SensCritique
Cover Les meilleurs films de 2018

Les meilleurs films de 2018 selon GISMO-PROD

Ici il y aura de la critique bas de plafond, de l'analyse un peu plus poussée, des avis conventionnels et d'autres à contre-courants et même parfois de la mauvaise foi.

Liste de

50 films

créée il y a presque 7 ans · modifiée il y a plus de 5 ans
The House That Jack Built
7.2
1.

The House That Jack Built (2018)

2 h 35 min. Sortie : 17 octobre 2018 (France). Drame, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Lars von Trier

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

J'ai eu un mal fou à me lancer dans cette annotation, à tel point qu'encore maintenant sa place dans la liste me laisse à réfléchir.
Quoiqu'il en soit, avec ce film Von Trier apporte un troisième volet à sa trilogie, constituée des deux volets de Nymphomaniac; une pierre angulaire voire volet ultime. Le concept de chapitrage très net, les multiples digressions, les images d'archives et surtout le récit des propres névroses du personnage principal à un autre, sous forme de flashback + voix-off. Ici, après avoir étudié les névroses sexuelles féminines et les origines de la nymphomanie, Von Trier s'attaque à un véritable mythe celui du psycho-killer. Genre cinématographique culte et figure iconique de la pop-culture. Dans ce film le serial-killer se rêve en artiste, autant de parallèle auto-psychanalytique avec la personnalité torturé et débordante du réal lui-même, de références à l'art et de digressions autobiographiques; outre la réinventions de la figure du tueur, Von Trier s'amuse et c'est le mot à la transgression. La petite famille américaine est balayé dans un délire gore et fun, qui une fois digéré par le spectateur met terriblement mal à l'aise. Confronté à l'ultime violence et une sympathie malsaine pour le personnage principal tantôt touchant tantôt reflet du pire de l'humanité, le spectateur s'amusera du génie du film ou accablera Von Trier de sa perversité. Chacun y verra son compte. Tous les tabous semblent pouvoir être transgressés.
Néanmoins on ne peut pas enlever à Von Trier le succès de son entreprise délirante, ou tout semble permis. A l'image de la séquence finale sorte de "Indiana Jones" couplé à "L'Enfer" de Dante sous CGI, séquence génialement baroque où l'esprit de Von Trier ne semble plus contraint à aucunes obligations. On ne reparlera pas du discours, toujours présent, sur les différentes polémiques qui accablent le réalisateur, auxquelles il s'amuse à répondre à travers des scènes pas toujours subtiles; mais plutôt son sens inouïe de la mise en scène où chaque cut, le choix de la profondeur de champ font part de l'état émotionnel du personnage principal. "The House that Jack built" est donc l'OVNI génialement barré, du jamais vu, ou plutôt du jamais osé, transgressif, acharné, énervant mais surtout bourré d'une ironie mordante. Une pièce maîtresse de la filmo du Danois, où en plus, le casting est au minimum impeccable: Matt Dillon avec son grain de folie dans le fond du regard et son jeu presque burlesque est bluffant.

Phantom Thread
7.2
2.

Phantom Thread (2017)

2 h 10 min. Sortie : 14 février 2018 (France). Drame

Film de Paul Thomas Anderson

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

D'une puissance magistrale.
PTA nous fait croire à son propre classicisme pour le déconstruire dans sa vision d'un portrait d'artiste maudit, de la relation malsaine d'un couple névrosé et un fresque à taille humaine du milieu de la mode des années 50. De fait son air pompeux voire plan-plan (les hater diront abscons...) peut déplaire, décevoir, énerver même; mais le propos même du film est de défaire les coutures (tout est dans ce mot) d'un monde pleins de coutumes où s'agite une violence verbale et une névrose du geste auto-destructrice. On ne peut pas ne pas comparer ce métrage avec "Le Temps de L'Innocence" de Scorsese car il partage avec plusieurs thématiques centrales et le même modus operandi de mise en scène. Là où après les scènes académiques Scorsese nous assenait des transition rougeâtres, PTA nous donne à voir des plans ou de scènes qu'on peut qualifier d'insolites,les plans en voitures (ou plutôt à l'extérieur de la voiture) plus ou moins en accélérés sont assez étranges, la séquence finale évidemment et tous les cadrages innovants sur le personnages interprété par l'auratique Daniel Day-Lewis, à cela il faut ajouter les champs et contre-champs qui font de chaque dialogues une confrontation, un duel ou une leçon de dominant à dominé (on retrouve cela dans "The Master" évidemment); n'oublions pas le montage, millimétré qui laisse durer ses plans sans jamais devenir trop contemplatif. Par la mise en scène (la caméra épaule, le rallongement des plans ce qui dans le cas présent est innovant) PTA nous montre aussi le bouleversement des valeurs et rapports entre ces dominants/dominés. Ici le monde est binaire par la force des coutumes d'une vieille Angleterre rétrograde qui vacille (les années 50 ouvrent la porte aux mouvements de contestations des 60's de toute évidence, on peut penser à Mary Quant et la commercialisation de la mini-jupe au tout début des années 1960) mais les rapports peuvent changer, peuvent devenir destructeurs ou auto-punitifs (n'est-ce pas ce que fait le perso de Lewis à la fin ?). Le personnage incarne le film qui par ce biais est complétement post-moderne, Lewis qui crève l'écran n'est pas non plus là par hasard puisque son aura d'acteur joue son rôle ici aussi.
Il y a encore de nombreuses thématiques à aborder (la mise en spectacle, la découverte d'un milieu clôt, hautement noble notamment) mais le film m'a plutôt retourné l'esprit et, à chaud, je ne pouvais pas encore tirer quelques analyses un tant soit peu intéressante.

Under the Silver Lake
6.8
3.

Under the Silver Lake (2018)

2 h 20 min. Sortie : 8 août 2018. Thriller, Drame, Comédie

Film de David Robert Mitchell

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

Ouch.
Un sacré morceau qu'une simple annotation ne suffirait pas à analyser même en surface. Je me contenterai donc d'un simple avis. Il faut dire qu'après l’excellent "It Follows", DR Mitchell était attendu au tournant. Et quel tournant parfaitement exécuté. Enchaînant les références et les clins d’œil à Lynch, Carpenter, au cinéma classique Hollywoodien, à la pop-culture en général et à peu près tout ce qui définit Los Angeles culturellement, Mitchell filme une errance cachée dans un enquête (ou l'inverse) qui rappelle aussi bien un "Mullholland Drive" (avec qui il partage de nombreux points communs, particulièrement quand on observe les variations dans le genre du film) qu'un "Body Double" (le héros évidemment rappelle les personnages de Hitchcock, donc De Palma..), le film devient alors d'une richesse, où tous les éléments du récit (perso, situations, décors etc) qu'ils soient issus d'un univers fantastique ou fantasmagorique ou au contraire plus proche du concret sont finement émis et trouvent une place dans la globalité du récit. Bref, le film est une vraie pièce d’orfèvrerie ou la densité des éléments mis en place, la diversité des pistes de lecture offrent un spectacle aussi mystérieux que drôle, peut-être maladroit par moment, je ne le nie pas mais c'est audacieux. Je mentionne le casting, avec Andrew Garfield à sa tête, qui excelle. Et évidemment les partie-prit scénaristiques déstabilisant sont fantastiquement soulignés par une mise en scène millimétrée et parfois innovante qui mérite réflexion.
Un film à voir et à revoir, que je conseille largement.

