Les meilleures BD de 2022 selon Fwankifaël

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5 avril 2023

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4 mars 2023

Délice pictural et magie de l'histoire.
Le Japon a beau hanter nos imaginaires occidentaux depuis longtemps vidés de leur magie propre, peu d'artistes parviennent à réellement embrasser le style, le regard et la typicité des œuvres nippones. Qu'une telle réussite vienne d'une jeune autrice suédoise a de quoi laisser coi. Et pourtant, ce conte "Une rainette en automne" subjugue par la simplicité de son effort et son efficacité à nous enchanter. Dans les traces d'un Kazuo Imawura et ses célèbres illustrations sur les familles souris, mais en ramenant son style à l'épure, Sterte signe un petit chef d’œuvre.

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27 décembre 2022
9,5/10

Fabuleux Jérémie Moreau qui ne cesse de m'emporter par ses romans graphiques à la fois magnifiques et questionnant notre rapport à la nature, un sujet qui me parle sans doute plus que tout autre. Après "La Saga de Grimr" (8/10) et "Penss ou les plis du Monde" (9/10) qui se penchaient tour à tour sur les liens de chair et de basalte entre l'homme et l'île dans l'Islande médiévale et sur la lutte entre Terre et Humain chez nos ancêtres pré-néolithiques, il questionne ici le rapport de la modernité à la vie sauvage dans une Alaska frappée plus que quelconque territoire par le changement climatique. Personnages touchants, lumineuse poésie, beauté de la catastrophe : Moreau touche ici le sommet de son art.

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15 juillet 2022
8,5/10

Sur un canevas ne réservant a priori guère de surprises, Mirion Malle trouve le ton parfait pour aborder avec sensibilité et justesse le sujet de la déception amoureuse. La critique de la masculinité toxique est délicate, loin des fureurs habituelles mais d'autant plus percutante et la difficile rémission de l'héroïne est accompagnée avec bienveillance et sincérité, sans s'exposer à une critique en naïveté. L'emprise, la violence d'ambiance (je n'ai pas de meilleur mot) confinant souvent au harcèlement, la sororité trouvent ici à s'illustrer avec beaucoup de finesse, servies - ce qui ne gâche rien - par un contexte québecois offrant un twist linguistique délicieux.

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7 janvier 2023
8,5/10

Voilà qui s'appelle clôturer une saga en beauté. Après les tergiversations du tome 5, celui-ci, d'une noirceur rare, voit l'urgence à terminer l’œuvre servir de catalyse à la mue du héros qui se dépouille de son regard conciliant vis à vis de son père en même temps que de ses démons. On dira ce qu'on veut de Riad Sattouf, il a quand même eu une enfance terrible... Car, ce tome 6 est aussi l'occasion d'acter le changement résolu de ton entre des premiers tomes drôles et tendres, et les derniers beaucoup plus sombres qui mettent en scène la solitude d'une mère désespérée et démunie et les conséquences dramatiques des évènements sur ses enfants. La quête du frère perdu, que l'on pensait annexe, devient centrale au gré des pages et donne un rythme nouveau à l’œuvre. L'ensemble réussit à fondre plusieurs propos distincts : le récit d'une vocation compliquée, le témoignage des errements d'une société dysfonctionnelle a bien des égards, un moyen touchant de solder les comptes avec un père tragique, mais aussi une tentative de justification des choix artistiques de l'auteur, parfois contestés, au gré de sa carrière. Longtemps resté comme spectateur amusé de sa propre histoire, Sattouf l'incarne ici avec une profondeur à la mesure du drame vécu.

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15 janvier 2023
8,5/10

Un excellent tome, vraiment, avec quatre premiers très beaux sujets (Reprendre les Rennes, Pris pour cibles, Course de fonds, Prière d'être français) traités avec justesse et dans un format réussi. Sujets qui font en plus écho avec l'actualité, alors que la Suède a annoncé cette semaine la découverte du plus grand gisement d'Europe de terres rares à Kiruna, ne suscitant manifestement que des réactions enthousiastes dans la presse, ou que la question de l'exploitation des fonds marins a été vivement débattue lors de la COP15 sur la biodiversité cet hiver.

