or, le temps presse et la perspective d'un no-deal (pas d’accord) est désormais dans toutes les têtes. Alors deal ou no deal ? Quel serait l’impact d’un hard Brexit sur le Royaume-Uni ? Mark Carney, gouverneur de la Banque d'Angleterre, a présenté ce jeudi les conséquences d'un Brexit sans accord à l'amiable avec Bruxelles au gouvernement britannique : il évoque un probable krach immobilier et une explosion du chômage pouvant amener à une crise financière aussi désastreuse que celle de 2008. Et pour la France ? La Bretagne, notamment, pourrait voir de nombreux secteurs souffrir de la sortie du Royaume-Uni de l'UE : la pêche, le transport, l'agriculture, le tourisme... Invités : Philippe DESSERTINE, institut de haute finance Catherine MATHIEU, économiste spécialiste du Royaume-Uni - OFCE Pascale JOANNIN, directrice générale de la Fondation Schuman Philip TURLE, journaliste britannique à RFI
Première diffusion : 20 septembre 2018
S18 E29 • La revanche des retraités !
Plusieurs mois déjà que la colère monte chez les retraités français. Cet électorat, qui avait pourtant largement soutenu Emmanuel Macron lors des élections présidentielles, se sent aujourd’hui délaissé par sa politique. En cause : la hausse de la CSG à 8,3% pour les foyers dont le revenu fiscal de référence est égal ou supérieur à 14 404 euros pour une personne seule, ou à 22 096 euros pour un couple. Un "effort" difficile à vivre pour beaucoup de retraités qui doivent souvent composer avec de minces pensions. Face à une levée de bouclier générale, Edouard Philippe a décidé de "corriger" le tir : 300 000 retraités devraient ainsi profiter d’une exonération de la hausse de la CSG en 2019, mais sous conditions. Un geste fiscal qui intervient alors que les élections européennes approchent à grand pas. Aujourd’hui, seulement 31% des retraités soutiennent encore Emmanuel Macron, contre 67% au début de son mandat. Mais cette opération de reconquête aurait pu être compromise par les déclarations de Christophe Castaner. Le délégué général de La République en marche souhaitait en effet entamer "une réflexion sans tabou sur la fiscalité des successions" pour lutter contre les "inégalités de naissance". Une proposition qu’Emmanuel Macron a "formellement" exclue pour la durée de son quinquennat : "Arrêtez d'emmerder les retraités" aurait-il dit à ses collaborateurs à l’Elysée. Selon une étude publiée cette semaine, un tiers des seniors n’ayant ni emploi ni retraite vit en-dessous du seuil de pauvreté. Afin de lutter contre cette précarité, plusieurs associations viennent en aide aux foyers en difficulté. Parmi elles, les Restos du cœur ou encore les Petits frères des Pauvres accompagnent les personnes âgées pour leur fournir de la nourriture, des vêtements ou encore pour les aider dans leurs démarches administratives. Le coup de pouce fiscal sur la hausse de la CSG pour certains retraités sera-t-il profitable à Macron ? Le gouvernement va-t-il réellement arrêter "d'emmerder les retraités" ? Quels sont les moyens mis en œuvre pour accompagner les personnes âgées en difficulté ? Invités : Raymond SOUBIE - Président des sociétés de conseils Alixio et Taddeo Fanny GUINOCHET - Journaliste en charge des questions économiques et sociales à L’Opinion Jérôme FOURQUET - Directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP Cécile CORNUDET - Editorialiste politique aux Echos
Première diffusion : 21 septembre 2018
S18 E30 • Santé : la fin des médecins de famille ?
Après le plan de lutte contre la pauvreté, Emmanuel Macron poursuit le fil de ses réformes et s’attaque au système de santé. Cette semaine, le chef de l’Etat a présenté son nouveau projet, baptisé "Ma santé 2022, un engagement collectif", qui prévoit une transformation en profondeur "pour les cinquante années à venir" à travers 54 mesures. 400 millions d’euros supplémentaires devraient être investis à partir de 2019 pour réorganiser une structure à bout de souffle, avec des hôpitaux surchargés et des conditions de travail parfois critiques. Grâce à cette refonte, allant de la médecine libérale à l’hôpital, jusqu’aux études de médecine, Emmanuel Macron entend faire du système de santé "un des piliers de l'Etat providence du XXIe siècle". Les déserts médicaux sont notamment dans le viseur de la réforme. Pour pallier le manque de médecins dans les territoires, le gouvernement a annoncé la création de 400 postes généralistes salariés par les hôpitaux, la suppression du "clausus numerus" afin de former un plus grand nombre de médecins et l’arrivée d’un nouveau métier : l'assistant médical. En France, près de 5,7 millions de personnes vivent dans des déserts médicaux et ont difficilement accès à des consultations chez des médecins généralistes. Les communes rurales sont particulièrement touchées par ce phénomène. Pour y remédier, Emmanuel Macron propose notamment de regrouper les professionnels de santé hors hôpitaux pour qu’ils puissent travailler ensemble et améliorer le suivi des patients grâce à une meilleure organisation. Mais avec des horaires parfois contraignants et une charge de travail importante dans un secteur peu attractif, les médecins libéraux qui partent à la retraite peinent à trouver des successeurs, dans les territoires comme en ville. L’intelligence artificielle est-elle l’avenir de la médecine ? En France comme à l’étranger, cette révolution commence déjà à faire ses preuves dans le dépistage de maladies et l’établissement d’un diagnostic précis. Selon les chercheurs et les professionnels de santé, l’intelligence artificielle permettrait une meilleure prise en charge des patients grâce au grand nombre d’informations qu’elle peut croiser. Cet assistant virtuel pourrait ainsi aider les médecins à apprendre, à soigner et à prévenir des maladies. Le plan santé permettra-t-il de donner un second souffle à un système "au bord de l'implosion" ? Les médecins de campagne sont-ils voués à disparaître ? Quelles avancées permet l’intelligence artificielle en médecine ?
Première diffusion : 22 septembre 2018
S18 E31 • Impôts : ça baisse... Mais pour qui ?
Ce lundi, le budget 2019 a été détaillé par le gouvernement, avant celui de la Sécurité sociale demain. Et comme chaque année, certains vont devoir se serrer la ceinture, quand d’autres au contraire vont bénéficier d’une enveloppe en hausse. Alors qui sont les gagnants et les perdants ? Quelles sont les grandes lignes du projet de loi de Finances (PLF) pour 2019 ? Au moment où la cote de popularité du chef de l'État continue de chuter dans les sondages et que se multiplient les attaques de l'opposition sur les mesures fiscales rognant le porte -monnaie des Français, l’exécutif tente de changer la perception de son projet de loi de Finances pour 2019, en mettant l’accent sur un chiffre : celui de la baisse de 6 milliards d'impôts pour les ménages. Il promet aussi pour l’an prochain 20 milliards d’euros de baisses d'impôts pour les entreprises. Le gouvernement a également annoncé une baisse des cotisations sociales des salariés (chômage et maladie), plus de cotisations sociales sur les heures supplémentaires et un nouveau pas vers la disparition de la taxe d’habitation. En revanche, le budget 2019 prévoit aussi la hausse de certaines taxes, en particulier sur le tabac et les carburants, ainsi que des mesures d'économies telles que la moindre revalorisation des prestations sociales, des pensions de retraite et la suppression de 4164 postes de fonctionnaires. Le projet de loi de Finances pour 2019, qui table sur une croissance de 1,7 % et une dette publique à 2,8 % du produit intérieur brut (PIB), a pour but de "relancer l'activité économique en réduisant la dépense publique, en réduisant la dette", a expliqué le ministre Bruno Le Maire. Pour autant, Le Haut Conseil des finances publiques s’inquiète de l’absence d’effort structurel sur le déficit promis par l'exécutif. Il devrait se creuser de 16,4 milliards d'euros en 2019 et atteindre 98,7 milliards d'euros selon les chiffres publiés par le projet de loi de Finances. Alors budget du rabot ou des baisses d'impôt ? Le projet de loi de Finances 2019 va-t-il redonner du pouvoir d’achat aux ménages ? Quid du déficit public ? Enfin se dirige-t-on vers une nouvelle taxe sur les poids lourds ?
Première diffusion : 24 septembre 2018
S18 E32 • Trump à l'ONU : "l'Amérique plus forte que jamais"
ONU : La diplomatie selon Trump Un an après son premier discours, Donald Trump s’exprime cet après-midi devant l’Assemblée générale des Nations unies. En marge de ce grand rendez-vous de la diplomatie mondiale, le président américain a rencontré plusieurs chefs d’Etat, dont Emmanuel Macron. Les deux dirigeants ont abordé d’importants sujets internationaux, comme la Syrie et l’Iran, ainsi que les différends commerciaux avec plusieurs Etats. Ils ont également "réaffirmé leur engagement à se coordonner étroitement sur les grands dossiers", selon la Maison Blanche. Pour l’Elysée, les divergences entre Paris et Washington concernent "plus l'approche et la méthode que les objectifs". Alors que le président français doit tenir un discours axé sur la défense du multilatéralisme et sur la place de l’Europe dans les relations internationales, Donald Trump devrait rester sur sa ligne politique et isolationniste, "l’Amérique d’abord", maintenir la pression sur l’Iran et prôner "le leadership puissant" des Etats-Unis sur la scène internationale. Alors que le second volet des sanctions américaines entre en vigueur au mois de novembre, l’économie iranienne continue de souffrir. Après les ruptures de contrats anticipées avec les grands groupes internationaux et la chute du rial, la monnaie iranienne, les entreprises locales se voient obligées de licencier leurs employés. Sur place, l’économie étouffe, "étranglée" par les blocages sur les transactions financières et commerciales. L’inflation a atteint 18%, entraînant une hausse des prix sur les produits du quotidien. Alors que les prochaines sanctions viseront cette fois le pétrole iranien, l’Union européenne s’organise pour les contourner : grâce à une zone de troc, les pays pourront continuer à commercer avec l’Iran en accord avec le droit européen. Une initiative qui permettrait de "préserver les bénéfices économiques attendus par l'Iran en échange de son maintien dans l'accord et de son renoncement à un programme nucléaire militaire ". La tension monte entre les Etats-Unis et la Chine après l’entrée en vigueur de nouvelles taxes douanières américaines sur 200 milliards de dollars de biens chinois. Face à ces "mesures d'intimidation", la Chine a immédiatement répliqué en imposant de nouveaux droits de douane punitifs de 5 ou 10% sur des biens américains. Mais les Etats-Unis se montrent "déterminés" à gagner cette guerre commerciale qui pourrait bien s’étendre au Japon. En effet, Donald Trump dénonce régulièrement le déficit commercial de son pays avec l'archipel qui se chiffre à 56,6 milliards de dollars. Le secteur automobile japonais sera-t-il le prochain à subir de nouvelles taxes américaines ? Que faut-il attendre du discours de Trump devant les Nations unies ? Alors que de nouvelles sanctions américaines vont être appliquées, l’Iran pourra-t-il se relever ? Le bras de fer commercial entre les Etats-Unis et la Chine peut-il s’étendre au Japon ?
Première diffusion : 25 septembre 2018
S18 E33 • Famille : pourquoi la PMA divise ?
