Les meilleurs films de 2023 selon Nathan_E-B

Annotation :

On pourrait écrire des livres sur ce film, mais en prenant le recul, et en laissant de coté toutes ses qualités ludiques (l'étude de personnage, performance de Blanchett...) ce qu'il y a peut-être de plus impressionnant, c'est son équilibre. L'équilibre entre l'immense et le précis ; le vaste et le détail.

Puisque l'œuvre est à la fois gigantesque, chargée à l'outrance de détails et de sophistication, monologues de 10 minutes débités en apnée - et pourtant il s'en dégage une incroyable netteté chirurgicale (aidée en cela, il fait bien le reconnaitre, par les grands angles de Florian Hoffmeister). Comme une grande valse venimeuse, coulée dans un seul mouvement fluide - elle poursuit ce pas de deux, cette lutte à la mort, dans une infinie courtoisie - jusqu'aux derniers moments.

Et cette fin, d'une cruauté abyssale - est-elle jubilatoire ou bien atroce ?

Annotation :

Fincher n'a jamais eu un respect immodéré pour le confort du spectateur. Il est par trop ironique pour ça (il ne peut empêcher quelques pointes d'humour même dans cet opus).
Dans The Killer, un peu comme dans Gone Girl ou Zodiac, il s'amuse à créer avec sa méticulosité légendaire et maniaque (photo chirurgicale de Messerschmidt, bande-son sourde de Reznor&Ross, mâchoire taillée à la serpe et yeux fjordesques de Fassbender) un thriller "corde-raide" dont la principale caractéristique est d'aboutir sur une conclusion anti-climatique, décevant nos attentes de résolution explosive. On ressort forcément frustré de The Killer. Refuser de nous surprendre, c'est un peu sa manière à lui de nous surprendre. Cette manière de conclure sur la banalité, c'est comme une manière de nous dire : la parenthèse cinéma est finie, retour à la réalité...


En attendant, la marque Fincher a tenu ses promesses : la tension ne s'est jamais démentie (une scène de baston incroyablement lisible et lisse, on sent la différence...). Comme un jeu de dupes, on croit entendre au générique Fincher nous demander ingénument "Ah bon, mais à quoi vous attendiez-vous ?", alors que dans ses yeux on lit : "Je vous ai bien eu..."

Annotation :

C'est de toutes façons un film à la gloire de Meir/Mirren, au point que les autres personnages sont tristement bâclés et ne sont officiellement là que pour lui offrir la réplique. Mais du coup, considéré du point de vue duquel il veut l'être, le pari est réussi : l'interprétation de Mirren rend assez fidèlement le personnage charismatique et fort que fut Meir.
Si le film suit globalement sagement les balises du biopic académique, il met en place aussi quelques scènes oniriques plutôt réussies.

Annotation :

La vie de ma mère était donc à l'origine un court-métrage, ce qui se sent parfaitement. Mais le manque de moyens et l'intrigue artificiellement irriguée ne font pas le poids face au plaisir intact de voir Agnès Jaoui, sa générosité, son énergie et William Leghbil, qui sait décidément faire tant passer dans un regard. Une douce et tendre histoire qui nous donne envie d'oublier le reste et de serrer sa mère entre ses bras.