Les meilleures séries de 2023 selon fan_2_mart1

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Récemment, un pote me parlait dans un bar de cette série passée sous mes radars. Récemment, les Cahiers concoctaient un numéro sur l'état des lieux de l'humour, notablement en US. Le nom de Nathan Fielder, que je ne connaissais pas à la surprise du pote évoqué ci-dessus, revenait plusieurs fois, agréablement accompagné de Larry David, de Tim & Eric et d'Eric Andre (et de tout autre humoriste US au nom étant aussi un prénom). Récemment, nous passions une semaine de détente chez ma mère, jusqu'à ce que le lit double rétractable lâche en tout cas. Ma mère ayant Canal +, et Canal + ayant proposé une offre temporaire Paramount, l'occasion était trop belle, zieutant la page d'écran titre, de plonger dans The Curse, ce que nous fîmes en quelques jours assidus.

Car dès le pilote, nous étions à bord. Humour cringe malaisant dans la tradition The Office, rehaussé de nihilisme judaïque comme on l'aime et d'une noirceur borderline horrifique, celle qui sourd les très anxiogènes - et pourtant hilarant, comme ici !- derniers films des Safdies, les fabuleux Good Time et Uncut Gems. Le méta-dispositif consistant à suivre une équipe télé (un couple qui construit des maisons autonomes en énergie) elle-même suivi par un réalisateur charger de monter une télé-réalité autour du projet confère certes quelques beaux moments de malaises mockumentaire (les mises en scène forcées supposément charitables par exemple) mais s'estompe néanmoins rapidement au profit d'un recentrage sur son trio de personnage principaux.

D'un côté, le couple donc, consisté de la star Emma Stone, décidément en quête de projets aventureux après ses collaborations avec Lantimos, qui excelle ici en mimiques faussement souriantes et véritablement crispées de l'intérieur, et Nathan Fielder, aussi au scénario, en bougre transi, bien plus maladroit et à la morale embryonnaire - lui qui fit d'abord carrière dans un casino. Rapidement, The Curse va ausculter ce couple se fragmenter de l'intérieur, plongé dans la grande tradition aliénante judaïque chère à Polanski et aux Coen bros, dans un enchevêtrement d'emmerdes inextricables. Pas manichéen pour autant, avec un scénario qui prend peu à peu son temps pour se déployer et donner sens même au plus trivial et insignifiant, The Curse donne du relief à ce qui n'aurait pu être que deux grossières parodies. Car les bonnes intentions, fussent-elles enchâssées dans un moralisme d'époque douteux (les préoccupations un peu superficielles sur les indiens autochtones ... [v

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La satire politique est assez classique, mais la série est diantrement drôle déjà ! Avec son jeu non-comique absolu, Léa Drucker, après Dupieux, est en train de s'imposer comme l'une des actrices françaises les plus drôles de l'époque.

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Union plutôt drôlatique de deux troubadours chauves. Bien sûr assez léger, mais tout de même une incarnation bienvenue de l'angle mort politique, celui de la capacité des banlieues à se projeter et à se représenter dans le jeu électoral (Ladj Ly effleure lui aussi cette question, sur un angle plus dramatique, dans Bâtiment 5). En se moquant à la fois des cruelles querelles d'appareil (Eric Judor, socialo-collabo grotesque) comme des dérives woke (pour lesquels va tout de même plutôt sa sympathie : la voilée conseillère s'avère plutôt sage mais est contrebalancée par la maladresse piteuse et touchante de Zadi, tandis que la caricature de Rousseau/Foïs d'abord un peu désastreuse, laisse entrevoir une sortie de piste à l'imaginaire tout de même plus ouvert). Quelques belles séquences et une énergie de filiation qui plaira sans doute à ceux qui aimaient Platane et, bien sûr, Tout Simplement Noir.

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J'ai appris à postériori que cette mini-série était en quelque sorte le contrechamp d'un autre film sur l'affaire de l'enlèvement de Paul, pardon Aldo, Moro, déjà réalisé par Bellochio. D'ailleurs, de cette affaire de rapt connue en Italie, je ne connaissais rien non plus, ce qui me garantit à défaut d'une crédibilité historique un certain suspense - que je viens d'éventer, fallait pas me lire, mais tout ça arrive à la fin de l'épisode 1 sur 6. Par la suite, il s'agirait dans la mode des putassiers films choraux des années 2000 d'égrener la même séquence de quelques semaines selon différents points de vue : politiques paniqués appelant l'armée au secours, pape éploré face à la cruauté d'un monde en voie d'amoralité post-chrétienne, des kidnappeurs eux-même à qui ont laisse une fenêtre pour exprimer leurs convictions, de la femme et famille dans le marasme émotionnelle... Avant finalement, de raccorder tout ça lors d'un dénouement final forcément en deçà des attentes mais qui gratifie de quelques moments forts. Car ce qui pourrait s'avérer un exercice de style laborieux, devient sous la patte d'un Bellochio très en forme après le vivifiant Traître, d'ausculter l'Italie d'alors (et donc, un peu, d'aujourd'hui) sous toutes ses coutures, parfois entremêlées : politique, morale, religieuse, familiale...