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a une nouvelle fois rendu ce mardi un avis favorable à l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. Après avoir largement consulté, le CCNE s’est ainsi prononcé pour la deuxième fois en quinze mois en faveur de l'élargissement de la PMA, aujourd'hui réservée uniquement aux couples hétérosexuels et motivée par des raisons médicales. Dans son avis, le Comité d’éthique préconise également "la levée de l'anonymat des futurs donneurs de sperme", sous réserve qu'ils soient d'accord. Il se dit par ailleurs désormais favorable à ce que les femmes puissent congeler leurs ovocytes, même sans raison médicale, pour les conserver en prévision d'éventuels problèmes de fertilité après 35 ans. En revanche, le CCNR reste opposé à la GPA (gestation pour autrui), c'est-à-dire le recours à une mère porteuse. Autre ligne rouge : la loi Claelys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie, qui interdit l'euthanasie et le suicide assisté. Estimant que celle-ci ne doit pas être modifiée, il "insiste sur l'impérieuse nécessité que cette loi soit mieux connue et mieux respectée", et "souhaite qu'un nouveau plan gouvernemental de développement des soins palliatifs soit financé". Cet avis 129 du Comité d’éthique, publié hier, doit nourrir les discussions parlementaires sur la prochaine révision de la loi de bioéthique. Le gouvernement a prévu de présenter avant la fin de l'année un projet de loi qui sera débattu en 2019. Et le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux a d'ores et déjà assuré que la majorité, "à de rares exceptions près", était également favorable à l'extension de la PMA : "Je souhaite qu'on puisse aller jusqu'au bout car nous avons un mantra : nous faisons ce que nous avions annoncé que nous ferions". Mais tous les députés ne partagent pas ce point de vue. C’est notamment le cas à droite, où l’on affûte déjà les arguments en vue du débat parlementaire. "Une digue cède et la porte de la GPA (gestation pour autrui) s’ouvre de plus en plus" a estimé Lydia Guirous, porte-parole des Républicains. Au sein même de LREM, certains députés évoqueraient, sous couvert d’anonymat, "une régression sociale". Et dès mardi soir, quelques centaine de sympathisants de la "Manif pour tous" se sont rassemblés à Paris, à Lyon et à Nantes pour dénoncer l’avis du CCNE. De quoi faire un remake des échanges acharnés et parfois violents de la loi sur le mariage pour tous en 2013 ? Est-on reparti pour un tour, avec notamment la Manif pour tous ? Qu'est-ce que la PMA ? Quels sont les enjeux de ce dossier en France? Va-t-on vers un nouvel embrasement de la société française ? Selon un sondage BVA pour L’Obs, réalisé en mars 2018, 58 % des Français étaient favorables à la PMA pour les couples de femmes, un chiffre qui passait à 56 % pour les femmes seules.
Première diffusion : 26 septembre 2018
S18 E39 • Collomb : l'incroyable sortie
Après la démission en direct à la radio, la démission dans les colonnes du Figaro. Au terme d’un épisode politique inédit, Emmanuel Macron a accepté cette nuit la démission de Gérard Collomb qui a quitté ce mercredi ses fonctions au ministère de l’Intérieur. La passation de pouvoir a eu lieu ce matin : c'est le premier ministre Edouard Philippe qui disposera des prérogatives du ministre de l'Intérieur, dans l'attente de la nomination d'un successeur. Gérard Collomb, lui, retourne à Lyon, plus tôt que prévu. Candidat déclaré à un quatrième mandat à la mairie de Lyon, l’ancien numéro 2 du gouvernement avait multiplié ces dernières semaines dans la presse les déclarations sur son avenir municipal après les élections européennes mais aussi les commentaires sur "l’arrogance" du camp macroniste et l’isolement du chef de l’Etat. Mais le bras de fer s’est intensifié ces dernières 48 heures. Après avoir fait savoir lundi au Figaro que le chef de l’Etat avait refusé sa démission, le premier flic de France a confirmé dans le même journal hier son souhait de quitter l’Intérieur, forçant le chef de l’Etat à acter son départ. Un coup de force qui a surpris jusqu’au gouvernement et qui ouvre une nouvelle crise politique un mois après les démissions de Nicolas Hulot et Laura Flessel. D’autant qu’il émane d’un fidèle de la Macronie, le premier soutien du futur président. Alors quelle faille s’est creusée entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb ? Quel est son bilan place Beauvau ? Qui pour lui succéder au ministère de l’Intérieur ? Enfin se dirige-t-on vers un remaniement d’ampleur ? Invités : Pascal PERRINEAU - Politologue, professeur à Sciences Po, spécialiste de la sociologie électorale en France et en Europe. Il a dirigé l’ouvrage collectif intitulé « Le vote disruptif. Les élections présidentielles et législatives de 2017 », édité aux Presses de Sciences Po Bruno JEUDY - Rédacteur en chef du service politique de Paris Match Elise VINCENT - Journaliste en charge des questions Police/Justice au Monde. Elle est l’auteure de « La vague », publié aux éditions Equateurs Jérôme FOURQUET - Directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP. Son dernier ouvrage « Le nouveau clivage » est publié aux éditions du Cerf
Première diffusion : 3 octobre 2018
S18 E40 • Économie : la bombe à retardement italienne
Dans son bras de fer avec la Commission européenne, l’heure est au compromis pour le gouvernement italien. Après s’être attiré les foudres de Bruxelles, l’Italie a finalement revu à la baisse sa prévision de déficit public. Du moins à partir de 2020. Pour l’année prochaine, le déficit reste ainsi fixé à 2,4%, selon l’accord de la coalition au gouvernement, mais il devrait baisser à 2,1% en 2020 pour terminer à 1,8% en 2021. La présentation du projet de budget italien, ajouté à la lourde dette du pays, avait provoqué un vent de panique sur les marchés financiers. Alors que la bourse de Milan avait décroché, ces nouvelles annonces ont permis une détente. En attendant que la Commission européenne examine ce budget, son président Jean-Claude Juncker a averti qu’un traitement particulier pour l’Italie "signifierait la fin de l'euro". Estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros, ce projet de budget contient les promesses de campagne sur lesquelles le gouvernement a été élu. Des mesures "historiques" selon le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio, mais très coûteuses. Au programme : un abaissement de l'âge de départ à la retraite pour quelque 400.000 personnes, un grand plan d'investissements, une baisse de l'impôt sur le revenu pour certaines entreprises et un revenu de citoyenneté. Cette dernière mesure, qui s’apparente à un revenu d'insertion, fait partie des plus chères et devrait coûter au moins sept milliards d'euros à elle seule. Au Royaume-Uni, Theresa May se prépare au divorce avec l’Union européenne. Alors que l’échéance approche à grands pas, la menace du "no deal" plane. Si aucun accord n’est trouvé d’ici au mois de mars, la vie de millions de Britanniques pourrait changer du jour au lendemain. Pouvoir d’achat, mobilité, transports… Beaucoup de problématiques doivent encore être réglées Outre-Manche, mais également en France où le Brexit aura des conséquences économiques. Dans les ports du Nord par exemple, le gouvernement "se prépare au pire" et s’apprête à recruter 700 douaniers supplémentaires sur trois ans. L’Italie risque-t-elle de répéter le même scénario que celui de la dette grecque ? Quelle est la trajectoire budgétaire du gouvernement italien ? Se dirige-t-on vers un "no deal" pour le Brexit ?
Première diffusion : 4 octobre 2018
S18 E44 • Remaniement, manifs : ça patine !
C’est le premier rendez-vous social de cette rentrée. Au moment où un nouveau gouvernement doit être nommé, salariés, étudiants, lycéens et retraités ont répondu ce mardi, à l’appel lancé par la CGT et FO, à battre le pavé dans toute la France contre la "politique idéologique visant à la destruction du modèle social" de l’exécutif. Solidaires (Sud), mais aussi les étudiants de l'Unef et les lycéens de l'UNL et de la FIDL se sont également joints au mouvement, tout comme neuf organisations de retraités. Plus d'une centaine de rassemblements ont eu lieu sur tout le territoire, avec des grèves et des débrayages, notamment dans le public, les hôpitaux, les écoles ou les transports, mais avec des conséquences assez limitées. Depuis l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, il s’agit de la douzième fois que la CGT appelle à la mobilisation. Cette fois, la centrale de la porte de Montreuil entend faire entendre sa voix face à la politique gouvernementale qui relève selon elle "d’une logique d’individualisation mettant à mal la solidarité et la justice sociale", "fragilisant une fois de plus les plus faibles, les précaires et les plus démunis". La Confédération n'est pas seule dans cette démarche : Philippe Martinez a défilé aux côtés de Pascal Pavageau de Force ouvrière à Paris. En revanche, la FSU, la CFDT, la CFE-CGC et la CFTC n’ont pas appelé à manifester, et les syndicalistes étaient prudents quant à l’ampleur du mouvement. Philippe Martinez a ainsi reconnu que "ce n’est pas facile de mobiliser" et a prévenu ce matin que le "succès" de la manifestation "ne se résumera pas au nombre de manifestants". Même prudence côté FO, Pascal Pavageau n’attendant "rien du tout en termes de nombre" mais "un mouvement significatif". Les syndicats espèrent toutefois que cette mobilisation va servir en quelque sorte de tour de chauffe avant l’arrivée des futures réformes annoncées : assurance chômage et surtout les retraites. Demain, les organisations syndicales et patronales ont rendez-vous ensemble avec le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye. Une première réunion collective qui devrait permettre de lever le voile sur les principales pistes de la réforme.
Première diffusion : 9 octobre 2018
S18 E45 • Qui est le "Trump brésilien" ?
Le Brésil a commencé une campagne de trois semaines qui s'annonce mouvementée et tendue jusqu'au second tour de l’élection présidentielle, après le très gros score du candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro. Arrivé en tête du premier tour, ce nostalgique de la dictature militaire, ouvertement raciste, misogyne et homophobe, a recueilli dimanche 46 % des suffrages, soit près de 50 millions de voix. Une nette victoire assortie d'un raz-de-marée au Congrès, sa formation le Parti social libéral ayant vu son nombre de députés multiplié par six à l'issue des élections législatives, qui ont eu également lieu dimanche. La performance est à la mesure du phénomène électoral que Jair Bolsonaro est devenu dans cette campagne chaotique marquée par l’incarcération de l’ancien président Lula pour corruption, et après avoir été lui-même victime d'un attentat à l'arme blanche. Parti loin dans les sondages - il était crédité de seulement 4 % des intentions de vote il y a un an - Jair Bolsonaro s'est rêvé en " Donald Trump des tropiques". Et ce rêve d’ascension s'est réalisé en quelques semaines à peine dans un contexte très particulier au Brésil : 12 % de chômage, une économie à plat, une violence endémique, une population exaspérée par des partis politiques corrompus et la criminalité. Les réponses de Bolsonaro sont radicales : ses préconisations pour lutter contre la criminalité – "Un bon bandit est un bandit mort", selon ses mots – sont plus proches des pratiques du président philippin Duterte que de celles de l’Etat de droit. Son probable futur vice-président, le général Hamilton Mourao, n’a pas craint d’évoquer l’option d’un "auto-coup d’Etat" en cas d’anarchie et a suggéré l’élaboration d’une Constitution sans l’aval du Congrès. Quand sur le plan économique, son conseiller l’ancien banquier Paulo Guedes promet des privatisations massives, des baisses d’impôts, une nouvelle réforme des retraites ou encore la fin du treizième mois pour les salariés, soit une politique ultralibérale. En diabolisant la gauche sud-américaine et en se servant de l’éviction de Lula dans la course à la présidence, Jair Bolsonaro a réussi à capter le rejet du PT et à se hisser aux portes du pouvoir. Il n'a toutefois pas été élu président au premier tour, comme il l'espérait. Il se retrouvera le 28 octobre face à Fernando Haddad (29 %) du Parti des travailleurs (PT), dans un duel incertain et symptomatique de l'extrême polarisation que cette campagne a mise au jour. Alors qui est réellement Jair Bolsonaro ? Pourquoi ce candidat d’extrême droite séduit-il les électeurs brésiliens ? Quel est son programme ? Quels sont les enjeux de cette élection ? La démocratie est-elle en danger au Brésil ? Invités : François CLEMENCEAU - Rédacteur en chef au Journal du dimanche, en charge de l'actualité internationale Thomas SNEGAROFF - Historien, spécialiste des Etats-Unis. Silvano MENDES - Journaliste à la rédaction brésilienne de RFI, Radio France Internationale Maud CHIRIO - Historienne, spécialiste du Brésil contemporain et notamment de la dictature militaire brésilienne. Son dernier ouvrage « La politique en uniforme » a été publié aux éditions Presses universitaires de Rennes.