Climax
6.8
4.

Climax (2018)

1 h 35 min. Sortie : 19 septembre 2018. Drame, Thriller

Film de Gaspar Noé

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Coup de cœur à propos de la filmographie de Gaspard Noé, attendu au tournant. Celui qui jadis, fît bouillir le public bobo de Cannes à désormais droit aux compliments de la profession. Pourtant le bougre n'a rien perdu de son sens de la provocation. Bien qu'on ne puisse pas arrêter son cinéma à ça, on ne peut pas envisager ses films sans ce biais.
Quoi qu'il en soit avec "Climax" Noé frappe fort. Il réussit même un tour de force. En filmant cette troupe de danse dans ces facéties LSDesques, la caméra observant toujours de manière externe (le perso de Selva, droguée, prend peur devant la glace, on ne sait pas ce qu'elle voit, on ne le saura jamais), suivant les membres de la troupe, transformée en fous, dans des plans séquences ébouriffant à la photographie tranchée et aux partis pris de mise en scène radicaux, construisant et tout à la fois déconstruisant le mouvement et la temporalité (thème cher à Noé) dans une chorégraphie macabre passant du film de danse au film d'horreur bariolé et violent ("Suspiria" est invoqué dès le début). Noé, comme à son habitude, va distiller dans son film une ouverture sur l'époque. Son film "fier d'être français" raconte aussi la génération présentée (celle de 95, mais surtout celle du même âge en 2018, on constate que le portrait s'adapte parfaitement, en témoigne l'impro quasi totale de la part des comédiens).
Le drapeau français kitschissime, mais surtout inquiétant symbolise un rapport à la nation difficile d'une jeunesse issue de l'immigration ou pas, hétérosexuelle, bi, gay (sans que, dieu merci, l'on insiste à mort sur ces différentes sexualités), fascinée par la violence et le sexe (toujours couplée), la drogue et la danse. Le tout s'affronte et s'accouple dans un chaos total ou la drogue (un prétexte pas vraiment identifiable ajouté à une menace externe probablement fantasmée) désinhibe toutes les pulsions, rappelant le culte "Zombie" de Romero cité dans la séquence pré-générique. Entre autres thématiques "coup de poing", Noé étale toute sa technique et son sens du mouvement, en témoigne les plans retournés, magnifique métaphore du chaos régnant, ou encore ces incessants déplacements des personnages dans l'improbable foutoir en huis-clos sans arrêt dans la bande-son, dans la danse, comme un mouvement de pure négation de soi et d'autrui.
Noé nous gratifie d'un film fort, beau, choquant, bousculant une fois de plus les tabous d'une société où "Hara Kiri ne pourrait plus exister" confit-il a Mad Movies.

Le monde est à toi
6.8
5.

Le monde est à toi (2018)

1 h 41 min. Sortie : 15 août 2018. Comédie, Gangster, Drame

Film de Romain Gavras

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Encore un film que j'attendais tout particulièrement.
Dans ce métrage résolument "pop" déchaînant les références et les inspirations clipesques, Gavras sait tout de même où se placer pour être pile dans la mouvance stylistique actuelle dans le cinéma de genre (particulièrement ce sous-genre particulier mêlant film de gangster et comédie) : lumières colorées, séquences de clips, parlé réaliste; mais aussi créer une "atmosphère" particulièrement excentrique et une galerie de personnages hauts-en-couleurs : deux éléments qui font le succès du film.
Pour l’atmosphère globale du métrage : imaginez une station balnéaire espagnole où se mêlent dans un relatif chaos cailleras et truands, le tout chapeautés par quelques beaufs complétement tarés. Le rôle évident de la musique additionnelle (PNL, Booba feat. Kaaris avant leurs démêlés épiques à Orly, Balavoine entre autres...) qui vient souligner des séquences particulièrement fortes est à noter. Enfin la mise en scène qui oscille entre rectiligne et complétement barrée est carrément efficace et rafraîchissante.
Pour les personnages, on touche au gros point fort du film : le casting est parfaitement à la hauteur des maboules du récit (Adjani et Cassel m'ont bluffés). On retrouve dans le désordre et entres autres : un raté, un complotiste qui monologue sans que personne ne l'écoute, une mère cagole et truande, une caillera sous codéine allumé du cerveau, un avocat au fantasme évident, un ancien gangster esclavagiste... bref, un véritable kaléidoscope de dingos à la fois attachants, énervants, drôles, effrayants.
Le métrage est une pure réussite, radical dans sa folie, particulièrement divertissant, sorte de "Scarface" inversé écrit par un Guy Ritchie à l'ancienne et réalisé par, eh bien, Gavras himself qui je l'espère confirmera dans le futur un véritable statut d'auteur, tant son film est "particulier".

Edit : Du coup je l'ai vu une deuxième fois, le plaisir est toujours aussi réel, c'est du tout bon.

Une affaire de famille
7.6
6.

Une affaire de famille (2018)

Manbiki Kazoku

2 h 01 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Drame

Film de Hirokazu Kore-eda

GISMO-PROD a mis 9/10.

Annotation :

Magnifique. Vrai. Bouleversant. Millimétré. Autant de qualificatifs qui caractérisent bien cette palme d'or, méritée en tout point pour cette œuvre au casting (et à la direction d'acteur) impressionnant.

Burning
7.1
7.

