Oui, je l'avoue, Daredevil est un monstrueux coup de cœur. Tout le monde connaît Marvel, et Netflix s'impose de plus en plus dans le monde des sérivores, mais avec les films de la licence Marvel qui, bien que corrects et agréables, se conforment à peu près tous à un schéma classique (ce qui, au bout de la dizaine de films, devient un peu lassant et tue pas mal de suspense), on pouvait avoir peur d'avaler du déjà-vu. Que nenni !
Le pitch de base, comme tout Marvel qui se respecte, raconte l'évolution d'un Homme en super-héros et ses déboires. C'est un résumé grossier, mais l'idée est là. Nous suivons donc le séduisant Matt Murdock, avocat sans prétention le jour, Daredevil la nuit, aveugle de son état résidant à Hell's Kitchen, la précieuse ville dans laquelle il a grandi. L'inconvénient ? Il est aveugle. L'avantage ? Ses autres sens sont sur-développés.
Alors, qu'est-ce qui fait que cette série mérite la meilleure note, selon moi ?
Le rythme, probablement possible grâce au format Netflix qui propose tous les épisodes d'une saison d'un coup, ne cherche pas à attirer l'attention du spectateur en faisant des cliffhangers et des retournements de situation à tout va. Attention, je ne dit pas que c'est lent ! Au contraire, et vu la densité de l'épisode, on a le temps d'être émerveillé. On a l'impression que chaque moment est maîtrisé : rien n'est en trop, mais il ne manque rien non plus. L'histoire se suit toute seule, nous happant dans les méandres de Hell's Kitchen pour nous recracher, cinquante minutes plus tard, totalement sur le charme. Il ne reste plus qu'à regarder l'épisode suivant !
Les thèmes abordés, que ce soit de façon plus ou moins transparente, sont sondés sous des angles différents, et voilà qu'on a droit à de réelles discussions à propos de la religion, la justice, le système judiciaire, le pouvoir, etc. Des réflexions qui poussent à s'interroger soi-même, et ont vraiment des aspects intéressants.
L'esthétisme de Daredevil, réellement travaillé. Les ruelles sombres de la ville, l'appartement miteux de Matt ou le cadre du petit cabinet d'avocat qu'il dirige avec son associé et meilleur ami, Foggy Nelson, ont chacun une ambiance qui apporte une nouvelle facette à la série, et par extension à ses personnages.
Justement, parlons-en, des personnages. Il faut avouer que Matt Murdock, bien que héros de la série et vraiment charmant (et oui...), n'est pas le seul à avoir sa part du gâteau. En effet, Karen Page, sa détermination admirable et sa quête incessante de la vérité en font un personnage féminin haut en couleur, bien loin du stéréotype de la demoiselle en détresse (bien qu'elle le soit parfois, il en faut bien une). Foggy Nelson et ses excellentes répliques, son affection sincère et sa nervosité touchante le distancient, là aussi, de l'habituel sidekick du super-héros. Quand à Wilson Fisk, j'ai rarement vu un vilain aussi complexe et travaillé. Menaçant et effrayant, mais étonnamment très humain malgré la monstruosité de nombreux de ses actes, et même amoureux pendant l'histoire, on en vient à avoir une sacrée dose d'empathie pour le mastodonte qu'il est.
Bref, si déjà, ce n'est pas formidable, je ne sais pas ce qu'il faut de plus.
Alors imaginez ma surprise et mon émerveillement en me rendant compte que la deuxième saison n'était non pas à la hauteur de la première, mais bel et bien meilleure !
Alors, je me contenterai de parler des personnages, parce qu'il n'y a rien à ajouter en ce qui concerne le rythme, les thèmes ou l'esthétisme, qui sont toujours aussi fantastiques.
Deux personnages réellement importants font leur apparition (les autres reviennent, donc ils sont aussi importants, mais ils ne sont pas nouveaux) : Elektra Natchios et Frank Castle (alias Punisher). Là où la première saison décidait de donner un vilain, la deuxième saison la prend en contre-pied en introduisant ces deux-là. Ce ne sont pas des super-héros, pas des antagonistes non plus... Mais alors, ils sont quoi ? Ils sont un reflet possible du Daredevil. Et c'est là que c'est beau. Par leur présence, par leurs actes, par leurs décisions, ils influent et interrogent les propres choix du Daredevil, toujours avec une identité extrêmement complexe et travaillée. Et bon sang, quels acteurs ! Jon Bernthal (il joue Shane dans The Walking Dead, pour ceux à qui ça pourrait parler) est peut-être le meilleur. Sombre, impitoyable, vulnérable, (in)compréhensible, anéanti, The Punisher est tout simplement magnifiquement interprété.
Alors, qu'attendez-vous ? Foncez regarder cette merveille !