Les meilleurs films de 2023 selon Locass

Annotation :

Sublimer autant une routine et ses recoins, invisibles au plus grand nombre, et capturer la formidable légèreté du quotidien d'un nettoyeur de toilette tokyoïte magnifié par l'essence de Koji Yakusho, c'est quelque chose de fort. Presque bouleversant. Se satisfaire de si peu est déjà bien assez pour profiter pleinement de l'instant, ce fragment quasi-insaisissable que Wenders ne cesse de capter dans Perfect Days. L'essentiel est là, sous nos yeux, dans un rituel qui ne laisse rien au hasard via lequel le personnage se contente de vivre son quotidien, silencieux et capable d'entendre le bruit du monde, tout comme en proie à son éventail de formes et bien sûr ses nuances afin de capter ne serait-ce qu'un bout du Komorebi, cette lumière qui transperce les feuilles des arbres et déploie des ombres en mouvement qui se superposent. Et pourtant, rien n'y fait, un film ou des centaines de photos ne suffiront pas pour saisir l'insaisissable. Seulement de s'approcher de son idée, ou de son "effet". Alors autant le ressentir par nous-mêmes et le vivre maintenant, sans attendre une prochaine fois. Maintenant, c'est maintenant. La prochaine fois, c'est la prochaine fois.
Contemplons l'instant.

Annotation :

Takehiko Inoue réussit l'exploit de disparaître pendant 6 ans de la prépublication japonaise en s'éloignant de ses merveilles Real et Vagabond pour se consacrer pleinement à un film Slam Dunk. Un pari réussi, une merveille technique qui adapte le dernier match du manga tout en permettant aux premiers venus d'apprécier les multiples portraits de l'équipe Shohoku. Et puis merde, jamais le basket n'aura été aussi beau et humain sur grand écran avec un travail sonore saisissant. Brillant

Annotation :

Pour son premier film, Celine Song tente avec une certaine réussite la question de la réconciliation entre le "ce qui est", "ce qui était" et bien sûr le traditionnel "what if, et si?" autour d'une jeune coréenne qui a quitté sa terre natale pour le continent américain. Sublimant New York et Séoul comme deux âmes séparées avançant dans le temps sans jamais parvenir à retrouver les premières caresses de l'enfance pour ses deux protagonistes, Past Lives n'est pas qu'un film sur les innombrables occasions manquées pour retrouver ou trouver l'amour. Il tient sa force dans l'idée que l'amour est une histoire continue entre des individus aptes ou non à se croiser, se parler, se quitter, se retrouver et se permettre de vivre simplement ce qui est censé se produire par la simple nature des choses. Les thématiques de Wong Kar-Wai ne sont jamais très loin et j'ai évidement hâte de voir ses futurs films.

Annotation :

Véritable film monde qui impressionne de par sa narration et son univers condensé en une si petite durée à l'heure où la majorité des films pousse leur récit artificiellement et bien souvent inutilement, Mars Express est une réussite totale... Ou bien une anomalie dans le paysage audiovisuel français actuel. Le duo de scénariste adopte une narration illustrative et vers l'avant de leur monde, toujours cohérent, pur et sans artifices jusqu'à une résolution brutale, mélancolique et ambitieuse. Mars Express est la confirmation des talents d'une équipe qui rassure quant à l'existence de projets ambitieux et vertigineux dans le cinéma d'animation pour adulte français. Un film intemporel qui, je l'espère, saura transporté vers l'espace les générations futures désireuses de voir d'avantage de projets habités comme Mars Express.

Annotation :

The Killer est la définition même de la perte du contrôle. Avoir ritualisé la moindre action, le moindre geste, le simple regard ou battements pour accomplir son objectif, mais c'est dès que l'imprévu ou bien le destin, que dénigre le personnage campé par un Fassbender sec et hermétique, arrive que l'on voit toute la palette ludique et experte de Fincher. The Killer est la représentation la plus forte, mais aussi direct de son réalisateur pour sa signature visuelle, cet art Fincherien de l'image et des raccords parfaits qu'il n'a de cesse de pratiquer depuis Panic Room et les apports numériques du médium. Fincher est un artisan du cadre, de la minutie et du détail, jusqu'à l'extrême et tout comme son protagoniste, il ne croit pas au destin, seulement au chemin déjà parcouru depuis plus de trente ans dans un médium qu'il a marqué de son art si reconnaissable. Un savoir-faire et un contrôle de tueur.

Annotation :

Probablement le Miyazaki le moins accessible de sa filmographie, Le Garçon et le Héron est porté par de superbes fulgurances visuelles qui ont tendance à abuser des influences de son auteur jusqu’à provoquer un enchaînement de tableaux et scènes qui pourront en décourager plus d’un sur la recherche d’un quelconque sens à l’ensemble. De sûr, sens il y a pour ceux qui s’amuseront à explorer et étudier le Japon d’après-guerre et la vie de l’artiste. Ce qui n’empêche pas le film d’être imparfait, tourmenté, déséquilibré faisant du deuil son voyage et du temps l’outil de l’acceptation pour espérer repartir de l’avant. Ce n’est que rarement que Miyazaki parle de lui et de sa profession avec autant d’humanité et de mélancolie… Lui, l’un des derniers grands sages, du haut de sa tour qui a traversé les époques et les multiples transformations de son pays. Le Garçon et le Héron est multiple, puissant et inquiétant, digne d’une œuvre somme insaisissable qui résonne presque comme un adieu.