Première diffusion : 10 octobre 2018
S18 E47 • Taxe d'habitation : alors, ça baisse ou pas ?
Au moment où les avis d'imposition commencent à arriver dans les boîtes aux lettres, certains contribuables ont découvert que leur taxe d'habitation a augmenté par rapport à l'année dernière. Une mauvaise surprise pour nombre de Français alors que le gouvernement a abondamment communiqué sur une baisse cet automne de 30 % de cet impôt pour 80 % des foyers fiscaux les plus modestes, avant sa suppression totale pour tout le monde d'ici la fin du quinquennat. En dépit des promesses de l’exécutif, le montant de la taxe d'habitation est du ressort des collectivités locales. Son montant est calculé en multipliant la valeur locative nette du logement par des taux votés par la commune et/ou l’intercommunalité. Or certaines communes ont décidé en 2018 d’augmenter leur taux. Au total, elles seraient 5 680 à l’avoir fait cette année, soit près d'une sur six. Interrogé jeudi lors de la séance des questions au gouvernement au Sénat, le Premier ministre a pointé la responsabilité des communes. "La taxe d'habitation a effectivement baissé pour 80 % des contribuables sauf lorsque des communes, informées de ce que la mesure s'accompagnait d'un dégrèvement, ont choisi, librement sans doute, de remonter leur taux", a souligné Edouard Philippe. De son côté, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a tenté de minimiser la situation. "Il y a moins de 400 000 foyers fiscaux, sur 29 millions, qui vont connaître une augmentation de leurs impôts locaux de plus de 2 %. Donc non, moi je dis que la quasi-intégralité des conseillers municipaux de France a finalement respecté la volonté générale de baisser les impôts des Français". Bercy souligne également que par rapport à l'an dernier, moins de communes ont augmenté la taxe d'habitation. De leur côté, les maires en question se défendent. Certains expliquent que la hausse n'est pas de leur fait : c'est le cas par exemple de Jérôme Merle, le maire de Sassenage dans l'Isère. Interrogé sur Europe 1, il a affirmé être "contraint" par la baisse des dotations de l'Etat. "Bercy a mis en place des textes qui lui permettent de taxer les communes, ils nous saignent et après ils nous dénoncent. Je trouve ça scandaleux". Ces relèvements de fiscalité locale n'ont en tout cas pas manqué de faire réagir les internautes. Sur les réseaux sociaux, certains contribuables s’indignent de cette hausse et témoignent de leur incompréhension. Des militants En Marche ont lancé sur les réseaux sociaux un mot-clé #balancetonmaire pour dénoncer ces décisions. Alors pourquoi la taxe d'habitation ne baisse-t-elle pas partout ? Qui bénéficie du dégrèvement et de l'exonération ? Pourquoi la facture s'alourdit-elle pour certains foyers ? Invités : Jean-Marc DANIEL – Economiste et auteur de Macron, la valse folle de Jupiter Claude WEILL - Editorialiste à Nice-Matin et Var-Matin Fanny GUINOCHET - Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions économiques et sociales Patrick MARTIN-GENIER - Spécialiste en droit public
Première diffusion : 12 octobre 2018
S18 E48 • Macron / Philippe : l'épreuve du remaniement
Alors que le remaniement ministériel est sur toutes les lèvres, sa date précise reste un mystère. Pour justifier cette attente, Emmanuel Macron a annoncé hier vouloir « faire les choses avec méthode, au bon rythme » et « dans le calme ». Depuis l’Arménie, où il était en déplacement pour le sommet de la francophonie, le chef de l’Etat a assuré que le gouvernement reste « au travail », dans l’attente de sa nouvelle composition. Mais cette latence abîme un peu plus la popularité du Président, devancé par son Premier ministre selon un dernier sondage réalisé pour le Figaro. La majorité des Français interrogés admet faire plus confiance à Edouard Philippe, jugé plus compétent qu’Emmanuel Macron. D’autant que le Premier ministre s’est affirmé depuis la démission de Gérard Collomb, assurant l’intérim au ministère de l’Intérieur en même temps que ses propres fonctions. Alors que des rumeurs circulent sur des tensions avec Macron, Edouard Philippe a démenti toute divergence : il n’y aurait pas « une feuille de papier à cigarette » entre eux. Si Emmanuel Macron a affirmé qu’ « aucun poste n’est vacant » au gouvernement, le ministère de l’Intérieur se voit tout de même obligé de continuer à travailler sans chef à sa tête. Après la démission de Gérard Collomb, les hauts-fonctionnaires du cabinet ont dû revoir leur organisation. Les réunions importantes et les points sur la sécurité sont dirigés par Edouard Philippe, qui cumule les postes au gouvernement, en attendant la nomination d'un successeur. Malgré les ajustements pour assurer le rythme de travail quotidien, l’absence d’un ministre attitré commence à peser, notamment sur le terrain et dans les rangs des forces de l’ordre. Si la Vème République a connu trois autres ministres de l'Intérieur démissionnaires, c’est la première fois que son remplacement est aussi long. Face au suspense qui perdure autour du remaniement, l’opposition n’a pas manqué de saisir cette occasion pour critiquer le gouvernement. Chez Les Républicains, très présents sur la scène médiatique, on dénonce une « mascarade » et une « tragicomédie », avec un «gouvernement fantôme, qui fait semblant d’être là ». Pour le président du Parti, Laurent Wauquiez, ce remaniement est la preuve que le gouvernement « ne marche pas ». Alors que le gouvernement apparaît fragilisé et instable, Emmanuel Macron reste la cible privilégiée des critiques. Le suspense touchera-t-il bientôt à sa fin quant au remaniement du gouvernement ? Comment le ministère de l'Intérieur fonctionne-t-il sans ministre attitré ? Ce remaniement est-il de bon augure pour l'opposition ? Invités : - Yves Thréard, directeur adjoint de la rédaction du Figaro - Bernard Sananès, politologue, président de l'institut de sondages Elabe - Jean Garrigues, historien de la vie politique - Alix Bouilhaguet, rédactrice en chef de « L'émission politique » sur France 2
Première diffusion : 13 octobre 2018
S18 E49 • Aude : au cœur de la nuit... le déluge
Des ponts arrachés, des rues transformées en torrents, des personnes réfugiées sur les toits... Depuis ce matin, les images et les témoignages qui circulent donnent la mesure des pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Aude cette nuit. Selon un dernier bilan provisoire, les intempéries ont fait 13 morts et 5 blessés graves dans ce département placé en vigilance rouge alors que les opérations de secours se poursuivent pour venir en aide aux sinistrés qui ont été surpris cette nuit par la rapidité de la montée des eaux. En l’espace de quelques heures, il est tombé l’équivalent de trois à quatre mois de pluie sur ce département placé en vigilance rouge. Selon Vigicrues, la crue a atteint un niveau sans précédent depuis 1891 dans la vallée de l’Aude soit « pas loin de 7 mètres ». 700 pompiers, 9 hélicoptères et un avion sont mobilisés pour la reconnaissance des zones et le sauvetage des personnes, a indiqué le Premier ministre Edouard Philippe qui doit se rendre sur place cet après-midi avec le ministre de la Transition écologique François de Rugy. De nombreuses routes sont actuellement coupées. La circulation des trains est interrompue. Les établissements scolaires ont été fermés et les autorités demandent aux habitants de rester chez eux. Météo France appelle également la population à la vigilance et à ne pas se déplacer « dans la mesure du possible » dans le département. Et rappelle qu'il ne faut « en aucun cas » s'engager, à pied ou en voiture sur une voie immergée. Un numéro de téléphone a été mis en place par la préfecture pour obtenir des informations, le 04 68 10 29 00. Outre l’Aude, six autres départements du Sud sont en vigilance orange ce lundi : l’Aveyron, la Haute-Garonne, l’Hérault, les Pyrénées-Orientales, le Tarn, déjà en alerte depuis dimanche, et le Tarn-et-Garonne. Mais comment fonctionne notre système d’alertes en France face aux risques majeurs ? Le département de l’Aude a été placé en alerte vigilance rouge dimanche en fin d’après-midi, était-ce déjà trop tard ? Qu'est-ce qu'un épisode cévenol (ou méditerranéen) ? Invités : Emmanuel BOCRIE - Ingénieur-prévisionniste à Météo France Emma HAZIZA - Hydrologue experte en gestion du risque inondations, Grégory ALLIONE - Président de la Fédération des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône Stéphane PENET - Directeur des assurances de biens et de responsabilité de la Fédération française de l’assurance
Première diffusion : 15 octobre 2018
S18 E50 • Macron remanie...Mélenchon accuse
Cette fois-ci, c'est officiel. Après deux semaines de flottement, le remaniement gouvernemental a été annoncé ce mardi matin. Trois ministres et une secrétaire d'Etat sortent du gouvernement après le départ début octobre de Gérard Collomb. Quatre changent de périmètres. Et huit entrent dans l’équipe gouvernementale. Christophe Castaner, macronien de la première heure, hérite ainsi du ministère de l’Intérieur. Il aura à ses côtés le patron du renseignement, Laurent Nuñez, nommé secrétaire d'Etat. Il était jusqu'à présent à la tête de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Ce proche d'Emmanuel Macron - qui occupait jusque-là le poste de secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement et dirigeait le parti du président - a annoncé son départ « dans les jours à venir » de la direction du mouvement présidentiel. Le jeu des chaises musicales va donc se poursuivre au sein de la majorité. La grogne des territoires a-t-elle été entendue ? Le ministère a été étoffé. La centriste Jacqueline Gourault, l'ancienne « Madame Corse » du gouvernement, se voit dotée d’un ministère à part entière regroupant la cohésion des territoires, précédemment occupé par Jacques Mézard, qui disparaît de l’organigramme gouvernemental, et les relations avec les collectivités territoriales. Elle sera épaulée par deux ministres de plein exercice : Sébastien Lecornu, auparavant secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, qui sera plus spécifiquement chargé des relations avec les collectivités territoriales, et Julien Denormandie, qui passe de secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires à ministre chargé de la ville et du logement. Ce trio inédit aura pour mission de rétablir une relation de confiance, sérieusement dégradée, avec les collectivités territoriales. A la Culture, Françoise Nyssen est remplacée par Franck Riester, député de Seine-et-Marne, ancien membre des Républicains, fondateur du mouvement « Agir » et spécialistes des questions audiovisuelles. Stéphane Travert quitte lui le ministère de l'Agriculture quelques semaines après le vote de loi Alimentation sans avoir totalement convaincu. Il est remplacé par l'ancien hollandais Didier Guillaume, ex-président du groupe PS au Sénat. Marc Fesneau sera en charge des relations avec le Parlement. Christelle Dubos devient secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Santé. Agnès Pannier-Runacher est nommée secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Économie et des Finances. Gabriel Attal rejoint le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Enfin le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, jusque-là rattaché au Premier ministre, devient « secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’action et des comptes public ». Désormais composé de 35 membres, contre 31 auparavant, le nouvel exécutif se réunira pour la première fois ce mercredi à l'occasion du Conseil des ministres, prévu à 10 heures. Il s'agit d'une « équipe renouvelée, dotée d'un second souffle mais dont le mandat politique reste le même », indique l'Elysée dans son communiqué. Alors quelles leçons tirer de ce remaniement ? Pourquoi est-ce que cela a tant traîné ? Offrira-t-il un nouvel élan au quinquennat d'Emmanuel Macron ? Quelles sont les questions qui restent en suspens ? Invités : Bruno JEUDY - Rédacteur en chef du service politique de « Paris Match » Soazig QUÉMÉNER - Rédactrice en chef du service politique de « Marianne » Roland CAYROL - Politologue - Directeur du Centre d’études et d’analyses (Cetan). Françoise FRESSOZ - Journaliste et éditorialiste « Le Monde »
Première diffusion : 16 octobre 2018
S18 E51 • Mélenchon : pourquoi tant de fureur ?
