Les meilleurs films de 2019 selon Caledodub

Annotation :

Je le dis rarement pour un film français : je regrette de ne pas l'avoir vu sur grand écran, La mise en scène de Céline Sciamma et la photographie de Claire Mathon sont magnifiques. Chaque plan est un tableau finement travaillé, que ce soit la composition ou la lumière. Les intérieurs ressemblent à la peinture baroque néerlandaise. Le temps lent de chaque scène offre une forme de persistance rétinienne, propre à la peinture.
A chemin entre l'art pictural et cinématographique, le Portrait de la jeune fille en feu est avant tout une question de regard et de mains. Le regard de la peintre, de la novice, de l'amoureuse, de l'innocente... Les yeux des actrices transmettent magnifiquement l'essentiel de l'émotion. Mais il ne faut pas oublier ces mains qui posent, qui peignent et qui caressent.
Le grand absent est l'ouïe. La musique est quasi absente et son rare jaillissement apporte à chaque fois une vague d'émotions.
Le trio incarné par Noémie Merlant, Adèle Haenel et Luàna Bajrami est magnifique. Toutefois, Adèle Haenel les surpasse toutes de par son talent et sa justesse incroyables. Dans des rôles à sa mesure, elle est l'actrice française qui m'enthousiasme le plus actuellement.
Pour ceux qui ne sont pas allergiques aux rythmes lents, je conseille largement ce film, honteusement boudé aux Césars.

Annotation :

Difficile de ne pas penser à La Haine en lançant le film, mais très vite, cette impression disparaît. Les Misérables impose son propre rythme, son univers et ses codes. Ladj Ly n’a pas l’approche esthétique de Mathieu Kassovitz, il adopte un traitement plus direct.
Les langages, les gestes, les regards, tout est à hauteur d'hommes. Et le seul moment où l'on prend de la hauteur, c'est en drone.
Mais si le film est en tension, il sait prendre le temps. Le temps de poser ses personnages, les humains comme le quartier. Le basculement de l’action n’apparaît qu’après le premier tiers du film. L’histoire n’en est que plus complexe, protéiforme et surtout non manichéenne.
Les Misérables, c'est avant tout une question de pouvoirs. Qu'est-ce qui contrôle la cité ? La loi ? La religion ? La politique ? L'argent ? La force ?
Le film est passionnant et déroutant. Un César du meilleur film amplement mérité.

Annotation :

Le film commence par un crime atroce. Le meurtre violent et gratuit d'un manteau.
Pas besoin d'en dire ou d'en savoir plus. Cela reste un film de Quentin Dupieux, l'homme qui tient tout un film sur un pneu tueur.
Le film nous amène vers une direction prévisible, mais trop absurde pour être acceptable. Tout repose sur un Jean Dujardin excellent, une Adèle Haenel, dont le jeu varie peu mais reste une valeur sure, et un blouson en daim.
Quentin Dupieux délaisse sa mise en scène très hollywoodienne pour des plans improbables mais souvent originaux. Car, comme souvent, le film parle aussi (surtout) de spectacle et de cinéma.
A chaque film, j'aime encore plus Dupieux.

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Après une série de films d’auteur, il fallait sortir de la grosse artillerie. Et quoi de mieux que le studio Trigger (à l’origine des excellents Kill la Kill et Little Witch Academia). Une histoire de pompiers par Trigger, cela promet du grand n’importe quoi. Et c’est ce qu’on a eu.
C’est simple. Trigger poussent tous les curseurs à fond. Donc, tant qu’à faire un film de pompiers, autant que l’incendie soit mondial, le camion soit remplacé par un mecha géant et les flammes par des créatures vivantes violettes. Trigger assume sa démesure, graphiquement et scénaristiquement. Sortant sans vergogne le plus grossier des deus ex machina ou se moquant soi-même des parties explicatives ennuyeuses.
Visuellement, c’est un feu d’artifice dans une raffinerie de pétrole. Je ne suis pas fan de l’utilisation de la 3D pour ce long, mais j’adore les couleurs, notamment ce feu violet délirant. En terme de rythme, imaginez le super-héros Flash sous cocaïne en train de danser la tecktonik (de quoi tuer Tarkovski dès la première minute).
Bref, je ne sais pas trop ce que j’ai regardé, mais j’ai bien déliré (mais ça reste moins bon que Kill la Kill).

Annotation :

Inévitablement, j’ai pensé au magnifique The Rider de Chloé Zhao. Il y a là encore cette frontière trouble entre le documentaire et la fiction. Les thématiques sont aussi proches. Je trouve Laure de Clermont-Tonnerre moins brillante que Chloé Zhao, mais elle signe un premier film captivant. Curieusement, son long-métrage est à la fois subtil et lourdaud. Les symboliques et les intentions sont parfois trop appuyées, mais la mise en scène, le thème et l’incroyable jeu de Matthias Schoenaerts offrent un film intéressant et touchant.