Les meilleurs films de 2023 selon Thiebs

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Le film joue du développement personnel, puis feint une visée contemplative. Si l'on peut croire en avoir plein la vue, c'est un autre de nos sens qui se trouve mobilisé : jamais n'ai-je ressenti ainsi la beauté du toucher au cinéma.

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"Ce qui est perdu revient toujours."

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Par souci pratique je place ici seulement la première partie, mais je considère le film comme un tout.
Comme La Flor ou Los Delicuentes, film monde, qui s'autorise tout.
Si l'on peut voir le renversement de la seconde partie comme un désamorçage du suspense de l'enquête et de la trame sentimentale, celui-ci donne paradoxalement une ampleur étrange au film, presque atteint d'une maladie libératrice.

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Plus belle palme depuis Winter Sleep (pas difficile faut dire). En général je m'en fous du succès public des films, mais celui-ci est tout de même revigorant.

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L'ellipse vécue comme un abîme.
Pas de tromperie sur la marchandise : la place laissée à la musique est bouleversante.

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Un sens du cadrage absolument sidérant.
Deux films très différents, mais le rythme de Désordres me fait penser à celui de La Montagne. Dans les deux cas, une lente ascension vers la lumière, comme une épiphanie.

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Un film d'une heure après un dernier de trois heures quarante, parce qu'on est pas toujours obligé de rechercher l'ampleur. Geste d'une précision exquise, attentives aux épiphanies, plus imperceptibles que chez Schäublin ou Salvador.

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A l'instar du Pierre de La Montagne, il fallait au personnage un don pour compter cette année. Film mémoire, qui mêle les Etrusques aux années 80, le 35mm au super 16, Kraftwerk à Monteverdi, Fellini à Pasolini.

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Je sais que la fin a rendu dingo tout le monde, moi c'est peut-être ce que j'ai le moins aimé. Mais ma foi les deux heures quinze d'avant ne manquaient pas d'idées et d'émotion...

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S'il existe un cinéma écolo (au sens moral comme sensuel), c'est ici qu'il se trouve.

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Le film qui politiquement m'a le plus remué cette année. Travail de montage absolument sidérant, Cotillard est grande.

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Dire qu'hormis une interprétation live on ne trouve aucune trace sur les plateformes de la plus belle citation musicale de 2023 (Annkrist - La Beauté du jour).

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Une des plus belles apparitions de la couleur qui soit.

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A la moitié du film, l'assurance de voir un film raté. Il n'y a qu'un grand cinéaste qui pouvait parvenir à renverser ce jugement trop présomptueux.

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Le second film qui politiquement m'a le plus remué cette année. Non sans lien avec Little Girl Blue, le film de Poitras va plus loin : il prépare la révolte.

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Ce qui souvent me détourne des films de Wes Anderson, c'est la sécheresse avec laquelle il peint ses personnages. Le sentiment ici d'un souffle retrouvé.

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Une des plus belles scènes finales de l'année (oui y'a pas grand-chose qui me touche plus au cinéma que la possibilité du pardon).

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Karim Leklou impressionnant, tout en perte de maîtrise.

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Privilège des films courts, Dupieux atteint avec Yannick le geste limpide, précis. Cette année il n'y a que de Trueba que l'on peut en dire autant.

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Rarement vu film sur la Shoah trouver plus juste distance face à son sujet, et pourtant toucher aussi précisément l'horreur des camps.

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Douce rêverie qui plante l'Arbre entre les films de Bi Gan et Weerasethakul. La recherche d'une trace, d'un passage, guide les plans-séquences, qui forment ainsi les strates d'une mémoire enfouie.

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Comme chez Moretti, Bellocchio c'est avant tout le plaisir de retrouver une troupe. Des visages qui se font écho de film en film, pour incarner une histoire de l'Italie (le père juif - Cossiga - Falcone / l'Inquisiteur - Aldo Moro / le Cardinal - Mussolini).

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Goldman refuse la justice bourgeoise et le procès spectacle pour mieux en tirer avantage. Worthalter en fait un personnage vorace, qui d'accusé devient chef d'orchestre.

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Univers familier d'Itsaso et de son monde - on soustrait les acteurs, on ne garde que les actrices. Le film évite l'écueil de la sororité forcée, accordant aux récits les plus intimes une oreille attentive. Ce sont autant les échanges et passages à l'acte (comme chez Trueba) que le fabuleux qui donnent au film un doux parfum de récit d'apprentissage.

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La crainte d'abord d'un misérabilisme trop appuyé, avant qu'un frêle et lent chemin vers la tendresse ne se dessine.

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Un film à la lisière.
(si on m'avait dit qu'un film allait me faire écouter en boucle du Gabriel Yared)

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J'aime penser que seul un cinéaste vieillissant peut parvenir à un montage d'une telle précision. A l'instar de son maître Bresson, on pourrait alors ne voir en Schrader qu'un cinéaste méthodique, froid. Ce serait oublier la bouleversante candeur lyrique de certaines scènes, qui là aussi ne peut être que celle d'un cinéaste viellissant.

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Un film "post-#metoo" intelligent, filmé comme un thriller paranoïaque de guerre froide.

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Film animé d'un doux esprit anarchique. Si l'on rattachait Linda à cette lourde étiquette qu'est le "film de banlieue", on pourrait faire résonner cette scène de chaos final avec celle des Misérables. Et je ne suis pas sûr que l'énergie révolutionnaire du second soit plus ardente.

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Pas vu de blockbuster aussi inventif et drôle depuis longtemps. Avec en point d'orgue la scène en Fiat 500 à Rome, sortie tout droit (ou en zigzag) du Château de Cagliostro.