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11 mai 2023

Spin-off réussi des aventures de Tulipe, qui reprend la recette de l'original au travers d'un conte philosophique et moral sur la foi et le rapport au savoir. Toujours aussi attachant, juste et terriblement efficace.

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22 janvier 2022
7/10

Captivé par la première partie du dernier roman graphique de Rochette, j'ai un peu décroché dans la deuxième en raison du virage narratif pris. Il faut dire que l'incipit de "La Dernière Reine" semble faire la promesse d'un récit atavique à la force de conviction proportionnelle à la profondeur historique et à la gravité du sujet traité. Comme effrayé par la poigne de ce récit choral, l'auteur embrasse finalement celui d'un héros broyé par la Grande guerre, héritier immuable et muet d'un autre rapport au monde. Là encore, le récit fonctionne parce qu'Edouard Roux incarne un solennité à la hauteur des enjeux qu'il défend. Mais les allers-retours de l'histoire, qui s'ouvre aux années folles et à une romance certes touchante, diluent l'enjeu initial. On ne le retrouve qu'en toute fin de la BD, par cette série de portraits noirs des bêtes qui peuplent ou peuplaient le Vercors et qui semblent nous dire tout le désespoir que notre société leur inspire.

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19 juin 2022

Un opus aux sujets particulièrement d'intérêt pour moi, que ce soit professionnellement (Lyon-Turin, irrigation et agriculture...) ou personnellement (actions féministes en Corse, escalade ou Call me by your name). Mais pour une fois, je n'ai pas été saisi par une mise en images particulièrement saisissante ou réussie. La fameuse limite que j'invoque souvent.

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16 mars 2022

Mouture toujours chouette, avec un niveau assez égal d'écriture et de dessin des articles. Particulièrement soufflé (sans mauvais jeu de mots) par l'enquête sur les essais nucléaires français en polynésie française, et ce qu'elle révèle des mensonges (les énièmes) de l’État à une population plus que jamais colonisée.

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24 juin 2022
6,5/10

Une feel-good BD au dessin manga-like qui m'a beaucoup plu pour le charme cute que Lucie Bryon donne à ses personnages. Outre le trait de crayon, j'ai apprécié la caractérisation des personnages et la trame générale d'une œuvre qui fait de l'homosexualité un acquis incontestable. Derrière, le pitch est quand même un peu faiblard et ne permet pas d'explorer vraiment les quelques enjeux qui émergent de ce "Voleuse".

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10 avril 2023

Le jury du festival d'Angoulême aura donc récompensé l'audace d'un format à nul autre pareil plutôt qu'un dessinateur de génie ou un remarquable conteur d'histoire. "La couleur des choses", récemment récompensé du Fauve d'Or, ne brille en effet pas par son récit qui, malgré un rythme soutenu et un humour certain, pêche un peu par son dénouement. On reconnaîtra au dessin sa minutie, son originalité et la judicieuse exploitation de son parti pris, mais son aspect clinique renforce l'humour de l'histoire autant qu'il dessert la proximité du lecteur avec les personnages.
J'aurais pas passé un mauvais un moment cela dit.

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12 octobre 2022

Toujours riche de sa diversité de sujets et de thèmes, j'ai été frappé par ce que ce numéro avait de mélancolique dans son traitement. Qu'il s'agisse des articles sur la surpêche au Sénégal, sur les blessures encore vives des sévices commis par les soldats français en Algérie ou encore de l'enquête sur la situation des professeurs contractuels, il se dégage une ambiance maussade et triste de cet opus. L'article sur les abeilles, en partenariat avec la revue Salamandre, est en particulier très équilibré et réussi.

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19 mars 2022

Sans le propos introductif qui ouvre cette oeuvre, je reconnais volontiers qu'on aurait un peu de peine à en comprendre le sens. "1834" est le fruit mur d'un long travail universitaire mené par des chercheurs et historiens de l'Université de Bordeaux Montaigne sur le fleuve Garonne. Dans la perspective d'une médiatisation des résultats de ces recherches, les chercheurs, bien aidés par des financements européens, se sont approchés d'un jeune paysagiste girondin, dessinateur à ses heures perdues, pour les traduire en dessin.

