Little Bird met en fiction le "Sixties Scoop" et ses conséquences tragiques sur ses familles brisées et ses enfants déracinées. A sa soirée de fiançailles, la jeune Esther, qui s’apprête à démarrer la fac de droit, se voit renvoyée par l’intolérance de sa belle-mère à son statut d’adoptée et « d’étrangère », elle la jeune native adoptée dans une famille juive rescapée de la Shoah. Ce choc fait resurgir des souvenirs, mis en parallèle dans la série avec les événements qui se produisent quand elle a cinq ans, où elle, son frère jumeau et sa sœur, sont retirées brutalement de la garde de leurs parents.Esther fouille son passé, et cherche surtout une place, elle qui ne semble ni appartenir à sa communauté d’adoption, ni se reconnaitre dans cette famille et ce peuple qu’elle a perdu. Sa quête identitaire soulève de nombreuses questions gênantes, auprès des services sociaux comme des familles adoptives. La série utilise son éventail de personnages, principaux comme secondaire, pour explorer les différentes facettes du drame de l’intégration forcée, entre brutalité policière et administrative, mauvais traitement, racisme, culpabilité, misère…Au-delà d’un constat de la cruauté systémique des dominants, la série s’attache à montrer la difficulté de reconstruction et de réconciliation, mais surtout une forme encore présente aujourd’hui d’impunité et d’un manque de justice criant. Si certaines séquences, notamment grâce au jeu des acteurs, sont subtiles et touchantes, la série possède cependant un aspect un peu trop didactique et démonstratif. Je regrette aussi qu’elle reste centrée sur l’aspect émotionnel et individuel, et ne cherche jamais à questionner plus en avant le système. Comme si tout n’était qu’une affaire d’individus, comme cette travailleuse sociale qui semble se repentir alors qu’elle travaille volontiers depuis 20 ans au service de l’intégration forcée. La rage que l’on peut ressentir devant les premiers épisodes semble s’éteindre sous une certaine résignation. En ce sens, je ne sais pas si la série apporte quelque chose, d’autant que son carton de fin, qui stipule qu’aujourd’hui encore beaucoup d’enfants natifs sont sous la garde des services sociaux, est plus militant que le série elle-même. La série reste finalement trop consensuelle, trop lisse, et aurait gagné à avoir un peu plus de conflit pour rendre justice à son sujet.