Hydeusement bon (contrairement à mon jeu de mots)
Il y a des milliers de raisons qui font que je devais voir cette série. D'abord, Moffat. Un gros monsieur des séries anglaises. Ensuite, j'avais lu l'année passée justement le roman de Stevenson dont est inspirée cette série. Et puis les Anglais font des séries géniales. Et produisent un fantastique très particulier. Et le thème est fondamentalement intéressant. Et James Nesbitt. Enfin non, je l'ai découvert grâce à cette série, mais si l'on s'affranchit de notions aussi stupides que la prétendue linéarité du temps, il est évident que James Nesbitt m'a inévitablement conduit à cette série.
Il nous est tous déjà arrivé d'avoir l'impression d'être quelqu'un d'autre, de ne pas toujours être aux commandes de son propre corps, de pouvoir réaliser des exploits insoupçonnés dans un moment... d'oubli. Mais tout ça, ce n'est rien à côté du quotidien de Tom Jackman, qui partage effectivement son corps avec quelqu'un d'autre. Mr Hyde, impulsif, violent, vierge de toute forme de civilisation. La coexistence est difficile, mais nécessaire, et Jackman s'entretient avec son alter-ego au moyen d'un dictaphone et d'une assistante, seule à connaitre son secret. Car il cache un grand secret à Hyde: il a une famille. Il est prêt à tout pour que ce dernier ne découvre jamais les êtres qui lui sont le plus chers...
Avant toute chose, je dois dire que je suis franchement reconnaissant à l'équipe derrière cette série d'avoir produit un personnage cohérent vis-à-vis du roman. On a tellement l'habitude de voir Hyde représenté dans les films par des genres de montagnes de muscles difformes qu'on en oublie qu'il n'en est rien dans l'oeuvre originale. Si Hyde est bien différent physiquement de Jekyll, il n'en reste pas moins un être humain.
Il faut d'ailleurs souligner l'interprétation impressionnante de James Nesbitt, qui par quelques changements dans les mimiques et dans l'attitude corporelle (essentiellement, il y a aussi des changements physionomiques, du genre lentilles, talonnettes et postiches dans les cheveux, si je ne me trompe pas) parvient à suggérer une tout autre personnalité. Qu'il s'agisse de Jackman ou de Hyde, il parvient d'ailleurs à donner des interprétations percutantes et très contrastées. Il fallait oser le faire, en fait.
Et c'est l'une des choses que j'apprécie énormément dans cette série, et de manière générale dans la télévision anglaise: ils osent. Tout ce qu'ils ont envie de montrer, ils le montrent, avec la subtile pointe de mauvais goût britannique qui donne tant de relief à leurs fictions.
D'ailleurs, on retrouve le savoir-faire anglais télévisuel habituel: cadrage, lumière, bande sonore, jeu d'acteur, montage, même les effets spéciaux qui oscillent entre le parfaitement convaincant et le parfaitement ridicule. La qualité est au rendez-vous, il n'y a pas un seul instant où la série ennuie, malgré un rythme un peu aléatoire.
Sinon curieusement j'ai trouvé ça très proche par certains côtés d'Elfen Lied, un manga, pas seulement dans le scénario, mais également dans l'ambiance... On peut aussi faire des liens évidents avec La Part des Ténèbres de Stephen King, comme quoi l'inspiration vient de partout.
J'ai pris un pied d'enfer devant ce truc. Et je crois que ça a réveillé quelque chose en moi... ou quelqu'un.