Les meilleurs albums de 2021 selon Rainure

Annotation :

Facilement le plus bel album de l'année ou pas loin (comme toujours avec Liz Harris). Plus "ligne claire" que ceux que je connais, moins dissipés très lointainement (même si on est toujours dans le spectral, diaphane, quasi-transparent), une guitare plus en avant sans tant de brouillard parfois (encore que, ça varie d'une piste à l'autre), mais d'autres choses magnifiques : les mélodies qui abandonnent avant de reprendre (The Way Her Hair Falls), la chose très "Animal Crossing" (Promise) dans son apaisement abandonné, et autres choses qui s'épellent très discrètement. De quoi s'étendre et rêvasser de l'épars, du lointain.

Unclean Mind : https://www.youtube.com/watch?v=OcAO6WeE3vU
The Way Her Hair Falls : https://www.youtube.com/watch?v=GANKx7XQWbg
Basement mix : https://www.youtube.com/watch?v=GANKx7XQWbg

Annotation :

Sonorités merveilleuses : entre sitars psychédéliques et thérémines farfouilleur ; de quoi songer à l'orient dans tous les replis et danses des compositions de Baligh Hamdi, l'équilibre heureux de son groupe "Diamond Orchestra" : hybride de violon, accordéon, guitare électrique, flûte pour un aperçu de musique modale et moderne arabe de l'époque.

The Wanderer : https://sublime-frequencies.bandcamp.com/track/the-wanderer
Mawood : https://sublime-frequencies.bandcamp.com/track/mawood
Gazairia : https://sublime-frequencies.bandcamp.com/track/gazairia
Zamane : https://sublime-frequencies.bandcamp.com/track/zamane

Annotation :

La plus chouette des itérations (maintenant quasi-annuelle) des nouveaux groupes art-post-machintruc-punk britannique (mais je n'ai pas encore écouté le nouveau black midi).
Influences kraut, Slint, post-hardcore et le tintouin bien digérées, pour tout un ensemble qui réussi un très bel équilibre entre l'évidence de quelques lignes mélodiques tendues et déraillements sonores - Narrator, Pamphlets en sommets évidents de l'album.
Moins geek que black midi, moins chiant que Black Country New Road (mais faut que je réessaie d'écouter ceux-là), vrai enthousiasme de se laisser enflammer par tout ça.

Narrator : https://www.youtube.com/watch?v=__zmVSREvxY
2010 : https://www.youtube.com/watch?v=CMbieT83qKY
Pamphlets : https://www.youtube.com/watch?v=Jv35ffaxFj4

Annotation :

Tom Rellen et Valentina Magaletti pour une dernière fois à enregistrer ensemble (la tristesse encore de penser à la mort si jeune de Tom Rellen) - et à fouiller, explorer les immensités intimes de Gaston Bachelard, articuler son propre univers à coups de synthétiseurs modulaires et de batteries en galops, d'inspirations de musiques ambiantes, zen ou rythmes motoriks sous les surfaces. Quelques morceaux (magnifiques) pour avoir les grands espaces sans les impasses.

Very Never (My Mind Extends) : https://www.youtube.com/watch?v=SqjJMkhrFbY
The King of Naples : https://www.youtube.com/watch?v=Vc3q2yUGCbo
Intimate Immensity : https://www.youtube.com/watch?v=szNVumy5JUA

Annotation :

Une des meilleures idées de ce royaume pourri du Danemark. R&B côté nuageux, plein de coton et de doutes émis dans ces environnements hyggelit (à la bougie, sous la couette, par temps de pluie, entre spleen et douceur du moment). Beaucoup d'humour triste un peu caustique, "You want drama I give you a reality show", et l'enveloppement souple des instrumentations, pour retourner dans quelques quartiers de Nørrebro ou Kødbyen à la nuit tombée à 17h.

