The Walking Dead
6.6
The Walking Dead

Série AMC (2010)

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À notre époque où les récits de zombie se sont bien imprégnés dans la culture populaire, et où les séries télévisées rencontrent un succès sans précédent, le phénomène "The Walking Dead" était difficilement évitable. Il s'agit d'un franchise populaire, un comic book populaire à la base, décliné sous plusieurs mediums, dont celui de série télévisée. D'emblée, il a eu le potentiel d'attirer l’œil du chaland grâce à son concept simple mais efficace : suivre les péripéties d'un groupe de survivants désespérés après une apocalypse zombie.


Au début, cette simple idée fonctionnait : The Walking Dead entamait son chemin sinueux par une première saison courte mais bonne. Suite à un épisode de qualité, où les enjeux étaient introduits et les éléments bien présentés, l'ambiance s'est révélée pesante et immersive, et les différents protagonistes paraissaient crédibles. En somme, une première saison exemplaire et presque sans défaut, malgré un épisode final qui sentait déjà le roussi, avant le début de la déchéance.


Pour clarifier la situation, je n'estime pas être un détracteur de cette série, du moins pas de ses débuts. Pour sûr, passer du jeu vidéo de Telltale, chef d'oeuvre du genre, constituait un choc abrupte, mais je ne suis pas des personnes qui se sont mis à descendre la série à partir de la saison 2, alors qu'il y avait déjà beaucoup à reprocher, j'ai même apprécié certains épisodes de la saison 4 à la mauvaise réputation. Cependant, après des dizaines d'épisodes d'errance, il faut se rendre à l'évidence : The Walking Dead souffre de nombreux défauts, qu'ils soient narratifs ou techniques.


Juger une série aussi longue, et qui n'est pas prête de se terminer, exige quelques concessions. Je lui accorde son ambition de départ et surtout ses très bonnes idées. L'intérêt d'une adaptation réside aussi à innover par rapport au support d'origine, et l'argument principal en faveur de cette qualité est le personnage de Shane, débarrassé vite fait dans les comics alors qu'il subit une longue mais brillante chute dans la série, jusqu'à en devenir le personnage le mieux développé. De même, les tentatives de rendre Le Gouverneur plus humain, bien qu'avortées, était une manière de se démarquer. Demeure aussi le personnage de Negan, superbement incarné par l'un des seuls acteurs impliqués, mais sa prestation ne sauve pas une saison 7 médiocre m'ayant incité à arrêter la série.


Hélas, ces aspects prometteurs se heurtent au problème principal de la série : elle a vendu son âme pour des raisons commerciales. Dès lors, les fameux développements de personnage s'apparentent à du remplissage inutile : toutes les excuses sont bonnes pour gagner du temps. Je n'ai absolument rien contre la lenteur, des séries lentes font partie de mes séries favorites, mais ici, ni l'ambiance, ni le scénario ne justifient cela. The Walking Dead souffre de nombreux épisodes vides juste destinés à faire tenir une saison sur seize épisodes. Les exemples sont légions à partir de la saison 2, voici donc mon top 5 :


1) La première moitié de la saison 2 où les personnages cherchent désespérément Sofia, pour faire des centrics sur certains personnages (Daryl)


Pour finalement la retrouver... Dans la grange où ils étaient, morte depuis un moment !


2) La deuxième moitié de la saison 4, où les personnages se baladent vers un nouvel objectif tout en déblatérant des banalités.


Pour que l'endroit se révèle être un piège... Et l'histoire est réglée en trois épisodes.


3) La première moitié de la saison 5, où l'on passe sept épisodes à trouver Beth :


Pour que finalement elle meurt comme une débile...


4) La première moitié de la saison 6, avec l'attaque des zombies qui mettent sept épisodes pour détruire une barrière... Une demi-saison pour un tome de comics, je sais qu'elles ne sont pas censée adapter le même rythme, mais il y avait clairement exagération.


5) Le meilleur pour la fin : la deuxième moitié de la saison 7. Alors, la fameuse contre-attaque promise, à quoi ressemblait-elle ?


Beaucoup de blabla pour s'achever sur une mort ultra prévisible de Sasha, 15 minutes de Call of Duty et un discours final horriblement niais, ça valait la peine d'attendre !


Ce dernier point est révélateur d'un problème dont ne souffre pas seulement TWD, mais qui en est le représentant le plus fragrant : les annonces mensongères. Non contente de ne pas tenir ses promesses, la promotion de la série, y compris des acteurs principaux, essaie de nous vendre une oeuvre profonde, un chef d'oeuvre inégalé, un récit bouleversant, alors qu'il n'en est rien. De saisons en saisons, ces promesses affligeantes s'enchaînent et perdent en crédibilité, comme si les producteurs avides d'argent admettaient leur faiblesse, forcé de vendre leur produit par tous les moyens pour qu'il marche. Mais le spectateur n'est plus dupe, en témoigne les baisses d'audience : un sentiment de lassitude nous gagner, parce qu'on n'en peut plus de voir tout le temps la même chose se dérouler devant nos yeux, et d'avoir l'éternelle impression d'attendre que quelque chose se passe.


Jusqu'à la saison 5, pourtant, des efforts étaient fournis, et je pouvais considérer la série comme "inégale". Pour chaque épisode vide, un meilleur épisode rattrapait. De la tension était parfois présente, et des bribes de scènes dramatiques venaient combler les manques, on en venait presque parfois à assister à la déchéance humaine sous tous ses aspects, frôlant une psychologie potable. Puis les producteurs et les scénaristes se sont alliés et n'ont même plus essayé de masquer la médiocrité progressive de l'oeuvre, sauf à coups de promesses dénuées de crédibilité.


Au surplus, la forme ne vient même pas rattraper le fond. Moult personnages ont déjà été critiqués pour leur développement foireux et leur jeu d'acteur dubitable : Dale, Lorie, Beth, Tyreese, Andrea... Mais à côté, dans les premières saisons, certains personnages rattrapaient cela : Shane, Daryl, Merle, Herschel, Glenn, Maggie,... Mais au fur et à mesure que certains disparaissaient, d'autres sont apparus, et on s'est rendu compte que The Walking Dead, célèbres pour les mises à mort violentes de ses personnages principaux, préféraient tuer des personnages secondaires soit sans intérêt, soit massacrés trop tôt pour avoir un développement correct. Restent des personnages qui oscillent entre l'écriture douteuse (Carol), qui passent de "adoré" à "détesté" (Morgan), à des acteurs absolument médiocres, et la palme d'or revient à Eugene qui, depuis la saison 4, répète son texte sans y insuffler la moindre conviction. Même Rick, dont certains estiment qu'il est le meilleur acteur de la série, cabotine avec son faux air badass.


Si seulement The Walking Dead avait la décence d'avoir une forme soignée, mais non, il semblerait que tous ces gens invisibles ne savent pas se mettre d'accord. Entre des musiques hors-sujet gâchant la mise en scène, des effets spéciaux indignes d'une série aussi populaire (Le fond vert de la décharge et la biche sont particulièrement affligeants), une réalisation complètement inégale et souvent plate, des décors se limitant à 80% de bois et forêts, il n'y a plus grand-chose à sauver...


Mais qu'importe, même s'ils finiront par être les seuls à apprécier leur travail, les producteurs et scénaristes poursuivront leur inlassable besogne, à enchaîner des épisodes d'une série morte depuis longtemps, contrainte à tourner inutilement en rond. The Walking Dead aurait pu être un récit palpitant et tragique, truffé de rebondissements haletants, qui s'interrogerait sur les relations humaines. Mais il ne l'est pas.

Saidor
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le 9 août 2015

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