SensCritique

Les meilleurs films de 2024 selon Véreux

Est-ce la pire année de cinéma de tous les temps ? Seuls les 4 premiers sont de très bons films.

Liste de

42 films

créée il y a environ 1 an · modifiée il y a 26 jours
Anora
7.2
1.

Anora (2024)

2 h 19 min. Sortie : 30 octobre 2024 (France). Comédie dramatique

Film de Sean Baker

Annotation :

Brillamment réalisé, Palme d'Or méritée. Mais est-ce plus que ça ?

J'ai souvent pensé à After Hours, film similaire mais que j'aime davantage. Je reconnais que cette deuxième partie est excellemment faite, parfois très drôle, souvent impressionnante, Baker maîtrise son sujet, mais je ne sais pas pourquoi, ça ne me prend pas plus que cela. Pourquoi After Hours et pas Anora ? Parce qu'on est plus exigeant avec le cinéma actuel et qu'on en minimise la qualité par mauvaise foi ? Parce qu'on reconnaît mieux les icônes du passé que celles du présent, précisément parce que ce sont celles qui ont la particularité de bien vieillir ?

Ces questionnements sont authentiques, et je n'ai pas de réponse. Ce dont je suis sûr, c'est qu'aujourd'hui, Anora ne m'émeut pas beaucoup, je vois le geste, mais moins son retentissement. Comment verra-t-on Anora dans vingt ans ? J'aimerais bien le savoir maintenant.

La Zone d’intérêt
7.2
2.

La Zone d’intérêt (2023)

The Zone of Interest

1 h 45 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Drame, Historique, Guerre

Film de Jonathan Glazer

Véreux a mis 6/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Crée le débat : c'est bien, cela veut dire que le film a des choses à dire, et c'est moins bien, car cela signifie qu'il ne convainc pas totalement (terrible utilisation de la musique).

The Substance
7
3.

The Substance (2024)

2 h 20 min. Sortie : 6 novembre 2024 (France). Drame, Épouvante-Horreur

Film de Coralie Fargeat

Annotation :

Ce qui est sûr, c'est qu'il faut beaucoup de talent pour filmer ainsi les textures, faire luire ainsi les matières, cadrer de la sorte. Le film invente même des choses, dans sa façon de plonger de temps en temps dans la pure expérimentation.

Mais Coralie Fargeat, même si elle témoigne d'un grand pas en avant après Revenge (une ambition démesurée), est vraiment trop prétentieuse, et entre le pataquès de l'ambiance sonore, la grossièreté absolue des references (Kubrick, Hitchcock, rien que ça), et la tentation intégrale du tape-à-l'œil, on en a pour sa dose d'agression pubarde. Non pas qu'il n'y ait rien à dire : la partie finale, insupportable, a le mérite de ne pas se défiler, et tout cela a du corps. Mais, de la douceur, de la délicatesse, était-ce trop en demander ? Ici, derrière la caricature écrasante, derrière le schéma grand-guignol, derrière ce montage qui cherche tout le temps à épater, rien ne vit.

Avec un tel matériau, Aster aurait fait un film plus détestable encore mais sûrement meilleur. Lánthimos aurait dispersé de bons dialogues çà et là. Refn aurait fait plus fin, et d'ailleurs c'est sûr, car il a déjà fait un film semblable, The Neon Demon, qui était supérieur à The Substance, car plus réfléchi. Quant à Fargeat, l'avenir n'est pas fermé (il y a des propositions), mais il faut déjà le redouter, et d'autant plus qu'il y a ici une petite malhonnêteté : piquer des éléments à droite à gauche n'est pas un crime, mais en revanche, plagier est un acte plus discutable. Car The Substance doit tout à Starry Eyes (quelques scènes en sont directement pompées), et ce serait bien que cela se sache plus.

Pauvres Créatures
7.2
4.

Pauvres Créatures (2023)

Poor Things

2 h 21 min. Sortie : 17 janvier 2024 (France). Comédie, Drame, Fantastique

Film de Yórgos Lánthimos

Annotation :

Plusieurs défauts (Emma Stone insupportable sur le début, des facilités, une image laide, et quelques provocations puériles), mais aussi des qualités certaines : une vision pertinente du machisme, un sens prononcé de l'exécution (dans les dents de ceux qui voyaient en Lánthimos la seule misanthropie, alors qu'il est indéniable qu'il sait faire du cinéma), et quelques saillies émotionnelles réussies.

