Les films avec les meilleurs méchants selon Ysengrim_Rhys
15 films
créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a presque 6 ansLe Retour du Jedi (1983)
Star Wars Episode VI: Return of the Jedi
2 h 14 min. Sortie : 19 octobre 1983 (France). Aventure, Science-fiction, Action
Film de Richard Marquand
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
Je vais sûrement faire grincer quelques dents, mais pour moi, le plus grand méchant du cinéma n'est pas Darth Vader : c'est l'empereur Palpatine.
Cette péremptoire petite bombe lâchée, il convient de préciser que Vader se taille la deuxième place sans aucune difficulté : c'est un bien meilleur personnage que l'empereur, avec une histoire et des motivations qui le rendent accessible au spectateur. Ceci dit, nous ne jugeons pas ici de ce qui fait un bon personnage, mais bien de ce qui fait un bon méchant. Et pour moi, rien dans le cinéma n'incarne aussi bien la méchanceté, le mal, que cette silhouette noire, défigurée, rabougrie sur son trône de ténèbres, si frêle et pourtant si irradiante de puissance.
L'immense tour noire qu'est Vader aura légitimement marqué des générations de spectateurs - et je le répète, pour moi, il arrive juste derrière Palpatine dans ce top -, mais à mes yeux, il ne sera jamais aussi menaçant, aussi clairement mauvais, aussi unilatéralement infâme que l'empereur, solitaire et triomphant qui contemple la destruction de la flotte Rebelle à travers sa baie d'observation. D'ailleurs, c'est peut-être ça, qui définit finalement un vrai méchant : sa solitude.
Edit : cet avis a été, vous vous en doutez, écrit BIEEEEEN AVANT le grand désastre de Rise of Skywalker. Cela dit, comme ce film n'existe pas dans mon esprit, l'analyse tient toujours.
Amen. (2002)
2 h 12 min. Sortie : 27 février 2002 (France). Biopic, Policier, Drame
Film de Costa-Gavras
Ysengrim_Rhys a mis 6/10.
Annotation :
Il y aurait beaucoup à dire au sujet d'Amen, en bien comme en moins bien (il fera probablement l'objet d'une critique de ma part un de ces quatre), mais pour l'heure, contentons-nous de parler de son méchant principal - qui se trouve aussi être le meilleur élément du film : le Docteur.
A la barre, le regretté Ulrich Mühe, bien connu chez nous pour sa brillante interprétation d’un officier de la Stasi dans « La vie des autres ». A mes yeux, sa performance dans « Amen » est encore plus remarquable (même si les deux sont, de façon amusante, l’exact opposé l’une de l’autre : le flic de « La vie » devrait être un monstre mais révèle son humanité ; le Docteur devrait être humain mais cache en fait sa monstruosité), car c’est un tour de force, quand on a une tête de monsieur-tout-le-monde, de dégager autant de bestialité déguisée, de brutalité contenue, de méchanceté assumée. Le Docteur ne hausse – presque – jamais la voix, il ne se départit jamais de son calme et de son air d’ange, et pourtant, il exsude le danger.
La brillance de Costa-Gavras est de ne pas avoir pas fait du Docteur – dont le nom ne sera jamais révélé, ajoutant encore à l’animalité qui se dégage du personnage – un Nazi convaincu ; au contraire, il regarde avec mépris les débauches auxquelles se livrent les élites du régime. Ce n'est pas un idéologue, juste un opportuniste, un être froid et sans sentiments qui traverse les contrecoups de l'Histoire avec indifférence et cynisme, animé par une seule pensée : survivre. Le Docteur n'est pas un monstre au visage d'homme : c'est un homme qui assume son visage de monstre. Ca fait de lui, de bien des façons, le méchant le plus effrayant de cette liste, car rien n’est plus affreux qu’un homme qui redevient animal. Et de fait, je crois que c’est cela qu’il faut retenir de la performance de Mühe : chaque minute où il est à l’écran se passe dans la peur.
