Critique Saison 1: Cette série suit la vie d'un politicien manipulateur et machiavélique, Frank Underwood. Et contrairement aux autres séries qui donnent dans le drama réaliste et glacial façon Boss, ici, on voit l'envers du décor, ce que pense ce politicien, les ficelles qu'il tire, les plans qu'il manigance avec des résultats qu'on ne comprends que bien après, les faveurs qu'il obtient auprès de hauts fonctionnaires qu'il saura utiliser plus tard dans d'autres affaires, etc. Et dans chaque épisode, on comprends un peu mieux le personnage, l'univers de la politique et le thème central de la série : le pouvoir et la manière de l'obtenir.
House of Cards est certes un série politique qui critique l'amérique capitaliste et sa politique, c'est même un remake d'une série britannique homonyme des années 90, mais la vraie surprise de celle-ci est son casting emmené par Kevin Spacey, Robin Wright et Kate Mara. Cette série prend alors une autre tournure pour les sériephiles. Petit plus, Spacey a convaincu David Fincher de réaliser les trois premiers épisodes et d'être producteur. Une envie incroyable de voir cette série est alors arrivée car je suis un grand fan de Se7en.
Fincher et Spacey, bien aidés par un script dantesque, délivrent des performances à la hauteur de leurs réputations. Le premier installe brillamment la série avec un rythme et une ambiance qui n'est pas sans rappeler...Zodiac ou The Social Network. Le second arrive à convoquer en Underwood son personnage retors d'Usual Suspects et l'immoralité jouissive du patron odieux Buddy Ackerman dans Swimming With Sharks. Autant dire un nouveau dan à ajouter à sa ceinture d'Acteur Poids Lourd.
Manipulations, trahisons, sexe, drogue, tout y est traité et sans langue de bois ou compromis. La grande idée de cette nouvelle création est de laisser beaucoup de séquences au personnage de Spacey pour s'adresser...directement à nous, tandis qu'il prépare ses machinations. Ce qui aurait pu relever de l'artifice vite lassant est une idée de génie, tant l'interprète excelle dans son rôle difficilement qualifiable. Aphorismes lapidaires, piques de toutes sortes, hypocrisie hilarante. Underwood est un vrai politicien dans ce qui se fait de plus insolent et intelligent. Ce qui fait qu'on est pas toujours sur de comprendre directement ses actes quand on connait ses motivations. Mais c'est ce qui rend également cette série indispensable car bien peu portée sur le sentimentalisme et la simplification abstraite.
Les seconds rôles sont traités à pied d'égalité et prennent tous de l'importance à mesure que l'intrigue avance. Robin Wright est grandiose dans le rôle de Claire Underwood, qui ne se contente pas juste d'aider son mari, mais également d'essayer de reprendre vie. On peut également détacher Corey Stoll - une révélation- qui est pour beaucoup dans l'émotion qui transparait le long de la première saison. Kate Mara apporte également fraicheur et subtilité à son personnage de journaliste prise dans les rouages de la politique. Il y a également le discret mais impeccable Michael Kelly, dans le rôle de l'homme de confiance d'Underwood Doug Stamper. La série ne faiblit pas d'un épisode sur l'autre, arrivant à un degré d'excellence rare. Ce qui en fait une série à ne rater sous aucun prétexte !!!! => 9/10
Critique Saison 2: Après une excellente première saison qui aura fait magnifiquement le buzz et étendre le network Netflix, on s'attaque à la seconde saison où Frank Underwood continue ses talentueuses manipulations mais maintenant en tant que Vice-Président des Etats-Unis.
Il n'y aura pas de "chichis" ou de présentations dans cette nouvelle saison, on rentre directement dans le sujet dès le premier épisode qui est magistral. On est dans le même tempo que la première saison, on suit petit à petit les petites manigances des Underwood pour pouvoir asseoir leurs pouvoirs.
On est loin d'être déçu avec toujours sur ce scénario parfaitement orchestré où chaque petite parole a son importance. La trame continue sur certaines péripéties de la saison 1 avec Rachel, Zoé et Lucas. C'est d'ailleurs ces péripéties qui vont pimenter encore une fois la vie de Frank Underwood.
A côté d'eux, on peut compter sur Doug Stamper, le très bon Michael Kelly, qui va avoir encore plus d'importance dans cette saison avec la dissimulation de Rachel et les différentes incartades de Frank. On a aussi droit à un nouveau personnage secondaire intéressant, en la personne de Molly Parker, qui incarne la nouvelle Whip (l'ancien poste de Frank Underwood) Jackie Sharp. Comme dans la première saison, les seconds rôles sont très bien dirigés pour nous permettre de voir toute l'importance qu'ils ont dans le déroulement du plan des Underwood.
Bien entendu Kevin Spacey est une nouvelle fois fantastique dans son rôle, il joue magistralement avec le spectateur pour mieux l'embobiner et le mettre de son côté malgré ses nombreuses manipulations, le charme opère à merveille. Mais la vraie personne de cette saison est Claire Underwood joué avec tant de perfection par Robin Wright, il voit encore plus le poids qu'elle a sur Frank et quelle duo il forme, il partage à égal l'affiche sur cette saison et c'est ce qu'il fallait à la série.
Car au final cette saison ressemble un peu à la première dans son déroulement général, on sent plus les ficelles, on est moins surpris mais ça empêche d'être totalement conquis par la force de cette série politique qui joue avec la finesse pour mieux appâter le spectateur. Chapeau Beau Willimon !!! 8/10