Les meilleurs albums de Thomas Newman selon TheFreeMind

Annotation :

Le choix de Thomas Newman pour succéder à David Arnold à la musique de la saga James Bond s'explique par sa longue et plutôt intéressante collaboration avec Sam Mendes. Pourtant Newman n'a pas l'habitude de signer des bandes originales d'action. C'est donc avec surprise que l'on découvre en ouverture "Grand Bazaar Istanbul", premier morceau d'action qui démontre que Newman a les épaules pour magnifier les courses poursuites. Dans un style moderne et dynamique qui lui est propre, il parvient grâce des percussions travaillées à créer un rythme qui soutient parfaitement la scène d'introduction. Ce style se retrouve sur "The Moors" ou "The Bloody Shot" qui cite également le James Bond Theme.

La présence de la guitare est également caractéristique du compositeur ("New Digs") qui bâtit souvent son rythme sur cet instrument. En fait, là où Newman performe c'est dans la création d'une ambiance léchée, propice au suspense ("Health & Safety", "Tennyson"). Sa partition est très équilibrée en termes de qualité et si un nouveau thème emblématique semble absent, il délivre quelques belles pièces orchestrales. Parmi celles-ci se trouve notamment la sensualité toute féminine de "Severine", un joli motif que l'on ne réentendra plus. Skyfall ne laisse pas la place à la romance car Bond fait face à ses démons. On a dès lors plutôt droit à un exotisme d'une froideur rare dans "Skyfall" ou à la pureté émotionnelle de "Mother".

De fait, un certain nombre de compositions sont plus sombres. "Quatermaster" est un morceau typique de Newman avec un thème cyclique qui passe d'un instrument à l’autre sans rupture de la continuité. Cet exercice de style produit un résultat qui laisse peu de répit à l'auditeur.

Les inspirations sont parfois Zimmeriennes : comment ne pas penser à The Dark Knight sur "Jellyfish" ou "She's Mine"? On ressent toute l'influence que peut avoir Zimmer sur ses contemporains quand il s'agit d'utiliser du sound design pour intensifier l'action. Mais pour le coup Newman s'en sort bien dans ses citations puisque l'ensemble reste cohérent et dynamique.

Il a en revanche plus de mal à s'approprier le morceau Skyfall d'Adèle, qui compte assurément parmi les meilleures chansons de la saga mais dont il n'a pas participé à la composition. On retrouve brièvement le thème sur "Komodo Dragon" mais Newman ne parvient pas à le magnifier.

Sans trahir l'esprit de la saga, Newman produit une bande originale qui épouse son style avec réussite.

Morceau préféré : Tennyson

Annotation :

Pour tout dire j'ai trouvé la partition de Newman un peu décevante lors de ma vision du film. Je crois que son potentiel n'est pas pleinement exploité, elle ne semble être qu'un élément du décor de ce huis-clos spatial. Il est vrai que Newman n'est pas du genre à se mettre en avant avec des thèmes explosifs, il est toujours en recherche du juste équilibre dans ses successions d'accords. Et si au vu du thème spacial du film, Newman pouvait sembler hors de sa zone de confort, il n'en est rien puisque le compositeur suit le choix scénaristique du film de se concentrer sur l'histoire d'amour naissante entre les deux héros plutôt que sur la conquête spatiale en elle-même. Et au final après réécoute, Passengers est non seulement dans le pur style de Newman mais bel et bien une nouvelle réussite du compositeur. On regrettera surtout la longueur un peu excessive de la partition.

Le film s'ouvre par une belle séquence présentant le vaisseau naviguant vers sa destination dans l'espace sur le thème principal "The Starphip Avalon". Un thème plus intéressant qu'il n'y paraît au premier abord. Mais ce sont surtout des morceaux pleins de beauté comme "The Sleeping Girl" et "Spacewalk" qui attirent l'attention. "Zero‐Gravity", "Red Giant" et "You Brought Me Back" sont eux aussi sympathiques.

Morceau préféré : The Sleeping Girl

Annotation :

Je ne crois pas que Newman soit vraiment un compositeur taillé pour illustrer la guerre ou les combats héroïques. Son style n'est sans doute pas assez dynamique, presque trop poétique et raffiné pour pleinement exprimer la violence des combats. Mais au final 1917 n'est pas un film qui montre vraiment les combats de la guerre, c'est avant tout la progression personnelle de soldats au milieu du conflit. Cela convient forcément davantage à Newman. Il nous propose une bande originale plutôt discrète, support à la marche des soldats. Mais il y a quelques envolées lyriques du plus bel attrait : le dynamisme final de "Engländer" notamment mais surtout les deux meilleurs développements sont assurément "The Night Window" et "Sixteen Hundred Men" : "Night Window" est une sorte d'ouverture sur le monde solennelle et grandiose et "Sixteen Hundred Men" possède une montée en puissance marquante avant l'assaut. A contrario, un morceau comme "Milk" est une halte au milieu de la tempête et prend son temps mais de manière tout à fait justifié. Au final, Newman s'en sort bien et parvient à magnifier les scènes les plus tendues du film.