Trois Amies
6.6
5.

Trois Amies (2024)

1 h 57 min. Sortie : 6 novembre 2024. Comédie dramatique, Romance

Film de Emmanuel Mouret

Annotation :

Il est probable que d'ici trente ans, l'œuvre récapitulée de Mouret soit considérée avec déférence. Film après film, il s'impose comme un auteur singulier, et c'est justement ce qui fait sa force.

Il est néanmoins regrettable qu'ici, la petite musique habituelle ne soit pas trop bouleversée : la photographie est plate, certaines scènes trop théâtrales, le ton manque de gravité, et la mise en scène de dramaturgie cinématographique. Cependant, le cinéma de Mouret ne peut se concevoir autrement : ce sont précisément cette frivolité, cette distance au mélo, cette façon de ne jamais jouer la démesure qui rendent ces petits drames du quotidien attachants, et qui exacerbent le talent scénaristique de Mouret. Ici, la manière dont l'amour a d'être vu comme un contrat bipartite (les personnages passent leur temps à se remercier ou à se dire pardon) soumis aux jeux du hasard est pertinente : derrière le conte moral, il y a un beau fond de vérité. Damien Bonnard est excellent.

C'est quand on se dit qu'on aimerait bien avoir les bibliothèques des personnages des films de Mouret qu'on se dit qu'on est vraiment devenu un petit bourgeois.

La Plus Précieuse des Marchandises
7.1
6.

La Plus Précieuse des Marchandises (2024)

1 h 21 min. Sortie : 20 novembre 2024. Drame

Long-métrage d'animation de Michel Hazanavicius

Annotation :

Malheureusement, il y a certaines lourdeurs, tant graphiques que scénaristiques (une musique permanente pour donner de l'ampleur émotionnelle à chaque scène), mais cela demeure un beau film, cherchant la voie de l'épure propre au conte, mais ne se défilant jamais devant l'horreur humaine que fut l'Holocauste. A ce titre, la séquence "vue du train", avec ce cri qui ne sort pas, est d'une incroyable dureté ; je ne sais pas quel cœur de pierre peut ne pas se fendre devant ça.

Animation un tantinet pauvre (un trait peu fin), mais de belles couleurs.

Comme un lundi
6.5
7.

Comme un lundi (2022)

Mondays: Kono taimurupu, look joshi ni kidzuka senai to owaranai

1 h 23 min. Sortie : 8 mai 2024 (France). Comédie, Fantastique

Film de Ryo Takebayashi

Annotation :

La première partie est jubilatoire, mais dès que le film prend la partie de la résolution, il devient moins intéressant. C'est un petit feel-good movie sans prétention ni vulgarité, voilà (et c'est déjà pas mal).

Le manga a l'air bien en vrai.

Le mal n'existe pas
7
8.

Le mal n'existe pas (2023)

Aku wa sonzai shinai

1 h 46 min. Sortie : 10 avril 2024. Drame

Film de Ryusuke Hamaguchi

Annotation :

Constitue un net progrès en regard des films précédents de Hamaguchi... du moins, jusqu'à ses dernières minutes.

Car la conclusion, claire, mais lourdement symbolique et tarabiscotée, renvoie ce film aux mêmes affres que celles dont Hamaguchi est coutumier, à savoir le désir de prendre à revers (l'agression ad hominem, que rien ne permet d'anticiper), la trajectoire fuyante (rien ne vous sera - trop - révélé), et, en recompilant le tout, une tendance au symbole exagérément significatif (les cerfs, ou les migraines fugaces, comme autant de prévisions d'un drame à venir). Dommage, car sans cela, le film se tient : tension, mise en scène, construction, il y a du soin.

Chime
7.2
9.

Chime (2024)

45 min. Sortie : 19 février 2024 (Japon). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Kiyoshi Kurosawa

Annotation :

Retour de Kurosawa aux thèmes de ses plus grandes réussites (la psychose intérieure du Japon, le désert des villes, la folie contagieuse) le long d'un petit film d'horreur psychologique : c'est un réel plaisir de voir que son talent pour la mise en scène clinique n'a pas disparu, et il faut aussi souligner un travail phénoménal sur le son.