Le résultat est barroque et surprenant et souligne l'importance de rappeler le pédigrée de l'auteur-dessinateur, qui n'est pas un professionnel. Je dirais simplement qu'il m'a ému à deux titres. Premièrement, il explore l'histoire méconnue d'un fleuve qui a modelé, et continue de modeler le paysage et l'écologie de sa région, à commencer par la vie de ses riverains ; un fleuve que j'ai suivi pendant les 24 premières années de ma vie et dont cette BD explore quelques uns de mes lieux de vie ou de ballade. Deuxièmement, il est l’œuvre de l'un de mes plus chers amis d'enfance.

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27 août 2022

Assez séduit par le style graphique, à la fois pop et corbusien, de ce thriller glacé, j'ai été moins emballé par le déroulé d'un scénario qui laisse peu de place à l'emphase. Certes, Matthew Dooley manie avec doigté la dérision quand il s'agit de décrire la monotonie des villes du nord de l'Angleterre ou de rendre sérieux un complot entre vendeurs de glaces, mais j'ai peiné à trouver un intérêt sensible à cette historiette dont les personnages ne m'ont pas vraiment parlé.

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26 février 2023

Sous l'allure d'une épopée médiévale et rigolote vers l'émancipation d'une jeune femme du joug patriarcal exercé par son alcoolique de père (un prémisse intéressant), cette BD de GM et MB s'étiole dans un scénario pas franchement réussi et une écriture sans grand enjeu. Dommage

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26 août 2022

O tempura, O mores ! Et ô temps qui passe et qui érode les rocs les plus solides. Nous y voilà donc, à ce moment tant redouté où enfin je me lasse de la chronique d'Esther ? Était-ce la lassitude de ce voyage en train ou le manque de rebond de cet opus qui ont eu raison de mon intérêt pour la jeune fille ? Bien sûr les mi-savoureuses, mi-déprimantes réflexions sur la masculinité toxique, bien sûr des prises de conscience salvatrices, bien sûr quelques pépites comme ce débat familial en terre bretonne. Mais je n'ai pas trouvé le sel habituel dans ces cahiers. L'avenir dira si c'était un accident ou non.

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9 novembre 2022

Cette nouvelle resucée ne sera pas le renouveau espéré. Si l'on éprouve toujours une certaine sympathie à l'égard des héros croulants des "Vieux fourneaux", voilà bien longtemps que leurs aventures, ancrées dans une actualité qui ne manque pas de matériel, ne parviennent pas à susciter l'engouement, la fraicheur et la poilade des débuts.

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12 janvier 2023

Il y a une certaine délicatesse dans ce récit mais je suis resté hermétique au dessin et à la faible profondeur des enjeux.

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5 mars 2023

Surfant sur le style absurde désormais convenu d'un Fabcaro ou d'un Pignocchi, et avec ô combien moins de faconde, cette BD de Théo Hernandez m'a laissé globalement froid.

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15 octobre 2023

Difficile de mesurer la fidélité de cette BD à l'essai de Piketty, mais elle trouve dans son approche narrative une illustration claire et pertinente d'un traité d'économie. La difficulté était a priori en effet de rendre accessible les conclusions de l'essai du chercheur et de raconter plutôt que d'exposer son travail. Ce pari est réussi. Pour autant, peut-être par accoutumance de longue date aux thèses de l'auteur et à la pensée de gauche dans laquelle elles s'inscrivent, j'ai l'impression d'avoir peu appris dans le fond, malgré quelques éléments, notamment historiques, particulièrement inintéressants.

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7 octobre 2023

Séduit en librairie par le style graphique de ce roman graphique argentin, j'ai peiné à en venir à bout. "Naphtaline" se veut une exploration du lien de son héroïne à sa grand-mère récemment décédée, un propos qui avait tout pour me toucher. Mais malgré la perspective historico-politique et sociétale que l'autrice donne à son œuvre, celle-ci manque de rythme et d'enjeu. Le lien présumé entre la grand-mère et l'héroïne, dont on attend une concrétisation lumineuse qui éclairairerait l'oeuvre de son sens, n'éclot finalement jamais aussi précisément, ce qui laisse un goût d'inachevé.