Burning (2018)

Beoning

2 h 28 min. Sortie : 29 août 2018 (France). Drame, Thriller, Film noir

Film de Lee Chang-Dong

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Admirable film aux motifs, au scénario, à l’abstraction lyrique quasiment parfaite. Quelque part entre Antonioni et Tarkovsky (on pense forcément aux plans montrant le vent) la mise en scène hypnotisante tantôt réaliste tantôt abstraite est sublime. Constituée essentiellement de plans longs voire des plans séquences sur des choses parfois anodines, souvent riches de sens.
Il se passe néanmoins toujours quelque chose à l'écran, montrant dans quel univers du mouvement perpétuel s'agitent les personnages à l'existence pourtant vaine. Le film trouve sa force dans sa densité, ses métaphore et métonymies sur la société contemporaine, la génération des protagoniste, la politique. On pense notamment à ce superbe plan de danse topless face à un coucher de soleil puissant, montrant autant la vacuité de l'existence de Hae-Mi, qui se dénude presque pour se donner de la consistance, découvrant avec ses pleurs la vacuité de ses gesticulations et qui disparaîtra (partira en fumée plus justement) sans laisser de traces, sans éveiller la curiosité de la société, aussi bien qu'au loin se dessine la frontière entre les deux Corées, symbole peut-être de la relation de frères ennemis de Ben et Jon-Soo encrée dans le code génétique Coréen. Le film se permet de faire le constat de son époque et surtout le résumé de la psyché des membres de la génération présentée, à travers l'opposition, motif récurrent du film, le besoin irréfréné de négation de l'autre et de soi-même comme celui de détruire pour s'amuser (on pense à la discutions raciste du groupe d'amis bourgeois de Ben sur les Chinois aussi bien qu'à ce fétichisme de brulage de "serres"). Entre le mystérieux bourgeois Ben et l'inadapté social agriculteur/écrivain on constate aussi un glissement, à force d'une envie irrépressible de percer à jour l'autre ou de se venger. Formidable scène de fin, aussi violente que déstabilisante ou les corps finirons presque par se confondre, constituant le symbole du "passage de flambeau".
En outre le film reste quand même un gros morceau dur à avaler, long évidemment, volontairement lent. Le partit pris de mise en scène est dans son premier quart beaucoup trop redondant et malheureusement quelques éclaircissements ou indices laissés par le scénario dans le récit sont inutiles ou trop littéraux (ceux qui abordent le destin de Hae-Mi notamment), laissant quelques pistes de réflexions un peu trop en surface qui peut-être ferons oublier la prouesse du film : saisir les enjeux de son époque.

High Life
5.8
8.

High Life (2018)

1 h 53 min. Sortie : 7 novembre 2018. Aventure, Drame, Science-fiction

Film de Claire Denis

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Avec un budget dérisoire, un huis-clos réduit et un scénario simple, Claire Denis réussit le coup de maître d'hypnotiser le spectateur, avec une sincérité et une force amplement supérieure à n'importe quel blockbuster du type.
La lie de l'humanité est donc rassemblée dans l'espace, enfermée en fait, pour une mission suicide au confins du monde. Claire Denis s'attache à la représentation de tous les fluides de la vie (sperme, sang, lait, terre; le touché tient une place majeure dans le film, comme le dernier sens possible dans l'infini de l'univers) sans verser dans le grand guignol (ce qui serait mal venu pour un poésie amère comme celle-ci) dans une sorte d'ode à l'humanité, à la paternité aussi, à la l'élévation, à la recherche d'un sens à la vie et à la découverte des ses limites. "High Life" est pour faire simple un formidable film de science-fiction qui ne verse jamais dans la référence bas-de-plafond ou dans le sentimentalisme malvenu tout en sachant rester proche de ses personnages et impressionnant malgré ses effets spéciaux simplistes. C'est beau tout en étant dur, froid tout en étant agréable et l'ont ressort de la séance avec tout un panel d'émotions contradictoires, de questionnements. C'est ce qu'on nomme une "expérience".
"On y va ?
- Oui."

Un couteau dans le cœur
5.9
9.

Un couteau dans le cœur (2018)

1 h 42 min. Sortie : 27 juin 2018. Drame, Épouvante-Horreur, Romance

Film de Yann Gonzalez

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

La critique arrive bientôt...

(edit : peut-être...)
(edit 2 : ...mais c’était excellent)

Roma
7.1
10.

Roma (2018)

2 h 15 min. Sortie : 14 décembre 2018. Drame

Film de Alfonso Cuarón

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Excellente surprise, enfin, pour un film produit par Netflix.
Le nouveau film d'Alfonso Cuaron s'avère être un magnifique memorandum sous forme d'un film très intimiste construit autour du personnage de Cléo. Le film tire sa force de ces éléments, de ces souvenirs qui surgissent en images, en symboles assez puissants, comme des nœuds de mémoire qui ont, on le devine, marqués Cuaron. Aussi, et à titre personnel c'est une marque d’excellence, Cuaron, réussit à tirer le portrait socio-historique du Mexique des années 70. Quelques éléments secondaires dans l'intrigues peuvent apparaître peu clairs (le club d'arts martiaux, les manifestations de gauche...), mais une rapide recherche nous apprend ceci : " - En octobre 1968, l’armée ouvre le feu sur des manifestations étudiantes d’extrême gauche. Plus de trois cents manifestants sont tués et des centaines disparaissent8.
- Le 10 juin 1971, un groupe paramilitaire s'attaque violemment à une manifestation d'étudiants réclamant la fin de l’impunité et un pays plus démocratique. Des dizaines de manifestants sont tués dans cette attaque." La fresque familiale rejoint la fresque historique d'ampleur, par petite touche, en finesse et révèle les troubles politiques de l'époque, des groupes paramilitaires entraînés par des américains, des dizaines de Mexicains travaillant pour de riches gringos, bref, il devient éminemment politique. D'autre part, si l'interprétation des acteurs n'offre rien d’exceptionnel, Cuaron prend le parti d'une mise en scène rectiligne, millimétré avec des plans magnifiques du point du vu plastique et bourrés de symboles. Autant dire que ce film est un véritable vent de fraîcheur sur la plateforme et il est plaisant de constater que certains auteurs réussissent à disposer d'une liberté totale sur la création de leurs films, Scorsese... si tu passes par là, on t'attend de pied ferme...

Au poste !
6.8
11.

Au poste ! (2018)

1 h 13 min. Sortie : 4 juillet 2018. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

On attend tous un film de Quentin Dupieux de pied ferme; grand fan de son univers énigmatique et non-sensique, tout me portait à croire que j'allais adorer, rien que l'affiche rappelant la belle époque du film populaire policier français avec Bebel me rendait fou, et c'est ce qui s'est passé.
En premier lieu le casting est parfait, il n'y a pas d'autre mots, c'est im-pe-ccable, du grand art. Il n'y a pas vraiment de comédien qui tire particulièrement son épingle du jeu puisque les persos sont magnifiquement bien écrits et interprétés avec justesse et une certaine folie ubuesque, c'est parfait vous dis-je. Entre Ludig le cartésien dépassé par les événements, Poelvoorde maître zélé d'un énorme délire ou encore Fraize joyeux abrutit aux tics de langage; c'est du tout bon.
Les décors froids, géométriques, sombres et anguleux, les costumes parfaitement intemporels participent à la mise en valeur d'un récit obscur mais simple, en "va-et-vient", pour reprendre les dialogues, entre divers niveaux imaginaires tel les souvenirs ou le célèbre motif de Bunuel : la scène de théâtre et l'activité spectatorielle (pas très finement cité d'ailleurs). Du reste le film est à mon sens l'un des plus drôles de sa filmographie, beaucoup plus de "gags", de "punchlines" toujours à contre-sens du bon (sens du coup), dans l'absurde le plus finement usé grandement aidé par un casting, comme je le disais, génial. Néanmoins je regrette un peu que l'aspect très mystérieux, énigmatique, ouroborique de "Réalité" par exemple, ce retrouve moins ici. Evidemment le tout est étrange et pose des questions mais il ne prend pas au corps autant que "Wrong" ou "Réalité", film que j'avais vu 3 fois en moins de 3 semaines à l'époque. Entre "Garde à Vu" et les Monty Python, en un mot comme en cent, ne manquez pas ce film.