Pour le reste, ce moyen-métrage est une version minimale de Cure, moins envoutante, moins bien scénarisée aussi (une fin ouverte... qui est surtout un renoncement, comme toujours), mais intéressante, quasi matricielle de tous les thèmes du maître japonais. Cela va d'ailleurs presque jusqu'à l'empilement : il aurait fallu délayer un peu. Par son trop plein théorique, il pêche en chair.

En fanfare
6.9
10.

En fanfare (2024)

1 h 43 min. Sortie : 27 novembre 2024. Comédie

Film de Emmanuel Courcol

Annotation :

Film de divertissement populaire correct. Lavernhe en fait des caisses, il y a un trisomique qui fait des blagues affligeantes pour faire rire dans les chaumières (comble de la putasserie), mais l'ensemble se tient, et surtout, il y a un vrai respect pour les harmonies et pour le Nord.

Aux deux toqués qui liraient ceci : laissez-moi vous parler d'un pote à moi, Amaury Bart. En plus d'être médecin dans le bassin minier, il est chef d'harmonie dans un petit village, où socialement c'est compliqué (politiquement, encore pire). Il fait du porte-à-porte pour parler de son projet d'harmonie, récupère les gamins en difficulté, les façonne en champions en les faisant participer aux concours de brass band. En discutant avec la municipalité de faire un projet d'harmonie d'ampleur, on lui a dit que ça ne marcherait pas, que plus personne n'allait aux concerts de la fanfare. Le mec, ni une ni deux, a décidé d'unir une foultitude de groupes à l'agonie de la région de Lillers (hiver éternel). Leur but : investir une somme monstrueuse de temps en direction et en répétition pour rejouer Cabaret avec des bénévoles, musiciens, acteurs et danseurs, pour montrer un peu que, justement, c'était possible.

Après avoir fait salle comble en 2023 au théâtre de Béthune, il a encore joué à guichet fermé au Sébastopol de Lille (900 places) en octobre 2024. Pas un kopeck dans sa poche, pas une seule once d'ego dans sa bouche, et pourtant c'est bien lui qui a monté tout ça, contre vents et marées, avec des équipes d'amateur, pour un projet extra de culture et de vivre-ensemble. Ce mec est un héros, un vrai.

Gondola
6.5
11.

Gondola (2023)

1 h 18 min. Sortie : 24 juillet 2024 (France). Comédie dramatique, Romance

Film de Veit Helmer

Annotation :

Quelque part entre Iosseliani, Jeunet, et Tati, en version minimale : très mince, mais ayant tout de même sa poésie, et une certaine vision. C'est beaucoup, de nos jours.

Hit Man
6.3
12.

Hit Man (2023)

1 h 53 min. Sortie : 4 septembre 2024 (France). Action, Comédie, Romance

Film de Richard Linklater

Annotation :

Alors qu'il a été marketé comme une comédie romantique, ce petit film est surtout un polar, mais qui, justement, se cherche un peu entre les genres : il n'est pas suffisamment sérieux dans son ton pour être un vrai film noir, mais il est trop soucieux de sa psychologie (niveau début de lycée, pas mieux) pour être un peu drôle. En résulte un film inégal, ne sachant trop sur quel pied danser, pas désagréable mais au mieux distrayant, et manquant trop de crédibilité et d'originalité (la scène pivot fait trop penser à L'innocent de Louis Garrel, mais ce n'est pas non plus une grande référence).

Glen Powell est beaucoup trop beau gosse pour convaincre en prof de philo, on nous prend pour des lapins de six semaines. Il est néanmoins assez émouvant de se dire que, justement, Powell l'acteur est ici scénariste d'un film où le héros se transforme en incarnant un autre personnage, et s'y sublime.

Juré n°2
6.7
13.

Juré n°2 (2024)

Juror #2

1 h 53 min. Sortie : 30 octobre 2024 (France). Drame, Thriller

Film de Clint Eastwood

Annotation :

Scénario correct, que la fin tragique améliore encore, pour un petit objet de cinéma, réalisé sans grande inventivité, sans malice ; entre la frustration de ne rien voir d'autre qu'une mise en scène illustrative, et la satisfaction de suivre un film académique bien posé et sans chichi, à chacun de choisir.

Rendez-vous avec Pol Pot
6.5
14.