Drama : https://www.youtube.com/watch?v=kxX1fVBkOns
All You Talk About : https://www.youtube.com/watch?v=__HBwqjTiLo
Someone to Chill With : https://www.youtube.com/watch?v=iiQZ8WqrMV8
Better Than That : https://www.youtube.com/watch?v=X_4nRJxmDTE

Annotation :

Pour me rappeler le plaisir autrefois à écouter "Reaching For Indigo", pour des explorations similaires - soit, une excellente surprise en retard pour 2021.
Là encore, voix féminine très ample, très jouée, qui tour à tour amplifie, tait ses mots, sait ralentir et reprendre un tempo et pas juste faire ces (étranges) phrases chantées en 4/4 ou 6/8 sempiternellement. Dans le côté fantomatique de la voix, parfois le Buckley de Lorca revient en tête aussi : là on est aussi joueur, à vaciller, vibrer (même si oui, l'accompagnement musical n'a ensuite pas grand chose à voir). Là, quelque chose d'histoire racontée avec l'accompagnement soulignant les mots, l'introspection (un côté Jenny Hval, avec qui elle a tourné) - plaintes lentes, confiance d'ex-amants, ou la très drôle/belle histoire d'Anna s'imaginant en train d'écrire une suite au "Chelsea Hotel" de Leonard Cohen en se retrouvant dans la même situation que le premier ("You were giving me head on an unmade bed").
Soit : parmi les plus belles chansons incarnées - j'insiste sur la chair - de l'année, pleines d'enluminures.

(on remerciera indirectement William Doyle - encore une fois cette année - pour la découverte indirecte de l'album, qu'il a produit et dont il a fait un peu la pub forcément)

Corncrakes : https://www.youtube.com/watch?v=Wb_KDIDE09s
Baby Grand : https://www.youtube.com/watch?v=_uBbRcVktzA
Chelsea Hotel #3 : https://www.youtube.com/watch?v=Aqq4dKIR_VY

Annotation :

Des flux flous de la foule d'oiseaux (parmi eux, quelques-uns de Talk Talk, des piafs Radioheadesques, des formes plus évidentes qui volètent chez Perfume Genius).
Après l'ouverture en façade très pop donc, William Doyle casse son album en tumultes et en brèches : les morceaux commencent à tanguer entres expérimentations électroniques, chants plus étranges et incantatoires façon Richard Youngs (Who Cares), chapelles de pépiements et autres joyeusetés baroques, rococos, autres mouvances et surprises. Tout ce qu'il faut pour bousculer un peu une pop trop confortable.

And Everything Changed (But I Feel Alright) : https://www.youtube.com/watch?v=qAF8dJ5L_y8
Shadowtackling (en évocation de Pulk/Pull Revolving Doors) : https://www.youtube.com/watch?v=dXIVKpamU5w
Who Cares : https://www.youtube.com/watch?v=nafnTcRfyYA
Nothing at All : https://www.youtube.com/watch?v=H2MfqHIi9GY

Annotation :

William Doyle qui un peu plus à chaque fois confirme être un nouveau chouchou pour moi - toute ma pop à oiseaux espérée, qui reprend à sa sauce une grande cape (Robyn Hitchcock), plein de synthétiseurs qui ricochent et bidouillent (comme dans les meilleurs moments de l'album sorti cette année), comme de chewing-gum bonne à faire du refrain à reprendre, comme de choses sylvestres qui reviennent chercher le Soleil en automne façon Adrianne Lenker (le superbe, magnifique dernier morceau). Fondre un peu encore.

The Unanswered Why : https://www.youtube.com/watch?v=hv1hF7dWYYI
An Apparition (Without Event) : https://www.youtube.com/watch?v=sAk5mgeVfEc

Annotation :

Forcément un peu l'impression que tout ne surgit plus autant, après l'incroyable première piste qui essouffle tout le meilleur du disque - quelle première piste, escalades et arrachées, chahuts, mystères du jardin et quelque chose entre art pop, jazz. Mais ne boudons pas non plus notre plaisir du reste - peut-être un peu plus convenu, moins chatoyant, presque trop touffu pour rien quelques fois, grandiloquent plus que grandiose : on s'y fait aussi, après tout.

