Trouver la réponse en soi, mais lequel ?

C’est en se baladant dans un labyrinthe de couloirs blancs immaculés chez Lemun qu’on fait la rencontre d’une équipe de ce qu’on appelle les Raffineurs, chargés de supprimer des séries de chiffres qu’ils jugeraient « inquiétantes » un travail qui parait sans intérêt et dont personne ne connaît réellement les tenants et aboutissants dans une entreprise où chaque service fonctionne indépendamment des autres et sans que les intervenants n’aient besoin de se rencontrer.

Quand Mark passe de son lui Exté (rieur) à son lui professionnel Inté (rieur) au bureau, il oublie qui il était avant. Il ne sait plus qui il est ni quelles sont ses valeurs. Il ne sait pas si son lui Exté a une famille ni où il habite. Il est seulement rattaché à ce qu’il est profondément. Une partie du malaise ressenti provient de cette absence de critères pour se définir laissant les personnages en Inté dans l’incapacité de savoir ce dont ils ont envie réellement. On peut le voir lorsqu’un personnage hésite avec insistance entre deux goûts au distributeur. Ou bien par le melon qui et distribué aux salariés pour fêter l’arrivée d’une nouvelle collaboratrice . Les personnages ne s’en réjouissent pas et ne le consomment pas. Ils ne fonctionnent que mécaniquement dans l’intérêt de Lemun.

Si certains sont très attachés au règlement intérieur (Le Guide) d’autres semblent voiler la face avec des rires jaunes et ignorent volontairement les questions de leur nouvelle collègue fraichement dissociée de son Elle-Exté. En sortant du lieu de travail, la version Inté s’efface et l’Exté reprend sa place, ignorant tout de ce qu’il a fait huit heures durant. Cette dualité pose un problème de conscience à la personne ayant acceptée la dissociation. Quelle réalité est la bonne ? Qu’en est il du libre arbitre ? A quel moment somme nous la meilleure version de nous même ?

Dans le cadre du deuil de sa femme Mark affirme que cela l’aide mais son ami dont la mémoire a été restaurée lui indique que parfois il le voyait arriver avec les yeux rouge. Se déconnecter de ses émotions n’empêche pas au corps de transporter la tristesse. Si le cerveau oubliait, le corps était pesant de douleur.

Pour soulager les salariés trop stressés on leur propose des « séances de bien être » où on leur cite point par point les qualités de leur Moi-Exté. C’est une manière de les reconnecter à eux même. Pendant cette séance les salariés ont l’interdiction de réagir aux points énoncés sous peine de voir la séance écourtée. On soulage en reconnectant mais on ne permet pas la prise de conscience qui permettrait à l’Inté et à l’Exté de se rejoindre, créant ainsi un être à part entière.

On peut comprendre que cette série a pour but de nous « ré-humaniser ». Nous vivons dans un monde où prendre le temps pour soi et pour ses émotions peut-être perçu comme une perte de temps ou une faiblesse. Et si au lieu de maitriser nos émotions nous les acceptions afin de mieux nous comprendre ? Face à nos doutes chacun se réfugie dans ce qu’il peut. Les règles, la religion, les autres. Mais rarement soi même.