Saison 1
"Fargo" est à mes yeux l'un des plus beaux films des frangins Coen et j'avais donc forcément pas mal d’appréhensions vis à vis de cette série avant de ma lancer.
La surprise en a été d'autant plus agréable qu'elle était...surprenante. Ambiance glaciale, ton cynique, violence en chaîne, personnages décalés. La série prend beaucoup au film dont elle est tirée tout en ayant son propre style, sa propre identité ce qui est une belle prouesse. J'ai eu le plaisir de savourer les même ingrédients que j'avais apprécié dans l'original sauf que là ils étaient cuisinés différemment et la dégustation s'étalait sur 10 épisodes.
Le personnage de Lorne Malvo, psychopathe et perturbateur professionnel qui va mettre toute une petite ville de péquenauds sens dessus dessous, m'a emballée de suite, à la fois inquiétant et hilarant il sème sa mauvaise graine partout où il passe et provoque instantanément le chaos dans l'existence du malheureux sur lequel il a jeté son dévolu. Celui de Lester constitue le parfait anti héros, la victime idéale, un pleutre, un pitoyable abruti pour qui on éprouve un brin d'empathie au début mais qui, par son caractère vénal et son attitude presque pédante, fini par devenir insupportable, au point que l'on commence assez vite à prendre un malin plaisir à le voir s'enfoncer toujours plus profond dans la mélasse.
Au final, malgré quelques questions restées en suspens, force est de constater que si l'élève ne dépasse la maître, il se hisse tout de même bien au delà de sa cheville! Bon scénar, bonne mise en scène, bons acteurs avec une mention spéciale pour Allison Tolman et Billy Bob Thornton même si le reste du casting n'est pas à négliger, bonne ambiance sonore avec le fameux thème du film qui flotte comme un écho tout au long de la saison avant de venir clore en beauté l'épisode final. Bref un très bon moment qui m'a laissé un petit vide en s'achevant mais qui a stimulé mon appétit pour la suite que j'imaginais du même niveau sinon meilleure...
Saison 2
J'étais donc en confiance totale quand je me suis lancée dans cette deuxième saison, d'autant plus que selon les critiques que j'avais lues par-ci par-là, elle surpassait la précédente.
Au bout du deuxième épisode, j'ai compris que je m'étais fait enfumer et que j'allais sans doute regarder les huit suivants pour le principe plus que par réel intérêt.
Dans l'ensemble j'ai trouvé ça très moyen, l'enchaînement des situations est moins subtilement amené que dans la saison 1 et même carrément tiré par les cheveux ce qui pour ma part a annulé tout effet comique.
La meuf qui rentre chez elle tranquille avec un mec entrain de crever à travers son pare brise, j'ai trouvé ça un peu gras. Son mari genre gros nounours tout sensible capable de passer un gars dans un hachoir à viande, j'ai trouvé que c'était assez improbable aussi. Et puis ce délire de soucoupes volantes, faudrait qu'on m'explique ce que ça fout là. C'est totalement hors sujet, Pis, ça ne sert en rien l'intrigue... N'importe quoi!
Même verdict pour les personnages, je n'ai adhéré à aucun d'entre eux. Encore une fois la subtilité est passée à la trappe et on a droit à un véritable festival de cabotinage avec son défilé de têtes à claques, entre Kristen Dunst qui en fait des tonnes pour coller à un rôle d’écervelée pas très adapté à son âge et Jeffrey Donovan, totalement ridicule, avec son perpétuel rictus grimaçant sensé faire quoi? Rire, peur? En ce qui me concerne ça m'a juste donné envie de lui défoncer copieusement la mâchoire à coups de pelle, mais passons...
Je n'ai pas cru à ce petit couple faussement niais, ni à cette famille de ploucs mafieux dont aucun membre ne se ressemble, ni à ce truand de Kansas City et ses deux clowns au look déjà-vu-quelque-part, ni à ce flic super vaillant avec sa raie de côté et sa femme zombie.
La maladie de cette dernière ayant d'ailleurs autant d'intérêt et d'influence sur le récit que l'apparition des OVNI, c'est à dire aucun!!
Et puis l'idée du split screen, c'est plutôt sympa au départ et une fois de temps en temps mais ça devient rapidement agaçant quand c'est utilisé à tort et à travers juste pour faire joli. Loin de la folie douce et toute en finesse des frères Coen, j'ai eu l'impression de me retrouver dans une parodie multi référencée et cartoonesque à la Tarantino (désolée Quentin il me fallait un exemple, c'est pas contre toi).
En gros, je n'ai pas retrouvé l'essence de Fargo Le Long, sa poésie, son authenticité, sa mélancolique sobriété et son humour pince sans rire que la première saison avait pourtant si bien su capter et retranscrire. Là j'ai trouvé ça trop démonstratif, trop foutraque, trop stylisé, trop incohérent... Hawley a voulu mettre les bouchée doubles pour cette deuxième saison mais à mon goût il aurait vraiment du s'en tenir à la recette originale. C'était si bon la première fois...
Je regarderai ce que la saison à venir proposera au menu mais je ne suis pas sûre d'être vraiment tentée de revenir pour le dessert après une indigestion aussi désagréable et inattendue.
Cela dit j'ai quand même envie de laisser 7 points de moyenne parce que la saison 1 était vraiment délicieuse!