Scènes de Ménages, c’est un peu comme si tu mettais des caméras chez tes voisins pour voir comment ils se disputent sur la température de la pièce ou qui doit sortir les poubelles, sauf que, dans ce cas, c’est censé être drôle. La série te propose une immersion dans la vie de plusieurs couples de générations différentes, tous coincés dans un tourbillon de petites chamailleries et de moments de "tendresse" (entre guillemets, bien sûr). Mais au bout de quelques épisodes, tu te surprends à penser : "Est-ce que c’est vraiment aussi drôle de voir des gens se prendre la tête sur des trucs aussi insignifiants ?"
L’idée de base est simple : chaque couple a son propre style de dispute. On a Huguette et Raymond, les retraités acides qui passent leur temps à se lancer des piques plus aiguisées qu’un couteau de cuisine, et qui font de la méchanceté un art de vivre. Puis viennent Liliane et José, le couple un peu paumé, où madame essaie d’imposer ses idées farfelues et monsieur, un éternel adulescent, subit. Marion et Cédric, eux, représentent le couple moderne : elle est hyperactive, lui est blasé… et leur quotidien est une longue série de mini drames souvent déclenchés par des incompréhensions de couple.
Sur le papier, c’est un concept qui pourrait marcher : des scènes courtes, des situations universelles et des personnages exagérément caricaturaux. Et au début, ça fonctionne : les disputes sur des choses aussi banales que la télécommande, les chaussettes sales ou les rendez-vous familiaux peuvent prêter à sourire, car, soyons honnêtes, on s’y reconnaît parfois (même si on n'aime pas l'admettre). Mais voilà, Scènes de Ménages devient rapidement une boucle sans fin où chaque épisode semble être une version remixée du précédent. C’est comme si tu commandais la même pizza chaque soir, mais qu’au bout d’un moment, même avec des olives en plus, ça reste la même base.
L’humour de la série repose sur l’hyperbolisation des défauts de chaque personnage. Raymond est grincheux ? Faisons-le encore plus grincheux. Liliane est extravagante ? Rendons-la encore plus hystérique. Cédric est paresseux ? Donnons-lui une dose supplémentaire de nonchalance. Le problème, c’est qu’à force de pousser les traits de caractère dans des extrêmes, les personnages finissent par devenir des caricatures d’eux-mêmes. Là où un couple normal aurait peut-être résolu ses petites disputes ou trouvé des compromis, dans Scènes de Ménages, le but est de rester éternellement coincé dans le même cycle de conflits ridicules.
Côté réalisation, c’est du sitcom classique : des décors fixes, des caméras qui ne bougent pas, et un montage rythmé pour te donner l’impression que la vie de couple est une succession de punchlines bien placées. Sauf que les punchlines, justement, ne sont pas toujours au rendez-vous. Parfois, tu te retrouves devant une scène qui aurait pu être drôle, mais qui tombe à plat à cause d’une blague déjà vue cent fois dans la série. Le format court de chaque sketch, censé être l’atout principal, devient alors un handicap : les intrigues n’ont pas le temps de se renouveler et les rires deviennent de plus en plus rares.
Les nouveaux couples introduits au fil des saisons n’ont pas non plus réussi à apporter le souffle de fraîcheur nécessaire. On retrouve toujours la même mécanique : l’un des deux est exaspéré par l’autre, et leur quotidien est une lutte perpétuelle pour avoir raison. Ce qui pouvait être marrant au début devient rapidement redondant, et tu te demandes pourquoi aucun de ces personnages n’a pensé à consulter un conseiller conjugal depuis le temps. C’est bien de rigoler des disputes de couple, mais à force, ça devient presque déprimant de les voir tourner en rond sans jamais évoluer.
En résumé, Scènes de Ménages est une série qui partait avec un bon concept, mais qui a fini par s’enliser dans sa propre formule. Les disputes de couple peuvent être drôles, certes, mais à trop vouloir recycler les mêmes gags, la série s’essouffle. Si tu as envie de regarder des scènes de la vie quotidienne se répéter encore et encore avec des personnages de plus en plus exagérés, ça peut passer, mais prépare-toi à avoir l’impression de revivre les mêmes disputes encore et encore… un peu comme un mauvais rêve où tu ne trouves jamais la télécommande.