Les meilleurs films avec Jean-Pierre Léaud selon takeshi29

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Depuis le 10 juin dernier, jour de la séance de 2022 que j'attendais avec le plus d'impatience, je n'ai cessé de chercher un angle d'attaque pour écrire une critique à propos de ce monument, de l'émotion qui m'a étreint au moment où la lumière s'est éteinte dans la salle, au moment de rencontrer pour la première fois sur grand écran ce film devenu invisible.

Mais je crois que tout a été dit sur "La Maman et la Putain", sur la fulgurance, l'impertinence, l'intelligence, la modernité des dialogues, sur le trio d'acteurs qui par leurs différences arrivent à l'alchimie parfaite, sur la manière dont Eustache est à la fois un acrobate et un maniaque de la mise en scène, de l'utilisation des espaces. Mais aussi de ce que l'homme Eustache y dit de lui-même, de ses failles innombrables, de sa mort à venir, de ses manipulations.

En revanche j'avais oublié une chose : à quel point ce monstre de 3h40 qui parait en faire une était drôle, et à quel point le rire pouvait faire place aux larmes en l'espace d'une seconde, comme lors du monologue déchirant de Françoise Lebrun.

On dit de certains films qu'ils sont intemporels, qu'ils ne vieillissent pas, en voici l'exemple parfait.

Note inchangée de 10

(Pour mieux saisir l'aspect vertigineux du film, tout ce qui s'y cachait, y compris de plus inavouable, et qui était Eustache, je ne peux que vous encourager à lire "Au travail avec Eustache" de Luc Béraud.)

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Instinctivement, si je dois citer le film qui a déclenché en moi la passion du cinéma, je réponds sans hésitation "Le Rayon vert". Mais la découverte de cette mise en abyme aussi généreuse que vertigineuse fut également un instant inoubliable et fondateur.

J'étais tombé amoureux grâce à Rohmer, je décidai de jurer fidélité grâce à Truffaut.

« Ne fais pas l'idiot Alphonse, tu es un très bon acteur. Le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie Alphonse, il n'y a pas d'embouteillage dans les films, il n'y a pas de temps mort. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est faits pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma. Salut Alphonse, je compte sur toi. »

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Incontestablement LA plus grande émotion cinématographique de mon été 2017.

Un 20 août, un de mes petits cinémas adorés, une merveilleuse copie restaurée, l'un des plus grands films de la Nouvelle Vague, mouvement qui a à jamais changé ma façon de voir le cinéma, Godard, passion d'une vie, Léaud, que j'ai tant aimé voir grandir, vieillir et Chantal Goya, belle comme un cœur, mutine et fragile. Il était encore loin le temps du "Jeu de la vérité" (Funeste 13 décembre 1985)...

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Celui-ci je l'aime toujours autant, et redécouvrir la trilogie d'Antoine Doinel adulte, mais pour la première fois sur grand écran, a quelque chose de très émouvant. Il y a un état de grâce dans ce premier volet : le double du cinéaste, Jean-Pierre Léaud, est désarmant de fantaisie, la fluidité du scénario n'a d'égal que celle de la mise en scène. Bref je pourrais revoir ce mélange entre adaptation de Balzac et autobiographie cent fois sans jamais me lasser.

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On se rencontre enfin... (cf critique)

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Je n'avais que peu de souvenirs de "Porcherie" et en le revoyant cette nuit j'ai bien failli le détester. Car le début comporte ce qui me dérange parfois chez Pasolini, ce côté poseur qui parle aux intellos, provocateur un brin démago, ces déclamations qui ont quand même pris un sacré coup de vieux.

Et puis soudain je suis piégé, fasciné par le ping pong entre Jean-Pierre Léaud et Anne Wiazemsky que je trouvais ridicule une minute plus tôt, la joute verbale entre Lionello et Tognazzi me fait définitivement rendre les armes. Parce que c'est d'une intelligence folle, chaque mot est à sa place, jamais gratuit. Ça c'est pour le fond, mais il y a la forme et certaines scènes, certains travellings sont dantesques.

Je n'y peux rien, c'est une époque du cinéma dont je vois les tics, mais c'est comme chez Rivette ou Garrel (qui a dû beaucoup regarder "Porcherie" pour arriver à sa "Cicatrice intérieure"), je finis toujours par être impressionné, par me dire que ces gens étaient des artistes chercheurs. Et c'est à ce titre qu'ils ont laissé une immense trace dans l'histoire du cinéma, et dans mon amour pour celui-ci.

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Seconde "Mauvaise fréquentation" après "Du côté de Robinson", "Le Père Noël a les yeux bleus" montre lui aussi le sport national à l'époque, la drague de rue, mais de manière moins glauque que le précédent. Ici on préfère en sourire, même si la solitude (psychologique) est probablement le sujet sous-jacent qui passionne le plus Eustache.