Rendez-vous avec Pol Pot (2024)

1 h 53 min. Sortie : 5 juin 2024. Drame, Historique

Film de Rithy Panh

Annotation :

L'image est belle et le sujet est fort, mais le film manque d'une réalisation vraiment affirmée. Irène Jacob et sa légendaire inexpressivité sont bien au rendez-vous. La dernière partie émarge de la léthargie ambiante.

Léo - La fabuleuse histoire de Léonard de Vinci
6.3
15.

Léo - La fabuleuse histoire de Léonard de Vinci (2023)

The Inventor

1 h 37 min. Sortie : 31 janvier 2024 (France). Animation, Biopic, Aventure

Long-métrage d'animation de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon

Annotation :

L'animation est adorable, mais c'est vraiment trop long, coincé entre la petitesse de son histoire (ça ne va nulle part) et la profusion de thèmes à aborder de façon éducative ; assez chiant.

The Sweet East
6.6
16.

The Sweet East (2023)

1 h 44 min. Sortie : 13 mars 2024 (France). Aventure, Drame, Fantastique

Film de Sean Price Williams

Annotation :

La chanson du générique est bonne, Talia Ryder y chante magnifiquement, mais le générique est un clip, et annonce la couleur quant à ce film bourré d'effets, très sûr de sa séduction, cherchant en permanence la joliesse, et souvent prétentieux.

Remake à peine masqué de Under The Silver Lake (A24 a formaté le cinéma américain indépendant en faisant de l'originalité une norme), mais cette fois-ci sur la côte Est, The Sweet East accumule les caricatures, les touches clipesques (très gros plans, montage plein de jump-cuts, aspect granuleux arty un peu forceur) et les rebondissements de scénariste (il faut faire impression). L'ensemble démontre une condescendance démesurée pour les Américains ordinaires, et en fait des bêtes de foire en les associant sempiternellement à des extrémismes peu subtilement croqués : plouc, antifa, néo-nazi (le segment le moins mauvais), woke, musu crypto-gay, oncle pervers, tout y passe, sauf bien évidemment votre voisin normal qui part au boulot à 8h et revient à 19h pour promener son chien. Tout cela est bien facile...

Et l'héroïne, dont le registre d'émotions se limite à une moue blasée sur un joli visage (aucun émerveillement, aucune peur malgré les situations), n'est pas à proprement parler un compagnon sympathique de voyage.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
7.4
17.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (2024)

Straume

1 h 24 min. Sortie : 30 octobre 2024. Animation, Aventure, Fantastique

Long-métrage d'animation de Gints Zilbalodis

Annotation :

Ce petit chat est très mignon, mais le mien l'est bien davantage.

Au-delà de ça, le film ressemble énormément à une longue cinématique de jeu-vidéo (The Last Guardian en particulier), avec un soin un peu surfait pour la création de décors de ruines new-age, et n'est au final pas vraiment intéressant.

L'Histoire de Souleymane
7.6
18.

L'Histoire de Souleymane (2024)

1 h 33 min. Sortie : 9 octobre 2024. Drame

Film de Boris Lojkine

Annotation :

La suite à l'histoire de Moi, Capitaine dans des teintes hautement plus crédibles : politiquement, le film est inattaquable, il prend le juste recul et la juste empathie vis-à-vis du destin condensé de son personnage. On est avec lui, on le saisit, on le comprend, et en même temps, on comprend ce qui, administrativement, justement ou injustement, s'oppose à lui. Le problème est bien davantage dans la structure du film : parce qu'il a fallu faire de cette histoire un coup de poing, Lojkine écrit chaque scène comme une pièce de puzzle s'inscrivant dans un séquencement bien trop calculé, visant à appuyer une étreinte, puis à la relâcher un instant, fugace, pour mieux la renforcer après.

- Souleymane se prend la tête avec un restaurateur : danger
- Souleymane doit monter six étages pour monter chez un type qui ne lui parle pas : danger
- Souleymane arrive dans l'appartement d'un vieillard qui fait peur : danger
- Le vieillard est en fait à l'article de la sénilité et le prend en compassion : humanité
- Souleymane est en retard, il doit bousculer les gens pour rentrer dans le métro dont l'alarme retentit : danger
- Il rentre dans le métro au dernier moment : soulagement
- Il arrive en courant près du bus : danger
- Il monte finalement : humanité
- Il arrive au dortoir et on lui donne un lit qui n'est pas le sien : danger
- On ne lui répond pas sur les raisons et on le presse : danger
- Il essaie de parler au type qui a pris son lit, qui ne le comprend pas et pourrait s'énerver, faire du tapage : danger
- Le type lui laisse finalement le lit et Souleymane retrouve son copain : humanité
- Souleymane se réveille dans le dortoir pour reprendre une place pour le jour suivant : danger
- Il obtient sa place : soulagement.