The Disaster Artist
6.6
12.

The Disaster Artist (2017)

1 h 44 min. Sortie : 7 mars 2018 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de James Franco

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

La bonne ambiance de la plus petite salle du petit cinéma l'Utopia à Montpellier (pour les connaisseurs...) m'a sûrement grandement aidé à apprécier ce film. Mais il y a aussi que, bordel, ça fonctionne. Que vous soyez fan de The Room ou non (personnellement j'ai du mal avec ce film qui dans son entier ne me fait pas rire au point de le classer comme culte, mais j'y reconnais un potentiel nanardesque de taille et un potentiel de "memes" infini), que vous ayez lu le livre de Sestero ou pas... ce film peut vous plaire. Les blagues fusent et touchent à tout type d'humour, on reconnait bien là le duo Rogen/Franco que personnellement j'affectionne pas mal, mais il y a aussi et surtout un comique de caractère assez réaliste quand on cerne un peu le personnage public qu'est Tommy Wiseau, qui est extrêmement efficace et en devient même touchant. Sous couvert d'une histoire d'amitié classique et en toile de fond la création d'un film, Franco nous emmène sur diverses pistes de récit allant de l'envie de réussite à l'envie de créer, des thèmes sur-exploités mais qui prennent ici une nouvelle forme où le non-talent devient une force. En vu du casting, c'est aussi un pur film de potes qui ont joyeusement remakés les scènes les plus whatzefeuquesques du métrage de Wiseau. On trouve aussi dans ce film l'envie de dévoiler le Wiseau mystique, de lui rendre face humaine déjà mais aussi d'essayer de percer ses mystères. C'est là que le film est une pure fiction, mais il a le droit de l'être. En faisant du personnage de l'étrange Wiseau un artiste raté mais plein d'ambition et d'amour pour son pote. Un névrosé au grand cœur, un OVNI très humain, que les railleries peuvent blesser malgré sa totale absence de raison. En outre il est toujours intéressant de voir comment un acteur/réalisateur représente le milieu du cinéma, ici comme souvent : dur d'accès à moins d'être un pur self made man. Ce que ne semble pas être le duo. Néanmoins, Wiseau, fort de sa personnalité anti-conformiste réussit à percer, sur un malentendu, mais il réussit, à s'exprimer aidé de son ami. Une idée un peu convenue certes mais toutefois intéressante. Quand à la forme du film, l'exercice est classique mais maîtrisée. Le seul reproche qu'on pourra faire à Franco (qui démontre quand même son excellence) c'est de s'être mis en représentation de manière trop criarde, il n'est pas un meilleur Wiseau que Wiseau en témoigne le montage comparatif final carrément dommageable... Double narcissisme, ça s'annule.

3 Billboards - Les Panneaux de la vengeance
7.6
13.

3 Billboards - Les Panneaux de la vengeance (2017)

Three Billboards Outside Ebbing, Missouri

1 h 56 min. Sortie : 17 janvier 2018 (France). Comédie, Policier, Drame

Film de Martin McDonagh

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Allier avec une telle justesse l'humour et le drame, qu'on peut penser complétement antagonistes, je trouve ça admirable.
McDonagh à réussi une bonne chose c'est de me faire fermer mon clapet, en effet à l'issu de ce premier visionnage je ne peut commenter la mise en scène tant le récit m'a emporté. Bien vu de sa part d'ailleurs parce que je subodore qu'elle est un peu plan-plan, mais je la commenterai au terme d'un second visionnage qui me sera nécessaire.
De ce fait je ferai de cette note un pur et simple avis spectatoriel.
Ainsi j'ai fortement apprécié la façon dont le film allie l'humour noir (déjà rudement bien employé dans "Bons Baisers de Bruges" que j'apprécie pas mal) et le drame, puisque c'est de ça dont il s'agit. Je ne m'entendait qu'à un drame larmoyant et il s'avère qu'on rit beaucoup à une véritable avalanche de "punchlines" et de dialogues finement écrits et surtout rythmés. En outre le casting est tout à fait singulier, bien que dans un premier temps (mais le temps fait que je m'y suis habitué) la sobriété de McDormand m'ait un peu agacé, mais je suppose que c'est un choix, intéressant par ailleurs. Harrelson est au top et Sam Rockwell m'a tout simplement saisi par son interprétation d'un personnage bête et méchant mais au bon cœur duquel découle la plupart des situations comiques.
En outre c'est une franche réussite pour un film simple (mais pas simpliste), intimiste et pourtant universel mais qui aborde un peu tout et rien (des sujets graves mais à la mode au cinéma...), force est de le constater.

Hérédité
7
14.

Hérédité (2018)

Hereditary

2 h 07 min. Sortie : 13 juin 2018 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Ari Aster

GISMO-PROD a mis 8/10.

Annotation :

Un événement anodin mais dramatique que tout un chacun aura pu expérimenter. Un basculement et une confusion dans le genre du film. Un pur film d'horreur d'ambiance sans jump-scare, poisseux et malsain avec quelques touches d'humour noir bien disséminés. Une image superbe et un montage malin. Un casting de gueule, qui pêche un peu parfois néanmoins devant la difficulté des rôles.
C'est un peu là le cocktail presque parfait d'un film d'horreur qui prend son temps et pas le spectateur pour un con. La lenteur du récit et les plans extrêmement biens calculés sont là pour qu'à chaque fois le malaise familial soit palpable, le non-dit toujours plus névrotique. Quand l'action s'emballe, nous sommes pris à revers, c'est violent, à l’extrême, on ne peut tout simplement pas rester de marbre face à une violence réaliste et ses conséquences sur cette famille, de l'horreur quotidienne pour le moment. Le film est aussi parsemé d'image-symboles, qui bien amenés, annoncent des éléments de l'intrigue (la manipulation par exemple), la mère symbole de névrose s'enferme dans le drame familial puis dans les sciences parallèles, c'est là son héritage (d'où le titre, je met les formes pour pas spoiler...). Le son, travaillé avec finesse, glace le sang fait sursauter sans pour autant être balancé bêtement comme un jump-scare. Enfin il y a ce dernier quart, plutôt génial, qui apportera quelques réponses aux mystères du récit, mais pas tous, le final est survolté, clair mais reste assez vague et c'est une qualité. On comprend aussi l'intérêt de la lenteur du début. D'ailleurs le film termine son basculement du drame psychologique ultra réaliste au film de possession/secte/gore. Même la focalisation sur le personnage semble avoir changé. Folie douce, ultra-violence et fantôme. L'Exorciste rencontre un drame sur le deuil et c'est en plus un premier long pour Arie Aster... un réussite.