Ce "Père Noël a les yeux bleus" peut aussi être vu comme une forme de prologue de "La Maman et la Putain" et pas seulement parce que Jean-Pierre Léaud est déjà là, bouffant la caméra.

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A peine sorti des "Quatre Cents Coups" de Truffaut Jean-Pierre Léaud est donc parti chez Duvivier, et pas pour un petit rôle puisqu'il est quasiment de tous les plans. Et il y est comme toujours fantastique, avec ce jeu qui ne ressemblait déjà à aucun autre.

"Boulevard" est un petit délice de fantaisie, mais comme souvent chez Duvivier la légèreté n'est que de façade...

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Dans la foulée de "Week-end" Godard franchit encore un palier et se dirige clairement vers de l'expérimental. Dispositif plus que léger, deux acteurs, géniaux Juliet Berto et Jean-Pierre Léaud, qui dialoguent. Mais attention ici ça dialogue dans le cosmos :

« Si tu veux voir le monde ferme les yeux Rosemonde »

« Tu vas tourner un autre film ? Ouais avec Skolimowski »

« Autrement dit c'est un échec ce film »

Inutile de dire qu'avec ce genre d'objet conceptuel-intello-bobo ça passe ou ça casse. Chez moi les premières minutes furent douloureuses puis insidieusement j'ai été hypnotisé, amusé, interpellé.

Bref c'est un OFNI à aborder avec prudence, uniquement si le Godard bien perché vous est familier. Ce "Gai Savoir" n'est jamais sorti dans les salles françaises, ça veut tout dire...

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Je suis enfin parvenu à voir cette curiosité sortie pour la première fois en salles fin 2017 mais quasiment invisible, faute à une distribution fantomatique.

Le duo infernal Léaud-Mocky tient le rôle principal de ce téléfilm réalisé par un Godard déjà bien perché, on peut même y apercevoir, si on ne cligne pas des yeux, Nathalie Richard et Irène Jacob (1) parmi les figurants. Et on y entend Leonard Cohen, Joni Mitchell, Bob Dylan, Janis Joplin, Arvo Part ou encore Bela Bartok.

Et vous savez qui a diffusé cette folie en 1986 dans le cadre de la série télévisée Série noire ? TF1

Les temps ont bien changé...

(1) Si quelqu'un pouvait me confirmer ça car je suis sûr à 99.9% de l'avoir reconnue mais elle n'est pas créditée au générique (Nathalie Richard non plus d'ailleurs) et sa filmographie semble avoir oublié ce passage éclair

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Revu et le plaisir est intact face à ce Kaurismäki très sombre, désabusé, qui refuse presque son humour habituel. Léaud est comme un poisson dans l'eau chez le Finlandais, comme il le prouvera à nouveau deux ans plus tard dans le merveilleux "La Vie de bohème". Grand bonheur de croiser des têtes encore plus inattendues, comme celles de Serge Reggiani ou Joe Strummer.

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J'ai abordé ce "Détective" non sans une certaine fébrilité : parce que Johnny dans un Godard des années 80, loin d'être sa meilleure période, ça pouvait piquer.

Et pourtant, même si c'est daté, même si on n'est pas si loin par instants d'une "Beineixerie", ce truc a un charme fou, Godard fait du Godard, et puis il y a Jean-Pierre Léaud, et ça c'est un point de plus direct.

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Tout premier film de Jean Eustache ("La Soirée" restant inachevé), un court déjà représentatif de son œuvre à venir, bavard et pas tendre envers le genre masculin, ici particulièrement égratigné. Très Nouvelle Vague donc, y compris dans l'esthétique, même si le cinéaste n'est pas "officiellement" lié au mouvement.

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Et dire que beaucoup disent que Godard est devenu illisible depuis les années 90. Désolé mais il avait visiblement déjà, et tant mieux, un sacré pète au casque en 65.

Anna Karina, je vous aime

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Les films les plus ouvertement politiques de Godard ne sont pas forcément ceux qui m'intéressent le plus, reste que cette "Chinoise" est le reflet d'une sacrée époque en terme de débats d'idées et d'engagement (malheureux ou non) via l'art, que les expérimentations esthétiques et narratives de JLG y sont omniprésentes. Et le trio Anne Wiazemsky - Jean-Pierre Léaud - Juliet Berto est quand même un des trucs les plus sexys que le cinéma ait porté.

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Deux ans après "La Mort de Louis XIV" où il était littéralement prodigieux c'est son propre trépas que Jean-Pierre Léaud semble appréhender. Et c'est ce qui est troublant et bouleversant dans ce film de fantômes parfois maladroit. Maladroit comme le jeu de ces enfants à qui l'immense acteur semble passer le témoin du septième art qu'il a si longtemps incarné.