Les meilleurs films de 2018 selon Fwankifaël
Après une année 2016 superbe (cinématographiquement) et une année 2017 moins réussie mais d'une grande cohérence, cette année ciné 2018 me laisse également un goût mitigé. Pas mal de très bons films mais pas de chef d’œuvre, le superbe "Mektoub..." me laissant encore dans une expectative aussi ...
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créée il y a presque 6 ans · modifiée il y a 11 moisCall Me by Your Name (2018)
2 h 11 min. Sortie : 28 février 2018 (France). Drame, Romance
Film de Luca Guadagnino
Fwankifaël a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
16 août 2021
Marrant comme un réalisateur peu connu, passable jusque là si l'on en juge par les notes sur ses films, peut réaliser un chef d’œuvre du jour au lendemain. On avait eu beau me rabâcher des propos élogieux sur "Call me by your name", j'étais loin de me douter de la qualité et de l'envergure de ce film.
Solaire de bout en bout, il guide dans son apprentissage de la sexualité le jeune Elio, dont l'incarnation par Timothée Chalamet est proprement stupéfiante, lors d'un été italien de rêve. Le film trouve sa place, avec une justesse incroyable, parmi tout ce que ce genre peut porter de standards et de poncifs. On pense d'abord à Duras, puis à Lady Chatterley, un peu à "Une soeur", avant d'admettre que CMBYN est à nul autre pareil.
Il y a cette spontanéité dans l'interprétation, à laquelle Chalamet apporte un souffle d'une fraîcheur et d'une légèreté inédite ; cette lente gradation du désir d'abord enfoui, mal à l'aise, puis de plus en plus assumé ; ces paysages de cocagne dont la douceur offre une écrin évident aux aventures ; une mise en scène ingénue mais réussie qui retranscrit avec une tension palpable les maladresses des amants, l'érotisme profond et désinvolte du corps des garçons ; un scénario général qui ouvre grand la porte de la bienveillance, qui aime ses personnages et en révèle la meilleure facette. Cette absence de cynisme, de recherche de la péripétie qui ferait trébucher les protagonistes, est un bonheur à vivre en temps que spectateur : qu'on pense au monologue bouleversant du père.
Dans cette boucle de velours et d'eau fraîche, prisonnière d'un temps et d'un lieu que l'on ne voudrait jamais quitter, le film s'étire presque un peu trop. J'ai eu peur à deux ou trois reprises qu'il ne loupe sa fin car voulant trop en faire. Heureusement, je me suis trompé.
Mektoub, My Love : Canto uno (2018)
3 h 01 min. Sortie : 21 mars 2018 (France). Comédie dramatique, Romance
Film de Abdellatif Kechiche
Fwankifaël a mis 9/10 et a écrit une critique.
Annotation :
24 mars 2018
Ce film est un prodige. Il bouleverse la notion d'histoire, de scénario et de réalisation. Empreint d'une vérité indéniable dans son sens du dialogue, doté d'acteurs à la sincérité et au naturel subjugants, il réussit le tour de force de proposer une expérience de trois heures en une dizaine de tableaux où la temporalité s'étire dans une exaltation naturaliste et lumineuse sans jamais (ou presque) lasser. L'idée d'une suite, déjà tournée, me séduit peu pourtant, craignant de constater que la répétition du même schéma ne nuise à son exceptionnalité.
Cold War (2018)
Zimna Wojna
1 h 28 min. Sortie : 24 octobre 2018 (France). Drame
Film de Paweł Pawlikowski
Fwankifaël a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
2 novembre 2018
Plus que la perle, c'est son écrin qui m'a époustouflé. Ce film est magnifique. La photographie admirable, d'un noir et blanc ciselé, répond à une musique folklorique puis jazz d'une authentique beauté. Chaque plan est orfèvrerie, pour un film dont la durée montre que son auteur voulait atteindre une forme de quintessence. Le duo d'acteurs qui anime cette histoire fantastique est beau à se damner et anime avec justesse un récit qui est, au moins au début, proprement fascinant tant il sort des chemins battus.
Ce qui touche aussi, c'est la sincérité d'un film teinté d'autobiographie et la tendresse du regard de celui qui voulait raconter ses parents. "Cold War" n'est pas dénué de défauts ; d'ailleurs, il s'égare un temps, arrivé au trois quarts, dans quelques banalités qui lui font perdre son rythme. Mais le tout est rattrapé par une fin superbe et éthérée. J'ai vu peu de films issus du dernier festival de Cannes ; mais celui-ci est pour le moment de loin le meilleur.