Ambiance tendue entre Jean-Luc Mélenchon et la justice. Mardi matin, des perquisitions ont été menées au siège de la France insoumise, au domicile de son leader, chez d’anciens assistants et au Parti de gauche, dans le cadre d'enquêtes sur des emplois présumés fictifs de parlementaires européens et sur les comptes de campagne de la présidentielle de 2017. Le patron des députés LFI a dénoncé une "énorme opération de police politique", le jour du remaniement. Ces perquisitions ont été en partie filmées. D’abord par Jean-Luc Mélenchon qui a fait un direct vidéo sur Facebook, depuis chez lui, parlant face caméra avec les policiers en pleine perquisition derrière lui. Puis par d’autres et des journalistes, un peu plus tard lors de l’arrivée du leader de la France insoumise au siège du parti, à Paris, près de la Gare du Nord. Des images surréalistes montrant des échanges très tendus et plusieurs bousculades qui ont fait le tour des télévisions et des réseaux sociaux. Invité au micro de Jean-Jacques Bourdin ce mercredi matin, Jean-Luc Mélenchon a assumé avoir bruyamment protesté hier : "c'était un moment de tension et de passion". "Je ne regrette rien", a lancé le député des Bouches-du-Rhône, convaincu qu'il y avait dans ces perquisitions une "volonté d'intimidation". Pour les "insoumis", c’est clair : ces perquisitions sont une manière pour "le pouvoir" de "nuire à la première force d’opposition". Le syndicat de police Alliance a lui demandé au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, de porter plainte contre le parlementaire. Demande entendue par le parquet de Paris, qui a ouvert ce mercredi une enquête pour "menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire et violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". Alors qu'est-il reproché à Jean-Luc Mélenchon et aux insoumis ? Est-ce le coup de sang de trop ? Comment en est-on arrivé là ? Sur quoi portent exactement les deux enquêtes préliminaires distinctes ouvertes au Parquet de Paris et confiées à l’Office anticorruption ? Invités : Christophe BARBIER - Editorialiste politique à L’Express Claude WEILL - Editorialiste à Nice-Matin et Var-Matin Michèle BERNARD-REQUIN - Magistrate honoraire et auteure de Juges, accusez, levez-vous ! Lilian ALEMAGNA - Journaliste politique pour le journal Libération et auteur de Mélenchon le Plébéien
Première diffusion : 17 octobre 2018
S18 E52 • Brexit : faut-il craindre le "no deal" ?
Le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sera-t-il enfin prononcé ? Après des mois de discussions, la séparation s’annonce en tout cas plus longue que prévue. Lors du sommet européen qui s’est ouvert hier à Bruxelles, Theresa May a évoqué une éventuelle prolongation de la période de transition après le Brexit, censée prendre fin en décembre 2020. Mais ce délai optionnel pour négocier plus longuement un accord commercial avec l’Union européenne n’est pas au goût des partisans du Brexit outre-Manche. Si la Première ministre britannique « reste confiante » quant à l’issue des négociations, plusieurs divergences persistent avec ses 27 homologues européens. Notamment sur la question de la frontière entre les deux Irlande, censée être rétablie avec le Brexit. Pour éviter l’instauration d’une séparation physique entre l’Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni, et la République d’Irlande qui restera dans l’Union européenne, l’Europe a proposé l’instauration d’un « filet de sécurité ». Cette solution permettrait à l’Irlande du Nord de rester provisoirement dans l’union douanière, ce que Londres refuse. Après 30 ans de guerre civile meurtrière et les enjeux économiques, politiques et diplomatiques qu’implique le retour d’une frontière, la question de l’Irlande est aujourd’hui un point-clé et un frein pour trouver un accord commun. Les laborieuses négociations sur le Brexit aboutiront-elles à un « no deal » ? Alors que la menace d’un tel scénario plane, les Britanniques s’inquiètent des conséquences qu’une rupture aussi brutale pourrait avoir sur leur quotidien. A commencer par leur santé. En effet, le Royaume-Uni importe chaque année 37 millions de boites de médicaments européens. Avec le Brexit, certains d’entre eux pourraient ne plus être commercialisés outre-Manche. Et le renforcement des contrôles douaniers pourrait également retarder leur livraison. Face à un risque de pénurie, les industries pharmaceutiques ont décidé d’augmenter leur stock de médicaments. Alors que l’échéance du Brexit approche, la majorité des Britanniques serait favorable à un nouveau référendum, selon un sondage publié en septembre. Une hypothèse que Theresa May a formellement exclu, bien décidée à trouver un accord favorable au Royaume-Uni. Dès le mois de juin, des dizaines de milliers de Britanniques avaient également manifesté dans les rues de Londres. Un rassemblement aura lieu ce samedi pour revendiquer un nouveau « vote du peuple », qui ne porterait pas sur le choix d'une sortie ou non de l'Union européenne comme le premier, mais sur l'accord signé avec Bruxelles. Alors que les négociations sur le Brexit sont dans l’impasse, se dirige-t-on vers un « no deal » ? Le Royaume-Uni doit-il craindre une pénurie de médicaments ? Un nouveau référendum contre le Brexit est-il possible ? Invités : Dominique SEUX - Directeur délégué de la rédaction des Echos Catherine MATHIEU - Economiste spécialiste du Royaume-Uni - OFCE Dominique MOÏSI - Conseiller spécial à l’Institut Montaigne Philip TURLE - Journaliste britannique à RFI
Première diffusion : 18 octobre 2018
S18 E53 • Affaire Khashoggi : horreur au consulat ?
Interrogé, torturé puis décapité. Le scénario macabre de la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi se précise de jour en jour. Cet éditorialiste, critique du régime de Riyad et exilé aux Etats-Unis depuis 2017, aurait été tué dans le consulat de son pays à Istanbul en Turquie, a affirmé le quotidien progouvernemental turc Yeni Safak. Sur la base d’un enregistrement sonore auquel il a eu accès, le journal turc reconstitue dans son édition de mercredi le calvaire enduré par Jamal Khashoggi disparu le 2 octobre et perpétré par des agents saoudiens à l’intérieur du bâtiment diplomatique. Les soupçons se portent sur le tout puissant prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, 33 ans. Une affaire bien embarrassante au moment même où de nombreux dirigeants étrangers devaient participer à un forum économique, organisé la semaine prochaine, à Riyad : véritable vitrine pour "MBS", qui compte l'utiliser pour vendre ses très ambitieux projets économiques censés moderniser son pays, la conférence fait face à des annulations en cascade depuis quelques jours. La directrice du FMI Christine Lagarde, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire ou encore le ministre britannique du Commerce Liam Fox ont décidé de ne pas se rendre à ce "Davos du désert". Ils ont été rejoints dans cette décision hier par le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin. Parallèlement, après plusieurs jours de valse-hésitation, Donald Trump a admis jeudi la probable mort du journaliste saoudien et promis des sanctions “très lourdes” en cas de responsabilité avérée des autorités saoudiennes dans son assassinat. "L’Arabie Saoudite est confrontée à sa plus grande crise avec l’Occident depuis le 11 Septembre" a considéré un éditorialiste du Guardian à propos de l’Affaire Khashoggi. Le Washington Post a de son côté publié mercredi ce qu’il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. "Hélas, cette situation ne changera probablement pas (…) Le monde arabe fait face à sa propre version du rideau de fer, imposé non pas par des acteurs externes mais à cause des forces nationales se disputant le pouvoir", déplore-t-il dans cette tribune transmise au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition. Alors qui était Jamal Khashoggi ? Que sait-on de sa disparition ? Cette affaire peut-elle compromettre l’accession au trône de Mohammed Ben Salman ? Quelles peuvent être les conséquences politiques et diplomatiques en Arabie Saoudite et dans la région ? Invités : François CLEMENCEAU - Rédacteur en chef au Journal du dimanche, en charge de l'actualité internationale Jean-Dominique MERCHET - Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions de Défense et Diplomatie Agnès LEVALLOIS - Consultante spécialiste du Moyen-Orient, maître de conférences à Sciences Po et vice-présidente de l’IREMMO, l’Institut de Recherches et d’Etudes Méditerranée Moyen Orient Clarence RODRIGUEZ - Journaliste et correspondante pour plusieurs médias à Riyad en Arabie Saoudite, de 2005 à 2017. Son ouvrage Arabie Saoudite 3 .0, paroles de la jeunesse saoudienne est publié aux éditions Erick Bonnier
Première diffusion : 19 octobre 2018
S18 E54 • Mélenchon : la colère de trop ?