Bohemian Rhapsody
6.7
15.

Bohemian Rhapsody (2018)

2 h 14 min. Sortie : 31 octobre 2018 (France). Biopic, Drame, Musique

Film de Bryan Singer

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

J'écris cette annotation à chaud, ce qui peut se révéler regrettable, néanmoins j'ai pris un pied monstre devant ce film. J'étais déjà acquis à la cause de "Queen" puisqu'il fait partit de mon panthéon rock'n'roll et j'admire la légende de Freddie Mercury. Mais pas gagné pour autant, le film qui a connu des problèmes de productions avec changement de réal en cours de route, me faisait un peu peur. Mais que-nenni, le film est une belle réussite, surtout un grand hommage à l'une des icônes incontournables de notre ère. Le film n'évite pas vraiment les écueils du biopic et ses dialogues explicatifs, ses chapitrages (apogée, dispute, réconciliation) et ses scènes clés (notamment le dialogue déchirant sous la pluie) mais se distingue par une efficacité impressionnante, un rythme effréné (2h15 de film qui passe à une vitesse folle) et évidemment une énergie participative. Outre le récit du groupe, passionnant, la personnalité de Mercury, touchante et la musique de Queen, formidablement culte, la mise en scène se permet quelques fulgurances notamment dans les séquences clipesques, bien que n'arrivant pas à se rendre particulièrement passionnante non-plu.
Le gros attrait du film, qui a été beaucoup commenté est évidemment la performance de Rami Malek, et quelle performance mes aïeux. Il incarne, et c'est le mot, à merveille un Freddie Mercury plus vrai que nature. Franchement bluffant, Rami Malek paraît possédé par son personnage, on arrive à constater toute l'étude qui a été faite de sa part des mimiques, des expressions du rockeur. Chapeau bas, ça sent l'oscar.
En un mot comme en cent, je ne boude pas mon plaisir, et ne saurai vous conseiller d'aller le voir, c'est le haut du panier du film rock, du biopic, du divertissement grand public de l'année.

Hostiles
7.1
16.

Hostiles (2017)

2 h 14 min. Sortie : 14 mars 2018 (France). Aventure, Drame, Western

Film de Scott Cooper

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Finalement je n'ai pas grand choses à dire.
Un film finement mis en scène avec des acteurs excellents (même les seconds rôles !), qui prend le temps de filmer l'émotion des personnages dans des plans biens cadrés, mis en mouvement de manière discursive, avec une belle image et en prime un scénario bien ficelé et malin. Revisiter les grands mythes du cinéma classique et les grands mythes américains par la même occasion en questionnant son Histoire et ses acteurs, est un pari gagnant pour ce film. (d'ailleurs la mise en scène par son emploi des fondues enchaînées, au noir, etc va dans ce sens aussi...).
Malgré tout le film subit des longueurs et des moments complétement inutiles comme toujours dans les westerns psychologiques. La scène d'intro surprenante et violente à souhait m'a beaucoup plu aussi par son montage vif mais pas nerveux. Bravo.

Silvio et les autres
6.2
17.

Silvio et les autres (2018)

Loro

2 h 38 min. Sortie : 31 octobre 2018 (France). Biopic, Drame

Film de Paolo Sorrentino

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Film baroque, excentrique, bling-bling, excessif comme j'ai rarement vu; "Silvio et les autres" se veut un portrait flashy, acide mais pourtant nuancé d'une des figures les plus connue d'Italie... malheureusement. Silvio Berlusconi le magnat de l'immobilier qui se rêvant roi devint président.
Le film assez long, coupé et sur-découpé à l'extrême, remplit de musiques, coloré, tripesque, quasiment publicitaire, bourré de métaphores et de symboles plus ou moins chanceux s'avère être un gros morceau, dur à avaler. Spectateur d'une pure cacophonie visuelle et sonore où tout du premier plan au dernier, du dialogue qui ouvre le film à celui qui le termine tourne autours de la figure du gourou, du roi du monde : Lui, Berlusconi, donc. L'idée est plutôt passionnante, on suit au début un couple d'entreprenants entrepreneurs voulant se rapprocher du cercle Berlusconi pour, peut-être, gagner une place en politique et assoir un pouvoir. Pour ce faire, le couple et Sorrentino s’accorderont tous les excès avec un étalage quasiment jamais vu de bombasses. De ce point de vue, le casting est impressionnant, proposant dizaines de dizaines de créatures aussi formidablement sexy que superficielles, le rêve. Rapidement ce partit pris scénaristique est abandonné dès que la caméra rencontre Silvio. A partir de là on assiste au portrait d'un dictateur en mal de pouvoir, mais qui paradoxalement perd de sa joie de vivre dès que sa domination augmente. Sorte de complexe du milliardaire en plus extrême. Ainsi dans son petit monde Silvio est un roi incontesté, sauf par quelques personnages. Son pouvoir semble même se déliter, trop renfermé sur lui. Deux femmes (plus ou moins artistes d’ailleurs), qui subissent son influence vont faire figure d'opposition. Pathétique. C'est le mot clé.
La séquence finale, que je ne révèle pas, vient apporter un éclairage Christique, totalement improbable mais extrêmement couillu. Et bien que je ne peut pas avoir la relation qu'on les italiens avec Silvio, j'ai trouvé le film d'une justesse dans le ton. Dans tous ses excès "ce dieu grec" parfait et inatteignable (comme il est dit dans le film) apparaît bien humain, dans ses pires revers.
Ainsi de tout ce visionnage il ressort tellement de choses qu'on ne sait trop où se focaliser, un trop plein d'images et de sons, dommageable. Comme c'était déjà le cas avec "Youth", la symbolique invoqué est souvent trop simpliste. Le métrage, imparfait, éveille tout de même la curiosité et l'intellect. Donc, c'est oui.

Revenge
6
18.

Revenge (2017)

1 h 48 min. Sortie : 7 février 2018. Action, Thriller, Épouvante-Horreur

Film de Coralie Fargeat

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Le film tient sur de trop nombreuses incohérences ridicules néanmoins dans le genre Bis du Rape And Revenge j'ai rarement vu mieux (faut dire que le genre est... compliqué). On retiendra une bien belle séquence de cauchemar ainsi que de très beaux effets gores.
En terme d’interprétation, l’héroïne du film dégage quelque chose de fort et de sincère, néanmoins niveau mâles (puisqu'ils sont dépeints comme ça, ce qui n'ai pas un défaut en soi...) on repassera... personnages clichés, surjoués et sans nuances...
Mais du coup la question qui taraude le petit monde de la critique de films : nouvelle vague dans le cinéma de genre en France ou pas ?

BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan
7
19.

BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan (2018)

BlacKkKlansman

2 h 16 min. Sortie : 22 août 2018 (France). Comédie, Policier, Biopic

Film de Spike Lee

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Ce film m'a beaucoup questionné je dois l'avouer, je suis sortit de la salle très mitigé à cause de deux séquences, ainsi je considère qu'un film qui me laisse à réfléchir en mal ou bien à droit à une considération supplémentaire. En fait la scène du discours de l'activiste des "Black Panthers" ainsi que la scène où le vieil homme conte un lynchage raciste avec en parallèle une cérémonie du KKK m'ont questionné. Dans la première le discours très problématique du leader noir ouvertement suprémaciste ne m'a pas gêné en soit, c'est un élément historique, mais la manière dont Spike Lee le met en scène filmant des visages d'afro-américains illuminés et convaincu par le leader, un effet très appuyé qui rappelle beaucoup la mise en scène fasciste. Ainsi et compte tenu des positions de Spike Lee sur ces questionnements philosophico-politiques, devait-on y voir une ironie qui dénoncerai le discours crypto-fasciste ou porte-t-il en triomphe cette théorie... Pour le coup un seul visionnage ne m'apporte pas le bagage analytique nécessaire à la compréhension, ce qui est dommage.
Dans la deuxième séquence mentionnée, le KKK intronise le flic juif infiltré et regarde "Birth of a Nation" en jubilant (on les comprend...), en parallèle un vieil afro-américain raconte le lynchage par la foule subit par un jeune noir suite notamment à la projection du film "Birth of a Nation", là aussi je subit une incompréhension : mettant en relation le KKK et les activistes noirs ("White power" et "black power" scandent-ils), les opposent-ils où les comparent-ils, montre-t-il leurs ressemblances ou leurs opposition ? (en passant Spike Lee règle ses comptes avec "Birth of a Nation" tout en empruntant le montage alterné de Griffith, malin ou hors-propos ?). La musique, le travelling final sur le vieil homme aux photos, le comportement ridicule des membres du klan porterait à croire que le "Black Power" est montré plus triomphant que le "White Power" tout en les mettant en relation par le montage... bizarre. Ceci montre bien le problème du film : en voulant tout à la fois divertir et être activiste, Spike Lee nous perd ou se perd, néanmoins il nécessite que je le revoie (et en Vo car la Vf est bof...) pour en comprendre les subtilités ou les erreurs. Néanmoins, le tout est jubilatoire, funkie, justement interprété et le récit et tout bonnement passionnant.

Ghostland
6.6
20.

Ghostland (2018)

Incident in a Ghost Land

1 h 31 min. Sortie : 14 mars 2018. Épouvante-Horreur

Film de Pascal Laugier

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Après l’excellent "Martyrs", dont ce nouveau film ne peut que souffrir d'une comparaison, Laugier revient pile dans ses thématiques, dans son style assez unique. Twists, réalités floues, violence faites aux femmes et mélanges audacieux de divers sous-genres de l'horreur. Le film est réussit. Laugier nous perd dans un premier temps dans un récit bourré de jump-scare et extrêmement convenu, et ceci pour mieux nous surprendre à travers divers retournements de situations/genres assez bien emmenés mais trop explicites. Le casting est impeccable, le duo de freak mongoloïde serial-killers est assez mémorable et les actrices excellent toutes, Mylène Farmer montre son talent d'actrice sans être ultra présente et l'une des actrices principales: Crystal Reed est.. wow... j'avoue que je la trouve sublime, ce qui biaise (pas de faute de frappe vous remarquez) un peu mon jugement, mais je la trouve rayonnante (juste <3) et son interprétation dénote de façon parfaite avec son pendant jeune : Emilia Jones.
La force de ce film, encore une fois, c'est la façon dont Laugier parvient à brasser des genres du cinéma d'horreur qui pourtant sont peu complémentaires, ainsi on relèvera: le home-invasion, le film de fantôme, le survival, le film de captivité ou de torture, du slasher par moment etc. En adoptant son style de mise en scène au genre mis en œuvre il réussit à montrer l'ampleur de son talent et même si il tombe dans les travers de ces genres et sous-genres j'y vois un pied de nez, un pastiche (l'accumulation de jump-scare par exemple me paraît extrême pour être premier degrés). A propos des jump-scare d'ailleurs, c'est aussi là l'un des défauts du film, il y en a beaucoup effectivement, quelques uns fonctionnent et parviennent à créer une tension latente intéressante, mais d'autres sont très poussifs.
Enfin la mise en scène parfois très inspirée (scène des poupées avec le géant attardé qui est magistrale, la fuite) parfois vue et revue (le début du film donc, même si j'insiste ce n'est pas par paresse).
Bref, un chouette film, qui parvient à approfondir son propre genre sans malheureusement le transcender.

Budapest
5.3
21.

Budapest (2018)

1 h 42 min. Sortie : 27 juin 2018. Comédie

Film de Xavier Gens

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Une comédie de Xavier Gens... il faut le voir pour le croire. Et ça marche.
Un vrai concentré de folie pure où l'on rigole de bon cœur, le scénario complétement anarchique joue presque avec les poncifs de la comédie qui consiste toujours en une brouille à la moitié du film puis tout le monde se rabiboche au troisième quart, ici toute les 20 minutes des éléments viennent mettre à mal l'amitié des personnages ainsi que leur aventure déluré. Du reste le casting est l'énorme point fort du film, l'alchimie entre Jonathan Cohen, qui reste dans l'esprit de "Serge le mytho" tout de même, avec ses tirades semi-improvisés et les mimiques de Manu Payet, plus calme en apparence mais extrêmement vif dans son interprétation. Le personnage de Mr. Poulpe hilarant sur le papier pêche un peu parfois dans son interprétation mais reste un sacré délire. En outre Gens à la caméra ne s’efface pas derrière ses acteurs, la photographie et les jeux de couleurs, les effets de mises en scènes, certains tics de réalisation (travellings lents, plans de profil des acteurs) rappellent évidemment un style particulier inhérent au cinéma de genre. Le style particulier en fait une vraie comédie drôle et avec du caractère, vous vous dites qu'une comédie "drôle" est un euphémisme... pas quand on voit le niveau actuel de la comédie grand public française.
Le défaut ultime du film est finalement son manque de folie, l'histoire est assez trash évidemment mais on pouvait s'attendre à plus et le tout aurait été plus drôle et impactant. Néanmoins je subodore qu'une version non-censurée va exister peut-être pour la sortie DVD...

La Forme de l'eau
6.8
22.