Morceau préféré : The Night Window

Annotation :

Sam Mendes rempilant pour la suite directe de Skyfall, son fidèle collaborateur musical Thomas Newman en fait de même. On arrive cependant vite à la conclusion que Newman ne semble pas aussi inspiré qu’il a pu l’être pour Skyfall. Peut-être faut-il simplement voir les deux œuvres comme un diptyque musical : auquel cas, Skyfall reste tout de même plus frais.

Bien-sûr, Newman n’est pas manchot, il propose des développements très intéressants dans son style habituel ("Crows Klinik") mais l'inventivité est moins présente. A titre d'exemple, "Los Muertos Vivos Estan" ou "Snow Plane" rappellent forcément le grand morceau d’action qu’était "Grand Bazaar Istanbul". De même, la beauté de "The Eternal City" ne doit pas cacher sa proximité avec "Brave New World".

Les thèmes associés aux nouveaux personnages déçoivent aussi un peu par leur caractère générique et sans grande personnalité : Mr. White se voit lié à une relative absence de mélodie ("The Pale King"). Madeleine Swann a un thème un peu plus intéressant mais relativement discret lui aussi ("Madeleine"). La grâce digne de "Donna Lucia" ne marquera pas non plus l'auditeur.

Reproche identique à Skyfall, la transposition en version instrumentale de la chanson du film par Sam Smith, "Writing's on the Wall" s'avère très réussie mais ne s'intègre pas avec les autres compositions. C'est réellement dommage, au vu de la grande qualité orchestrale du morceau, que Newman n'ait pas cherché à décliner le thème dans sa partition, à la manière des standards de John Barry.

Fort heureusement, la bande originale fonctionne tout de même très bien, en particulier grâce à des développements d'action toujours efficaces ("Detonation" ou la justesse des cœurs de "Backfire") qui sont finalement la grande réussite de Newman sur ses deux opus. La grande complémentarité du compositeur avec Sam Mendes fait alors merveille : la musique appuie la mise en scène travaillée du réalisateur et les deux médias se marient avec brio.

En définitive, il s'agit surtout de reconnaître que Newman a tout de même posé sa griffe sur la saga en instaurant un style presque Zimmerien. David Arnold avait pour l'arrivée de Daniel Craig fait évolué son propre style en s'écartant un peu de l'électro omniprésente de la période Pierce Brosnan. Newman a intensifié le changement en reléguant cet électro au rang de soutien atmosphérique. Que l’on aime ou non, le travail de Newman s’inscrit dans la modernité musicale de son époque.

Morceau préféré : Backfire

Annotation :

Un joli travail de Newman avec quelques bien jolis morceaux, qui prend pour une fois la place de Williams pour la musique d'un film de Spielberg. Il faut être relativement patient tant les meilleures compositions se trouvent en fin d'album (la fin de "Glienicke Bridge", "Homecoming", "End Titles"). Il manque quand même quelque chose pour la garder vraiment en mémoire.

Morceau préféré : Homecoming

Annotation :

C'est plutôt plaisant, le main theme est cool. Pourtant, j'arrive pas à mettre plus, il manque quelque chose et puis elle est (vraiment) trop longue aussi.

6,5.

Annotation :

La bande originale de Newman trouve bien sa place au sein du film de Frank Darabont. Celui-ci se déroulant principalement dans un lieu clos, Newman propose une musique plutôt intimiste. Mais là où on pourrait pu s'attendre à une partition triste avec une ambiance fantastique en accord avec le ton du film, Newman prend le contre-pieds en exprimant dans bon nombre de pistes l'espoir, la foi et l'amitié, des sentiments qu'il inscrit dans le réel d'une ville des États-Unis rural des années 30. C'est ce que l'on ressent à l'écoute des accords country qui parsèment la partition et rappellent le folklore américain rural ("Monstrous Big", "Limp Noodle", "Wild Bill", "Red over green"...). Quelques pistes sont plus sombres tout de même ("The Bad Death of Eduard Delacroix", "Two Dead Girls") et surprennent par le changement de ton brusque. The Green Mile change en effet souvent radicalement d'ambiance d'une piste à l'autre, ce qui n'est pas toujours pertinent, et il n'y a guère que le final de l'album qui conserve une vraie continuité dans l'expression de l'émotion humaine ("Coffey on the Mile", "Now Long Gone", "No Exceptions"). Ce n'est peut-être pas pour rien que ce sont les morceaux les plus réussis, ceux qui pourront rester en mémoire.

Car au final, je trouve que The Green Mile traîne en longueurs par instants et n'atteint jamais la grandeur de ses meilleurs travaux. La filiation avec "The Shawshank Redemption" du même réalisateur qui est une autre adaptation de Stephen King est évidente mais ce premier travail de Newman s'avère bien plus touchant. Peut-être la réputation du film joue t-elle sur l'appréciation générale de sa bande originale...

Morceau préféré : The Green Mile

Annotation :

Une partition de Thomas Newman relativement discrète. Le compositeur cherche avant tout à accompagner avec délicatesse l'histoire de moeurs de Todd Field même si quelques passages sont plus enlevés musicalement ("Bandshell", "Slutty Kay"). Le thème principal reste efficace.

Morceau préféré : Bandshell