Capharnaüm (2018)
2 h 03 min. Sortie : 17 octobre 2018 (France). Drame
Film de Nadine Labaki
Fwankifaël a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
4 février 2024
8,5/10
Je suis assez surpris de la moyenne de ce film chez mes éclaireurs : 5,5/10 pour 10 note, quand j'ai pour ma part été proprement bouleversé par ce "Capharnaüm".
Ce dernier film en date de Nadine Labaki opère une plongée d'une intensité rare dans le quotidien empli de violences d'un enfant des quartiers déshérités de Beyrouth. Loin de l'image de carte postale que la ville pouvait encore cultiver à cette période, pas encore tout à fait frappée par la crise économique sans précédent qui sévit au Liban depuis 2018, Labaki tourne pour une fois le projecteur vers les miséreux. Ce cinéma très populaire est rare. Quelques réalisateurs comme Ken Loach ou Kore-eda (et encore) l'affrontent parfois avec courage. Mais ce que Labaki réussit ici m'a paru exceptionnel.
Exceptionnel parce qu'elle lie pour une fois la misère à la colère. Son héros Zain (incroyablement interprété) est mu par un sentiment d'injustice d'une dignité et d'une rage sans égales. Cette manière d'aborder son sujet, dans le regard d'un enfant à la gouaille qui rappelle celle d'un Jean-Pierre Léaud dans les "Quatre cents coups", la tragédie de la situation en plus, exalte un propos politique qui ne sombre jamais dans le misérabilisme. L'humanité des protagonistes, même les plus faibles et les prévenus, sauve à chaque instant "Capharnaüm" du film qui a trop vouloir être social et bienveillant, en oublierait sa vraisemblance. Si le film n'est pas exempt de certaines longueurs, il rebondit sans contrefaçon et sans égard pour le confort du spectateur, sans cesse bousculé par la radicalité du parti pris. Voilà un prix du Jury qui n'a pas été usurpé.
Les Frères Sisters (2018)
The Sisters Brothers
2 h 02 min. Sortie : 19 septembre 2018. Western, Drame, Policier
Film de Jacques Audiard
Fwankifaël a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
25 septembre 2018
Quel film. Quelle bande-son. Quel quatuor d'acteurs !
Ce dernier film de Jacques Audiard marque d'une nouvelle pierre sa filmographie stupéfiante. J'ai beau lire les critiques régulières que certains profèrent avec plus ou moins de bonne foi, je ne parviens à souscrire à aucune d'entre elles. Le seul reproche que j'aurais à formuler vis-à-vis de ce film ? Son début, un peu lent à se mettre en branle.
Quand je lis que la musique est nulle, je m'insurge : la partition de Desplat est à la fois très fidèle à son auteur (j'ai de suite reconnu sa patte) et parfaitement réussie. Quand on dit qu'Audiard ne sait pas mettre en scène son film, j'hallucine : il n'y a qu'à voir cette première scène de fusillade jamais vue. Quand on écrit qu'il nous bassine avec ses symboles et ses lubies, j'interroge : n'est-ce pas à ça que l'on reconnaît un réalisateur-scénariste de talent qui sait mettre en scène une continuité dans des films très différents ? Pour ce qui est du grain de l'image, je ne suis pas assez doué pour en juger. Mais enfin, ce rythme ! Ces personnages si originaux et émouvants !
Soit je suis frappé d'une naïveté béate, soit ce film est une grande réussite, à vous de me dire.
Une affaire de famille (2018)
Manbiki Kazoku
2 h 01 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Drame
Film de Hirokazu Kore-eda
Fwankifaël a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
16 décembre 2018
Après "Nobody Knows" plus tôt dans l'année, j'avais hâte de voir enfin le tant attendu nouveau Kore-eda. Le réalisateur japonais livre il est vrai un film excellent qui pour une fois, je trouve, mérite sans doute sa Palme d'or. Techniquement toujours judicieux, Kore-eda livre à nouveau un film d'une étonnante justesse et d'une émouvante sincérité sur le sort d'une famille de fortune humainement formidable. Encore plus réussi que "Nobody Knows", "Une affaire de famille" s'appuie surtout sur des personnages géniaux à l'épaisseur palpable. Bravo
Spider-Man : New Generation (2018)
Spider-Man: Into the Spider-Verse
1 h 57 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman
Fwankifaël a mis 8/10.
Annotation :
28 janvier 2023
Pas déçu par ce film d'animation qui avait surpris son monde à sa sortie. La recette fonctionne d'abord formellement, avec un parti pris esthétique à la fois dans les canons des dessins contemporains, exceptionnellement bien animé et débordant de couleur et de style. La bande-son géniale, très urbaine, fait écho au prolifique rendu visuel. Ces deux aspects seuls donnent une part non négligeable de son âme à ce film qui échappe au convenu lisse des adaptations de super-héros en prise de vue réelle dont nous accablent les majors.
