Saison 1 :
"Life on Mars", réponse anglaise aux grandes séries conceptuelles US ("Lost", "Heroes"), ne s'en tire pas trop mal, avec son scénario malin, entre paradoxe temporel bien manié et hypothèses réalistes, et son mélange des genres typique de la série TV moderne : entre fiction mentale, polar classique, chronique hyperréaliste d'un Manchester archaïque et pauvre, et surtout mélodrame familial, "Life on Mars" ne choisit pas, et c'est tant mieux. Bien sûr, tout ici ne fonctionne pas : on ricane régulièrement devant le manque de crédibilité - et de moyens - de la partie "policière" (... à moins qu'il ne s'agisse d'un simple problème de décalage culturel avec de semblables fictions made in US), et, pire, on grimace devant une certaine tendance moralisatrice (l'épisode sur le hooliganisme et son couplet pro-foot). Reste une charge émotionnelle impressionnante, lorsque le héros forcément psychotique confronte ses souvenirs d'enfance à la réalité d'un passé qu'il est condamné à hanter sans pouvoir le changer. Dans ces moments-là, "Life on Mars" est brillant... [Critique écrite en 2008]
Saison 2 :
La seconde saison de "Life on Mars" relève brillamment tous les défis posés par la première : d'abord, avec l'épuisement des traumas familiaux de Sam Tyler dans les 8 premiers épisodes, trouver un nouveau thème central, qui sera celui, moins sentimental et sans doute plus classique, du conflit entre éthique et efficacité en terme de police ; ensuite, ajouter un niveau de complexité supplémentaire à l'intrigue "enchassée" entre les deux époques (1973 et 2006), qui conduit à un très beau et très perturbant dernier épisode, à la fois émotionnellement satisfaisant et intellectuellement excitant, concluant parfaitement une série presque exemplaire (on peut regretter les dernières minutes, adoucissant inutilement la cruauté de cette conclusion, mais qui cracherait sur un peu de "feel good" au sein d'une telle tempête ?). Finalement, "Life on Mars" démontre ainsi, par la réussite de son projet, ce qui est exactement en son centre : On peut rêver sa vie ! [Critique écrite en 2008]