SensCritique
Cover Les meilleures BD de 2018
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7 BD

créée il y a environ 2 ans · modifiée il y a 10 mois
Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) - L'Arabe du futur, tome 4
8.3
1.

Une jeunesse au Moyen-Orient (1987-1992) - L'Arabe du futur, tome 4 (2018)

Sortie : 27 septembre 2018.

BD franco-belge de Riad Sattouf

fan_2_mart1 a mis 8/10.

Annotation :

On aurait vite pu cataloguer Sattouf dans les pages "décérébrées", si on se penche sur des débuts oscillant entre grotesque beauf ambigu (Pascal Brutal, fendard néanmoins) et une fascination très teen movie pour l'adolescence et ses premiers flux (Les Beaux Gosses). Faisant tout de même preuve d'un certain talent, Sattouf semblait capable de garder un regard enfantin, pas racoleur, et assez fin. Mais jamais autant que dans l'Arabe du futur, ce ton n'aura été aussi précieux. Dire que Riad n'a pas eu une enfance standard est une litote : balloté par un père arabe et universitaire entre la Libye, la Syrie et l'Arabie Saoudite, le petit Riad eût l'occasion d'avoir les yeux équarquillés face à une réalité se délitant perpétuellement sous ces yeux. Mais grâce à l'humour observateur et à une forme de tendresse moqueuse, cette saga échappe à la fois au pathos pesant et au cours magistral pompeux.
Ce tome 4, plus massif que les autres encore, dévoile la progressive séparation parentale. Physique d'abord : avec une mère chômeuse qui veut élever ses trois enfants en Bretagne, avec l'aide des grands parents, tandis que le patriarche Sattouf accumule son pécule en Arabie Saoudite. Mais et surtout, mentale, au fur et à mesure que le panarabisme du père prend le pas : saccades perpétuels sur les juifs, critique de la mollesse française (Le Pen est le seul homme politique français respecté par papa Sattouf!) et surtout, éloge de plus en plus intégriste du mode de vie Saoudien. Une plume impersonnelle aurait vite fait de cataloguer l'illustre professeur dans la catégorie des connards absolus, mais avec son regard espiègle, Sattouf montre le ridicule blotti derrière la posture, et même les dérapages in-cautionnables (
cette brûlure de plante de pieds WTF, le rapt du cadet

) on voit toujours l'homme, gamin rêveur, meurtri, partagé entre ses idéaux et son amour très concret. Ces années 87-92 sont celles des débuts de l'adolescence et Sattouf se donne, comme il lui est cher, à coeur de développer les premiers fantasmes, lesquels font à l'évidence fi de tout culturalisme (la cousine voilée, la professeure arabe y côtoie sans peine des starlettes occidentales). Manière de retracer la grande histoire par la petite porte, cette Jeunesse au Moyen-Orient trouve, ce qui est assez fascinant, des résonances fortes et incongrues avec l'actualité géopolitique. Ironiquement, professeur Sattouf finit ainsi par se faire perma-ban du royaume Saoudien pour avoir dénoncé la lâcheté du Koweït

L’Homme aux babioles - VilleVermine, tome 1
7.3
2.

L’Homme aux babioles - VilleVermine, tome 1 (2018)

Sortie : 3 octobre 2018.

BD franco-belge de Julien Lambert

fan_2_mart1 a mis 7/10.

Annotation :

Premier point, et pas des moindres : le trait qui me botte sévèrement le postérieur. Avec ses lignes de fuites à la fois nettes et obliques, on est, à mes yeux, dans une lignée Matsumoto/De Crécy qui ne peut que me parler. Cette manière de dessiner un environnement urbain tout à fait dimensionnel contribue à faire de ce tome un essai architectural qui joint le fond à la forme, puisqu'il s'agit ici, idée phare, de donner vie aux objets, lesquels communiquent avec le héros, détective bourru et bourrin. Ce rapport hommes/objets s'avère dialectique même si ambigu : l'idée de révéler l'âme des objets dénote d'une tradition occidentale parfois un peu chiche en imaginaire et conceptualisation, tout en appuyant le fait qu'il existe un rapport de domination (pour rappel : l'antienne possédons-nous les objets ou sont-ce eux qui nous possèdent est ici matérialisé avec malice). Pour le reste, l'histoire s'avère plus académique avec ses savants fous, ces gamins des rues et ces demoiselles dont on retrouve le collier, nécessairement, par la fatalité même d'une écriture calibrée, à se retrouver in fine entremêlés. ça et quelques rares scènes de baston qui fleurent encore un peu la testostérone voilà qui suffit à engoncer ce sympatoche et bondissant premier tome dans la catégorie des bédés de série B plaisantes

Caelum Incognito - Bolchoi Arena, tome 1
7.3
3.