The Dark Knight - Le Chevalier noir (2008)
The Dark Knight
2 h 32 min. Sortie : 13 août 2008 (France). Action, Policier, Thriller
Film de Christopher Nolan
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
Qu'ajouter à propos de la performance d'Heath Ledger qui n'ait déjà été dit ? Le Joker est tout à la fois un agent du Chaos, une incarnation de l'anarchie et l'antithèse du héros ; servi ici par une écriture particulièrement brillante et un acteur au sommet de sa forme (essayez donc de livrer une interprétation aussi variée, passant allègrement de la bourrinerie à la subtilité en l'espace d'un instant, quand vous jouez un cinglé), il parvient à se dégager comme étant, sinon LA, en tout cas l'une des meilleures incarnations d'un personnage qui aura pourtant sacrément servi par ses acteurs - qu'ils soient de chair et d'os ou qu'ils lui aient simplement prêté sa voix. Constamment imprévisible, totalement dénué de pitié, génial dans sa folie, il est le méchant psycho(ou socio?)pathe ultime.
Le Roi Lion (1994)
The Lion King
1 h 29 min. Sortie : 9 novembre 1994 (France). Animation, Aventure, Drame
Long-métrage d'animation de Roger Allers et Rob Minkoff
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
Quand Shakespeare rencontre Disney, qu'est-ce qu'on obtient ? Le Roi Lion, ou la joyeuse (?) histoire d'un prince dont le père est assassiné sous ses yeux par son oncle allié à de barbares envahisseurs, contraint à l'exil parmi le rebut de la société avant d'être forcé d'assumer son héritage et de réclamer son trône pour sauver son peuple condamné à la misère.
Voilà voilà. On se marre bien devant Disney, hein ? Parlons justement du tonton, Scar : régicide, fratricide, infanticide, névrosé, couard, machiavélique, il parvient pourtant, sinon à se rendre sympathique, en tout cas à susciter une once de pitié et de compréhension chez le spectateur : après tout, hormis les aléas de la naissance, qu'est-ce qui le rend moins digne de régner que le plus noble mais moins avisé Mufasa ?
Brillamment secondé par son trio de hyènes (j'en profite pour paraphraser Gotlib - ou Fred ? - : là où y'a de la hyène, y'a pas de plaisir), peut être les meilleurs sidekicks de Disney (et dont l'une est doublée par Whoopi Goldberg, sisi), Scar traverse le film avec toute la classe et la méchanceté qu'on attend d'un vilain de Disney, magnifié par la voix d'un Jeremy Irons qui délivre une performance d'acteur classique digne des meilleures heures de la Royal Shakespeare Company. Du grand art de bout en bout.
Le Cauchemar de Dracula (1958)
Dracula
1 h 22 min. Sortie : 4 février 1959 (France). Épouvante-Horreur
Film de Terence Fisher
Ysengrim_Rhys a mis 8/10.
Annotation :
Sir Christopher Lee aura incarné le Comte Vlad Dracula pas moins de dix fois à l'écran, la grande majorité de ses apparitions figurant dans ce qu'il faut bien qualifier de nanars sans nom. Rien de tel, cependant, avec le premier film de cette lignée, le Cauchemar de Dracula, véritable petit chef d'oeuvre dans son genre, gothique, angoissant, certes un peu vieilli mais tellement appréciable.
Soyons honnêtes : pour moi, ce qui rend le film vraiment mémorable, c'est davantage la présence de Peter Cushing en Pr. van Helsing que Sir Christopher lui-même. Mais cela ne retire rien aux mérites de ce dernier : quand vous réussissez à imposer dans les esprits de toute une civilisation l'image d'un personnage qui est à mille lieux de celle de l'oeuvre dans laquelle il est apparu (bawi, le Dracula du roman est une espèce de vieux châtelain moustachu ; aujourd'hui, tout le monde pense d'abord au grand noble british, glabre et en smoking), c'est rarement par hasard.
Et de fait, le rôle était taillé sur mesure pour Sir Christopher, l'un des hommes les plus élégants et les plus impressionnants de l'histoire du cinéma : souvent silencieux et finalement peu présent, il fallait un acteur aussi charismatique pour conférer au Comte sa présence menaçante, sinistre, animale et en même temps tellement envoûtante, séduisante. En somme, l'incarnation ultime du méchant "classe". Sir Christopher, merci pour tout.
Moonraker (1979)
Moonraker
2 h 06 min. Sortie : 11 septembre 1979 (France). Action, Aventure, Policier
Film de Lewis Gilbert
Ysengrim_Rhys a mis 6/10.
