Les meilleurs films de 2022 selon Thomas.wav

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Le mot qui m'est venu à l'esprit à la fin du film est "tendresse". Frammartino filme cette campagne italienne (ses grottes, ses villages, son berger à l'agonie) avec une tendresse et une beauté formelle qui en découle que j'ai rarement vues au cinéma. Chaque plan est beau comme un tableau naturaliste. Je sentais en moi une profonde sérénité rien qu'à voir les vaches paître dans la plaine. Quand je vois ça, je retrouve foi en l'humanité et en la du monde. Si on m'avait dit un jour que je serais profondément ému par une simple feuille de magazine enflammée jetée dans la grotte pour en voir la profondeur, je ne l'aurais pas cru.

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En 2021, le meilleur film était France de Bruno Dumont, qui parlait de la France et de ses racines chrétiennes. En 2022, c'est Pacifiction, un film qui parle lui aussi de notre pays, mais cette fois de son colonialisme et de son déclin. On y voit Benoît Magimel en commissaire de l'État, qui se ballade, qui parle pour ne rien dire et qui ne sert à rien. On voit cette homme que Tahiti a rendu fou (à cause de la population locale, du soleil ou des bestioles, qui sait ?) et qui devient paranoïaque alors que des marins sont sur le point de relancer des essais nucléaires, aveuglés par un désir vain de puissance.

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J'hésite entre 8 et 9.

Ce film adopte le point de vue inverse de La Nuit du 12. Ici, on suit le prédateur sexuel qui viole et tue des femmes. Le message, cependant, est à peu près le même : la violence et la masculinité toxique (pour faire court). La mise en scène nous fait tout de suite sentir la violence du mec, une violence qu'il a hérité de son père (un chasseur de safari dont il porte la veste en python), mais le film ne développe aucune empathie. C'est un monstre, rien de plus. Et puis il c'est aussi un film à charge contre la police, plus carriériste que proche de la population. Bref, un film de haut niveau, dur et viscéral.

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J'hésite entre 8 et 9.

Forcément, on pense au Balthazar de Bresson. C'est inévitable. Mais ici, l'âne est beaucoup moins passif : il renverse des trucs, attaque son geôlier, s'enfuie... Et la mise en scène est très différente aussi, plus stylisée et "moderne" (avec des drones notamment). Ce genre de films fonctionne toujours sur moi. Il n'y a pas (ou peu) de dialogues, seulement des images, et on comprend tout. On souffre avec l'âne, on a peur avec lui, on pleure avec lui. C'est les mêmes procédés que dans Il Buco, finalement, et c'est le cinéma que je préfère : celui de la subtilité.

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J'hésite entre 8 et 9.

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J'hésite entre 8 et 9.

Encore une fois, il s'agit d'un film aux accents très naturalistes, dans la même veine que l'incroyable (et ô combien supérieur) Il Buco. Cependant, ici, tout est plus stylisé. Mais le film échappe au simple exercice de style et à une certaine tentation maniériste grâce à ses environnements pastoraux et ses personnages et histoires folkloriques mis en scène avec une grande simplicité. L'aspect folklorique est d'ailleurs bien renforcé par les personnages du début qui racontent l'histoire par tradition orale, en plus de donner à celle-ci une dimension mythique (avec cette fameuse légende du "roi crabe").

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Ce qui est génial dans ce film, c'est la représentation des contraires. C'est une histoire d'amour, mais rien ne suit son cours tranquillement. Gary est un adolescent de 15 ans grassouillet qui se comporte comme un adulte, il est très volubile et est un véritable entrepreneur. Alana, elle, est une adulte de 25 ans qui ressemble à une adolescente, vit encore chez ses parents et fait des petits boulots sans projets d'avenir. Les deux personnages s'aiment sans le dire, puis se repoussent, puis se retrouvent... Et puis ils sont intéressants physiquement. Ils ne sont pas beaux et dégagent une authenticité désarmante. Et puis sans surprise avec PTA, c'est très bien filmé.

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Un excellent film intimiste sur la lutte des classes aux Etats-Unis, l'impossibilité du rêve américain et sur l'amertume de la perte de l'innocence. C'est absolument brillant. On voit ce jeune garçon candide, des rêves plein la tête, découvrir que le monde est en fait injuste. On nous montre vraiment le monde tel qu'il est découvert par un gamin, le film ne nous explique rien de plus. Et la toute dernière scène, cette "fuite" du gamin avec la chanson incroyable des Clash qui donne son nom au film, je la vois comme une citation moderne du film Les Quatre Cents Coups de Truffaut, et c'est beau.

