Hank Maudit ?
Il n'est pas évident d'écrire sur Californication tant la série suscite chez moi des sentiments contradictoires. Aussi, commençons peut-être par ce qui m'apparaît comme positif : -La série est...
le 27 juil. 2013
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Saison 1 :
Ce qui frappe avec "Californication", c'est qu'il ne s'agit "que" l'adaptation des films de Blake Edwards ; il suffit de se remémorer "L'Amour est une Grande Aventure" pour identifier ici les thèmes du grand Edwards : panique de l'artiste devant la panne d'inspiration, conflit permanent avec la merchandisation de masse typique de L.A., mais incapacité chronique à construire quoi que ce soit de solide dans sa vie sentimentale, et bien sûr, amour quasi-obsessionnel pour les femmes. Les deux vrais "plus" de la série sont un Duchovny absolument parfait, et une liberté de ton, volontiers provocatrice (excellents dialogues, situations scabreuses à souhait), à laquelle Edwards ne pouvait prétendre à l'époque. Par contre, il y a une vraie déception devant la reculade conformiste qui s'opère dans la dernière partie, avec un flux immodéré de bons sentiments, une certaine crainte à laisser se déchaîner le chaos (voir la scène finale du mariage, décevante !) et la concession d'un happy end totalement improbable, véritable balle dans le pied. [Critique écrite en 2008]
Saison 2 :
Si l'on passe outre 2 moments-clé complétement ratés du scénario (les 2 séparations entre Hank et Karen, nécessaires à l'intrigue mais totalement injustifiés du point de vue de la cohérence des personnages), cette 2ème saison de "Californication" est un vrai bonheur : des dialogues hilarants débités à la mitraillette, des situations obscènes à la pelle (on regrette la pudibonderie des images, si le sexe pouvait être représenté plus frontalement, "Californication" toucherait au chef d'œuvre...), des acteurs vraiment inspirés (la palme revenant bien sûr encore à Duchovny, immense de classe et de désespoir élégant)... Et là où on enterre largement la 1ère saison, c'est par un scénario offrant à Hank un alter ego fascinant - le flamboyant et touchant Lew Ashby - et équilibrant le film, tout en l'approfondissant psychologiquement (effet d'écho, de fascination-compétition entre ces deux hommes-enfants). De plus, Tom Kapinos et sa bande n'ont plus peur ici d'offrir aux femmes de leur histoire - toutes superbes - de vraies scènes, contre-balançant émotionnellement la superficialité égoïste des mâles. [Critique écrite en 2010]
Saison 3 :
La 3ème saison de l'adorable série "Californication" pèche un peu trop visiblement par rapport aux deux premières en termes de scénario et de fil conducteur : pas de vraie grande idée ici, le concept de "l'enseignement", a priori pourtant fertile, pourvu qu'on ait envie de réfléchir sur la transmission de l'expérience, est traité avec trop de paresse de la part des scénaristes pour nous convaincre. Pourtant, grâce à d'excellents seconds rôles (Kathleen Turner, renversante ; Rick Springfield, hilarant dans son propre rôle...) et à de beaux pics d'énergie - l'extraordinaire, Blake-edwardsien, "The Apartment" - "Californication" continue régulièrement à nous enchanter, à nous faire rire, voire même à nous faire verser une petite larme : le dernier épisode, "Mia Culpa" atteint ainsi des sommets inédits (pour une série surtout brillante de par sa légèreté et son cynisme) de désespoir, et clôt la saison avec une noirceur inattendue. [Critique écrite en 2011]
Saison 4 :
Comme nombre de séries plus prestigieuses même, "Californication" semble subir de plein fouet l'épuisement de son thème, que les scénaristes peinent à renouveler : hormis de truculents personnages secondaires (cette fois, c'est Rob Lowe, étonnant, qui s'y colle...) et la montée en puissance du délicieux couple Marcia - Runckle, les péripéties de la vie sexuelle et amoureuse de Hank Moody commencent à faire long feu, et le personnage incarné - dans tous les sens du terme - par Duchovny est devenu progressivement beaucoup moins intéressant et amusant, et largement plus irritant : car au final, il nous faut à nous, spectateurs beaucoup de patience, d'indulgence même pour accepter le spectacle éternellement répété des mêmes erreurs, des mêmes errements. S'il y a encore dans cette saison quelques belles scènes délirantes (le singe et la pendaison, la partie de golf), on peine à s'intéresser à une nième "partie de jambes en l'air" de Hank Moody dont on sait que l'issue sera catastrophique, comme toujours. Si l'on ajoute que, cette fois, la conclusion de la saison est d'une faiblesse insigne, on se pose forcément des questions quant à la poursuite de cette aventure. [Critique écrite en 2012]
Saison 5 :