Annotation :
Il y aurait un top 10 à faire rien qu'avec les méchants de James Bond ; le premier de la série (à mes yeux) ne pouvait donc que figurer dans cette liste. Ce premier, quel est-il ? Sir Hugo Drax, le très génocidaire magnat de l'espace interprété par Michael Lonsdale.
On ne peut pourtant pas dire que Moonraker soit le meilleur film de la franchise : divertissant et techniquement impressionnant, il contient en revanche certains des passages les plus irrémédiablement débiles d'une série qui n'en est pourtant pas avare, et le scénario le plus scandaleusement léger qui soit, puisqu'il n'est jamais qu'une redite du film précédent, "The Spy who loved me", sortie pour les besoins de la StarWarsploitation.
Mais bon, cette relative médiocrité (je le répète, j'aime quand même bien ce film) a un mérite : elle fait ressortir la brillance de son méchant. Auteur du plan le plus profondément maléfique (et le plus profondément over-the-top) de la saga, puisqu'il cherche rien moins qu'à annihiler l'humanité (excusez du peu) - exception faite d'une poignée d'individus savamment sélectionnés - afin de bâtir une société eugéniste, Sir Hugo Drax ne serait probablement pas si mémorable, n'était son acteur.
Michael Lonsdale a dit avoir regretté ce rôle, et c'est assez compréhensible au vu du film dans lequel il apparaît. Mais si c'est vraiment le cas, son professionnalisme est digne de louanges : sa performance n'est pas celle d'un cabotin, bien au contraire, elle est étonnamment fine pour un personnage aussi grandiloquent. Par son allure, son charisme et son magnétisme (et, avouons-le, des répliques tout à fait géniales), Lonsdale parvient à rendre sinistre et impressionnant ce personnage qui devrait être grotesque (il est quand même le seul qui parvient à menacer Bond avec un sandwich au concombre). Chapeau à lui.
Le Monde de Narnia : Le Lion, la Sorcière blanche et l'Armoire magique (2005)
The Chronicles of Narnia: The Lion, the Witch and the Wardrobe
2 h 15 min. Sortie : 21 décembre 2005 (France). Aventure, Fantasy
Film de Andrew Adamson
Ysengrim_Rhys a mis 6/10.
Annotation :
D'accord,cette adaptation du célèbre roman de C.S. Lewis a vieilli, d'accord, elle surfe sur la vague du Seigneur des Anneaux soulevée par Peter Jackson, d'accord, elle ne lui arrive pas à la cheville ; pour autant, c'est un film que je continue à trouver appréciable, certainement pas un chef d'oeuvre, mais encore moins un navet.
Le principal point à mettre à son crédit : Tilda Swinton dans le rôle de son altesse impériale Jadis, la Sorcière Blanche. Comme à son habitude, la très androgyne actrice écossaise illumine la moindre de ses scènes, passant avec une aisance déconcertante d'un registre à l'autre, de la douceur au courroux, de la séduction à la bestialité, de l'empathique au tragique. Jadis est cruelle, colérique, manipulatrice, brutale, certes. Mais sous les traits de Tilda Swinton (qui a dû lire sa backstory développée dans un autre livre de la série, "Le Neveu du Magicien"), elle est véritablement royale.
P.S. : par ailleurs, elle fait partie d'une catégorie trop rarement utilisée, et rarement bien quand elle l'est : les méchants féminins. Rien que pour ça, elle mérite une place dans cette liste.
Star Trek II : La Colère de Khan (1982)
Star Trek II: The Wrath of Khan
1 h 52 min. Sortie : 20 octobre 1982 (France). Science-fiction
Film de Nicholas Meyer
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
Si vous allez jeter un coup d'oeil à mon Top 10 des méchants de télévision, vous remarquerez peut-être l'absence d'une série mythique entre toutes : Star Trek, the Original Series, l'œuvre au blanc du visionnaire Gene Roddenberry. La raison de cette absence est à chercher ici : je ne voulais tout simplement pas qu'un même méchant apparaisse dans chacune des deux listes.