Welcome to the Garden : https://www.youtube.com/watch?v=VAE5c5k7Ug4
Back to Earth : https://www.youtube.com/watch?v=UP2eV3lwVhA
Sorry : https://www.youtube.com/watch?v=xXy329mgOkI

Annotation :

Bien entendu rien à voir avec le Pharoah Sanders de Karma, et à vrai dire je ne sais pas trop qui de la collaboration a le plus de poids dans ce beau projet flottant : je ne connais pas Floating Points pour dire ce qu'ils apportent, ce que le reste apporte. Toujours est-il : belle et lente progression (torpeur ?) constituée autour d'un unique motif ou presque où viennent se fixer les éraflures (les quelques vocalises labiales, parfois le saxophone, surtout des orgues synthétiques qui aiguillonnent et brillent), les épais nuages (tout le mouvement 7 et ses violons en point d'orgue), tout ce qui formerait la cartographie des plateaux esquissés (sur ce qui serait les épaules ou les maquettes de Brian Eno, période ambiante).
(je dirai bien des choses clichée : des mélancolies du ciel, du tissu de rêve moucheté, d'autres figures un peu bête, mais ça ne rendrait pas justice : la grâce de l'album n'a pas besoin d'allégories)

Movement 5 : https://www.youtube.com/watch?v=K7lAS9rKMEk
Movement 7 : https://www.youtube.com/watch?v=2-q18UOLxi0

Annotation :

Quelque chose d'heureux et d'apaisant comme le Music for Airport d'Eno, qui additionne ses bidouilles, trifouillis, aux nappes et notes plus mesurés, discrets. Dans la douceur fondante, comme inquiète, ça retrouve parfois Spirit of Eden (peak chroma comme un peu Desire sans la brutalité soudaine). Des criquets stridulent, les voix arpentent, des fields recordings s'ajoutent et se noient dans la totalité. Quelques beaux levers de Soleil.

peak chroma : https://www.youtube.com/watch?v=IWTvRAV7DYg
diluted dreams : https://www.youtube.com/watch?v=zIe_9Z_Hp5k

Annotation :

Low dédouble son "Double Negative" dans une veine plus enjouée, franche, abrupte mais moins, détourne ce qui faisait l'aridité complète du précédent pour en faire des pistes ambiantes assez molles, entre deux excursions réjouissantes à rager tout en saturations, pulser sur des maelstroms pointillistes (viennent puis se noient).
Je voudrais rien que des pistes comme White Horses, ou More, un "Great Destroyer" plongé dans la gaine de production de cet album, pour m'emmitoufler dans la tempête électrique que ça donnerait - et profiter alors mieux des belles accalmies (qui n'atteignent jamais les magnifiques Fly, Tempest du précédent).

White Horses : https://www.youtube.com/watch?v=sebDnwlEnPs
Hey : https://www.youtube.com/watch?v=dzynnHUouVs
More : https://www.youtube.com/watch?v=DfQQvHvIPHI
The Price You Pay (It Must Be Wearing Off) : https://www.youtube.com/watch?v=EAhhF2Y9kI8

Ce que je préfère chez Low : https://www.senscritique.com/liste/One_more_dance_before_they_take_away_the_light_Top_Low/2063763

Annotation :