Et ainsi de suite. Lojkine construit un sentiment de danger incessant, et cela revient à du conditionnement, il souhaite persuader, insister, démontrer en permanence ; ainsi, à chaque fois que Souleymane traversera un stop sans s'arrêter, on verra sa silhouette au milieu d'un cadre fermé, et on entendra cinq mille klaxons comme si Paris était Bangalore, afin d'appuyer la menace permanente qu'une voiture ou un bus le fauche (dont acte). Chaque rebondissement souhaite éprouver pour convaincre, mais c'est précisément le souci : ce n'est pas sur la politique au sens premier que le film échoue, mais sur la politique de la mise en scène. Car la persuasion n'est pas raison, et on y sent toujours plus la tête que le cœur.

Sleep
6.3
19.

Sleep (2023)

Jam

1 h 34 min. Sortie : 21 février 2024. Thriller, Comédie, Épouvante-Horreur

Film de Jason Yu

Annotation :

Heureusement, le film n'est pas victime de tous les tocs débiles qui pourrissent le cinéma d'horreur grand public, mais il n'est pas pour autant bien meilleur : difficile de faire plus paresseux que cette mise en scène qu'une IA aurait pu penser. La fin fait quant à elle preuve d'un peu de malice scénaristique ; c'est tout ce qu'il faut retenir de ces 90 minutes, et c'est bien maigre.

Toutes les personnes qui mettent 8 et qui tombent en pamoison devant ce film, alors qu'elles auraient été bien plus tièdes s'il avait été américain, ou pire, américain et en plateforme, cassez-vous, CASSEZ-VOUS.

Moi capitaine
7.2
20.

Moi capitaine (2023)

Io Capitano

2 h 02 min. Sortie : 3 janvier 2024 (France). Drame

Film de Matteo Garrone

Annotation :

Pas de haine profonde pour ce film, mais tout de même pas terrible : que de musique, que de naïveté, que de décorum pour un sujet qui nécessitait un traitement tellement plus réaliste.

Trap
5.5
21.

Trap (2024)

1 h 45 min. Sortie : 7 août 2024 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de M. Night Shyamalan

Annotation :

Très très bête (des plans en longue focale et regard caméra d'un effet désastreux) mais pas méchant.

Les jeunes qui ont 13 ans aujourd'hui seront-ils dans quarante ans à ce film ce que les jeunes d'il y a quarante ans sont à présent aux horribles Pulsions et Body Double ?

Daaaaaalí !
6.1
22.

Daaaaaalí ! (2023)

1 h 18 min. Sortie : 7 février 2024. Comédie

Film de Quentin Dupieux (Mr. Oizo)

Annotation :

A la fin de chaque année, les cinéphiles un tantinet soucieux de leur prospection seront tous soumis à un épouvantable mal : ils auront dû, par effet de société, regarder un Dupieux dans l'année (c'était mieux quand c'était Rohmer ou Allen !).

Celui-ci est moins désagréable que d'autres, car il a indéniablement plus de contenu, du fait de plus d'idées, mais elles sont néanmoins assez fatigantes : Dupieux est trop content de jouer sur la frustration pour alimenter ses potacheries, c'est une de ses seules astuces, et on ne compte donc plus les répétitions, les boucles, les attentes - exaspérantes. Cinéaste de l'étrange, peut-être, mais de l'étrange préparé, très mécanique, et sans aucun mystère. Et quel mauvais directeur d'acteurs : tous en font des caisses, pris au jeu d'une hystérie lourdingue, trop contents de pouvoir surfer sur la hype invraisemblable qui entoure l'homme pour faire n'importe quoi (la palme revenant à Marmaï, complètement hors-jeu).

Une seule chose est sûre : la peinture de Dali est le plus souvent moche, mais ses concepts, régulièrement géniaux, surpassent de très loin ceux de Dupieux : les deux hommes ne boxent pas dans la même catégorie.

Nosferatu
6.4
23.

