Pretty Little Liars est une mauvaise série policière. Pretty Little Liars est remplie d'intrigues romantiques insipides. Et plus que tout, Pretty Little Liars est un gâchis total.
En vérité, Pretty Little Liars n'excelle nulle part.
Il aurait fallu des scénaristes compétents, une chaîne de diffusion moins gourmande, et moins de sérieux pour que la recette fonctionne vraiment.
Qu'on ne se méprenne pas : la série a eu une grande fanbase pendant ses meilleures années. Beaucoup de présence sur Tumblr et Twitter en particulier.
Et puis la série n'est pas exempte de qualités. Les tenues sont belles, Michael Suby se débrouille bien à la bande originale, et il y a des bonnes idées disséminées ici-et-là ; on pense notamment à l'épisode tourné façon film noir. Et si on parvient à ne pas prendre la série au sérieux, le visionnage devient beaucoup plus plaisant.
Mais dans la forme, Pretty Little Liars est une série ratée. Alors pourquoi a-t-elle aussi bien fonctionné ? Je pense qu'il faut ici s'intéresser au fond.
Pretty Little Liars, c'est une manifestation des craintes américaines, un peu à la manière d'American Beauty. Des jeunes filles qui se font enlever, A qui menace de révéler les secrets de chaque habitant de Rosewood et de ternir leur réputation... C'est un être omnipotent qui dépasse le simple statut d'humain. L'explication donnée pour son efficacité surnaturelle dépasse d'ailleurs les frontières du réel (ou, selon le spectateur investi, c'est du bullshit).
A est un concept, celui de l'Inconnu, de la Menace avec un grand M. C'est une injonction à la franchise, dans une société où le paraître devance l'être. C'est une remise en question de l'ordre social. Que l'on soit jeune lycéenne ou adulte fonctionnel, tout le monde est menacé -- le statut n'a aucune importance. Et dans la décennie #MeToo, on pourrait presque parodiquement voir A comme une figure de la lutte, à ceci près que A ne cherche pas à améliorer la société, A veut juste s'amuser avec ses poupées.
Mais il n'empêche qu'au fur et à mesure que les secrets se détortillent de l'imbroglio Rosewoodien, les confessions sont souvent une libération. Contrairement à ce qu'Alison affirmait au début de la série, les secrets creusent un fossé entre les gens.
Conclusion : Plus qu'un mauvais goût des pré-ados, plus qu'un heureux accident, PLL doit avant tout son succès à l'universalité relative de ses thèmes. Et puis vous savez, ce n'est pas si grave d'apprécier une mauvaise série.