Conclusion étrange à une carrière étrange (mais l'étrangeté, c'est souvent beau). Trop-plein de conscience de soi et rien qu'à soi, autopsychanalyse raide d'une carrière "ratée" (peu de succès, de concerts, un peu d'aigreur sans doute - Bruit Noir serait pas loin) ; avec toute la gravité que ça peut prendre (de l'émotion un peu quand même à entendre parler de l'Ardèche, de "Je ne veux pas mourir", même pour l'héritage nul que ça laisserait). Et encore une fois, comme avec Sciences Politiques (mais moins que Sciences Politiques quand même), je ne marche pas en compagnon de chaque chanson, toujours ce recul du "ah oui, c'est pas mal" sans plus la phase totale des autres albums, ou presque. Bon, parce qu'aussi, il y a Algérie au milieu de tout ça (et dans une moindre mesure Les Chanteurs), et qu'Algérie retrouve une magie du Mendelson 2008 / 2013 ; suspension de dizaines de minutes, saisie des paroles, frissons pourtant. Il y a Algérie, donc (et la Kabylie, et les juifs berbères, et Leonard Cohen, et la famille Bouaziz, et tout ce qu'il ne faudrait pas chanter). Algérie et son grondement qui surplombe, et de quoi râler encore une fois - tenir quelque chose du bout des doigts.

Bref, mini-déception, et beaucoup de respect pour toute cette carrière enfin. Mendelson enfin, peut-être que là non plus ce n'était pas "une façon de se dire au-revoir". Mais je ne suis personne pour dire ça - personne ne le fera pour nous.

Algérie : https://www.youtube.com/watch?v=lSGuMy6mn7o
Les Chanteurs : https://www.youtube.com/watch?v=jyM_TfZosLo

Annotation :

Explorations sonores belgo-suisses, pas si loin de la scène "du terroir" français - je pense à La Tène, Sourdure, les sorties de La Novia ou de Pagans globalement en disant ça.
Donc, de beaux tourbillons de percussions hypnotiques, de trouées folk et électroniques pas sans rappeler de vieux chants traditionnels dans les harmonies rustiques. Tambourins, chants mêlés et recouverts, et un son qui par instant vient densifier l'atmosphère ; du tout bon.

A part ça :https://merilwubslin.bandcamp.com/track/part-a
Flâner : https://merilwubslin.bandcamp.com/track/fl-ner
La traversée : https://merilwubslin.bandcamp.com/track/la-travers-e

Annotation :

Jenny Hval se prend un peu pour Laurie Anderson le temps d'un album en duo (avec l'inconnu qu'est pour moi Håvard Volden), avec des morceaux qui s'amusent à éterniser leurs élans électroniques, laisser la présence à Jenny en conteuse étonnée, surprenante, lancinante, pour des choses prenant le temps de s'emporter comme il faut - tout pour me faire dire qu'elle me manquait, cette voix.

Losing Something : https://www.youtube.com/watch?v=AAYEWpQWr30
Love, Lovers : https://www.youtube.com/watch?v=iT5innrMz0k

Annotation :

Encore plus geek que leur premier album, gagne dans l'ornement ce qu'il perd en immédiateté (ce qui fait que je l'écoute très différemment du premier) ; des influences Slint et brûlots, on passe plutôt sur les terres de Primus et d'héritages prog, expérimentaux, King Crimson, sur les moments les plus violents du tout, quand les choses plus suspendues (Marlene Dietrich notamment) me rappellent le dernier Bowie, presque Scott Walker.
Bref, un album disparate qui m'échappe un peu, que j'essaie de fixer à grands renforts de namedropping, sans grands résultats autre qu'un éclatement, qu'une distanciation, malgré toute l'originalité de ce gros assemblage.

Marlene Dietrich : https://www.youtube.com/watch?v=t-GM18LE1lA
Slow : https://www.youtube.com/watch?v=4tJ4ISRpl-Q
Dethroned : https://www.youtube.com/watch?v=nPquyDbdXWw

Annotation :

Psychédélismes et héritages occitans : de quoi errer entre les multiples, incessantes percussions, les irruptions de vielle à roue et autres vents, le lyrisme de la langue d'oc.