Nosferatu (2024)

2 h 12 min. Sortie : 25 décembre 2024. Épouvante-Horreur, Fantastique

Film de Robert Eggers

Annotation :

Quel film pénible pour les oreilles : chaque transition se fait sur un vacarme musical horripilant, les voix crépusculaires de Nosferatu et de ses sbires ont été gonflées en volume et en écho, et chaque fois que le tonnerre résonne, on croit que la Terre s'est fendue en deux. C'est une catastrophe.

Pour le reste, le film n'est pas honteux, mais il est lourd, long, trop vernis de son esthétique cauchemardesque, trop apprêté, presque prétentieux. À côté, le film de Coppola est bien timide (!!!), et même s'il faut louer l'envie de créer une image romantique presque friedrichienne, la surabondance de contrastes, de sombreur, de perspectives impossibles rend l'œil malade, car il ne peut croire à tant d'anamorphoses numérisées.

Il faut retirer à Eggers ses budgets faramineux : il s'en sort bien mieux quand il peut moins se répandre en effets.

Longlegs
5.9
24.

Longlegs (2024)

1 h 41 min. Sortie : 10 juillet 2024 (France). Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Oz Perkins

Annotation :

L'après It Follows est une époque à part entière : rappelez-vous, c'était en 2014, et un film faisait parler de lui, attirant 150 000 personnes en salles en France, et d'autres dans le monde, à jamais privilégiées. Tous ceux qui ont assisté aux concerts du Velvet Underground, dit-on, ont à leur tour formé des groupes de rock, et ont eux aussi essayé de changer le cours de la musique populaire. Il est probable que le film de Robert Mitchell ait eu le même effet sur ses émules. Pour le meilleur ? Pas sûr.

Longlegs est un des descendants de It Follows, il lui chope même son actrice, toujours aussi neurasthénique. Mais Perkins est un mauvais élève, et il a cru que l'esthétique suffirait. Il construit donc une direction artistique si ampoulée qu'elle devient écrasante, et même désagréable : grand angle, plans larges, filtres orangés, cadres rétrécis, à quoi cela sert-il si l'on n'y voit au final plus rien ? Il est certes louable qu'un film soit fait avec tant d'envie, mais encore faut-il que le résultat donne raison à la tentative. Et si l'image est travaillée, l'ambiance sonore, elle, n'est qu'un condensé regrettable des curseurs de notre époque, musique anxiogène saturée assourdissante et grands coups retentissants tout juste bons à effrayer les petites filles. Pas de doute : It Follows, c'était mieux.

À peine meilleur que Black Phone.

Kung Fu Panda 4
5.7
25.

Kung Fu Panda 4 (2024)

1 h 34 min. Sortie : 27 mars 2024 (France). Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Mike Mitchell et Stephanie Stine

Annotation :

RAS.

Ce qu'on fait parfois pour son entourage...

La Salle des profs
6.8
26.

La Salle des profs (2023)

Das Lehrerzimmer

1 h 39 min. Sortie : 6 mars 2024 (France). Drame

Film de İlker Çatak

Annotation :

Au niveau du cinéma, il n'y a trop rien à dire : le film est bien tenu. Au niveau du scénario, en revanche... Conçu comme un piège absolu où le pire ne succède qu'au pire, et où tout est forcé, exagéré afin d'asphyxier son microcosme, il est une accumulation caricaturale de méchanceté et de cynisme. Liste non exhaustive :

- Les enfants sont machiavéliques, insolents, contestataires, méprisants, et y en a même un raciste.
- Les parents sont de pures harpies.
- Les autres professeurs sont des serpents.
- Le gosse autour duquel se noue la conclusion est un as de la menace.

D'autant que le scénario base tout son stratagème sur ce qui est une incongruité pure : le fils de la voleuse reste dans la classe de la professeur qui l'a accusée (c'est surréaliste), et c'est de là que tout le poison va venir. N'attendons rien de ce Ilker Catak : il a vu les films des Dardenne, il a regardé du cinéma iranien, il s'est sans doute senti investi de saints objectifs ; mais ce cinéma démonstratif est tout sauf respectable.

Green Border
7.1
27.

Green Border (2023)

Zielona granica

2 h 27 min. Sortie : 7 février 2024 (France). Drame

Film de Agnieszka Holland

Véreux a mis 3/10 et a écrit une critique.