Or, le meilleur méchant de Star Trek, toutes séries et tous films confondus, est de très loin le fameux Khan Noonien Singh, le tyrannique super-humain créé par des scientifiques un peu trop ambitieux à l'occasion des Guerres Eugéniques. Et s'il brillait déjà dans "Space seed", l'épisode de la première saison dans lequel il apparaissait à l'origine, Wrath of Khan lui offre sa véritable consécration.
Mettons-nous tout de suite d'accord : le jeu de Ricardo Montalban, son interprète (et star légitime du cinéma mexicain, aux côtés du Santo !), est tout sauf subtil ; c'est au contraire un numéro de cabotinage de tout premier plan, dans lequel chaque réplique est vécue avec une intensité exagérée, chaque mouvement, exécuté avec une sauvagerie démesurée. Et vous savez quoi ? Ca marche, et du feu de Dieu, même : le charisme de Montalban, dont le physique de demi-dieu vieillissant se marie à merveille avec son personnage, et la nature "plus qu'humaine" de Khan suffisent à justifier tous ses excès et à en faire l'un des méchants les plus démesurés, les plus captivants et les plus divertissants de cette liste.
Basil, détective privé (1986)
The Great Mouse Detective
1 h 14 min. Sortie : 26 novembre 1986 (France). Animation, Aventure
Long-métrage d'animation de David Michener, John Musker, Ron Clements et Burny Mattinson
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
♫ Oh, Ratigan, you're one of a kind... ♪
Version rongeure du célèbre James Moriarty, le némésis de Sherlock Holmes, le Pr. Ratigan réussit à se tailler la deuxième place dans la liste pourtant exigeante des méchants Disney. Qu'est-ce qui lui vaut un tel honneur ? Avant tout son interprète, le grand Vincent Price, star incontestée du film d'horreur post-Seconde Guerre Mondiale et figure prestigieuse du nanar culte. Price a un jour déclaré que Ratigan était son rôle préféré, et très sincèrement, ça se ressent : rarement vox-acteur aura-t-il donné l'impression d'autant s'amuser, de vouloir savourer chacune de ses répliques, de se faire plaisir à jouer un vilain aussi absolu.
Mais les qualités de Ratigan sont à chercher au-delà des seuls mérites de son acteur : machiavélique, brillant, drôle, pragmatique, doté d'un charisme qui lui attire incontestablement la sympathie du spectateur et justifie pleinement la dévotion de ses hommes de main, le professeur se paie même le luxe d'avoir une - légère - explication à sa méchanceté : toute sa vie, il s'est entendu dire qu'il était un rat... alors qu'il voudrait tant être une souris. Si ce n'est pas digne de Macbeth, ça, comme cas de conscience...
Enfin, comment ne pas mentionner cette fantastique séquence de la course-poursuite dans Big-Ben, durant laquelle, soutenu par une animation de premier ordre et une bande-originale époustouflante, le très cérébral Ratigan pète littéralement un câble pour redevenir l'immonde rat qu'il n'a jamais cessé d'être et se révéler un combattant d'élite. Je crois que c'est ça qui me plaît le plus, chez lui, d'ailleurs : il est crédible en tant que tête-pensante, autant que comme adversaire physique.
Le Parrain (1972)
The Godfather
2 h 55 min. Sortie : 18 octobre 1972 (France). Policier, Drame
Film de Francis Ford Coppola
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
Qui, aujourd'hui, se souvient de Virgil "il Turco" Sollozzo, le glaçant mafieux qui tente d'usurper l'hégémonie du clan Corleone sur le trafic de drogue dans Little Italy à travers un subtil cocktail de meurtres, de pots-de-vin et de séduction ?
Il faut dire que la trilogie des Parrains ne manque pas de personnages, et que parmi ceux-ci, figurent quelques très bons méchants : le rusé Hyman Roth, le répugnant don Fanucci, le truculent don Altobello sont autant de pourritures éminemment divertissantes. Mais aucun ne laisse un souvenir tout à fait aussi mémorable que le Turc.
Qu'est-ce qui fait sortir ce dernier du lot ? D'abord, son acteur, l'excellent Al Lettieri, grande figure du film de gangster des années 70, disparu fort jeune (47 ans...) après une carrière aussi brève que brillante. Menaçant, imposant malgré un physique chétif, fin, il impose sa présence à l'écran à chaque apparition. Mettez ce talent au service d'un personnage particulièrement bien écrit (le Turc est certainement l'un des méchants les plus subtils, les plus intelligents et les plus raisonnables de cette liste), et vous avez tous les ingrédients pour imprimer dans les esprits l'image d'un vilain particulièrement réussi.
