Si vous cherchez une série feel good pour vous détendre et ne pas réfléchir, choisissez-en une autre. Si pour apprécier une série, vous avez besoin d’avoir toutes les clés en main dès le départ pour tout comprendre ce que vous regardez, ou si vous avez du mal à suivre des événement sur plusieurs temporalités, Dark n’est probablement pas adapté pour vous. Ici, les informations sont données au compte-goutte, petit à petit, tout au long des trois saisons. Bien-sûr des éléments permettent de faire des déductions et les liens entre les personnages s’éclaircissent au fur et à mesure. On sent que l’oeuvre a été écrite en trois saisons. Elle est à prendre dans sa globalité, et presque tout trouvera une explication. Le scénario global présente une belle cohérence.
Au début, il faut fournir un effort pour se repérer, se rappeler et situer beaucoup de visages. Néanmoins, je trouve le casting particulièrement bien choisi, c’en est impressionnant ! On reconnait les personnages qu’on suit à différents âge alors que les acteurs ne sont pas les mêmes. Bien-sûr des particularités telles qu’une cicatrice peuvent aider mais les traits des visages eux-même présentent des similitudes. De plus, je trouve que les acteurs et actrices jouent bien, ils arrivent à nous transmettre beaucoup d’émotions avec toute l’intensité et la complexité que leur impose le script.
La réalisation, les choix de plan et les musiques aident également à se plonger pleinement dans l’ambiance pesante de la série et dans les pensées des personnages.
Le titre aurait dû me mettre la puce à l’oreille, mais qu’est-ce que c’est sombre.
Ha ha ! C’est un rire nerveux. Rire obligatoire par moment tellement le désespoir et la tristesse sont omniprésents. Notamment lorsque Jonas déballe tout ce qu’il a sur le coeur à sa grand-mère. C’est si incongru, si désemparant, si dramatique que j’ai dû rire pour mieux respirer. Tout ce que Jonas doit digérer comme information à ce moment-là et tout ce qu’il devra encore endurer dépassent de loin ce qu’un humain devrait subir.
Aucun personnage n’est épargné. Aucun n’a une vie heureuse.
La saison 2 atteint des summum d’émotions négatives avec le poids d’une fatalité si terrassante que je n’arrivais pas à décrocher de cet état de profonde tristesse même en dehors du visionnage. J’en venais à penser « Quelle merde ! ». Absolument pas par rapport à la qualité (oui c’est bien écrit, bien réalité, bien interprété), mais parce si toute cette misère conduit à une boucle éternelle de souffrance peu importe les choix effectués par celui que l’on suit, et si les personnages eux-mêmes participent à maintenir ces horreurs, alors à quoi bon avoir écrit cette histoire, pourquoi diable infliger de telles atrocités à des personnages que l’on crée ?
J’avais enchainé les deux premières saisons, j’ai dû faire une petite pause avant d’attaquer la troisième et dernière pour me remettre de mes émotions. Pour être en état d’encaisser ce qui pourrait encore leur arriver en m’accrochant à un bien faible espoir que quelque chose puisse bien se terminer, même rien que pour une personne, qu’au moins un moment de bonheur soit accordé à l’un de ces personnages noyés dans l’obscurité la plus totale.
Pour cette dernière saison, une nouvelle dimension est ajoutée à l’intrigue.
Nous sommes passés de « la question n’est pas où mais quand » à « la question n’est pas à quelle époque mais dans quel monde ». En parallèle du monde d’Adam, il y a celui d’Eva, étroitement liés, totalement imbriqués autours d’événements et de personnages clés.
Dans cette saison sont rejoués certains moments importants vus au cours des deux premières saisons, mis en scène avec d’autres personnages ou dans un autre contexte. Tout concorde, les derniers personnages autours desquels planaient le mystère sont identifiés. Lors des derniers épisodes il subsiste une ultime chance de mettre un terme à cette désolation éternelle. Sans spoiler (même s'il faut vraiment vouloir l’être pour avoir lu jusqu’ici sans avoir vu la série ^^), j’ai bien aimé la fin. Elle clôt l'ensemble correctement.
Elle me permet une certaine forme d’apaisement. Alors oui tous les personnages qu’on connaissait sont morts ou n’ont jamais existé ça dépend du point de vue, mais au moins ils ne sont plus condamnés à une boucle infinie de souffrance. Et puis, il y a eu une fin heureuse pour quelques personnages, même si on n'a pas connu cette version d'eux-même. C’est d’ailleurs plaisant à la fin de se refaire l’arbre généalogique des différents personnages pour vérifier qui était lié aux voyages temporels ou non, et au final constater qu’il y a quasiment que ceux présents à table qui existent dans cette réalité. D’ailleurs, Regina est vivante et elle a probablement eu une belle vie, sa mère n'a jamais été directrice de l'usine donc probablement davantage présente pour elle et ses grands-parents n'ont probablement pas divorcé. Il subsiste deux petits mystères autours de cette table : on ne sait pas quel prénom a Katharina dans ce monde et ce qui est arrivé à l'oeil de Torben Wöller ! :p
En résumé, c’est une série intéressante à suivre avec un scénario qui tient la route malgré la complexité apparente qui aurait pu être source d'incohérences narratives. C’est sombre et dur émotionnellement, mais c’est plaisant de lier toutes les informations progressivement.
C’est pas dans toutes les séries qu’on peut dire que le perso principal a pour père un enfant qu’il a connu plus jeune que lui qui a lui-même pour père l’arrière petit fils de la demi-soeur de son propre fils. Dit plus simplement, l’arrière-arrière-arrière grand mère du perso principal est sa demi-soeur. Qui soit dit en passant a un autre enfant, un fils, qui lui est le père de la mère de sa femme avec qui il a eu cet enfant, ce qui fait que la fille est la mère de sa propre mère. Bref, on peut s’amuser à citer simplement un prénom ou à se refaire toutes les généalogies peu banales et c’est un bel exercice cérébral :p