Tombstone Blues.
Je dois avoir pas loin de seize ans vu qu'on vient de se manger le tant attendu passage à l'an 2000, je suis affalé devant ma télé à tube 4/3 qui commence à montrer de sérieux signes de fatigue du...
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le 10 oct. 2016
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« Bienvenue à bord du Bebop.
Vous ne le savez pas encore, mais vous allez vivre une aventure extraordinaire. Et vous allez la vivre avec cinq personnages de fictions parmi les plus énigmatiques, charismatiques et drôles que vous ayez eu la chance de rencontrer.
Je vous présente Spike Spiegel, le chasseur de prime le plus badass de l'univers, homme complexe à la recherche de sa Julia, blasé, nonchalant, mais toujours en maîtrise, Strangelove l'a si bien dit dans sa critique : il faudrait un texte entier rien que pour décrire cet homme fascinant.
Jet Black, non moins badass, être délicat et doux sous une allure d'ours.
Faye Valentine, les adjectifs pour la qualifier sont innombrables : égoïste, profiteuse, joueuse, aguicheuse, mutine, nihiliste, amnésique, sexy à en mourir, dotée de capacités surprenante et dont le cynisme n’a rien à envier à celui de Spike, mais au fond si... Sensible et charmante. Si, si.
Edward Wong Hau Pepelu Tivrusky... -oui bon, Ed c'est très bien- jeune fille au nom de garçon, pleine d'énergie, pétillante et accessoirement hackeuse de génie, capable de tout faire avec une connexion internet, comme si c'était un jeu ; et enfin le chien le plus adorable et intelligent DU MONDE : j'ai nommé Ein, le Welsh Corgi.
Avec eux, vous allez vivre une renouvellement narratif et graphique rarement atteint dans une série. Chaque épisode sera un florilège d'ambiances, de surprises ; pur concentré d'action, d'humour et de poésie.
Vous allez rêver. Rêver devant ce mélange de genres si abouti qu'il en devient un à part entier, inimitable. Visuellement, la direction artistique osera tout, sans jamais tomber dans le mauvais goût.
Vous serez étonné de l'éclectisme des influences cinématographiques (notamment des années 60/70), captées et retranscrites avec une justesse impressionnante.
Vous aurez parfois le vertige devant le vide, l'infini spatial qui s'offrira à vous, magnifiquement présenté, d'autre fois vous serez atteint de claustrophobie dans d'étouffants vaisseaux ou face aux âmes torturées que vous croiserez.
Pas une seconde vous n'allez vous ennuyer. Vous allez en voir de toutes les couleurs et ne saurez rester indifférent. Vous aurez sûrement le sentiment étrange d'assister à une forme de perfection ; c'est faux : les ficelles narratives seront parfois un peu facile, voire tirées par les cheveux, et puis... c'est tout. Dans sa catégorie, Cow-Boy Bebop est l'image qu'on peut se faire de la « perfection » -si tant est que ce mot aie le moindre sens.
Le voyage sera musical, oh oui ! La musique sera excellente, bien dosée, elle fera l'amour avec l'image et vous laissera contemplatif, l'histoire deviendra presque secondaire. Il serait peu dire que la musique sera appropriée. Elle collera parfaitement à la série, fera partie intégrante de sa sève. Le dessin lui-même semblera fait de la même ancre que les notes, composition monumentale d'un space opéra sans limites, orchestré sans bavures.
Et ce parce que le brillant Shin'ichiro Watanabe a eu la bonne idée de laisser carte blanche à Yoko Kanno, compositrice de talent, qui a pu créer en toute liberté sa bande son sans trop se soucier de l'anime ; elle a ainsi pu développer les thèmes à son idée, déviant vers le Funk et le Brass Band, en rupture avec l’œuvre destinée ; vous allez le ressentir : la manière dont sa musique a été intégrée aux scènes que vous allez découvrir est parfois déroutante, sans jamais dissoner. De plus elle a enregistré avec le groupe The Seatbelts au studio de monsieur Rudy Van Gelder (!) … Excusez du peu.
Cow-Boy Bebop ne s'encombrera pas de Cliffhangers, elle n'en aura pas besoin : elle a la classe, celle qui fait qu'on y retourne naturellement. Ce n'est pas du soap, c'est de l'art.
En revanche, après chaque générique de fin, des voix-off de personnages annonceront le prochain épisode en adoptant son ton ou celui du précédent. Et ça, c'est idéal.
De plus, malgré la profondeur des caractères, ils ne dévoileront jamais leurs sentiments. Vous devrez deviner leurs états-d'âmes selon leurs attitudes, leurs actes, leurs mots, comme on le fait avec nos amis. Vous ne serez jamais dans leur tête, vous vivrez leurs épopées avec eux et les interpréterez comme vous voudrez.
Car c'est une épopée que vous allez vivre. C'est le mot le plus juste qui puisse désigner le voyage qui vous attend.
À force, vous reprendrez confiance envers l'humanité car si comme dans la série elle comporte son lot d'incompréhensions, de pénibilité et de diverses souffrances, elle contient une beauté qu'on ne peut renier sans être de mauvaise foi ; si des séries comme celle-ci peuvent exister, c'est que nous en valons la peine.
Au bout de seulement 26 épisodes, vous aurez l'impression d'avoir vécu une histoire immensément dense et riche, alors qu'une poignée d'entre eux seulement suivent une trame, n'utilisant que quelques flash-back et phrases clés. Vous en apprendrez plus sur l'équipage au fur et à mesure que votre attachement envers eux augmentera.
Enfin, vous arriverez à destination et, après un final épique, vous devrez vous séparer de ce monde de science-fiction captivant et incroyablement cohérent dans ses moindres détails. Vous serez contraint d'abandonner ce frisson unique, cette écriture aux petits oignons, cet humour jamais lourd.
Vous réaliserez que pas un épisode, pas un seul, n'aura été inférieur ou inintéressant. Vous vous rappellerez distinctement la plupart d'entre eux avec la clarté des souvenirs précis et marquants de votre propre vie !
Et vous serez triste. Vous aurez le blues, l'envie d'épiloguer, de vous épandre en louanges sur l'une des plus divertissantes, subtiles... bref, l'une des meilleures œuvres d'art que vous ayez jamais connue.
I think it's time we blow this scene.
Get everybody and the stuff together.
OK.
3,2,1, Let's jam... »
Voilà ce que j'aurais aimé qu'on me dise pour me prévenir, avant de lancer le premier épisode de ce chef-d’œuvre. Cela m'aurait préparé moralement à vivre ce voyage si intense, si beau, si fort. Mais je n'étais pas prêt, parce que comme dans la vie on ne l'est pas toujours, et ce n'est peut-être pas si mal.
Cow-Boy Bebop m'a emporté, comme un tourbillon, m'a parfois fasciné, parfois fait rire, puis pleurer, parfois un peu tout en même temps ; et le « Real Folk Blues », après la fin, c'était aussi le mien. Quel choc. Quel pincement au cœur. Quelle fin dure et belle à la foi. Cette série est sans pitié, elle ne ménage pas son spectateur. Je ne m'attendais pas à être aussi malmené. Mais semblable à un être (Julia...) qu'on aime inconditionnellement, je ne lui en veux pas. Elle a fait ressortir en moi un panel d'émotions riches et variées, qui comme l'amour valent mille souffrances pour les avoir vécues un peu.
Que tu le veuilles ou non,
You're gonna carry that weight...
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Créée
le 17 sept. 2015
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