...Et pour quelques dollars de plus (1965)
Per qualche dollaro in più
2 h 12 min. Sortie : 30 septembre 1966 (France). Western
Film de Sergio Leone
Ysengrim_Rhys a mis 8/10.
Annotation :
Je réalise qu'"El Indio" n'arrive qu'en 11ème position dans ma liste, ce qui est un signe certain de la qualité de ses prédécesseurs : je n’aurais pas pensé trouver dix méchants capables de dépasser le charisme de Gian Maria Volontè.
Parlons-en, de Gian Maria Volontè : probablement l'un des meilleurs acteurs de l'histoire du cinéma, et en tout cas du cinéma italien, Leone lui offre ici un rôle à sa mesure ; il fallait un artiste de sa versatilité, de son professionnalisme, pour donner vie à un personnage à la fois aussi haut en couleurs et aussi introverti que l’Indien. Psychotique, tourmenté par son passé, cruel parce que la vie l’a été avec lui, ce dernier n'existe plus que dans une constante fuite en avant, risquant sa vie à la moindre occasion et cherchant un peu de répit dans les volutes apaisants de la marijuana. Pas de rédemption pour "El Indio", qui se sait pourri jusqu'à la moelle et s'assume parfaitement. Un personnage d'un nihilisme très en vogue dans le cinéma italien de l'époque - et, au passage, une personnification de l'un des nombreux questionnements sociologiques chers à Leone : où s'arrête l'Homme et où commence le Monstre ?
Enfin, autre grande force de l’Indien : c’est le méchant doté du meilleur groupe d’hommes de main de tout le 7ème art. Klaus Kinski, Mario Brega, Luigi Pistilli, Benito Stefanelli… chacun des membres de cette bande de tueurs sadiques dégage une personnalité telle qu’il pourrait presque être le méchant de son propre film. Campé au sommet de la chaire d’une église abandonnée, "El Indio" est bel et bien le roi d’une sombre cour des miracles dont le faste pourtant parodique n’a rien à envier à celles de souverains que l’on croirait plus nobles.
Blade Runner 2049 (2017)
2 h 44 min. Sortie : 4 octobre 2017 (France). Science-fiction, Drame, Policier
Film de Denis Villeneuve
Ysengrim_Rhys a mis 6/10.
Annotation :
Deux scènes. Dix, quinze minutes de temps d'écran. Un seul interlocuteur véritable, le reste de ses répliques relevant plus du monologue que de la discussion (quand on est Dieu, peut-On avoir un véritable dialogue avec Ses enfants ?). Comment un personnage qui dit si peu, qui fait si peu, parvient-il à laisser une impression aussi durable, à créer une présence aussi magistrale ? La réponse tient à trois points qui font, finalement, de Niander Wallace un cas d’école, l’exemple de ce qu’il faut réunir pour arriver à un bon méchant : un acteur inspiré (1) au service de répliques brillantes (2) magnifiées par une mise en scène sépulcrale (3).
Ici, l’acteur est un Jared Leto totalement habité par son rôle de visionnaire mystique mais pragmatique, les répliques tournent autour de sa mission néo-christique (la référence constituée par Wallace n’est subtile, ni au niveau de son propos, ni à celui de son apparence… mais on s’en fiche, ça marche) effrayante mais finalement assez justifiée, et la mise en scène est assurée par un Denis Villeneuve touché par la grâce – et par le talent. Le résultat, c’est l’un des méchants les plus menaçants de cette liste : Wallace est capable de tout, car il se sent investi d’une mission dont lui seul connait les codes et les limites.
P.S. : à Wallace se joint l'époustouflante Luv, brillamment interprétée par la Néerlandaise Sylvia Hoeks, qui est une sérieuse prétendante au titre de meilleure, euh... homme ? de main du cinéma.
Conan le Barbare (1982)
Conan the Barbarian
2 h 09 min. Sortie : 7 avril 1982 (France). Fantasy, Aventure
Film de John Milius
Ysengrim_Rhys a mis 9/10.