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Le procédé de reconstituion brechtien (on voit les techniciens et le plateau, un peu comme dans Dogville les marques de théâtre sur la scène, et le passage de relais de certains protagonistes réels à leur représentation actée) s'efface peu à peu face à la mascarade d'une invraisemblable violence que fût l'affaire d'Outreau. Foyer familial (et un peu du voisinage, aussi), terreau pédophile et foncièrement affabulateur, fait d'inculture crasse, de lâcheté ordinaire, mais foncièrement pathétique. La parole se répand aussi vite que le mensonge, et la mesquinerie et la revanche trouve écho dans l'obstination bornée de Burgaud plus grand point aveugle de ce récit abracadabrant (bêtise ? enfermement dans son erreur ? carriérisme ataraxique ?). Quelques redites inutiles ici ou là (ces "manières" enfantines, mot charriant l'imprécision, jamais mis en défaut par l'enquête, par pudibonderie peut-être?), mais une histoire évidemment moins édifiante, dont l'attrait morbide résulte moins dans le dénouement (déjà connu) que dans les mécaniques de juste, ou d'injustice, qui ont savonné la pente de ce marasme qui colle ici ou là la chair de poule.

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Pas mal de drama, de pathos, de cliffhanger et de mystère tout de même assez forcé, question opacité, mais qui entraînent de fait dans cette spirale familiale broyée. Dolan en jeune émo broyé par les veines est assez poignant d'auto-mutilation symbolique, tandis que, dans une veine mélodrame à la française, le film évite tout de même la lourdeur parfois sentencieuse de Juste Avant la Fin du Monde, film de Dolan dont il est le plus proche.

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On se fait peu à peu à l'incarnation toujours vaillante mais pas immédiatement mimétique de Laffite, mais si on est un tant soit peu fasciné par l'escroc au bagout haut qu'est Tapie (je le suis, je concède), on se laisse porter par cette mini-série plutôt efficace à défaut d'être subtile ou formellement ambitieuse. L'épisode du show télé, en montage alterné avec le carnage syndical, comme le dialogue final avec le procureur de Valenciennes, ornent d'une hauteur de vue morale, ne manquant pas d'épingler la bouffonnerie souvent inconséquente de Bernard, tandis que le récit du rejeton Séguela (qui a le droit à une petite vanne méta) peine lui à se départir du portrait élogieux de l'entrepreneur conquérant posé en modèle, start-up nation à lui tout seul. Faute d'axe gauchiste, loin s'en faut, une farce mi-aigre, mi-acide.

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Appréciable l'humour noir cinglant qui fait rire ici ou là, via une réplique acide inattendu ou un gag visuel anachronique, boulevardie en contexte artisto. Certes, avec son format carré, sa caméra qui tremblote et un certains effets de montage elliptiques aléatoires, la série force parfois un peu ses effets de manche branchouille, de même que le discours évidemment féministe (à bas le patriarcat des méchants frères et des vils mères) d'émancipation est aussi louable que convenu. La musique rock du générique et de quelques scènes inscrivent cette mini-série quelque part entre la Sofia Coppola de Marie-Antoinette et l'humour québecois pince-sans-rire (en un peu moins poseur et agaçant tout de même) de Monia Chokri réalisatrice, ce qui n'est pas incroyable en tant que tel, mais distingue malgré tout La Maison Von Kummerveldt du tout venant feuilletonesque sans ambition esthétique ni narrative réelle. Ah, bien sûr, le détour vers le XIXème siècle pour épingler le contemporain (les piques à l'aristocratie étant là pour le décorum) est une pirouette si facile à exécuter que même moi pourrait la tenter sur tatami.

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Stylisé à l'extrême, forcément, entre ses longs plans composés, cadrés façons théâtre antique et ses jeux de lumière giallesques, Copenhangen Cowboy, du souvent crypto-fasciste NWR (il a le droit, en bon marchand cosmétique, à sa petite signature de créateur de mode), ne peut bien sûr s'empêcher de valoriser la vengeance et la force comme moyen de rédemption, fusse t-elle décochée par un corps féminin, subversion des plus convenus et consistant à aligner le féminisme sur le masculinisme le plus bêta. Quelques séquences grotesques appuyées (le chibre qui fascine notre mafieux esthète, la solitude du vieux businessman dans sa tour de verre) pourraient fonctionner si le tout n'était pas d'une prétention souvent anesthésiante.