C'est en traînant sur Youtube que j'ai découvert cette série qui va être dure à résumer : plusieurs internautes, fan d'un roman graphique nommé Utopia, écrit par un malade en asile psychiatrique, se mette en quête du deuxième tome, existant sous la forme de manuscrit. Cependant, ces dessins de scientifique fou se révèle cacher des secrets d'une ampleur sans précédent...
C'est mal résumé,mais je préfère n'en pas dire trop pour garder la surprise, si jamais vous prévoyez de regarder cette série. Je ne crois pas avoir quelque chose d'aussi inventif auparavant dans le cadre d'une série, qui, à mon sens, n'a rien à envier au cinéma. Et l'auteur y ai pour beaucoup : Dennis Kelly, dont je connaissais un peu le travail par mes expériences de théâtre, nous présente une histoire extrêmement bien écrite, peu prévisible et pleine de rebondissements. J'y ai retrouvé des éléments qui lui sont propres, comme un rapport à l'enfance important, de l'extrême violence, des dialogues très bien écrits, ainsi que des personnages qui évoluent vraiment, dans le bon comme dans le mauvais sens.
Pour porter cette histoire, la réalisation devait être de mise et c'est chose faite (c'est d'ailleurs un point qui m'a fait aimer la série). Tout d'abord, c'est filmer en SCOP, c'est-à-dire avec les bandes noires en haut et en bas de l'écran, qui est un format normalement réservé au cinéma. Ceci nous offre des plans larges, dans lesquels les personnages paraissent minuscules, comme si le cadre les emprisonnait. De plus, il y a toujours présence de couleurs à la limite du fluo dans le cadre, ce qui va contraster avec les nombreuses scènes de violences. Ces couleurs seront soit dans les costumes des personnages, dans les décors ou dans les accessoires (comme le fameux sac jaune, qui est, à mon avis un des symboles de la série, car il représente les deux aspects principaux de la série, qui sont les couleurs et la violence). J'en profite pour déconseiller la série aux personnes sensibles, car elle nous présente de nombreuses images choquantes comme des meurtres de sang froid ou des scènes de torture, le tout n'étant quasiment pas censuré.
Des mouvements de caméra audacieux sont aussi présents, comme un travelling vers le haut pendant le discours d'un personnage, ce qu'il nous permet d'observer un champ au lieu de regarder l'orateur. Quant aux acteurs, ils sont tous très bons dans leurs rôles (j'en dis pas plus pour ne pas spoiler certains personnages). Ne vous méprenez quand vous voyez "avec Rose Leslie", qui joue Ygritte dans Game of Thrones, car elle n’apparaît que dans un épisode.
Quand à la musique, elle est assez étrange, en utilisant des sons électroniques mélangés à des voix de femme, accompagné par des percussions qui semble venir d'instruments traditionnels. Elle se mêle vraiment bien à l'univers de la série, car elle rappelle le rapport à l'enfance et accompagne bien les différentes scènes, en faisant régulièrement des crescendo pour rajouter de l'intensité.
Je vous conseille vraiment cette série de Dennis Kelly, qui est un habile mélange entre enfance, violence, et secrets d'un manuscrit...