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Le film est impeccable visuellement. Il réussit à nous faire comprendre des choses uniquement par sa mise en scène et rien que pour ça, on est face à du bon cinéma. Mais le film a aussi pour lui son enquête anti-spectaculaire. Il n'y a pas de grands retournements de situation et de résolution. On ne saura jamais si le personnage de Roschdy Zem était sincère, si ses intentions étaient bonnes ou seulement motivées par la vengeance. Comme dans la vraie vie, le monde est gris et tous les protagonistes sont poreux.

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Un superbe thriller qui parle de manière subtile de la lutte des classes, avec ce qui semble être des bourgeois qui se sont installés au fin fond de la Galice. Ici, comme chez Thierry de Peretti, l'inquiétant n'est pas impressionnant : il surgit de l'ordinaire, de choses qui auraient été complètement anodines s'il n'y avait pas cette tension entre les personnages. Mais le pinacle du film est bien sûr la scène de dialogue dans le bar du bled, scène dans laquelle les deux parties demeureront fermées, car il n'y a pas de dialogue possible dans la lutte des classes.

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Sur tous les films "sociaux" sortis cette année, Rien à foutre est certainement le meilleur. Il réussit parfaitement à mêler la critique du monde professionnel et le mal-être d'une jeunesse sans repères, qui cherche à garder des problèmes enfouis (ici, le deuil difficile d'une mère) grâce un mode de vie peu soucieux du futur, à travers les fêtes arrosées, la réalité déformée des réseaux sociaux et les applications de rencontre sans lendemain. Et on ne pouvait pas rêver mieux qu'Adèle Exarchopoulos dans le rôle titre, qui porte en elle une véritable authenticité.

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RRR (pour "Rise Roar Revolt") est le premier film "bollywoodien" que j'ai regardé et ce fût une petite claque. Quel spectacle ! Quelle générosité dans la mise en scène ! La scène de danse, les scènes d'action, tout déborde d'idées. J'ai rarement vu un film aussi épique du début à la fin, toutes époques confondues. Les blockbusters outre-Atlantique devraient en prendre de la graine, autant visuellement que scénaristiquement. Pour moi, le seul bémol du film est sa durée. Il y a bien une demi-heure en trop. Mais sinon, c'est un véritable chef-d'œuvre.

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Pablo Larraín avait déjà réalisé un biopic convaincant sur Jackie Kennedy, juste après l'assassinat de son mari. Mais ici, il s'est surpassé. Kristen Stewart est troublante en Diana paranoïaque, avec son jeu parfaitement équilibré. On voit qu'on a affaire à une aristocrate mais également à une femme-enfant piégée et mélancolique. Elle est excédée par son entourage, mais elle reste dans une retenue permanente qui la rend folle. Sur tous les films qui sont sortis sur le destin tragique de Diana, je suis convaincu que celui-ci est ce qui s'est fait de mieux.

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J'aime bien Emmanuel Mouret. Son cinéma, c'est Emily In Paris qui aurait réussi. Il nous montre des bourgeois qui parlent finement d'amour, qui se donnent rendez-vous dans des beaux endroits à Paris... Et puis c'est réalisé avec élégance et les deux acteurs principaux sont mignons. On les voit tomber amoureux un peu malgré eux, et évidemment, l'issue est mélancolique. Il ne pouvait s'agir que d'une liaison passagère, une parenthèse enchantée (même si la toute dernière scène laisse entrevoir l'espoir d'un recommencement).

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J'hésite entre 7 et 8.

Fidèle à lui-même, David Cronenberg parle des déformations du corps humain, cette fois dans une métaphore de l'art où les protagonistes ne ressentent plus la douleur et se font pousser des organes juste pour le plaisir de les déchiqueter en public. Ce faux remake n'est pas particulièrement brillant dans sa mise en scène mais son aspect étrange voire complètement dérangeant réussit à captiver, malgré des effets spéciaux de séries B. Il y a aussi une sorte de discours écologique subtil à la fin qui fonctionne bien.

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J'hésite entre 7 et 8.

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J'hésite entre 7 et 8.

Même s'il est plus sobre que Mademoiselle et Old Boy, ce nouveau film de Park Chan-Wook est quand même très bien. Le montage est toujours aussi fort.