Les meilleures BD de 2016 selon Toats-McGoats

Annotation :

Par son art du cadrage décalé et son usage des silences, Minetaro Mochizuki parvient à donner un air absurde à un récit autrement au ras du réel, mettant par là en relief tout ce qu'il y a de surréaliste à simplement vivre sa vie.

Annotation :

Comme il le faisait déjà sur Scalped, Jason Aaron décompresse sa narration en multipliant les digressions. Ses portraits de personnages secondaires dans ce tome 3 sont autant de morceaux de bravoure qui donnent de l'ampleur à la communauté qu'il dépeint et font monter la pression DE OUF. On tabasserait des bébés phoques à coup de batte de baseball pour avoir la suite plus vite.

Annotation :

On va pas se mentir, Mathieu Bablet n'invente absolument rien dans son bouquin : il nous montre qu'il a bien assimilé son histoire de la SF, et qu'il est capable de réutiliser et d'articuler un max de codes et de thèmes de genre de manière harmonieuse et cohérente sans pour autant oublier d'y mettre de sa personnalité. Le personnages sont beaux, crédibles et faillibles, les décors sont riches, les couleurs sont incroyables, et au fond, il n'en faut pas plus pour faire une excellente BD. On va aussi quand même saluer les grosses couilles d'Ankama, qui sort d'un coup d'un seul un one-shot de plus de 200 pages à la finition impeccable, et d'un auteur même pas ultra bankable (mais ça viendra)... et pour pas cher. J'ai foi en eux depuis Mutafukaz, et je reste plus convaincu que jamais que ce sont eux qui sauveront l'édition franco-belge de sa propre médiocrité.

Annotation :

Je hais profondément cette tendance, appliquée à Blake & Mortimer, XIII, Lucky Luke, maintenant Corto et Astérix, qui consiste de la part des éditeurs à rendre la mort des auteurs de BD complètement transparente pour le public en embauchant des scénaristes et dessinateurs auxquels on demande de copier leurs aînés... Il en résulte des séries dont le lectorat vieillit sans se renouveler, et c'est ce qui entraînera à long terme une crise financière sans précédent du secteur.
MAIS heureusement, Dargaud a tenté cette année un truc un peu cool en confiant ce qui ressemble au moins à une demi-carte blanche pour Mathieu Bonhomme, dans la lignée des "Spirou de", qui a donné le meilleur comme le pire mais qui a au moins le mérite de proposer de l'inattendu. Il en ressort un Lucky Luke très élégant, jeune et frais sans être dérespectueux. Une belle réussite, qui sauve le personnage de l'état cadavérique dans lequel (schizophrénie éditoriale oblige) son éditeur le plonge pourtant depuis la mort de Morris.

Annotation :

Au-delà de son humour, One Punch-Man est surtout un manga porteur d'un gros propos théorique sur les écueils du shonen contemporain, dominé par des séries qui se ressemblent toutes et suivent les mêmes schémas. Avec son héros aux traits hyper-simplifiés évoluant au sein d'un univers dessiné avec plus de détails et son absence totale de suspense, OPM prend à rebours la trame classique du récit initiatique fait d'entraînement, d'échecs et de progression interminable pour commencer là où les autres mangas s'arrêtent : que se passe-t-il une fois qu'on est devenu le meilleur et qu'on n'a plus d'adversaire à sa taille ? Et surtout, d'un point de vue meta : comment écrire un shonen où le héros ne progresse pas et n'a plus rien à apprendre ? La qualité de ce premier tome, jouissif par le ras-le-bol généralisé qu'il exprime face au mainstream, sera néanmoins dure à maintenir et, à mon sens, pour rester cohérent, il faut que la série soit extrêmement courte. Affaire à suivre, donc.