La Forme de l'eau (2017)

The Shape of Water

2 h 03 min. Sortie : 21 février 2018 (France). Drame, Fantastique, Romance

Film de Guillermo del Toro

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Un film sans réelles surprises et qui pêche dans son côté un peu convenu et sa filiation Spielbergienne, dans le traitement des relations humains/créatures, similaire à la matrice du genre dans le ciné US (et partout ailleurs en fait...) : E.T.; comme le notait justement l'un de mes comparses à la sortie du film.
Dans ce sens Del Toro n'apporte rien d'autre qu'une vision peu originale de ce type de récit, mais cela reste sa vision. Le film est d'ailleurs assez beau, avec ses mouvements de caméras amples et classieux qui je pense ne sont pas là que pour faire beaux (cf. toute l'intro très dynamique, millimétrée mais instable; même si elle rappelle beaucoup un traitement à la J-P Jeunet, à la Terry Gilliam selon l'aveu de Del Toro, ne me semble pas gratuite en terme de sens...), les décors sont assez majestueux et le traitement photo, même si très numérique, offre quelques belles séquences. La reconstitution légèrement fantasmagorique des années 50-60 en pleine guerre froide est fort intéressante et l'épisode d'espionnage convient tout à fait.
Mais là où le film est impeccable c'est dans son casting qui ne démérite vraiment pas et où, encore une fois, Michael Shannon est surprenant, bad-ass, exaspérant et diablement bourru et antipathique dans un rôle sur-mesure (ce sera Oscar du meilleur second rôle ou complot, complot donc).
Une jolie réussite qui ne marquera néanmoins pas l'année pour ma part.

Unfriended : Dark Web
5.5
23.

Unfriended : Dark Web (2018)

1 h 33 min. Sortie : 26 décembre 2018 (France). Épouvante-Horreur

Film de Stephen Susco

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Eh bien moi je l'aime bien ce concept.
Inventé par le producteur Timour Bekmambetov, le "screenlife" est une nouvelle modalité filmique, au lieu de filmer notre monde on assiste pendant toute la durée d'un film à un écran d'ordinateur fictif dont les habitus et le langage informatisé influence celui que nous connaissons sûrement mieux : le langage cinématographique. A titre personnel je trouve l'expérimentation couillue et efficace. Pour dire vrai, j'avais fantasmé ce type de film avant la sortie de "Unfriended" premier du nom et j'avais donc était ravi d'apprendre que quelqu'un avait eu l'idée aussi et avait pu la concrétiser.
Pour cet opus on abandonne les fantômes codés en HTML pour les tréfonds du Dark-Web, nom un peu fourre-tout qui fait rêver tous le scénaristes possédant une connexion internet. Pour le coup, le film tire sa force de son concept, belle réussite que celle de ne pas ennuyer le spectateur qui assiste à un écran d'ordi ouvert sur le Skype d'une bande de jeunot tête à claques, belle réussite aussi d'être réaliste du point de vue de l'utilisation d'un interface d'ordinateur et enfin belle réussite de raconter une histoire qui tient debout et réussit même à être flippante. Puisqu'il s'agit d'un film d'horreur, enfin vendu comme tel, mais carrément plus proche de l'épouvante voire du thriller; de ce côté le film fonctionne bien, les mises à mort redoublent d'ingéniosité et d'originalité bien qu'on regrettera (en tant que pervers sadiques) de ne pas voir une goutte de sang. Le casting, comme dans toute les productions de cette ampleur pêche un peu, mais n'est pas scandaleux; on regrettera aussi quelques ficelles scénaristiques un peu grossières. Néanmoins l'ensemble est très plaisant et je suis curieux de voir ce qu'il va advenir de ce genre... bon dans Mad Movies Bekmanbetov déclare qu'il va produire 14 "screenlife" l'année prochaine donc bon, ça va devenir très vite emmerdant.

Avengers: Infinity War
7
24.

Avengers: Infinity War (2018)

2 h 29 min. Sortie : 25 avril 2018 (France). Action, Aventure, Fantasy

Film de Anthony Russo et Joe Russo

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Le gros morceaux de ces 10 ans de MCU est finalement sortit. A vrai dire j'étais sevré des films Marvel depuis plusieurs mois, mais j'ai replongé.
Ce film pour moi cristallise les qualités et défauts du MCU. Pour les défauts les plus probants, la prise de risque dont tout le monde parle n'en est pas une (en tout cas impossible de le ressentir comme ça étant donné l'aspect sériel de la saga), le film tombe dans beaucoup de travers du blockbusters d'action, enchaîne les lieux communs, quelques clichés (notamment dans les décors, effets spéciaux) dont il est difficile de se soustraire, quelques dialogues explicatifs assez plat et donc barbants, l'humour ne fait pas toujours mouche, les frères Russo n'ont pas une réelle "pâte" filmique à mon sens (ce qui en fait un film de super-héros à la réal assez générique, quoique efficace) et les plus pointilleux reprocherons quelques incohérences dans la temporalité (des déplacements j'ai lu ici et là) mais ça ne gêne en aucun cas la vision du film. Mais quitte à répéter ce qui a été dit, je trouve que cet opus est une bonne réussite, très fun, extrêmement bad-ass, souvent drôle, efficace dans sa mise en scène, porté par un casting luxueux et impeccable et parlons-en, une fin (particulièrement les derniers plans) à la fois belle, terrible et non-conformiste parce que tout de même cette fois ci (SPOILER) le méchant à gagné, silence lourd dans la salle que j'ai rarement vu, un vrai choc émotionnel. L'antagoniste d'ailleurs est finement écrit avec une vraie philosophie (une tendance depuis Ultron j'ai l'impression) et bien interprété par un Josh Brolin en CGI (ce qui permet pas une finesse de jeu mais fait le taf en terme de DA). Si en tant que film, c'est une réussite, la suite de la saga qui viendra sûrement régler tout les problèmes lancés ici va faire perdre beaucoup de la qualité de cet opus, ainsi il faut relativiser la prise de risque. D'autre part, je ne suis pas du tout un adepte de la sérialité du MCU, qui donne l'impression de devoir se taper 3 films passables pour 1 vraiment important, sans parler du coup marketing pour fidéliser presque de force le public. Mais je ne boude pas mon plaisir, j'ai retrouvé quelque chose de mes premiers Comics dans ce film et j'apprécie vraiment tous ses personnages, donc bah voilà, c'est bien...

Les Indestructibles 2
7.2
25.

Les Indestructibles 2 (2018)

Incredibles 2

1 h 58 min. Sortie : 4 juillet 2018 (France). Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Brad Bird

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Quitte à redire ce qui a été dit : un plaisir fou de retrouver cette famille et cet univers retro-futuriste, bien aidé par une animation exceptionnelle et des personnages rudement bien écrits. Malheureusement le récit est vraiment peu original, emmène quelques thématiques intéressante mais pas nouvelles, dans l'air du temps, traité avec finesse néanmoins.

La Mort de Staline
6.5
26.