Une semaine pour le moins mouvementée s’achève pour Jean-Luc Mélenchon. Depuis mardi, le leader de la France Insoumise est au cœur d’une spirale médiatique. Tout a commencé avec les perquisitions menées au siège de son parti, à son propre domicile ainsi que chez une quinzaine de personnes proches de la France Insoumise. Menaces, bousculades, cris : les images, ainsi que son désormais célèbre « la République c’est moi ! », ont fait le tour des médias et d’Internet. Visé par deux enquêtes sur des emplois présumés fictifs de parlementaires européens et sur ses comptes de campagne lors de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon est convaincu que ces perquisitions ont été manigancées pour l’affaiblir davantage. Il a dénoncé « une offensive politique organisée par la Macronie » lors d’une conférence de presse, vendredi à son QG. Le chef des Insoumis reconnaît qu’il s’est emporté, mais il « ne cédera pas ». Ce matin, la procureure générale de Paris lui a répondu : « ces perquisitions ont été diligentées en pleine légalité ». Jean-Luc Mélenchon n’en est pas à son premier coup de colère. Echanges tendus avec ses adversaires politiques, critiques acerbes contre les médias : il partage et met en scène ses colères sur les réseaux sociaux. Mais cette stratégie risque-t-elle de se retourner contre lui ? Si ses coups de gueule permettent de rallier à sa cause ses plus fidèles militants, ils pourraient également affaiblir sa capacité à rassembler les troupes à gauche. Les affaires qui visent le parti de Jean-Luc Mélenchon ne sont pas sans rappeler celles du Rassemblement National. Marine Le Pen, qui avait également été perquisitionnée en mai 2016 dans le cadre d’une enquête sur des assistants parlementaires européens, n’a pas manqué de réagir : ces procédures judicaires seraient des stratagèmes pour « aspirer les données des deux grands partis d’opposition que sont le Rassemblement national et La France Insoumise ». Le 12 octobre dernier, elle a été mise en examen pour détournement de fonds publics. Les polémiques de cette semaine peuvent-elles porter préjudice à Jean-Luc Mélenchon ? Habitué aux coups d’éclat, quelles sont les limites de sa stratégie ? Egalement visé par une enquête judiciaire et en proie à des difficultés financières, le Rassemblement National est-il en péril ? Invités : Roland Cayrol Politologue, directeur du Centre d’études et d’analyses Jean Garrigues, historien, auteur de La République des traites Frederic Says, éditorialiste politique, France Culture Astrid de Villaines, journaliste politique
Première diffusion : 20 octobre 2018
S18 E55 • Prof braquée : le défi de l'insécurité
La scène - largement partagée sur les réseaux sociaux - est glaçante. Un élève d'un lycée de Créteil braque une arme sur sa professeure en plein cours. Le jeune homme réclame d'être noté présent par l'enseignante. Celle-ci reste immobile et impassible devant l'arme, un pistolet à billes de type airsoft. Depuis ces faits datant de jeudi dernier, le hashtag #Pasdevagues a vu le jour sur Twitter et des milliers de témoignages d’enseignants confrontés à la violence ont été postés. Ils racontent les agressions et insultes dont ils sont victimes ou témoins au quotidien dans les établissements scolaires et dénoncent le silence de leur hiérarchie qui leur répond qu"il "ne faut pas faire de vagues". De son côté, le chef de l’Etat a réagi rapidement sur les réseaux sociaux : "Menacer un professeur est inacceptable". Les ministres de l'Éducation et de l'Intérieur ont "condamné avec la plus grande fermeté (...) ces actes inqualifiables" et annoncé la réunion d'un "comité stratégique, constitué de tous les acteurs œuvrant d’ores et déjà au quotidien pour un apprentissage serein, afin d’arrêter un plan d’actions ambitieux, visant à mettre un terme à de tels comportements". Autre lieu, autre scène violente devenue virale : en août dernier à Champigny, un groupe de jeunes hommes insulte des policiers venus pour une intervention banale. Les agents restent stoïques. Aucune réponse, aucun geste. L'auteur de la vidéo a été interpellé le 17 octobre, mais depuis des mois, la vidéo est très partagée sur les réseaux sociaux et elle soulève l'indignation générale. Le nouveau ministre de l’Intérieur s’est rendu hier au commissariat pour dialoguer avec les policiers insultés. A l’issue de cette entrevue, Christophe Castaner a estimé que lorsque des insultes sont subies par les policiers "contre celles et ceux qui incarnent notre autorité", "c’est la République qui recule, qui est menacée". Reconnaissant une "situation de tension extrême et une très grande violence dans certains quartiers", le nouveau locataire de la place Beauvau a également détaillé dans les colonnes du JDD sa feuille de route au ministère alors que le sentiment d’insécurité progresse chez les Français. Ainsi dans le dernier baromètre Odoxa-Fiducial, 64 % des personnes interrogées confient éprouver un sentiment d'insécurité, un chiffre en hausse de 6 points par rapport au dernier pointage, en juin dernier. Surtout, cette enquête montre ce n'est pas le terrorisme qui inquiète le plus les Français mais bien l'insécurité du quotidien (délinquance, cambriolages et agressions) qui est en progression. Et là, ils ne sont plus que 21 % à juger le gouvernement capable d'améliorer la situation. Un chiffre qui n'avait jamais été aussi bas depuis la mise en place de ce baromètre, en juin 2016, et qui a baissé de 19 points depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée. Les signaux sont au rouge, et ce n'est pas qu'une affaire de sondages. Tandis que des faits divers tragiques se succèdent, le ministère de l'Intérieur a reconnu, en août, que 173 000 actes de violence (hors vols) avaient été recensés au cours du premier semestre 2018, un record absolu. A peine nommé, Christophe Castaner est donc déjà sous une énorme pression politique, d'autant plus que la démission de Gérard Collomb a donné à la droite l'occasion de taper fort sur l’exécutif qui a du mal à s’emparer des thématiques sécuritaires depuis le début du quinquennat. Invités : Bruno JEUDY - Rédacteur en chef du service politique de Paris Match Cécile CORNUDET - Editorialiste politique aux Echos Mathieu ZAGRODZKI - Chercheur en science politique, spécialisé dans la sécurité quotidienne et la police Jean-Marc BAILLEUL - Secrétaire général du syndicat majoritaires des cadres de la Sécurité Intérieure
Première diffusion : 22 octobre 2018
S18 E56 • Affaire Khashoggi : l'onde de choc
"Khashoggi a été victime d’un assassinat barbare". Devant le Parlement à Ankara et les médias, le président turc Erdogan a apporté de nouvelles précisions sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. S’appuyant sur "des éléments solides", il a dénoncé un assassinat "planifié" auquel 18 personnes auraient participé, dont trois agents saoudiens arrivés en Turquie la veille. Le dirigeant turc a détaillé leur parcours, dont une étrange excursion dans une forêt proche d’Istanbul, avant l’assassinat dans le consulat saoudien où tout le personnel aurait été congédié ce jour-là. Mais le déroulé de l’opération et le rôle exact de chaque protagoniste reste un mystère. Face à ses contradictions, Riyad est dans la tourmente et essaie de protéger son prince-héritier, Mohammed Ben Salmane. Si la thèse saoudienne d’un accident au cours d’une rixe ne convainc pas, Erdogan a toutefois souligné que Riyad a fait "un pas important" en reconnaissant la mort de Khashoggi. Face à la polémique et aux doutes qui subsistent autour de ce meurtre, plusieurs dirigeants et chefs d’entreprises étrangers ont refusé de participer au "Davos du désert", une conférence économique qui se tient en ce moment en Arabie saoudite. L’absence de ces hauts responsables internationaux est une mauvaise nouvelle pour Mohammed Ben Salmane, qui cherche à diversifier l’économie saoudienne. Dans le cadre de son projet "Vision 2030", le jeune prince essaie d’attirer les investissements étrangers pour ouvrir son pays aux nouvelles technologies et au tourisme notamment. Après les désistements en cascade de grands groupes, certains projets pourraient être menacés et affaiblir l’attractivité économique dans le pays. Mais l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au monde, ne serait pas la seule à subir les conséquences d’un "boycott" international. Les intérêts des puissances étrangères qui commercent avec elle sont également en jeu, y compris en Europe. C’est pourquoi certains chefs d’entreprise ont décidé de se rendre à la conférence malgré tout, comme le PDG de Total Patrick Pouyanné, qui a souligné l’importance de maintenir des relations, même "dans les temps difficiles". La chute de Mohammed ben Salmane sera-t-elle aussi fulgurante que son ascension ? Il y a quelques mois, le prince héritier, présenté comme un homme moderne et réformateur, incarnait un nouveau souffle pour l’Arabie saoudite. Mais depuis l’affaire Khashoggi, cette image ne cesse de s’effriter. Sous le vernis des réformes économiques et sociales se cachent des purges, de l’autoritarisme et une sévère répression. Derrière les effets d’annonces, certaines mesures prises par Mohammed ben Salmane peuvent sembler anecdotiques. Les femmes sont par exemple autorisées à conduire, mais elles restent tout de même sous la tutelle des hommes. Après quatre ans au pouvoir, le chômage chez les jeunes est toujours considérable. Guerre contre le Yémen, embargo contre le Qatar et maintenant l’affaire Khashoggi : le renouveau porté par Mohammed ben Salmane n’était-il qu’une illusion ? Quelles conséquences peut avoir l’affaire Khashoggi sur l’économie saoudienne et ses partenariats commerciaux internationaux ? Les réformes de Mohammed ben Salmane en Arabie saoudite sont-elles seulement des effets d’annonce ? Invités : Alain BAUER – Criminologue, CNAM Philippe Dessertine – Economiste, directeur de l’Institut de Haute Finance Jean-Dominique MERCHET – Journaliste à L’Opinion, spécialiste des questions de Défense et Diplomatie Sylvie MATELLY - Directrice adjointe de l’IRIS
Première diffusion : 23 octobre 2018
S18 E57 • Budget : l'Italie piétine l'Europe
Le projet de budget italien a été examiné puis rejeté hier par la Commission européenne. Une décision inédite dans l’histoire de l’organisation internationale. Le "budget du peuple" proposé par la coalition italienne (La Ligue et le Mouvement 5 Etoiles) prévoyait un déficit de 2,4% en 2019, alors que le précédent gouvernement s’était engagé sur 0,8%. Face à ce triplement du déficit, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a dénoncé une "déviation claire, nette, assumée" et a exigé une révision du budget. L’Italie dispose désormais de trois semaines pour mettre au point une nouvelle mouture, sans quoi elle s’exposerait à une procédure pour "déficit excessif" qui pourrait aboutir à des sanctions financières. Mais pour le gouvernement italien, il n’est pas question de céder. Le Premier ministre a d’ailleurs déclaré qu’aucun plan B n’était prévu. Si l’Italie a exclu toute sortie de l’Union européenne, les relations s’annoncent tout de même tendues, entre la Commission européenne qui souhaite éviter une crise avec Rome tout en conservant sa fermeté et le gouvernement italien qui rejette les contraintes européennes et défend un projet "longuement réfléchi". Matteo Salvini a souvent dénoncé ces "contraintes européennes" qui pèsent sur l’économie italienne. Dans le pays, plusieurs chefs d’entreprise ont été séduits par les idées nationalistes de son parti d’extrême droite, la Ligue. Face à la concurrence des géants commerciaux et à la mondialisation, certains patrons estiment ne pas être suffisamment protégés par les normes européennes. En quête d’un nouveau souffle, ils misent sur la Ligue et ses mesures en faveur des entreprises italiennes, comme l’abaissement des impôts à 15% pour certaines d’entre elles. Ex-militant d’extrême gauche passé à la tête d’un parti d’extrême droite, la Ligue, Matteo Salvini a débarqué comme une tempête dans la vie politique italienne. Malgré des frasques à répétition et des déclarations provocantes, il bénéficie aujourd’hui d’une grande popularité dans le pays. Rejet des migrants, souverainisme anti-européen, nationalisme… Matteo Salvini parvient à imposer ses idées populistes, mais quelles sont les conséquences concrètes dans le quotidien des Italiens ? La logique économique de l’Union européenne et celle de l’Italie sont-elles conciliables ? Le programme de la coalition est-il une alternative politique et économique réalisable ? Quel impact a la politique de Salvini en Italie ? Invités : François CLEMENCEAU - Rédacteur en chef au Journal du dimanche Mathieu PLANE - Economiste à l’OFCE, l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques Paolo LEVI - Correspondant de La Stampa et de l’agence italienne ANSA Clotilde CHAMPEYRACHE - Economiste, spécialiste de l’Italie auteure de La ligue du nord, un séparatisme à l’Italienne
Première diffusion : 24 octobre 2018
S18 E58 • Prix de l’essence : le pari risqué de Macron