Caelum Incognito - Bolchoi Arena, tome 1 (2018)

Sortie : 19 septembre 2018.

BD franco-belge de Boulet et Aseyn

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

L'idée de situer le récit en bonne partie dans un monde virtuel n'est pas franchement novatrice, mais le traitement l'est d'avantage. On est certes face à un jeu vidéo grandeur nature, mais ses interconnexions (économiques, scientifiques) avec la réalité sont bien tangibles. D'ailleurs, Bolchoi Arena se focalise moins sur les règles dudit jeu que sur le fait qu'il reproduit les pires travers du capitalisme, sauce western de l'espace. Le dessin, pastel et aéré, ainsi que la typologie légère, dénotent d'abord du carcan habituel bien plus guindé de la SF, mais ça n'est pas pour me déplaire. Ce premier tome est bien sûr l'occasion de poser les bases de fonctionnement de l'univers de même que les quelques personnages centraux, et se lit agréablement (quand on ne sait pas, comme moi, dans quoi on s'engage précisément, la séquence inaugurale produit son petit effet, de même que le léger twist final).

Batman: White Knight
7.8
4.

Batman: White Knight (2017)

Sortie : 26 octobre 2018 (France).

Comics de Sean Murphy

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

J'y connais pas grand chose en comics, et pas énormément de l'univers de DC comics sinon quelques dessins animés ou adaptation de Batman. Mais l'auteur semble ici faire quelque chose de plutôt intéressant de son sujet questionnant par un habile tournant scénaristique (le Joker étant "guéri" de sa folie et se lancant dans une campagne électorale vivificatrice) les méthodes de Batman : la justice du super-héros qui prend le pas sur celle des hommes, ce qui n'est autre qu'un résurgence du mélange d'individualisme et de darwinisme social hérité du western (où le héros est souvent au-dessus de la loi et du shérif). Classique twist (le méchant faisant mine de jouer au gentil) ? Oui et non, car le scénario pousse assez loin l'ambiguïté : le Joker est-il vraiment guéri n'est que subsidiaire. Celui n'étant autre que le versant dialectique de Batman existe initialement comme justification morale de la violence légitime du héros : justification qui s'effondre en même temps que le rimmel est ôté par du démaquillant.
Pas assez connaisseur, je passe sans doute à côté de pas mal d'aspects de l'histoire (le triangle amoureux du Joker, le passé des Wayne, la ribambelle un peu grotesques de méchants et vilains qui défilent en collant et voiturettes).

Talli, fille de la Lune, tome 1
7
5.

Talli, fille de la Lune, tome 1 (2018)

Sortie : 2 février 2018.

Global Manga de Sourya Sihachakr (Sourya)

fan_2_mart1 a mis 6/10.

Annotation :

J'ai l'impression d'avoir eu la même enfance que l'auteur de ce petit plaisir coupable : JRPGs, manga shonen 90s, Studio Ghibli... Quelque part entre le Toriyama de Dragon Quest et le Miyazaki de Mononoké, avec bien sûr du FF à la sauce vraiment Fantasy (le IX, surtout), ce récit simple, mais efficace, avec ses personnages aux passifs à dévoiler et au caractère trempé se suit fort agréablement. Le trait est vintage (dans l'esprit, on pense aussi au revivaliste Seven Deadly Sins), serti d'humour sympathique. J'ai bien aimé la petite trouvaille des menstruations invocatrices de chimères, comme une manière rigolote de concilier heroïque fantasie classique et petite pochade moderne féministe discrète.

Cavalerie Rouge
6
6.

Cavalerie Rouge (2018)

Sortie : 11 avril 2018 (France).

BD franco-belge de Jean-Pierre Pécau et Milovic Djordje

fan_2_mart1 a mis 5/10.

Kivu
6.9
7.

Kivu (2018)

Sortie : 14 septembre 2018 (France).

BD franco-belge de Jean Van Hamme et Christophe Simon

fan_2_mart1 a mis 4/10.

Annotation :

Cadeau de noël de ma belle-tante d'alors, Kivu m'a semblé dessiné et scénarisé à la truelle, avec un sens de la finesse disparu dans la brousse. Formellement, une bien piètre bédé, même en ayant grandi avec les scénar de Van Hamme (Largo Winch et XIII, le deux mamelles qui m'ont initié à la bédé hors gros nez grâce à un cadeau d'un cousin, encore). MAIS Kivu a au moins le mérite de traiter un sujet géopolitique des plus cruciaux et bien trop méconnu : l'exploitation en mode françafrique d'enfants soldats et l'entretien de guerrilla/guerre civile macabre pour se procurer le minérai nécessaire aux fonctionnement de nos smartphones maculés.

fan_2_mart1

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