Peut-être parce qu'on avait été un peu déçus par la quatrième saison de notre très chère "Californication", on doit admettre qu'on a pris beaucoup de plaisir à cette cinquième livraison, même s'il est clair que tout cela ronronne un peu, et que les scénaristes nous servent exactement la même recette, avec quelques variations mineures : l'éternelle histoire d'amour entre Hank et Karen, qui recommence toujours quand elle semble définitivement comprise, la confusion mentale de Hank entre ses propres faiblesses et ses principes quant à l'éducation de sa fille, le chaos perpétuel de la vie de l'ineffable Charlie, la confrontation de Hank à d'autres "lui-mêmes", cette fois en la personne du fiancé de sa fille, irritant et diabolique, l'apparition de personnages secondaires flamboyants, avec cette fois-ci RZA en rapper paranoïaque... Bref, pas une idée nouvelle, mais une exécution toujours élégante, voire de temps à autre irrésistible. On sera cette fois un peu déçus par la faiblesse de la vision très stéréotypée du monde du hip hop, pas très drôle au demeurant, et l'absence d'un ou deux "grands épisodes" de chaos général (l'héritage Blake Edwards, qui nous est si cher, rappelons-le !). Par contre, toujours plus frontalement sexuée, sans doute aussi un peu moins cynique dans cette saison, "Californication" semble s'approcher d'une certaine vérité de ses personnages, qui transcende le savoir faire des scénaristes : il y a une sorte d'émotion "non feinte" qui se dégage de certaines scènes triangulaires entre Hank, Karen et Bates, qui surprend,... et touche au coeur. Avouons aussi que le très beau dernier épisode et sa conclusion désespérante - sur "A Day In The Life" de Lennon / McCartney - a tout de la conclusion parfaite de la série, de ces fins idéales que tous les scénaristes recherchent. Ah bon, il y aura une Saison 6 ? [Critique écrite en 2012]
Saison 6 :
La fin de la cinquième saison aurait pu être une conclusion idéale à une série qui ressasse les mêmes idées (pas stupides, certes) et le même humour (qui en irrite certains, mais est quand même assez irrésistible, avouons-le, avec ce mélange de grossièreté et de finesse difficile à atteindre, sans même parler de maintenir le niveau aussi longtemps) depuis 2007. Malheureusement, cette saison 6 existe, et elle démarre horriblement mal, avec notre cher Hank au plus bas (ce qui n'est ni drôle, ni même touchant, juste ennuyeux), avant d'explorer un autre univers, celui du Rock des dinosaures cocaïnés (Marilyn Manson est là, assez pathétique, mais heureusement Steve Jones fait le taff en road manager irrascible). La caricature, pour être drôle, est cependant par trop grossière pour tenir la route pendant 12 épisodes, et on frôle régulièrement la consternation, malgré quelques scènes réussies : cette fois, c'est le voyage en avion privé qui remporte la palme du meilleur hommage à Blake Edwards... Le pire est quand même que, dans leur affreuse logique de "non-évolution" des personnages, les scénaristes loupent cette fois la sortie de Hank, qui refuse contre toute logique un avenir pour une fois lumineux (Faith la bien nommée, meilleur personnage féminin de la série depuis longtemps...) pour retomber dans son éternelle culpabilité de mauvais (ex) mari et mauvais père. Une fin catastrophique qui anihile dans notre mémoire les quelques explosions délirantes (too much, too much) qui nous avaient permis de supporter cette saison "de trop". [Critique écrite en 2014]
Saison 7 :
Comme trop de séries qu'on a aimées un temps et qui se sont perdues dans la dernière ligne droite, "Californication" fait donc le faux pas qui tue dans cette dernière saison qui semble contredire tout ce qui faisait l'intérêt et l'essence de la série. Car outre le happy end qu'on craignait depuis longtemps, on voit ici Hank renoncer à ses obsessions - y compris artistiques - pour devenir un bon papa et donc ce bon mari si longtemps attendu. On voit Marcy et Runkle refuser (par romantisme, pudibonderie, etc.) de succomber à "une proposition indécente", soit une décision "morale" complètement incohérente par rapport à la vérité de ce couple pourtant passionnément construit au cours des saisons précédentes. Le plus symptomatique est de voir les scénaristes s'évertuer à désamorcer la fameuse scène blasphématoire de la fellation dans l'église,ce qui est d'une lâcheté inadmissible pour une série qui se voulait un temps provocatrice. Ajoutons qu'on ne rit guère tout au long de la saison, que la critique de la série TV - qui aurait pu permettre de mettre en perspective le travail de "Californication" - est superficielle et donc futile, et que le personnage pourtant capital du fils est tiré vers le bas par une très mauvaise interprétation. Bref, on est face à une catastrophe complète, qui dévalorise gravement une série qu'on aimait pourtant bien. [Critique écrite en 2015]
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Créée
le 12 sept. 2014
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