Les automobilistes le constatent chaque jour : les prix à la pompe flambent. En un an, le diesel a grimpé de 23% et l'essence de 14%. Une hausse en partie liée à l’augmentation continue des « taxes vertes ». De quoi alimenter la colère d’une partie de l’opinion publique et de l’opposition. Interpellé à l’Assemblée Nationale, le Premier ministre a défendu des « partis pris assumés » et « des mesures courageuses » au nom de la transition écologique. Pour accompagner les Français « les plus fragiles», il a rappelé les mesures prises par l’Etat comme la prime à la conversion et le chèque énergie. Mais pour Ségolène Royal, ces hausses d’impôts sont « un matraquage fiscal » sous couvert d’écologie. L'ancienne ministre de l'Environnement a notamment dénoncé une fiscalité verte « punitive », dont certaines mesures ont pourtant été lancées lorsqu’elle était au gouvernement. Après la démission fracassante de Nicolas Hulot, qui avait appelé à un « sursaut » écologique en quittant le gouvernement, Emmanuel Macron l’a promis : il prendra des mesures « structurantes et historiques » face à l’urgence climatique. A l’approche des Européennes, l’objectif est clair : montrer que le gouvernement n’a pas perdu son ambition écologique. Et pour ce faire, le chef de l’Etat devra se tenir à l’une de ses promesses de campagne : décarboniser l‘économie et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Alors que la présentation de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) a de nouveau été repoussée au mois de novembre, le gouvernement est attendu sur plusieurs dossiers importants : le nucléaire, le glyphosate, dont le calendrier de sortie reste flou, les péages urbains ou encore la taxe sur les poids lourds, après le fiasco politique et financier de l’écotaxe sous François Hollande. L’écologie permet-elle de marquer des points en période d’élection ? A quelques mois des Européennes, les écologistes français se montrent optimistes, encouragés par les bons résultats de leurs voisins européens. Lors des élections régionales en Bavière, les Verts ont emporté 17,5% des voix et jusqu’à 30% à Munich. Au Luxembourg, le parti écologiste a gagné trois députés. En Belgique, il a récolté près de 17 % des voix aux municipales. Une percée électorale historique qui s’explique par le recul des sociaux-démocrates dans leurs pays. Mais également par une mobilisation grandissante des citoyens, plus préoccupés par les questions écologiques qu’avant et prompts à changer leurs habitudes. Le gouvernement paiera-t-il dans les urnes sa politique de transition écologique ? Quelles sont les ambitions écologiques d’Emmanuel Macron et son gouvernement ? Le parti des Verts en France peut-il connaître le même succès que ses voisins européens ? Invités : Christophe Barbier - Editorialiste à L’Express Claude Weill - Editorialiste à Nice-Matin / Var-Matin Soazig Quemener - Rédactrice en chef du service politique de Marianne Jérôme Fourquet - Directeur du département Opinion de l’institut de sondages IFOP
Première diffusion : 25 octobre 2018
S18 E59 • Trump : élections sous haute tension
En pleine campagne électorale, une dizaine d’enveloppes contenant des bombes artisanales ont été interceptées avant d'atteindre leurs destinataires. Les cibles visées sont toutes des adversaires déclarés de Donald Trump : les anciens présidents Clinton et Obama, le gouverneur de l'État de New York Mario Cuomo, l’ex-patron de la CIA John Brennan, l’ancien vice-président démocrate Joe Biden ou encore le milliardaire George Soros et l’acteur Robert de Niro. Autre cible : le siège de la chaîne CNN qui a dû évacuer ses locaux en plein direct. Aucune explosion n'a été à déplorer, et l'on ne sait pas encore qui est derrière cette opération qui semble coordonnée. Donald Trump a appelé ce mercredi au rassemblement avant une nouvelle fois d’accuser les médias d’entretenir un climat hostile. "Les médias ont aussi la responsabilité de rester polis et de cesser leur hostilité sans fin ainsi que leurs attaques négatives constantes et le plus souvent fausses", a déclaré le président américain. De leur côté, les démocrates reprochent à Donald Trump de cautionner la violence de manière générale depuis son élection. Les médias américains s’inquiètent eux du climat de haine entretenu par Donald Trump notamment sur la question de l’immigration dans cette période électorale. Depuis quelques jours, le président américain n’a de cesse dans ses meetings ou sur Twitter de faire référence à la "caravane" de migrants centraméricains qui se dirige vers les Etats-Unis. Selon une estimation de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ils seraient environ 7 200, "dont la plupart ont l’intention de continuer leur marche vers le nord", a précisé un porte-parole de l’ONU lundi. En majorité honduriens, ils traversent en ce moment le Mexique et sont à près de 2 000 kilomètres du poste-frontière américain le plus proche. Il ne s’agit pas d’une première : en avril dernier, une caravane de 1 200 migrants avait, par exemple, traversé le Mexique (seule une petite fraction d’entre eux, environ 200 personnes, avait marché jusqu’à la frontière avec la Californie). Mais outre son ampleur, celle de ces derniers jours trouve une résonance particulière dans le contexte électoral américain extrêmement tendu. Un climat de tension qui est monté d’un cran ces derniers jours avec la découverte de cette série de colis piégés. Alors qui pourrait être l’auteur ou les auteurs de tels actes ? Sont-ils révélateurs des fractures qui traversent les Etats-Unis deux ans après l’élection de Donald Trump ? Quel impact cela peut-il avoir sur les élections de mi-mandat du 6 novembre prochain ? Invités : Nicole BACHARAN - Historienne et politologue spécialiste des Etats-Unis Corentin SELLIN - Historien, spécialiste des États-Unis. Laurence NARDON - Responsable du programme Amérique du Nord de l'IFRI, l’Institut Français des Relations Internationales. Anne TOULOUSE - Journaliste franco-américaine, auteure de "Bienvenue en Trumpie"
Première diffusion : 26 octobre 2018
S18 E60 • Brésil : la tentation autoritaire
Les Brésiliens s’apprêtent à élire leur nouveau président ce dimanche. Lors de ce second tour, le candidat du Parti social-libéral (PSL) Jair Bolsonaro, en tête dans les sondages, affrontera Fernando Haddad du Parti des Travailleurs (PT). Connu pour multiplier ses propos racistes, homophobes et misogynes, ou encore pour sa nostalgie de la dictature militaire, Jair Bolsonaro a convaincu son électorat avec un programme libéral, porté sur la sécurité. Dans un pays gangrené par la corruption, le candidat d’extrême droite apparaît comme une alternative au PT, au pouvoir depuis plus de dix ans et accusé des maux du pays. De nombreuses personnalités brésiliennes, comme des joueurs de football, ont affiché leur soutien pour Bolsonaro. Et rien ne semble faire douter son électorat : ni sa campagne ponctuée d’altercations, de menaces à l’égard de la gauche et des médias, ni le scandale de l’envoi en masse de messages de propagande via WhatsApp par des entreprises. Après un mandat marqué par des scandales de corruption jusqu’au sommet de l’Etat et des mesures d’austérité sévères, Michel Temer laisse derrière lui un pays fragilisé et en crise. Malgré le retour de la croissance, la pauvreté gagne du terrain et s’amplifie. Aujourd’hui, 15 millions de Brésiliens vivent avec moins de 1,90 dollar par jour. Dans le Nordeste, la région la plus pauvre du pays, près d’un cinquième de la population vit dans la misère. Une situation alarmante qui s’accompagne d’un taux de chômage encore très élevé (13,1%), après des années de récession. Les jeunes sont contraints d’arrêter leurs études et accumulent les petits boulots. Cette poussée du travail informel a notamment provoqué une chute de la productivité au Brésil et freine la reprise économique. La crise n’a pas seulement bouleversé l’économie dans tout le pays, elle a également exacerbé les problèmes d’insécurité. Rivalités entre bandes, règlements de compte sur fond de trafic de drogue : la violence fait partie du quotidien. Avec environ 64 000 homicides recensés en 2017, le Brésil fait partie des dix pays les plus violents au monde. Dans certains Etats au Nord, on compte jusqu’à 68 homicides pour 100 000 habitants. L’insécurité était donc un thème majeur lors de la campagne électorale, notamment pour Jair Bolsonaro. Le candidat d’extrême droite a d’ailleurs proposé d'assouplir les lois qui encadrent le contrôle des armes et d'élargir les pouvoirs de la police, déjà très répressive. L’année dernière, les forces de l’ordre ont été responsables de 5 144 homicides. Après l’ascension fulgurante de Jair Bolsonaro, l’extrême droite est-elle sur le point de prendre le pouvoir au Brésil ? Quelle est la situation économique du pays, plongé dans la crise depuis plusieurs années ? Pourquoi le Brésil est-il confronté à une telle insécurité ?
Première diffusion : 27 octobre 2018
S18 E64 • Trump peut-il perdre
À quelques jours des élections de mi-mandat, Donald Trump n’hésite pas à faire de la surenchère. Pour mobiliser son camp, il mise sur la question de l’immigration, chère à son électorat. Après avoir annoncé l’affectation potentielle de 15 000 soldats à la frontière mexicaine, la mise en place de « villes de tentes » pour retenir les migrants pendant l’examen de leur demande d’asile, le président américain souhaite mettre fin au droit du sol. Alors que des milliers de Honduriens se dirigent vers les Etats-Unis pour fuir la violence de leur pays, il multiplie les menaces et entretient un climat alarmiste. Son objectif est clair : contrecarrer une « invasion » de migrants et tenter de réunir sa base électorale autour d’un thème fort, alors que le président apparaît fragilisé après une semaine marquée par des violences et des tensions. Les Midterms s’annoncent cruciales pour Donald Trump, dont la popularité fluctue dans les sondages ces derniers mois. La campagne s’est enflammée après l’envoi de plusieurs colis piégés à ses opposants par un fan et la fusillade meurtrière dans une synagogue de Pittsburgh. Accusé d'attiser la haine et de désinhiber l'extrême droite, le président américain divise. Cette fracture pourrait-elle être favorable aux Démocrates ? Monté au créneau durant la campagne des Midterms, le parti opposé à Donald Trump espère obtenir la majorité au Congrès. Dans tout le pays, plusieurs figures démocrates ont émergé et pourraient incarner le parti, après l’ère Obama, comme Kamala Harris, Alexandria Ocasio-Cortez, Beto O’Rourke, Stacey Abrams ou encore Andrew Gillum. Si l’immigration apparaît comme un atout majeur pour réunir les Républicains autour de Donald Trump, l’économie était également une carte précieuse à jouer pendant la campagne des Midterms. Au cours de ses meetings, le président n’a pas hésité à vanter les « records » économiques atteints dans le pays. Avec une croissance historique (4,2% au deuxième trimestre), une baisse du chômage et une hausse de la consommation des ménages, la réforme fiscale de Donald Trump semble avoir porté ses fruits. Et les effets sont ressentis dans les usines et les industries américaines notamment, où sa politique séduit toujours. Au Kentucky par exemple, la fonderie d’Hawesville a pu créer de nouveaux emplois. La stratégie de Donald Trump autour de l’immigration sera-t-elle payante dans les urnes ? Les Midterms seront-elles favorables aux Démocrates ? Y aura-t-il un revers à la politique de Donald Trump ? Invités : Nicole Bacharan - Historienne spécialiste des Etats-Unis François Durpaire - Historien spécialiste des États-Unis Yanik Dumont Baron - Ancien correspondant à Washington pour Radio Canada Marie-Cécile Naves - Chercheuse associée à l’IRIS spécialiste des États-Unis
Première diffusion : 1 novembre 2018
S18 E65 • Nouvelle-Calédonie : le choix de la France ?
La Nouvelle-Calédonie, cette collectivité française du Pacifique, annexée en 1853 par Napoléon III, a rendez-vous avec l'histoire. Ce dimanche 174 154 électeurs de l’archipel, parmi les 280 000 habitants, seront invités à se prononcer sur cette question : "voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?" Ce scrutin historique survient au terme d’une campagne qui s’est déroulée, sur place, dans un climat relativement apaisé et empreint de gravité puisque c’est bien leur destin que les Néo-Calédoniens vont choisir dans quarante-huit heures. Trente ans après les meurtriers "évènements" d’Ouvéa et les accords de Matignon, qui mettaient fin à un climat de guerre civile dans le territoire océanien. Et vingt ans après l’accord de Nouméa qui permettait des transferts de compétence et prévoyait l’organisation d’un référendum d'autodétermination entre 2014 et 2018. Désormais nous y sommes, et le choix divise les habitants du caillou. Alors derrière cette question simple, quels sont les enjeux du scrutin ? Déjà dotée d’une large autonomie, assise sur l’une des principales réserves mondiales de nickel et l’un des plus grands ensembles de lagons du monde, la Nouvelle-Calédonie restera-t-elle française ? Invités : Sarah MOHAMED GAILLARD - Historienne à l’INALCO et auteure de l’Atlas de l’Océanie Stéphane ROBERT - Responsable du service politique de France Culture Mathieu PETITHOMME – Politologue Jean-Dominique MERCHET - Journaliste à L’Opinion
Première diffusion : 2 novembre 2018
S18 E66 • Essence, chauffage : le ras-le-bol !