La Mort de Staline (2017)

The Death of Stalin

1 h 46 min. Sortie : 4 avril 2018 (France). Comédie, Historique

Film de Armando Iannucci

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Thèmes et acteurs géniaux. De vrais séquences de comédie absurdes pures et dures.
On reprochera un manque de folie dommageable et une mise en scène vraiment pas inspirée doublé d'une photo à la limite du téléfilm.

Call Me by Your Name
7.2
27.

Call Me by Your Name (2018)

2 h 11 min. Sortie : 28 février 2018 (France). Drame, Romance

Film de Luca Guadagnino

GISMO-PROD a mis 7/10.

Annotation :

Pour aller vite, un film d'amour extrêmement classique dans son récit pour montrer que oui, l'amour c'est universel. Ça c'est beau. Du reste les interprètes sont talentueux (en anglais, les dialogues français moins nombreux sont un peu poussifs), la mise en scène assez belle aidée par une photo et un montage doux et plaisant; sauf parfois dans ses hommages peu inspirés à La Nouvelle Vague (ou encore la mention faîtes de Bunuel, totalement incohérente quand à la forme de film) ou la séquence de la "pêche bien mûre" pour ceux qui ont vu le film, sorte de métaphore sexuelle foireuse.
Pourtant des motifs placés ici et là; comme la mention faite du judaïsme est à creuser ou encore cette mini-scène avec le portrait du Duce, en Italie pendant les 80's donc, est assez intéressante.
Du reste le gros défaut du film tient de son rythme, trop étiré, sans surprise donc assez barbant. Et que, si on est d'avis qu'une relation homosexuelle n'a rien de bien incroyable; l'histoire d'amour dépeinte ici est peu passionnante, sans rebondissements, sans opposants sérieux, donc une nouvelle fois un peu rasoir. J'ai donc oscillé entre divers sentiment à propos du film : je me suis ennuyé parfois, j'ai été pris dans le récit à d'autres moments.
Le film reste tout de même beau, plein de poésie et propose un discours bienveillant sans être niais sur les relations homosexuelles, à l'image du monologue du père, scène assez émouvante et somme toute très délicate qui est un vrai climax pour moi.

L'Empereur de Paris
5.7
28.

L'Empereur de Paris (2018)

1 h 50 min. Sortie : 19 décembre 2018. Drame, Historique, Policier

Film de Jean-Francois Richet

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Dommage...
Le casting est véritablement exceptionnel, entre Cassel et Luchini certaines scènes sont tout bonnement géniales, même si, il faut l'avouer Olga Kurylenko surjoue de manière extrême et devient vite insupportable (Freya Mavor a tout bonnement un visage angélique, quelle femme...).
La véritable déception vient de Richet lui-même, s'effaçant trop souvent derrière ses acteurs, la mise en scène du film en devient ultra classique et quasiment sans personnalité. Seuls quelques rares scènes sont de véritables moments de bravoure stylistiques (cf. la première rencontre entre Vidocq et Fouché) et on notera un sous-texte sur le pouvoir dans l'administration française qui est intéressant.

Lukas
5.7
29.

Lukas (2018)

1 h 22 min. Sortie : 22 août 2018. Action

Film de Julien Leclercq

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Grosse attente de ces derniers mois, le retour de JCVD devant la caméra du réal du très très efficace "Braqueurs" réjouit et déçoit en même temps. A dix milles lieux des attentes et des craintes qu'on peut avoir, Leclercq filme un JCVD sombre dans un récit assez réaliste bien que sans vrai relief. La mise en scène très sobre s'offre un très intéressant, quoiqu'un peu flemmard, plan séquence et quelques plans franchement bien foutus sans non plus prendre un quelconque risque. L'action, puisqu'il s'agit de ça, est finalement reléguée au second plan derrière l’interprétation, pour le coup vraiment superbe de Van Damme, mais le reste du casting ne suit pas forcément notamment, l’habituellement excellent, Sami Bouajila, pas franchement convaincant en flic ripoux (Kaaris, qui a sûrement dû mater le film en streaming à Fleury, s'en sort une fois de plus très bien mais est relégué à la limite de la figuration tant son personnage n'intervient pas). D'autre part le film au rythme très lent là où on l'attendait surcuté à mort surprend en bien mais pêche en terme de découpage avec des plans et des séquences qui n'en finissent pas et à l'utilité plus que critiquable. Du coup le métrage ne laisse pas de marque et c'est vraiment dommage tant le potentiel était grand, on aurait grandement préféré un film plus vif, plus incisif, plus efficace avec un peu plus de baston à l'ancienne tout en conservant sa noirceur et son réalisme... un peu plus d'ambition en somme.

L'amour est une fête
5.2
30.

L'amour est une fête (2018)

1 h 59 min. Sortie : 19 septembre 2018. Comédie

Film de Cédric Anger

GISMO-PROD a mis 6/10.

Annotation :

Ah que c'est dommage... Cédric Anger tenait LE sujet parfait, la production de films X du début des 80's , manquait plus qu'à savoir quoi en faire... une comédie absurde ? Une étude du milieu sous forme d'un genre de making-of ? Un film policier ? Une comédie dramatique amère ?
Ne sachant se décider, semble-t-il, Anger a tout fait, en même temps. Et si ces divers éléments fonctionnent bien de leurs côtés, le tout est un foutoir. Le récit policier, comble d'inutilité, vient alourdir un film qui ne parvient déjà pas à trouver un juste équilibre entre comédie et étude anthropologique.
Néanmoins, par la folie de certains personnages rudement bien écrits et interprétés, le film réussit souvent à faire rire ou à toucher. Ainsi pour moi le scénario aurait dû miser sur cet aspect là en évinçant l'intrigue policière, "les deux tenant d'un peep-show se lance dans le porno avec un producteur haut-en-couleur" suffit largement et n'enlève pas grand chose aux situations présentées, tout en approfondissant la relation entre les deux persos principaux auxquels sont affublés de fausses pistes caractérielles (Canet se drogue, Lellouche ne veut pas retourner dans sa famille, Canet est maniaque, Lellouche désordonné...), tout un tas de faux-prétexte à une soi-disant profondeur des personnages mais qui, ne menant finalement à rien, alourdissent le récit et rendent les protagonistes principaux confus (en l’occurrence le fait que le perso de Lellouche ne veuille pas rentrer chez lui est intéressant mais sous-développé, pareillement aux autres...).
Nonobstant ces faits, le film propose une mise en scène bien ficelée et une très belle photo. Le casting est dans l'ensemble bon (la présence de Jade Laroche fait chaud au cœur) et on ne peut pas nier un vrai souffle de bienveillance envers ce cinéma on-ne-peut-plus Bis et une ambiance de troupe pas éloignée des ambiances de colo des vrais pornos 70-80's. De plus je trouve louable qu'un film au casting populaire, donc on peut supposer, s'adressant à une audience large, choisisse de traiter ce sujet sur un ton doux et affectueux.
Bref, c'est sympa et dommage, tout à la fois.

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