L'histoire est quant à elle assez réussie. Préfigurant le très réussi "No way home" en prise de vue réelle sorti en 2021, le scénario exploite ici son format pour proposer une galerie chouette de personnages, parfois génialement absurde. L'hommage au comics, que je ne connais pas, me parait consommé, ce qui donne de la robustesse au récit. Il n'y a que l'écriture somme toute plus convenue de certains ressorts de l'intrigue et des vilains qui nous rappelle la fragilité du matériau de base, mais pas de quoi gâcher la fête.
Lady Bird (2017)
1 h 33 min. Sortie : 28 février 2018 (France). Comédie dramatique
Film de Greta Gerwig
Fwankifaël a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
28 février 2018
Portée par une Saoirse Ronan épatante, cette quasi autobiographie de Greta Gerwig (dont j'aime beaucoup le jeu et la fraicheur en tant qu'actrice) m'a beaucoup séduit. Sans révolutionner le genre, mais toujours en explorant cette thématique qui m'est désormais chère (depuis l'an dernier avec "Grave", "The Fits", "Thelma", "A fantastic birthday") du passage de la femme à l'âge adulte, elle parvient à insuffler une légèreté, une délicatesse et une sincérité étonnantes pour un un premier film. Formellement réussi, sans esbroufe, ce film est mon premier vrai coup de cœur de l'année.
In the Fade (2017)
Aus dem Nichts
1 h 46 min. Sortie : 17 janvier 2018 (France). Drame, Thriller
Film de Fatih Akin
Fwankifaël a mis 8/10.
Annotation :
26 janvier 2018
Je redécouvre Fatih Akin, des années après "De l'autre côté". Il livre ici un thriller judiciaire abrupt et intime, posant à nouveau la question de l'intégration de l'immigration dans la société allemande, toujours habitée par ses démons. Le propos fait évidemment écho à la tension croissante outre-rhin face à l'afflux - d'abord assumé - de migrants et de réfugiés. Diane Kruger y est bouleversante et porte ce film dur à elle seule.
3 Billboards - Les Panneaux de la vengeance (2017)
Three Billboards Outside Ebbing, Missouri
1 h 56 min. Sortie : 17 janvier 2018 (France). Comédie, Policier, Drame
Film de Martin McDonagh
Fwankifaël a mis 8/10.
Annotation :
23 janvier 2018
Comme quoi le titre (nul) ne fait pas le (très bon) film ! La réussite annoncée est au rendez-vous : McDormand cabotine comme rarement dans un rôle qui lui colle exceptionnellement à la peau ; le récit, tout Coenien (les frères) qu'il soit, est rythmé et se pare d'une tendresse inattendue que n'auraient pas su lui amener les deux frangins ; les personnages secondaires régalent ; la musique est bonne... Le peu prolixe Martin McDonagh frappe ici un grand coup.
Dogman (2018)
1 h 39 min. Sortie : 11 juillet 2018 (France). Drame, Policier, Film noir
Film de Matteo Garrone
Fwankifaël a mis 8/10.
Annotation :
24 juillet 2018
Après un splendide "Gommorha" qui l'avait fait rentrer de manière fracassante sur la scène du cinéma international engagé, le réalisateur italien revient avec non moins de tapage sur la Croisette pour offrir à l'épatant Marcello Fonte une palme méritée.
La puissance de ce film, c'est d'abord et avant tout son ambiance délabrée mise en exergue par un décor de misère urbaine et sociale. Le cinéma des petites gens (je dis ça sans mépris) a toujours quelque chose de fascinant, parce qu'il bouleverse les standards dont nous alimente le 7e Art lorsqu'il se replie sur lui. Alors, animé d'acteurs bruts et d'un récit aussi noir, je n'ai pu qu'apprécier ce "Dogman" qui touche l'insondable violence des rapports sociaux.
Burning (2018)
Beoning
2 h 28 min. Sortie : 29 août 2018 (France). Drame, Thriller, Film noir
Film de Lee Chang-Dong
Fwankifaël a mis 7/10.
Annotation :
1er septembre 2018
Son trio d'acteurs est excellent. Une certaine langueur dans le déroulé du film lui donne une âme poétique que Lee Chang-Dhong est du genre à maîtriser. La malice de certaines scènes, la spontanéité des personnages, le fil rouge assez trouble de cette intrigue amoureuse sont particulièrement savoureux. Mais il y a quelque-chose dans ce film, impeccablement réalisé et très bien accompagné par sa musique, qui distancie en permanence le spectateur que j'ai été, l'empêchant de se plonger tout entier dans son intrigue. Un je-ne-sais-quoi que je ne peux encore identifier, tenant peut être à un aspect lissé de l'intrigue, un peu répétitive et sans guère de rebondissements en dehors du twist principal.