Hausse des taxes sur les carburants, le fioul et le gaz : pour les Français, c’en est trop. Selon le dernier sondage Odoxa-Dentsu Consulting, 76% d’entre eux sont opposés à ces mesures fiscales qui fragilisent leur pouvoir d’achat. Alors que le gouvernement s’efforce de se justifier, le mécontentement continue de grimper chez les consommateurs. Et la fronde s’organise : pétitions en ligne, opérations escargot… les automobilistes se font entendre partout en France et appellent à bloquer les routes le 17 novembre prochain. En déplacement au Vietnam, Edouard Philippe a une nouvelle fois défendu ces mesures impopulaires, pourtant "indispensables" afin d’assurer la transition écologique du pays. S’il dit comprendre la colère grandissante chez les consommateurs, le Premier ministre a souligné qu’il n’y a "pas de solution magique au problème du dérèglement climatique". Une position largement critiquée par l’opposition qui soutient les appels au blocage des automobilistes et dénonce les efforts supplémentaires demandés aux Français. Alors que l’hiver approche, la facture de fioul domestique s’annonce douloureuse pour les foyers qui l’utilisent pour se chauffer. Aujourd’hui, il faut compter 1 000 euros pour 1 000 litres, soit 300 euros de plus que l’année dernière. Cette hausse s’explique notamment par le prix élevé du baril de Brent. En un an, le gaz a également enregistré une augmentation continue et considérable de 24%. Depuis le 1er novembre, les tarifs réglementés ont d’ailleurs augmenté de 5,8%. Face à cette flambée des tarifs, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à quitter Engie pour les offres plus compétitives de ses concurrents. Confrontés à cette hausse durable des prix, les Français tentent de faire des économies sur l’ensemble de leurs achats au quotidien. Alors que la consommation des ménages a reculé de 1,7% au mois de septembre, certains choisissent de se tourner vers les déstockeurs pour dénicher les bonnes affaires. Action, Frais Malin, Noz… Aujourd’hui, 3 000 magasins de déstockage sont implantés dans toute la France. Les produits y sont vendus 20 à 75% moins chers qu’en supermarché. Un bon plan pour les consommateurs mais également pour les industriels : ce système leur permet de vendre leur surstock ou d’écouler des produits en fin de vie, mais toujours propres à la consommation, à prix cassés. Jusqu’où ira la hausse des prix sur les carburants ? Les Français auront-ils les moyens de se chauffer correctement cet hiver ? Comment fonctionnent les déstockeurs, ces temples des bonnes affaires ?
Première diffusion : 3 novembre 2018
S18 E71 • Episode 71
Première diffusion : 9 novembre 2018
S18 E72 • Trump à Paris, Macron affaibli
L’"itinérance mémorielle" d’Emmanuel Macron est sur le point de s’achever… et quelle semaine ! Sur le chemin des commémorations pour le centenaire de la Première guerre mondiale, le Président de la République s’est heurté à la colère des Français. Entre les interpellations houleuses sur la hausse des prix des carburants, le montant des retraites et le pouvoir d’achat puis la polémique sur Pétain : les dossiers d’actualité ont vite repris le pas. Face aux invectives à répétition, Emmanuel Macron s’est tout de même estimé "heureux" de son périple à travers la France, ajoutant qu’"il faut aller au contact de la colère". Ce matin, il a rencontré Donald Trump, invité pour les commémorations de l’Armistice. Malgré le tweet incendiaire du président américain, quelques instants après son arrivée en France, sur le projet d’armée européenne, les deux dirigeants ont choisi l’apaisement lors de leur entretien. "En raison d'une mauvaise météo", Donald Trump ne se rendra pas au cimetière américain de Bois Belleau dans l'Aisne, mais participera à la cérémonie du 11 Novembre sous l'Arc de triomphe dimanche, avec plusieurs autres chefs d’Etat dont Vladimir Poutine et Angela Merkel. La chancelière allemande est également attendue cet après-midi pour une cérémonie symbolique à la clairière de Rethondes, dans l’Oise, où l’Armistice a été signé en 1918. Un moment historique à l’heure où le couple franco-allemand apparaît fragilisé. Après le départ annoncé d’Angela Merkel, au plus bas dans son pays, l’avenir de ce tandem dépendra notamment de son successeur. Dans une Europe menacée par la montée des populismes, Emmanuel Macron devra se trouver d’autres alliés pour établir son axe progressiste et proposer ses réformes. Mais sans ce partenaire de poids, vers qui peut-il se tourner ? Avec le Brexit au Royaume-Uni, la tentation nationaliste en Italie et le désaccord sur la question de l’immigration en Europe de l’est, la liste des alliances potentielles s’amenuise. Alors qu’Emmanuel Macron rencontre cet après-midi Angela Merkel, Marine Le Pen se rend à Verdun pour célébrer le centenaire de l’Armistice. L’occasion de réunir ses troupes à quelques mois des élections Européennes. Alors que le scrutin approche, le Rassemblement National arrive en tête des intentions de votes avec 20%, selon le dernier sondage Elabe. Une courte avance sur La République en marche qui enregistre une baisse mais reste à 19,5%. Face aux différentes polémiques qui agitent le gouvernement et aux dernières déconvenues de Jean-Luc Mélenchon, la principale opposition du parti, Marine Le Pen profite de l’actualité pour rebondir. Hausse des carburants, inquiétudes sur le pouvoir d’achat : elle "partage la colère et l’indignation des Français". Mais cette stratégie sera-t-elle payante dans les urnes ? Après les diverses polémiques, Macron revient-il affaibli de son itinérance mémorielle ? Qu’adviendra-t-il du couple franco-allemand après le départ d’Angela Merkel ? Le Rassemblement National peut-il percer lors des Européennes ?
Première diffusion : 10 novembre 2018
S18 E76 • Macron, les gilets jaunes et le porte-avions
Jamais le président n’était allé aussi loin dans l’autocritique. Lors d’une interview télévisée, réalisée hier depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, Emmanuel Macron a admis ne pas avoir "réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants". Un changement de ton surprenant, alors que de nombreuses manifestations et des blocages sont attendus samedi dans toute la France, à l’appel des "gilets jaunes". S’il compte poursuivre le fil de ses réformes, il entend à présent diriger le pays "d’une manière différente" en accordant plus de considération aux Français. Emmanuel Macron veut "comprendre" et se montrer plus à l’écoute des problématiques sur le terrain. Il a d’ailleurs affirmé "entendre la colère" des "gilets jaunes", même s’il met en garde les manifestants contre des blocages illégaux. Face à une opposition politique virulente, le président de la République a également appelé les Français à se méfier de ceux "qui veulent récupérer ce mouvement". Emmanuel Macron a également réagi à la salve de tweets agressifs envoyés par Donald Trump, dans la foulée de son voyage à Paris. Après avoir vivement critiqué le projet d’une armée européenne et s’être moqué de l’impopularité du président dans le pays, Donald Trump a menacé de taxer les vins français. Face à cette série de messages incendiaires, Emmanuel Macron a souhaité ne pas "se mettre à faire un débat avec le président des Etats-Unis d’Amérique" par tweets interposés. Il a également rappelé qu’"entre alliés, on se doit le respect". Depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle fraichement rénové, qu’il considère comme "un joyau de notre armée", Emmanuel Macron a souligné son ambition de défense européenne. Pour se préparer "aux nouvelles menaces" et à d’éventuels conflits, l’Etat français est prêt à investir. Entré en service en 2001, le Charles-de-Gaulle devra être retiré des mers vers 2040. Le gouvernement a donc lancé une phase d’étude pour construire un second porte-avions, avant de donner une réponse définitive en 2020. Le coût est estimé à cinq milliards d’euros et la construction d’un tel navire devrait nécessiter une quinzaine d’année au minimum. Le changement de cap de Macron permettra-t-il d’apaiser les tensions en France ? Après cette série de tweets agressifs, quelle est la relation entre Trump et Macron ? Quelles sont les missions du porte-avions Charles-de-Gaulle en matière de défense ?
Première diffusion : 15 novembre 2018
S18 E77 • Brexit : le chaos
Tempête politique outre-Manche. Accusée d’avoir cédé face à l’Union européenne après l’accord trouvé sur le Brexit, Theresa May est aujourd’hui fragilisée et plus isolée que jamais. Cinq ministres ont démissionné, hier, avant un débat parlementaire houleux durant lequel des députés hostiles ont mis en difficulté la Première ministre qui est désormais sous la menace d’un possible vote de défiance issu de ses propres rangs. Signe de la fébrilité ambiante, la livre a affiché jeudi sa plus forte chute sur une séance depuis 2016 face au dollar et à l'euro. Ce vendredi matin, les médias britanniques ont affirmé que le ministre de l'Environnement Michael Gove, une des figures de proue de la campagne pro-Brexit, envisageait lui aussi de claquer la porte tandis que sur les réseaux sociaux des journalistes font le buzz après avoir avoué, à leurs manières, ne plus rien comprendre à la crise sur le Brexit. Alors que se passe-t-il outre-Manche ? Mercredi soir, après plusieurs mois de négociations avec les Européens, Theresa May a publié le texte que tout le monde attendait : une proposition d'accord sur les conditions du retrait, que les Britanniques avaient acté lors du référendum du 23 juin 2016. Mais ce texte, qui s'étend sur 585 pages, et comprend 185 articles, loin de calmer les tensions a déclenché une crise politique de grande ampleur. Face aux critiques et aux défections qui se multiplient, la Première ministre a défendu bec et ongles son projet d’accord de divorce avec l’Union européenne, "le meilleur accord possible en l'état", et a rappelé que les options disponibles – l'accord qu'elle propose, aucun accord, ou "pas de sortie de l'Union européenne" – étaient limitées. Écartant l’idée d’un second référendum en cas d’impasse, Theresa May s’est dite également déterminée à aller "jusqu’au bout". La locataire du 10 Downing Street a désormais moins d’un mois pour convaincre les parlementaires qui voteront pour ou contre cet accord début décembre. Alors que sait-on du projet d'accord sur le Brexit ? Pourquoi le Royaume-Uni est-il au bord du chaos ? Quels sont désormais les scénarios possibles ? Si le Parlement britannique ne vote pas cet accord, que se passera-t-il le 29 mars prochain, date butoir pour la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne ?
Première diffusion : 16 novembre 2018
S18 E78 • Gilets jaunes : un mort, une colère et des questions
A peine commencée, la manifestation des "gilets jaunes" contre la hausse des prix du carburant a tourné au drame dès ce matin. Une manifestante est décédée après avoir été renversée par une automobiliste à Pont-de-Beauvoisin. Prise de panique, la conductrice a accéléré alors que des manifestants tapaient sur sa voiture. Altercations, tensions avec les forces de l’ordre, accidents de la route sur les points de blocage : des incidents en série ont ensuite émaillé les manifestations dans le reste de la France. A la mi-journée, le ministère de l’Intérieur a fait état de 47 blessés dont trois graves. 24 personnes ont également été interpellées et 17 placées en garde à vue. Quelque 124 780 manifestants seraient mobilisés en ce moment à travers plus de 2 000 rassemblements. Cette mobilisation, née sur les réseaux sociaux, incarne aujourd’hui le ressentiment de la population périurbaine, lassée des politiques fiscales de l’Etat qui impactent son pouvoir d'achat. Une position également partagée par l’opposition. Alors que le mouvement des "gilets jaunes" semble échapper aux syndicats et aux partis, certaines personnalités politiques ont affiché leur soutien. Lors d’un rassemblement dans la région Auvergne Rhône-Alpes cet après-midi, Laurent Wauquiez a défendu un "mouvement qui vient de tout le monde" et espère que "le président de la République va les entendre". Jean-Luc Mélenchon a quant à lui salué "un immense moment d'auto-organisation populaire". Si elle n’est pas présente sur le terrain aujourd’hui, Marine Le Pen a martelé que "le Rassemblement National soutient de tout son cœur, de toute sa raison" les "gilets jaunes". Nicolas Dupont-Aignant, également très investi, n’a pas hésité à distribuer des tracts lui-même, appelant aux blocages dans toute la France "pour que l’Elysée entende la colère légitime des Français". Les "gilets jaunes" sont-ils les nouveaux "bonnets rouges" ? Alors que de nombreuses manifestations ont actuellement lieu dans toute la France, ce mouvement n’est pas sans rappeler celui de 2013, plus identitaire. Né en Bretagne, dans une région marquée par des plans sociaux à répétition, il avait un objectif précis : mettre fin à l’écotaxe. Cette mesure prévoyait de taxer les poids lourds en installant des portiques sur certains tronçons routiers. Face à la mobilisation massive des "bonnets rouges", le gouvernement avait finalement reculé et décidé de suspendre l’écotaxe en 2013, avant de l’abandonner complètement en 2016. Un succès pour les manifestants, une perte colossale de trois milliards d’euros pour l’Etat. Aujourd’hui, le combat des "gilets jaunes" est différent mais repose sur un point commun : le rejet d'une fiscalité verte pesante et le cri de colère d’une France "périphérique" qui se sent délaissée par le gouvernement. Le mouvement des "gilets jaunes" va-t-il continuer après les manifestations ? Quelle sera la réponse de l’exécutif ? Les "gilets jaunes" auront-ils le même succès que les "bonnets rouges" en 2013 face au gouvernement ?