Annotation :

Cinéma militant = cinéma limitant, proverbe trouvant ici son paroxysme.

Limonov, la ballade
6.1
28.

Limonov, la ballade (2024)

Limonov, The Ballad of Eddie

2 h 18 min. Sortie : 4 décembre 2024 (France). Biopic, Drame, Historique

Film de Kirill Serebrennikov

Annotation :

Le traitement, dans l'esprit, est plutôt intéressant, car il s'attache aux mouvements presque incohérents d'un homme davantage animé par l'esprit de révolte que par les raisons de la révolte. Mais ce scénario auquel on pourrait concéder des qualités (participation étonnante de Pawel Pawlikowski, caméo maso d'Emmanuel Carrère) est complètement noyé par une mise en scène crâneuse, affichant avec une prétention rare sa verroterie rutilante et évoluant sur un surrégime infâme, comme si l'hystérie et le trop plein de mouvement étaient des arguments de conviction suffisants. Ce film cherche trop à séduire : Walk On The Wild Side, plans-séquence sur fond vert, chapitrage en papier mâché, bougonnements surjoués de Ben Whishaw, coït passionné entre gravures de mode, tout cherche à épater.

La deuxième partie est un tantinet moins insupportable, mais Serebrennikov y saisit toujours des opportunités pour faire montre de sa virtuosité, rappeler qu'il n'est pas un quidam. Devant tant d'autosatisfaction dans la confection de cet abécédaire du punk pour les nuls, il est permis de ricaner.

Oh, Canada
5.7
29.

Oh, Canada (2024)

1 h 35 min. Sortie : 18 décembre 2024 (France). Drame

Film de Paul Schrader

Annotation :

On peut lire çà et là que le film est testamentaire, c'est à la fois vrai et faux. Faux, car le film est fidèlement adapté du roman de Russell Banks, et que le scénario doit assez peu à Schrader. Vrai, car, pour autant, on imagine bien son réalisateur, à l'article de ses 80 printemps, se reconnaître dans ce personnage de documentariste qui connaît la déliquescence physique et mentale, et en quête de sérénité, devant pour cela expier ses fautes, confesser ses pêchés, par le média de vérité qu'il a lui-même utilisé jusque-là. L'écran en guise de confessionnal est une assez belle idée de ce film, et la mise en abyme récurrente autour du rôle de réalisateur amène vers des pistes théoriques intéressantes.

Pistes qui, hélas, ne suffisent pas à rendre le film attachant : devant l'hostilité que se témoignent tous les personnages, devant l'insistance avec laquelle la déchéance de cet homme est rabâchée, devant la peinture par trop cynique d'un petit monde de parvenus, on grince des dents. Le film ne manque peut-être pas de sincérité, mais de générosité, assurément, et de finesse aussi (certains dialogues sont affligeants, notamment lorsque le réalisateur effectue une remarque stupide quant au souvenir du moribond sur le fait de fumer dans un avion : désastreux). Et ces quelques tentatives de mise en rapport de personnages du passé et du présent en interchangeant leurs acteurs apparaissent plus comme une afféterie, une complaisance que comme un coup de génie ; quelle vacuité...

Reste l'hommage à Banks, ami de Schrader, voilà c'est tout.

Dune - Deuxième partie
7.7
30.

Dune - Deuxième partie (2024)

Dune: Part Two

2 h 46 min. Sortie : 28 février 2024 (France). Science-fiction, Drame

Film de Denis Villeneuve

Annotation :

Nullissime pendant deux heures, car la grandiloquence infernale rase tout sur son passage : au menu, gigantisme néo-geek, pléiade de stars en plein surjeu (aucun à sauver), musique atroce, et filtres bleus et jaunes si caractéristiques d'un cinéma désespérément solennel et amphigourique. Mais la dernière partie est meilleure, car l'histoire s'y délie enfin, et offre une suite logique à tout ce qui avait été mis en place jusqu'ici. C'est au final un film dont l'histoire est bien meilleure que la somme.

Il faut imaginer ce que Kubrick aurait pu faire d'un tel matériau... c'eût été tellement plus subtil. C'est étonnant que Villeneuve, qui a pourtant fait des films qui valaient le coup d'œil, puisse sombrer dans tant d'emphase. Mais en même temps, les signes avant-coureurs ne manquaient pas.

Véreux

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