Nostra Foeira : https://www.youtube.com/watch?v=e_WKKsul4Wk
L'Ivern daus Astres : https://www.youtube.com/watch?v=jHIiE2BbtAs
Clavar Cavar : https://www.youtube.com/watch?v=FdGkF8nlaSY

Annotation :

Le meilleur revival eurodance de l'année (mais est-ce que ça signifie quoi que ce soit ?). Danny Harle veut tout immense, chargé, épuisant et bondissant (ce n'est pas tout à fait vrai, il y a DJ Ocean mais c'est le plus chiant) : quelques prouesses dans le lot, puis de l'agacement là et là.

On a Mountain : https://www.youtube.com/watch?v=nwcyjGoGV-w
Take My Heart Away : https://www.youtube.com/watch?v=qHLga_XZe-E
Interlocked : https://www.youtube.com/watch?v=_GQWMnEskrY
Boing Beat : https://www.youtube.com/watch?v=5EpnYQW8XWY

Annotation :

Toujours l'impression constante de retrouver un ami qui ne change jamais beaucoup avec le temps : Jay Jay Johanson fait un album un poil plus triste qu'à l'accoutumée (le très beau single Why Wait Until Tomorrow, ou When Life Have Lost Its Meaning), du reste la recette est connue : gratter le refrain crooner parfait, errer entre un léger jazz et des restes trip-hop qui disparaissent petit à petit ou font les titres qui m'intéressent moins (I Don't Like You, Stalker), quelques incursions plus abstraites ici et là (Vertigo, qui fait replonger vers le Jay Jay désossé de Self Portrait), un piano peut-être plus marqué (mais pas autant que sur Bury the Hatchet).

Bref, un vieil ami, avec quelques histoires assombries (mais pas sombres non plus) à raconter, dont on connait les habitudes, les gestes élégants, qui sait nous bercer, au risque de nous endormir, de sa voix en suspension.

Why Wait Until Tomorrow: https://www.youtube.com/watch?v=rvzfQOPxaCY
When Life Have Lost Its Meaning : https://www.youtube.com/watch?v=J8qyw0gA7Cg

J'explore un peu plus la carrière du bonhomme ici : https://www.senscritique.com/liste/Thunder_on_a_foggy_day_Jay_Jay_Johanson/2270615

Annotation :

Richard Dawson qui lentement s'éloigne de ce que je préfère chez lui (choses plus brisées, cabotines, de Peasant ou Nothing Important, ou même avant) pour aller vers quelque chose de plus affirmé, ici mêlant prog ou krautrock, l'influence de Circle se fait fort sentir, et pas pour me plaire malheureusement. Beaucoup d'errances qui ne me plaisent pas, quelques gimmicks, et là et là la façon de conter caractéristique qui m'accroche tout de même des sourires, des hochements.
Pas mes accrocs, soit.

Silene : https://www.youtube.com/watch?v=qOmSHLZkKqM

Annotation :

De la French Touch par rebonds, sautillements, grésillements qui ne change presque pas d'un pouce d'un coin de la réalité virtuelle explorée à l'autre : Homework avait déjà réussi beaucoup de ce que fait l'album en moins surprenant. Quelques entêtements.

Party Soundtrack Generator : https://www.youtube.com/watch?v=_YJfDdjhjMo
Océan 93 (Comptines Parallèles d'un Monde Sans Toi) : https://www.youtube.com/watch?v=V930MWcXS5Q

Annotation :

Quelques reproches semblables (en moins marqué) au concert que j'ai vu récemment autour de cet album : tout ne s'assemble pas toujours vraiment, fonctionnant dans son petit monde chacun pour soi, parfois juste une impression d'électro-lounge ou quoi pas fourmillante, puis parfois la vielle à roue revient, les rythmiques insistent plus, et on en revient à dodeliner comme on attendait.