Annotation :
James Earl Jones aura marqué l'histoire du cinéma en prêtant sa voix à Darth Vader ; cependant, le sombre colosse n'aura pas constitué le seul rôle de méchant mémorable confié à l'acteur Mississippien : à la même époque, ce dernier eut en effet l'insigne honneur d'incarner le maléfique Thulsa Doom. Tyran brutal et impitoyable, Doom règne sur son peuple résolument âge-de-fer à travers le triple emploi d'une poigne inébranlable, de lieutenants colorés (les très testostéronés et très bien castés Sven-Ole Thorsen et Ben Davidson) et d'un art consommé de la manipulation des foules.
Une chose qui rend Doom particulièrement appréciable est l'antagonisme qu'il forme avec sa Majesté du Muscle Conan I Schwarzeneger : je ne prétends pas que Jones soit moitié autant musclé que Schwarzy, mais il possède tout de même un physique des plus imposants, et le résultat, c'est qu'aucun des deux ne le cède à l'autre en terme de présence à l'écran ; au contraire, on sent entre eux une tension, une lutte permanente, comme si le monde était trop petit pour contenir ces deux monstres sacrés. Plus que son antithèse, Doom est le rival à la langue d'argent de Conan, idée encore amplifiée par l'image finale d'un Arnold barbu et vieilli assis, seul, sur son trône : les deux ne sont finalement pas si différents que ça. Seul bémol à mettre au passif de Doom : sa piteuse fin, redite peu inspirée de la mort du colonel Kurtz dans "Apocalypse Now", autre film au scénario signé John Milius.
Le Seigneur des Anneaux - Les Deux Tours (2002)
The Lord of the Rings: The Two Towers
2 h 59 min. Sortie : 18 décembre 2002. Aventure, Fantasy
Film de Peter Jackson
Ysengrim_Rhys a mis 10/10.
Annotation :
Saruman est bien évidemment le méchant le plus présent dans ce deuxième opus du chef-d'oeuvre de Peter Jackson, mais c'est l'ensemble de ses vilains qui valent au film de figurer dans ce top : si Curumo (le vrai nom de Saruman) campe un antagoniste principal efficace grâce à la puissance et au charisme que l'on connaît à Sir Christopher Lee, il est brillamment secondé (au moins dans la version longue) par Grìma Langue-de-Serpent, son fourbe conseiller joué avec une étonnante finesse par le grand "character actor" Brad Dourif.
A ce duo (presque) humain se joignent les présences éternellement menaçantes de Sauron Annatar, grand oeil embrasé trônant au sommet de sa tour noire, et de ses terrifiants séides les Nazgûl, spectres silencieux et informes qui puent la classe par tous les trous de la capuche. LOTR ne contient pas les méchants les plus bavards ni les plus subtils, mais on n'a aucune peine à les imaginer conquérir le monde, et c'est tout ce qu'on leur demande.
Terminator 2 - Le Jugement dernier (1991)
Terminator 2: Judgment Day
2 h 17 min. Sortie : 16 octobre 1991 (France). Action, Science-fiction, Thriller
Film de James Cameron
Ysengrim_Rhys a mis 10/10.
Annotation :
Exception faite d'un bref passage durant lequel il assume l'identité de la mère adoptive du héros, le T-1000 ne dit pas un mot de tout le film et ne change pour ainsi dire jamais d'expression (d'ailleurs, à voir son air crispé, on se dit que Skynet aurait dû songer à un programme de relaxation pour ses androïdes). Tout ce qu'il fait, c'est tuer des gens par pelletés, se métamorphoser à l'occasion et battre des camions à la course. Tout ? C'est déjà beaucoup !
C'est certain, si le T-1000 se creuse une place dans cette liste, ce n'est ni grâce à la fulgurance de ses répliques, ni grâce à la performance de son interprète Robert Patrick (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : celui-ci est brillamment casté et remplit sa fonction à la perfection ; ce n'est juste pas un rôle qui requiert de déployer une immense palette de répertoires) ; par contre, en terme de présence à l'écran, de menace et de pure et simple capacité de destruction, notre aimable robot se taille la part du lion (mécanique) : même une fois détruit, on ne peut s'empêcher de se demander s'il ne va pas sortir de sa cuve de magma pour tenter, à nouveau, de buter Sarah Connor.