Première diffusion : 17 novembre 2018
S18 E89 • Gilets jaunes : fiasco à Matignon ?
Si le gouvernement tablait sur un essoufflement de la mobilisation des gilets jaunes et un ras-le-bol de l’opinion, c’est l’inverse qui se produit. A la veille d’une nouvelle journée de mobilisation nationale, le mouvement protéiforme maintient la pression, galvanisé par le soutien de trois Français sur quatre d’après les derniers sondages. Des manifestants, censés représenter les gilets jaunes, devaient d’ailleurs être reçus ce vendredi après-midi par Édouard Philippe à Matignon. Mais cet entretien - qui devait marquer le point d'orgue de deux jours de rencontres pour organiser la "grande concertation" qui a été annoncée par le chef de l’État dans les régions au cours des trois prochains mois - a tourné court. Édouard Philippe ayant refusé que l'entretien soit retransmis en direct, l’un des deux gilets jaunes présents à Matignon a quitté la réunion . A l’issue de cette rencontre, le Premier ministre a décrit un "débat sérieux, utile, franc et intéressant" où il a été beaucoup question de "pouvoir d'achat". "La porte de Matignon restera toujours ouverte" si "les gilets jaunes désignent des représentants" a-t-il assuré. Un peu plus tôt depuis Buenos Aires où il est en déplacement pour le sommet du G20, Emmanuel Macron avait répété entendre "la colère légitime, l’impatience et la souffrance d’une partie du peuple qui voudrait vivre mieux". Tout en ajoutant vouloir y répondre par "des décisions supplémentaires dans les semaines et les mois à venir" mais qui "ne seront jamais des reculs". L’heure n’est donc pas aux annonces. L’exécutif tente toujours de renouer le dialogue avec les contestataires tout en maintenant le cap de ses réformes. Une méthode qui est contestée par l’opposition et au sein même de la majorité. François Bayrou a ainsi mis en garde ce matin le gouvernement : "Je ne crois pas aux solutions simples et qui résolvent tout" mais pour l’instant, les réponses apportées étaient "soit insuffisantes, soit pas encore trouvées". "À un moment on ne peut pas gouverner contre le peuple" a averti le patron du MoDem. François Hollande qui est allé hier à la rencontre des manifestants en Ardèche a lui conseillé aux gilets jaunes de "continuer à prendre la parole" pour "que ça puisse déboucher, parce qu'il faut que ça débouche" a conclu l’ancien président. Les gilets jaunes entameront ce samedi l’"acte 3" de leur mobilisation et retourneront défiler sur les Champs-Élysées à Paris. Le ministre de l’Intérieur a annoncé que les Champs-Élysées seraient ouverts aux piétons, comme le demandaient les gilets jaunes. Mais pour éviter les violences de la semaine dernière, "on va mettre sera en place un périmètre contrôlé sur tous les accès des Champs-Élysées. Les personnes seront systématiquement fouillées, il y aura des contrôles d'identité et de la vidéo-surveillance" a-t-il expliqué. Alors que va-t-il se passer demain sur les Champs-Élysées ? Quel avenir pour le mouvement des gilets jaunes ? Quel est son impact économique ? Comment sortir de la crise ?
Première diffusion : 30 novembre 2018
S18 E95 • Gilets jaunes : alerte rouge sur l’économie ?
A la veille d’une nouvelle mobilisation nationale des "gilets jaunes", les responsables politiques et syndicaux multiplient les appels au calme tandis que l'inquiétude grandit chez les acteurs économiques affectés par le mouvement. S'il est encore trop tôt pour avoir des estimations précises de l'impact sur la croissance, Bruno Le Maire a estimé lundi que les perturbations liées à la mobilisation des "gilets jaunes" exerçaient un "impact sévère" et "continu" sur l'activité économique, avec des pertes de chiffre d'affaires significatives dans différents secteurs, dont la grande distribution, la restauration, ou encore chez certains artisans et commerçants de proximité. "Les blocages que notre pays connaît ont déjà eu des conséquences extrêmement négatives pour le commerce", relève ainsi la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Magasins bloqués ou fermés, baisse de la fréquentation par les clients qui ne peuvent plus circuler, livraisons impossibles du fait du blocage des entrepôts, rupture sur de nombreux produits, blocage des pompes à essence… La FCD avance avant l'acte IV de ce samedi des pertes supérieures au milliard d'euros pour les trois premiers week-ends de blocage (-35 %, - 20 %, entre – 20 et – 25 %). Le secteur du tourisme accuse également le choc. Les images des violences urbaines à Paris qui ont fait le tour du monde depuis samedi, en particulier les actes de vandalisme à l’Arc de Triomphe ou l’incendie de véhicules près des grands magasins, risquent de peser sur l’industrie du tourisme qui avait retrouvé des couleurs après les attentats de 2015. À Paris, les hôteliers et les restaurateurs déplorent déjà une baisse de leur chiffre d'affaire : 35.000 nuitées ont été annulées pour décembre depuis le début du mouvement. Plus largement, selon les professionnels du secteur de l’hôtellerie "il y a un coup d’arrêt sur les réservations pour les fêtes de fin d’année, qui reculent de 10 à 15 % par rapport à l’an dernier". Le blocage des routes et des autoroutes qui est l’un des moyens d’action privilégié des "gilets jaunes" n’est également pas sans conséquences sur d’autres acteurs économiques. Depuis le 17 novembre et le début des manifestations, les entreprises de transport routier de marchandises (TRM) et de logistique ont estimé lundi à 400 millions d’euros les pertes d’exploitation subies. L’Association nationale des industries alimentaires (Ania) a également tiré la sonnette d’alarme en affirmant que les pertes du secteur pourraient s’élever à 13,5 milliards d’euros. Pour tenter de calmer la fronde des "gilets jaunes", Édouard Philippe a annoncé mardi plusieurs "mesures d'apaisement" : la suppression de la hausse des taxes carburant pour 2019 et le gel "pendant l’hiver" des tarifs du gaz et de l’électricité. Des mesures qui vont évidemment peser sur les engagements budgétaires d'Emmanuel Macron. La suspension, pendant six mois, de la hausse des taxes sur les carburants va coûter 1,5 milliard d'euros. La facture pourrait donc atteindre 3 milliards d'euros en 2019… Date à laquelle, le déficit devait déjà remonter tout près de la barre des 3 %, à 2,8 %. Mais le niveau de croissance, impactée par le mouvement des gilets jaunes, pourrait encore aggraver les choses en s'avérant inférieure aux espoirs du gouvernement (1,7 % en 2018 et 2019). Alors quelles seront les conséquences économiques de cette crise des gilets jaunes ? Franchir le seuil des 3 % de déficit public imposé par Bruxelles aurait-il des conséquences graves ? Une procédure pour "déviation sérieuse" peut-elle être déclenchée ? Quelles sanctions financières ? Quel impact sur l’emploi ? Le Medef a-t-il raison de parler "d'état d'urgence économique"?
Première diffusion : 7 décembre 2018
S18 E101 • Gilets jaunes : l'appel au clame de Macron
Y aura-t-il demain un "acte V" du mouvement des gilets jaunes ? Un mois après le début de la mobilisation et alors que se prépare une nouvelle journée nationale de manifestations, le gouvernement multiplie les appels à ne pas y participer. La menace terroriste et les dernières annonces de l’exécutif sont deux bonnes raisons de se montrer "raisonnables", selon Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. C’est le message que font également passer l’ensemble des partis politiques et des syndicats, mis à part la France Insoumise. Sous pression, les gilets jaunes se divisent entre les partisans d’une poursuite des manifestations et ceux qui les enjoignent à ne pas descendre dans les rues. Parmi les figures du mouvement, Jacline Mouraud demande "une trêve". "Il y a des avancées, une porte ouverte (…) On a une économie qui s’effondre, des commerçants prêts à mettre la clé sous la porte, on ne peut pas se rendre responsables d’une multitude de dépôts de bilan", estime l’une des porte-parole des "gilets jaunes libres". À l’inverse, pour Éric Drouet, l’un des leaders de la contestation, "il ne faut pas lâcher maintenant. Il en va de notre futur". Si rien n’indique pour l’instant sur les réseaux sociaux une volonté de suspendre la mobilisation, l’adhésion au mouvement a considérablement diminué dans l’opinion, d’après les sondages. Ainsi, alors que 72 % des Français soutenaient encore la mobilisation il y a une semaine, ils ne seraient plus que 46 % à souhaiter sa poursuite, selon une enquête d’OpinionWay. Alors à quoi faut-il s’attendre demain ? Y aura-t-il beaucoup de manifestations et dans quel climat ? Comment l’Elysée aborde ce samedi ? Quel est l’avenir du mouvement ? Un rapprochement entre les gilets jaunes et les syndicats est-il possible ?
Première diffusion : 14 décembre 2018
S18 E107 • Carlos Ghosn : la descente aux enfers
Nouveau rebondissement dans l’affaire Carlos Ghosn. Le parquet de Tokyo a de nouveau placé le PDG de Renault en état d'arrestation ce vendredi l’accusant cette fois "d'abus de confiance aggravé". Cette nouvelle arrestation est liée aux pertes subies au moment de la crise des subprimes de 2007-2008 par la société gérant la fortune de l’industriel. Ces pertes, d’un montant de 1,85 milliard de yens (14,5 millions d’euros), auraient été imputées en octobre 2008 à la comptabilité du constructeur Nissan, ce que Carlos Ghosn nie. Ce nouveau placement en garde à vue de l’ex-PDG de Nissan survient alors que sa libération sous caution était envisagée. Après plus d’un mois en détention, le tribunal de Tokyo avait en effet rejeté hier, une requête du parquet de prolonger de dix jours sa détention, ouvrant la voie à une libération sous caution. Le parquet avait fait appel, en vain. Pour Carlos Ghosn, arrêté le 19 novembre dernier et inculpé le 10 décembre pour avoir omis de déclarer l'intégralité de sa rémunération chez Nissan de 2010 à 2015, c'est donc une nouvelle séquence qui s'ouvre sur le front judiciaire. Car au Japon, un suspect peut être placé en détention de manière répétée dans une même affaire pour des accusations différentes. Cette pratique permet ainsi de détenir un suspect pendant des mois et de l'interroger sans la présence d'un avocat. Ce nouvel épisode dans cette saga judiciaire risque fort d’alimenter les questions et les critiques à l’égard du système judiciaire nippon. D’autant que pendant ce temps, l'alliance Renault-Nissan est dans la tourmente. Les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors ont déjà révoqué à l'unanimité Carlos Ghosn de la présidence de leurs conseils d'administration. De son côté, le groupe français Renault l'a maintenu jusqu'à présent à son poste et a confié "à titre provisoire" la direction exécutive à son numéro deux Thierry Bolloré. Alors de quoi Carlos Ghosn est-il précisément accusé au Japon ? De quelle manière cette affaire va-t-elle peser sur l’avenir de l’alliance entre Renault et Nissan ? Le premier constructeur automobile mondial peut-il survivre à la chute de son patron ?
Première diffusion : 21 décembre 2018