Caltec's Dance : https://www.youtube.com/watch?v=yFhm0yYhdWU
Hephaisto's Breeze : https://www.youtube.com/watch?v=k48g6bthdAo

Annotation :

Un peu comme les autres albums que j'ai écouté du Matthieu - il a beaucoup tourné à la suite de la première écoute. Malheureusement, cette fois c'était plutôt par déception, et tenter d'y creuser quelque chose pour m'y attacher un peu plus, mais non.
C'est en même temps le risque de sa musique tournée vers le silence, le peu plutôt que le tout plein : il faut ciseler ça impeccablement pour donner une forme qui tienne un peu, là je vois trop de trous d'air, de ramassements sur des ritournelles oubliées sitôt passées.
Finalement, l'entendre chanter anglais n'a pas fait tant de vague - il sait d'où il vient, alors ne se force pas à "mentir" une voix anglaise, on entend le français dans chaque mot mal prononcé - et il en profite pour simplifier les textes, des images vite trouvées qui se suffisent sous peu (des choses légères de sourire, d'amour, du slow insolent ou de l'indolence. Mais même les mélodies un peu biscornues de You Like Me ont peu d'effet sur moi - me reste deux, trois titres du tout, l'ouverture Annie pour ses petits synthés sur presque pas de batterie, et surtout Guy of Steel dans sa belle tristesse discrètement passée. Non pas les belles promenades des autres albums qui sont passés par là, pourtant.

Annie : https://www.youtube.com/watch?v=vw9sCD_a-Co
Guy of Steel : https://www.youtube.com/watch?v=rofE370wYpc

Annotation :

Moui, il y avait eu deux singles qui m'avaient botté - Man Alone (même si trop long, qu'il me perd dans son assoupissement urbain hypnotique) et You'll Have to Scream Louder. Rien de bien vibrant dans le reste de l'album, la torpeur toujours pas si loin avec Tindersticks - d'autant qu'on largue les violons et pianos ultra-romantiques efficaces du précédent, mais que ce n'est presque remplacé que par du vide. Un grand appel d'air.

Man alone (can’t stop the fadin’) : https://www.youtube.com/watch?v=9uQ7CDO4_GA
You'll have to scream louder : https://www.youtube.com/watch?v=rCOM30iRd7k

Annotation :

Rien de très croustillant, plus de flou que de flux, trop de lenteur et trop rien de bondissant (à l'exception de la première piste, et des lapons). Plus la même voie empruntée que sur ses deux précédents, et je ne m'y retrouve donc plus - trop de glas et d'enrobage, donc.

Juste de passage : https://www.youtube.com/watch?v=0wJxSky-w-s
Comme des lapons : https://www.youtube.com/watch?v=NlGAQL0vTfw

Annotation :

De tous les nouveaux groupes du renouveau post-punk anglais qui se fait (Squid, black midi, et cie), chez lesquels on retrouve du Slint souvent (plus ou moins affirmé, chacun sous une autre forme - ici c'est évident sur le second morceau), c'est celui qui me touche le moins : les saxophones sont des soufflés déjà retombés, on sent que ça a écouté le Red de King Crimson ou Mars Volta aussi, mais je ne me soulève jamais comme en écoutant KC (c'est plutôt l'irritation, pas toujours forte mais là, d'écouter Mars Volta).
Je marche en faux pour cet album : à reculons, mais en laissant toujours une chance de revenir poser mes oreilles par là (qui sait, un live, un nouveau single)

Track X : https://www.youtube.com/watch?v=u3H8O8RJp3M

Annotation :

Sans doute le meilleur Godspeed depuis Allelujah (ce qui veut dire beaucoup moins de choses pour moi que ça aurait dit il y a quelques années) ; tout est finalement très poli, sans grosse cassure, surprise, même, on peine à trouver la colère d'il y a quelques années (plutôt une sorte de majesté molle, fade, pâle) ; il n'y a qu'à écouter la fin paresseuse dans tout ça. N'y a que "Fire at Static Valley" où les choses râlent, pleines de bourdons, d'ampleur, et où je retrouve quelque chose de ce que j'aimais.

Fire at Static Valley : https://www.youtube.com/watch?v=hUkJk7eRFLc